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ERNEST ET SIFFLOTIN, ROIS DE LA GLISSE !

Texte et illustrations de Nicole Bouglouan

 

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Sommaire contes

          Une fois bien remis de leur fatigue intense,
          Ernest et Sifflotin semblaient frais et dispos
          Pour vouloir repartir, tenter une autre chance.
          L'aventure, d'accord, juste après le repos!

          Quelqu'un leur avait dit qu'à la ville voisine,
          Existait un endroit où l'on s'amusait bien.
          Impatients d'aller voir, toujours d'humeur mutine,
          Ils fixèrent donc leur départ au lendemain.

          Forts de leur ancienne expérience citadine,
          Ils voulurent éviter les grands boulevards.
          Mais cette épopée, en apparence anodine,
          Allait être instructive, un peu par hasard...

          En consultant leur plan, tout en cherchant l'adresse,
          Ils tournèrent dans le mauvais sens au rond-point.
          Et on leur avait pourtant bien fait la promesse
          Que ce serait facile de trouver ce coin!

          Ils arrivèrent enfin dans une grande rue,
          Le décor correspondait à la description.
          Une pancarte souhaitait la bienvenue
          A la foule qui entrait dans le pavillon.

          Tous deux furent poussés, malgré eux, dans l'entrée
          Où de nombreux guichets attendaient les clients.
          Nos deux amis, fendant la masse bigarrée,
          Obtinrent leurs billets au bout d'un long moment.

          Quelqu'un leur indiqua une très longue salle
          Meublée de casiers pleins de drôles de souliers!
          Ayant trouvé chacun une paire à leur taille,
          Ils suivirent la file dans les escaliers.

          Une fois tout en bas, leur surprise fut grande,
          En découvrant un lieu qu'ils n'avaient jamais vu.
          Entre des bordures, une très large bande,
          Bien lisse et brillante, les prit au dépourvu...

          Ils se trouvaient sans nul doute à la patinoire,
          Et les souliers bizarres étaient des patins!
          Couraient-ils encore au devant de gros déboires?
          Qu'allait-il advenir d'Ernest et Sifflotin?     

         Une fois chaussés, ils longèrent la barrière
          Pour s'habituer à ce nouvel élément.
          Glissant tout doucement, l'allure pas très fière,
          Ils firent le tour à petits pas hésitants.

          Ils regardaient les évolutions de la foule
          Qui dansait gracieusement sur un air très doux.
          De temps en temps, elle ressemblait à la houle
          Qui, sur l'océan, jouait avec les remous.

          Les patineurs allaient et venaient sur la glace,
          Sur un pied, ou les deux, tournant ou reculant.
          Ernest et Sifflotin restaient figés sur place,
          N'osant pas le moindre mouvement en avant.

          Soudain, un danseur filant à toute vitesse,
          Passa si près d'eux qu'ils finirent par tomber.
          Ernest, à plat ventre, accomplit la prouesse
          De partir en toupie, poussé comme un  palet!

          Propulsé jusqu'au centre de la grande piste,
          Telle une étoile filante ou un courant d'air,
          Il balaya sur son passage les artistes
          Qui, valsant gentiment, crurent voir un éclair!  

          Sifflotin, quant à lui, n'était pas plus en forme
          Car, tombé sur le dos et les ailes en croix,
          Il ressemblait plutôt à une masse informe
          Que les patineurs écartaient à chaque fois!

          Ernest, bloqué par une âme compatissante,
          Acheva sa glissade entre deux patins.
          Dans sa tête, une rumeur envahissante
          Arrivait par vagues, rapportant les potins!

          Quelqu'un souleva doucement sa fine tête.
          Au prix d'un gros effort, Ernest ouvrit les yeux.
          Ce qu'il vit lui donna l'impression d'une fête
          Où des chandelles scintillaient de mille feux!

          Soudain, dans cette lumière apparut une ombre
          Qui, de ses ailes noires, voila la clarté.
          Ce n'était que Sifflotin qui, la mine sombre,
          Observait son pauvre ami avec anxiété...

          Mal en point, car se relever fut difficile,
          Il avança, clopin-clopant, sur ce miroir
          Qui décidément se montrait vraiment hostile
          En n'ayant pour seul but que de les faire choir!

          Enfin, Ernest se redressa, le regard vide,
          Mais en voyant Sifflotin, il se réjouit.
          Puis, se soutenant, ils repartirent, livides,
          Jusqu'à la barrière pour se mettre à l'abri.

          C'est donc là que leurs amis, enfin, les trouvèrent,
          Lorsque après le repas, ne les espérant plus,
          Ils avaient eu envie de venir se distraire
          Dans cette ambiance qui leur avait toujours plu...

          Car le rendez-vous n'était point la patinoire...
          Mais le restaurant situé juste à côté!
          Il faudrait bien encore inscrire cette histoire
          A un palmarès déjà lourd à porter!

          Toujours la tête en l'air, nos deux brillants compères
          N'avaient pas écouté tout à fait jusqu'au bout,
          Les explications concernant l'itinéraire
          Qui les aurait conduits au lieu de rendez-vous!

          Se croyant citadins jusqu'au fond de leurs âmes,
          Ils avaient pensé que leur perspicacité
          Suffirait à guider leurs pas, voilà le drame!
          Peut-être leur manquait-il l'ingéniosité?

          Car, enfin, avez-vous déjà vu sur la glace
          Un merle et un hérisson chaussés de patins?
          Evidemment non! Ils sont bien plus à leur place
          Dans un restaurant, avec tous leurs bons copains...!

          Il ne faut pas rêver! Nous avons des limites
          Qu'il nous faut respecter, sous peine de danger.
          Et en être conscients bien souvent nous évite
          Les problèmes capables de nous submerger!