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L’AIGLE IBERIQUE
 SYMBOLE DES MONTAGNES ESPAGNOLES

 

L’Aigle Ibérique fut découvert en 1860 par le naturaliste allemand Dr. Reinaldo Brehm (Renthendorf, 1830 – Barcelona, 1891).
Les premières investigations pour décrire ce grand rapace furent financées par le Prince Albert de Bavière, grand ami du naturaliste. Ceci explique pourquoi le Dr. Reinaldo Brehm donna à l’aigle le nom d’Aigle du Prince Albert (Aquila adalberti) en hommage à son ami. 

Ce grand aigle est un cadeau inestimable pour tous les amoureux des oiseaux qui guettent sa silhouette au-dessus des falaises rocheuses des montagnes espagnoles. L’Aigle Ibérique apparaît un peu comme un survivant après de nombreuses années de persécutions, d’empoisonnements, de destruction de son habitat, de collisions avec les lignes électriques, et de réduction des nombres de ses proies préférées, les lapins.

Aujourd’hui, grâce à plusieurs programmes de conservation et de protection, cette espèce commence lentement à reconstituer ses populations. Mais elle est toujours considérée comme étant Vulnérable, avec des nombres encore faibles mais qui augmentent, 396 couples en Espagne et 11 couples au Portugal (Chiffres de 2013). 

Texte et photos de Nicole Bouglouan

A partir d’une observation personnelle réalisée au Parc de Monfragüe – Estrémadure – Espagne     

Sources:

SEO BirdLife - Spain

Programa de conservación del Águila Imperial ibérica - Alzando el vuelo - SEO BirdLife
 
E Ciencia – Especies españolas en peligro de extinción

Ornithomedia - Le Web de l’Ornithologie

HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 2 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334156

GUIDE DES RAPACES DIURNES – Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient de Benny Génsbol – Delachaux et Niestlé – ISBN : 2603013270

 

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Fiche Aigle Ibérique

Page rapaces

Sommaire Observations-reportages

L’Aigle Ibérique pourrait être très semblable à l’Aigle royal (Aquila chrysateos), mais les plumes blanches des épaules permettent une bonne identification. Il vit uniquement en Espagne et au Portugal, mais autrefois, sa distribution s’étendait jusqu’en Afrique du Nord et dans le Sud de la France.
Cette espèce est sédentaire, mais les jeunes peuvent errer et parcourir une certaine distance, parfois jusqu’à leur ancienne distribution.

Ce grand aigle chasse pour se nourrir, et sa proie préférée est le Lapin de Garenne, mais les perdrix et autres oiseaux similaires, les petits et moyens mammifères, quelques reptiles, un peu de poisson et des charognes font aussi l’affaire selon la disponibilité des proies.
Il fréquente les plaines et les collines plantées de chênes-lièges ou de pins, et peut se trouver près des cours d’eau et des marécages. Il lui arrive de nidifier en montagne, entre 300-900 et 1500 mètres d’altitude.

Dès janvier, les deux partenaires effectuent les vols nuptiaux typiques des rapaces, volant ensemble et tournant avec les pattes et les serres tendues vers l’autre, tombant et remontant dans les airs. Le spectacle en vaut la peine !

Le nid fait de rameaux de bois et de feuillage est placé à la cime d’un arbre. Il sert souvent plusieurs années de suite, mais ils peuvent aussi en changer car ils en ont quatre ou cinq. Cette espèce se reproduit autour de 1000 mètres d’altitude, plus ou moins haut selon l’endroit.  

La ponte a lieu entre la mi-février et la fin mars. La femelle, et parfois le mâle, incubent les 2-3 œufs pendant environ 40-43 jours. Les poussins blancs et duveteux sont agressifs dès la naissance. Souvent, le plus petit meurt, mais il arrive aussi que tous les jeunes grandissent avec succès. Ils quittent le nid et sont emplumés environ deux mois après la naissance. Ils arborent un beau plumage brun clair strié et tacheté de blanc. Il leur faudra cinq ou six ans pour obtenir le plumage adulte.   
Les membres de la famille passent l’hiver ensemble.

Habituellement, le rapace apparait comme venant de nulle part tandis que son ombre contraste sur le ciel clair. Mais ensuite, petit à petit, il vole vers la lumière. Le plumage sombre et les épaules blanches rendent la confusion impossible.
Il plane tranquillement sur les courants thermiques, guettant les intrus tandis que la femelle couve ses œufs dans le grand nid au sommet d’un chêne-liège, près de la falaise. Le nid est entièrement caché dans la végétation épaisse.

Parfois, le mâle la rejoint et tous les deux se perchent sur le bord du nid. A ce moment-là, les plumes blanches les trahissent et nous pouvons alors les entrevoir brièvement dans le feuillage. Puis il s’envole à nouveau et la femelle reprend son rôle consistant à mener à bien l’incubation pour une bonne éclosion, car ces œufs sont précieux. Le mâle la nourrit régulièrement et peut se poser brièvement sur le nid tandis que la femelle s’éloigne un instant. Mais elle revient bien vite et le mâle repart à la chasse.

Son perchoir préféré reste le sommet de la falaise, parmi les Vautours fauves (Gyps fulvus), souvent au-dessus d’eux car l’Aigle ibérique ne les aime pas beaucoup. Ils peuvent parfois se reposer ensemble sur les rochers, relativement proches les uns des autres. Mais aujourd’hui, l’aigle est courroucé, et des poursuites agressives sont observées.

L’aigle plane au milieu des vautours lorsque brusquement, il plonge sur celui qui se trouve en-dessous de lui. Il poursuit le grand rapace pendant une minute ou deux, et se montre même agressif. Il tend ses pattes et ses serres vers le vautour tout en volant derrière lui. Mais finalement, il change de direction et retourne à son perchoir favori au sommet de la falaise.

Cependant, un Vautour fauve le rejoint et se pose près de lui. Une minute plus tard, un second vautour arrive, mais l’aigle est toujours agressif et le menace à nouveau de ses serres tout en criant. Puis, il s’éloigne en abandonnant les deux vautours sur leur rocher, sûr de sa supériorité.

Je ne sais pas très bien pourquoi l’Aigle Ibérique menace les vautours fauves. Mais une observation réalisée par SEO BirdLife–Espagne, peut donner un semblant d’explication.
Grâce à une vidéo, nous pouvons voir un Vautour fauve venir dans le nid abandonné par l’aigle, peut-être pour chercher les poussins ou les œufs, ou tout simplement des matériaux pour le nid.

Mais un peu plus tard, un second vautour rejoint le premier alors que celui-ci est en train de prendre un rameau de bois avec son bec. Serait-ce un couple ?
Nous savons que les Vautours fauves nidifient sur les corniches rocheuses sur les façades des falaises. Ils ont peut-être besoin de matériaux pour arranger leur nid ? Je n’ai pas d’autre réponse.

Une autre vidéo montre l’Aigle Ibérique retournant à son nid, mais lui aussi prélève une branche feuillue du bord de sa propre construction et repart aussitôt. Ce comportement indique probablement un changement de nid. Les aigles préfèrent en construire un nouveau ou en arranger un autre afin de mettre leur couvée à l’abri des autres rapaces.
Ces faits pourraient expliquer les parades menaçantes observées précédemment.

Une autre séquence intéressante montre le grand aigle harcelé par la Pie bleue ibérique (Cyanopica cooky). Ces oiseaux nidifient aussi dans les chênes-lièges, et la présence de l’aigle près de leur nid représente une menace pour leurs jeunes. Donc, elles volent autour de lui, très près, et plongent sur le rapace qui reste tranquillement posé sur son rocher. Mais après plusieurs attaques, il finit par s’envoler, poursuivi par les deux pies en colère ! 

Nous avons eu la chance de voir plusieurs fois l’Aigle Ibérique en Estrémadure, aussi bien dans les steppes où il chasse les lapins, que dans les rochers du Parc de Monfragüe. Les falaises sont isolées de la route par les méandres du Tage. De nombreux Vautours fauves habitent ces façades rocheuses où leurs poussins blancs et duveteux naissent chaque année.

L’Aigle Ibérique nidifie dans les chênes-lièges ou les pins aux alentours des falaises. Parfois, il se pose sur une branche morte au voisinage du nid. Son plumage sombre contraste alors sur le vert de la végétation. Mais depuis notre observatoire, nos yeux ne voient qu’un petit point foncé ! Il est vraiment le roi du parc, et nous profitons de sa présence chaque fois qu’il daigne apparaître au-dessus de son royaume.   

Poursuite

et

agressivité

Autres

images

Rencontre

dans le ciel

Une observation récente nous a permis d’assister à une altercation aérienne entre l’Aigle ibérique et un Vautour fauve.
L’aigle est perché sur sa branche morte favorite, non loin du site du nid utilisé lors de la dernière saison de reproduction. Le rapace se trouve sur son territoire. Mais cette vaste zone est également occupée par une importante colonie de Vautours fauves. Ils doivent donc partager ce territoire, et en général, ils arrivent à vivre les uns près des autres. Leur façon de se nourrir n’est pas la même et il n’y donc pas de compétition entre eux sur ce plan-là.

Mais ils doivent partager le ciel aussi… De nombreux vautours planent autour des falaises où ils se reproduisent et vivent toute l’année. Nous pouvons assister à des vols en tandem, et plusieurs vautours accompagnent les couples et se laissent glisser dans les airs autour d’eux.

L’Aigle ibérique vole lui aussi dans le même espace aérien, décrivant tranquillement des cercles dans les courants thermiques. De temps en temps, un ou deux vautours passent près de lui.
Mais brusquement, aigle et vautour se trouvent face à face. Le grand vautour est presque debout avec les ailes largement ouvertes tandis que l’aigle vole sur le dos avec les pattes et les serres tendues vers l’avant et vers le vautour !
Pendant moins d’une seconde, les deux rapaces se font face, chacun avec les ailes déployées tout en continuant de voler.

Le temps pour eux de retrouver leur équilibre, ils continuent leurs chemins respectifs jusqu’à la prochaine rencontre.
Le Vautour fauve regagne la falaise tandis que l’Aigle ibérique retourne vers sa branche. A bientôt sans doute !!!!

Ce genre de comportements peut être observé assez régulièrement et ne dure que quelques secondes. Ce n’est pas vraiment une attaque directe de la part de l’aigle, mais probablement une tentative d’intimidation, juste pour rappeler au vautour de garder ses distances vis-à-vis du site du nid de l’aigle.

Les aigles territoriaux peuvent harceler les vautours si ces derniers volent près du site de leur nid, ce qui entraine ce genre de comportements agressifs. Parfois, cette sorte de compétition peut mener soit à des interférences identiques à celle-ci, soit à une mutuelle indifférence. Les deux sont régulièrement observées et le spectacle en vaut toujours la peine !

Autres images

Comportements

Mais parfois, il abandonne sa branche et commence à chercher des matériaux pour le nid. Il gagne la forêt à gauche de la falaise et se pose dans un chêne-liège. Il entreprend alors de couper une petite branche avec son bec, ce qui n’est guère facile ! Mais finalement, après environ deux minutes, l’aigle s’envole avec une branche dans le bec et retourne au nid caché dans le feuillage épais d’un chêne-liège.

En février, l’accouplement a lieu, habituellement sur leur perchoir favori. La femelle est posée, très calme, quand soudain, elle s’accroupit avec les ailes semi-ouvertes et la tête et le cou baissés. A ce moment-là, le mâle émerge du feuillage et vient se poser sur la branche où la femelle l’attend. Lentement, il s’approche d’elle en émettant des cris doux.

Ensuite, pas à pas, il la rejoint et monte sur son dos. L’accouplement a lieu. Les taches blanches des ailes sont alors très visibles, tandis que les aigles travaillent pour le futur de leur espèce encore trop rare.

Une fois l’accouplement terminé, mâle et femelle se séparent et restent posés ensemble sur leur branche, au-dessus de leur territoire. La construction du nid sera bientôt achevée, et la femelle déposera ses œufs. Nous espérons que toute la couvée survivra et grandira dans ce si beau parc d’Estrémadure.    

Accouplement

des aigles

Collecte

de branches

SONS PAR

XENO-CANTO