English version

Accueil

Présentation

Fiches

Dossiers

Voyages
 
Galeries

Liens

Nouveautés

Contact

Mentions légales

 

LES  METAMORPHOSES

D’ERNEST  ET  SIFFLOTIN

          "Radio-Forêt", en la personne de Chipie
          La jolie pie avide de bavardages,
          Avait un soir parlé d'un endroit, loin d'ici,
          Où tout pouvait se transformer, même l'âge.

          Les voici donc cheminant, par les prés, les champs,
          Dans la chaleur du jour, la fraîcheur nocturne,
          Bravant les averses, les orages, le vent,
          Dégoûtés, fourbus, devenant taciturnes.

          Il était une fois un petit village,
          Entouré de prairies et de bosquets touffus.
          Dans les haies vives, de curieux personnages
          De poils ou de plumes, vivaient sans être vus.

          L'histoire raconte qu'Ernest le hérisson,
          Un matin d'été, partit à l'aventure,
          Car il était triste sous ses airs polissons:
          Il voulait changer ses piquants en fourrure!

          Enfin, après des semaines de souffrances,
          Le but tant espéré apparut au lointain.
          Ils avaient eu finalement de la chance
          D'arriver sains et saufs en ces lieux incertains.

          Au milieu d'un grand champ inculte et hostile,
          Se dressait un grand arbre creux et dépouillé.
          On était pourtant à deux pas d'une ville:
          Une fourmilière où tant d'êtres grouillaient...

Ernest et Sifflotin furent vite accueillis
Par quatre fourmis vêtues de blouses blanches
Qui, séparant à grand-peine les deux amis,
Emmenèrent chacun d'eux dans une branche.

Le hérisson se retrouva bientôt assis
Sur un tabouret, exposant son échine.
Munies de longues pinces, en chœur, les fourmis,
Arrachaient une par une ses épines.

La douleur était vive, mais le résultat,
A ses yeux innocents, en valait la peine.
Après l'épilation, sur son dos on colla
Une fourrure souple comme la laine...

Tout tremblant, le merle aux belles plumes noires,
Parti de son côté, n'était pas mieux loti.
Dans son souvenir, au fin fond de l'histoire,
Pas un de ses amis n'eût tant de coloris.

Le grésillement de l'aiguille électrique
Tatouait sur son corps d'étranges couleurs.
Il se trouvait très beau, c'était fantastique.
Il allait faire chavirer beaucoup de cœurs!

Quelques heures plus tard, ils étaient repartis.
L'un était tout doux, l'autre multicolore.
Mais ce n'était que le début de leurs ennuis,
Et cela, ils ne le savaient pas encore.

A la nuit tombée, Ernest vit un  beau renard.
Réflexe de survie, il se mit en boule,
Sûr de ses piquants acérés comme des dards!...
Mais l'attaquant refusait qu'on le refoule.

Mordant sauvagement la belle fourrure,
Il blessa le hérisson hurlant de douleur
Qui courut, tant bien que mal, sous les ramures,
Afin de protéger et son corps et son cœur.

Sifflotin, très courageux, vint à son secours,
Protégé du renard par sa sombre noirceur.
Mais oubliant qu'il se voyait comme en plein jour,
Déboula sur l'intrus... qui n'eût même pas peur!

Il l'avait vu venir, beau comme un arc-en-ciel,
Et, au moment où il passait à sa hauteur,
Arracha, cruel, quelques plumes vermeilles,
Déstabilisant le vol du merle moqueur.

Sans se retourner, le hérisson et l'oiseau
S'enfuirent, cahin-caha, vers la montagne.
Blessés, plumés, pelés, ils n'étaient pas bien beaux,
Se demandant s'ils reverraient leur campagne.

Ils revinrent pourtant, des semaines après.
Les piquants avaient traversé la fourrure
Et sur les couleurs un peu de noir revenait.
Peu à peu, tous deux reprenaient leur allure...

Des années plus tard, on racontait encore
L'histoire du hérisson au pelage doux
Et du merle au plumage multicolore
Qui partirent ensemble, on ne sût jamais où.

Si une morale doit conclure ces vers,
Choisissons celle qui donne une apparence
Aux êtres et aux choses dans cet univers,
La meilleure qui soit, c'est leur seule chance.

La nature revêt l'aspect qui la sauve
Pour fuir ses prédateurs chaque jour aux aguets.
Humains ou rapaces, serpents ou grands fauves,
Tous sans exception sont d’éternels dangers. 

 

Texte et illustrations de Nicole Bouglouan

 

Accueil

Sommaire contes

 

         
Refusant de laisser partir seul son ami,
          Sifflotin, le merle, avec lui prit la route.
          En réalité, il espérait, lui aussi,
          Changer son apparence, coûte que coûte.