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ERNEST ET SIFFLOTIN GAGNENT AU LOTO

          Il faudra compter avec sa belle présence,
          Ses nouvelles idées pour faire quatre cents coups.
          Mieux vaut être nombreux face à cette existence
          Qui, avec dérision, s'acharne un peu sur tout.
                                                                                             
          Soyez assez aimables d'accueillir Altesse
          Qui, au même titre qu'Ernest et Sifflotin,
          Saura vous émouvoir avec sa gentillesse.
          Qu'il soit le bienvenu dans ces alexandrins!

          Ernest et Sifflotin eurent une surprise
          En recevant un grand colis un beau matin.
          En même temps, une boite leur fut remise,
          Faisant partie de ce lot venu de loin.

          Le cachet de la poste indiquait un village
          Qui se trouvait là-bas, au bord de l'océan.
          Autour de nos amis, soudain le babillage
          Fusa avec entrain; tous étaient impatients!

          Mais Ernest et Sifflotin n'eurent pas la force
          De soulever ces paquets, même sur leur dos!
          Saisissant à plusieurs un grand morceau d'écorce,
          Ils firent un brancard pour porter ces fardeaux.

          Une fois arrivés devant la maisonnette,
          Ils choisirent un endroit où les déposer.
          Ce fut dans le gazon, parmi les pâquerettes,
          Qu'ils les laissèrent, heureux de se reposer.

          Collée sur les cartons, une étiquette blanche
          Disaient que nos amis avaient gagné ce lot
          En participant au grand loto du dimanche,
          Lors de leur séjour au camping  " Les Jolis Flots "!...

          Ayant en effet, oublié cette soirée,
          Ils furent ravis d'avoir obtenu un prix.
          Ils allaient à présent découvrir leur trophée,
          Et donc, s'apprêtèrent à ouvrir les colis.

          Mais de drôles de bruits s'échappaient de la boite:
          Des petits coups secs, et comme des frottements...
          Agglutinée autour, la foule restait coite,
          Presque anxieuse, très attentive au dénouement.

          Une fois la dernière agrafe enlevée,
          Apparut la tête couronnée d'un oiseau.
          De longs reflets brillaient dans la robe bleutée
          D'où s'échappait un immense éventail très beau!...

        En émergeant de la caisse capitonnée,
          L'animal se montra dans toute sa splendeur.
          Un magnifique paon bleu, la mine étonnée,
          Scruta les alentours, ne cachant pas sa peur!
                                                                                             
          Pour nos amis, ce fut une sacrée surprise!
          Sifflotin, le premier, s'avança doucement
          Pour ne pas l'affoler. C'était une méprise;
          Ils ne pouvaient garder un oiseau aussi grand!

          Mais le paon, moins inquiet, allait vers la prairie,
          Découvrant peu à peu son nouvel habitat.
          Et sa traîne, précieuse passementerie,
          Ondulait sur ses pas; ils étaient tous béats!

          Mais ils redoutaient tous une autre découverte
          Car la petite boite restait à ouvrir...
          Quelques papiers s'envolèrent sur l'herbe verte:
          Ce n'étaient que des conseils pour bien le nourrir!

          Le paon revint vers eux de sa fière démarche.
          Son œil se fit câlin… Il aimerait rester!
          Il pourrait même devenir le patriarche
          De cette bien sympathique communauté !

          Ernest et Sifflotin durent donc se résoudre
          A garder auprès d'eux le grand gallinacé.
          Cette nouvelle, comme une traînée de poudre,
          Réjouit les cœurs dans le pays traversé!

          L'animal s'installa sur une grosse branche,
          Non loin de la maisonnette de Sifflotin,
          Là-haut, où le feuillage offre un toit étanche,
          Rassuré par la présence de son copain.

          Ils décidèrent de le prénommer "Altesse ",
          Pour la jolie couronne qui ornait son front.
          Le beau paon bleu, touché par tant de gentillesse,
          Comprit qu'il avait enfin trouvé sa maison!
                                                                                    
          Le matin, il passait voir Ernest aux aurores
          En glissant son long cou par le tout petit trou.
          Là, le hérisson et l'oiseau multicolore
          Parlaient longtemps et s'amusaient comme des fous!

          Un beau jour, en partant tous les trois en balade,
          Ils furent soudain surpris par le mauvais temps.
          Altesse, tout mouillé, prit froid et fut malade.
          Ses belles plumes avaient perdu leur brillant.
                                                                                             
          Ernest et Sifflotin, près de lui, sans relâche,
          Des jours et nuits durant, veillèrent son repos.
          Ils avaient supprimé toutes leurs autres tâches
          Jusqu'à ce qu'Altesse soit à nouveau dispos.
                                                                                             
          Et puis, un beau matin, il releva la tête.
          Ses yeux, un peu hagards, cherchèrent tout autour,
          Essayant, avec effort, de faire apparaître
          Un indice, quelque chose des anciens jours...

          Mais la fièvre avait sévi, terriblement forte,
          Anéantissant le moindre des souvenirs.
          Altesse avait besoin que tous le réconfortent.
          A présent, qu'allait lui réserver l'avenir?

          Comme leur ami avait perdu la mémoire,
          Ensemble ils décidèrent, d'un commun accord,
          De lui inventer, pourquoi pas, sa propre histoire?
          Son bonheur récompenserait tous leurs efforts!

          Ils s'ingénièrent à lui trouver des racines,
          Qui pourraient satisfaire son instinct curieux.
          Peu à peu, Altesse apprenait ses origines,
          Et vivait très heureux dans son nouveau milieu.

          Tous les jours, il s'en allait battre la campagne,
          Souvent accompagné d'Ernest et Sifflotin.
          Il était chez lui dans ce pays de cocagne.
          Désormais il ferait partie des lendemains!

          Lorsque ses deux comparses sentaient la fatigue,
          Sur la si longue traîne ils allaient s'allonger.
          Ils trouvaient la vie belle, jamais une intrigue
          Ne troublait l'affection qu'ils savaient partager!

          Une amitié n'a pas le droit d'être exclusive.
          Très vite, le tandem est devenu trio!
          Nous n'aurons plus jamais de lectures passives;
          Un nouveau larron est entré avec brio...

Texte et illustrations de Nicole Bouglouan

 

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