English version

Accueil

Présentation

Fiches

Dossiers

Voyages
 
Galeries

Poésie

Liens

Nouveautés

Contact

Mentions légales

CHAPITRE CINQ

 

En ce jeudi matin, le ciel couvert n’incitait guère aux sorties, mais Théo avait encore tellement de choses à découvrir, qu’il ne voulait pas perdre un seul instant. Dès le départ de Margot, il secoua sa fourrure et sortit. Il prit des précautions car la tige mouillée du bougainvillée s’avérait un peu glissante. Qu’il n’aille pas tomber pour finir !

Il traversa le jardin qui dégageait une odeur âcre de terre humide. Les fleurs ouvraient leurs corolles couvertes de perles d’eau, et leurs couleurs s’en trouvaient plus éclatantes. Théo comprit à ce moment-là que la pluie était nécessaire à la vie de la nature.

Que la vie est bizarre parfois. C’est une vraie chaîne qui s’installe, les uns mangent les autres et s’entendent quand même ! Dur à comprendre pour un ourson en peluche…

Il allait être midi. Il entendit le clocher du village. Il décida de retourner au bord de l’étang, afin de revoir ses amis les canards. Ils avaient, paraît-il, encore des choses à lui montrer, et sa curiosité était insatiable !
En cheminant sous les grands arbres, Théo repensait à tout ce qu’il avait découvert en trois jours hors de son monde protégé. Certaines choses le laissaient perplexe, comme le fait de savoir que chaque animal vivant au dehors, risquait sa vie tous les jours, devait se battre pour survivre contre les prédateurs, le climat parfois rude, donner naissance à des petits pour perpétuer chaque espèce, et les protéger pour qu’ils grandissent sans problème…

Il longea la clôture du potager, aperçut Saturnin, tout heureux sous la pluie fine. Même l’escargot  se baladait lentement entre les cœurs de salade. Ces deux-là entrevoyaient une belle journée en perspective.

Théo continua son chemin, et arriva près des grands arbres. Ils le dominaient de leur haute stature, et leur feuillage d’un vert intense semblait abriter bien des mystères…
Avisant un grand chêne protecteur, il s’approcha du tronc et commença à grimper. Bientôt, il arriva aux premières branches et s’assit pour se reposer. Il voyait frémir des feuilles un peu plus loin, mais n’osait pas bouger de peur d’effrayer quelque animal inconnu. A présent, il avait moins peur et sa curiosité se teintait de prudence et d’intrépidité à la fois.  Il avança doucement, et vit surgir d’une petite branche un petit animal tout roux avec une magnifique queue en panache ! Quelle vivacité !

Théo était admiratif devant tant d’ingéniosité. Il est vrai que pour survivre, il faut savoir se défendre et être prévoyant. Squarry lui expliqua qu’il enterrait également des réserves en vue de l'hiver. Le problème, c’est qu’il n’avait pas de mémoire et que bien souvent, il n’en retrouvait que très peu !

Enchanté de cette rencontre, Théo prit congé car il voulait aller plus haut. Squarry lui montra un joli nid de Merles noirs, une belle coupe faite de brindilles entrelacées minutieusement et de boue séchée. Il lui conseilla d’aller le voir, et peut-être verrait-il des petits. Squarry avoua à Théo qu’il avait mangé deux œufs récemment, mais il devait en rester encore deux et les oisillons devaient être nés. 
Théo le remercia et grimpa plus haut. Les branches devenaient plus fines et il fallait être prudent. Les feuilles sentaient bon sous cette pluie fine et il se trouvait ravi de cette matinée.

Il arriva à proximité du nid et se fit plus discret. Effectivement, il était occupé par des petits à peine couverts de duvet clair. Ils dormaient et l’ourson put les observer à loisir. Sentant une présence, l’un des deux oisillons ouvrit un œil, puis l’autre et fut terrifié en voyant Théo. Celui-ci s’empressa de le rassurer en lui parlant doucement. Le petit se calma mais resta éveillé. Théo ne se lassait pas de le regarder. Il était si mignon !

La mère qui ne devait pas être loin arriva et fonça sur Théo qui faillit tomber !

La merlette, flattée, se radoucit et consentit à le tolérer près du nid.

Théo la laissa pour qu’elle se calme. Elle s’occupait de ses petits à merveille, aidée par son compagnon, superbe dans sa livrée noire et luisante et son bec jaune. C’était vraiment un très beau couple. Ils apportaient à tour de rôle des insectes et des vermisseaux, et soudain, Théo pensa à son ami Saturnin…

A SUIVRE...

PREFACE

CHAPITRE PREMIER

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

 

Il arriva au bord de l’étang. Ses amis les canards batifolaient dans l’eau un peu plus loin, cancanant à qui mieux mieux, et s’éclaboussant en faisant leur toilette. Il les regarda un instant, puis les appela. Aussitôt, ils arrivèrent, glissant sur les flots, et vinrent près de Théo.

La petite troupe se mit en marche, et bientôt, dans l’eau un peu plus loin, Théo aperçut un oiseau très haut, de grandes pattes, un cou qui n’en finissait pas, un bec comme un long couteau, et une livrée grise, cendrée, avec des plumes qui volaient au vent.

Théo observait l’oiseau lorsque celui-ci plongea brutalement sa tête dans l’eau. Il la ressortit très vite, et il put voir, embroché au bout du bec, un poisson encore frétillant qu’il retourna habilement avant de l’avaler tout rond ! L’ourson se demanda si tout était donc comme cela au dehors. Il frissonnait en pensant à ce pauvre poisson avalé encore vivant, mais tout en comprenant que le héron en avait besoin pour vivre. La chaîne ne finirait donc jamais !

Indifférent à ces sombres pensées, le héron marchait dans l’eau, l’œil aux aguets, apparemment toujours en chasse, à l’affût du moindre petit poisson passant à portée de son bec. Théo détourna la tête en se disant qu’il avait finalement bien de la chance de vivre à l’abri de tout cela…

Ses amis les canards l’entraînèrent quelques mètres plus loin, là où des saules surplombaient la rive. Ils lui firent remarquer dans les feuillages un reflet métallique très bleu, avec un peu d’orange. Il n’eut pas le temps de le voir en détails, car l’oiseau plongea complètement dans l’étang, à la verticale de la branche où il était perché, et remonta aussitôt avec un poisson dans le bec ! Décidément, ce jour-là, les poissons n’avaient aucune chance, pensa Théo.

Ses amis lui dirent que c’était un Martin-pêcheur, et que lui aussi se nourrissait de petits poissons. Il les repérait depuis son perchoir, et plongeait sur eux d’un seul coup. Lui aussi les retournait avant de les avaler, afin de ne point se blesser avec les écailles. Jeu subtil… 

L’apprentissage de la vie se révélait très dur aujourd’hui…
Théo en avait assez vu ces dernières heures. Prétextant le prochain retour de Margot, il reprit le chemin de la maison, afin de pouvoir réfléchir en paix à tout ce qu’il avait vu cet après-midi.

En passant devant le petit mur du jardin, il aperçut Lalie qui furetait dans l’herbe, et au même instant, il vit aussi le chat des lieux qui la guettait. Il cria :

Sceptique, Théo surveillait Minou, lorsqu’il vit Lalie se mettre à faire des bonds presque sous son nez.

Théo partit, complètement dépassé. Comment pouvait-on jouer ainsi avec sa propre vie ? Pourtant, Lalie respirait la joie de vivre. Il était donc possible de subsister malgré les dangers, de les reléguer au second plan sans cependant les oublier ? Apparemment, tout ce petit monde semblait bien là où il vivait, et Théo reconnut qu’aucun n’était triste. Alors, qui avait raison ?

Il remonta par le bougainvillée et s’assit sur le lit, tout pensif. Tout cela méritait réflexion. Il décida que demain, il irait dans la forêt, pour vérifier les hypothèses échafaudées durant cette journée. Il avait besoin d’exemples concrets, sinon, il ne sortirait plus jamais de cette chambre…

Texte et illustrations

de

Nicole Bouglouan