Reproduction du Merle noir (Turdus merula) au jardin
Du 29 mars au 27 avril 2020
Autrefois commun en pleine campagne, le Merle noir vit aujourd'hui à proximité de nos habitations où il bénéficie d'une certaine protection, de nourriture et de sites de nidification ... pour notre plus grand plaisir. Son chant mélodieux émis au petit matin est un moyen très agréable de se réveiller et de bien commencer la journée.
Chant du mâle au lever du jour 4 mn
Nous avons de grandes haies de laurier cerise (Prunus laurocerasus) dans notre jardin, un habitat particulièrement apprécié des merles. Les grandes feuilles bien vertes et le lierre qui grimpe aux branches qu'il habille douillettement de feuillage sensible à la moindre brise, constituent un havre de paix pour construire le nid et élever les jeunes.
Cette année, au hasard d'un regard par la fenêtre du  bureau, nous avons découvert un magnifique nid en construction à moins de trois  mètre de la vitre. C’était le 27 mars 2020.
    Nous avons vite vu la femelle arriver avec le bec chargé  de mousse et de boue qu'elle a déposées dans la coupe pour ensuite tasser et  façonner l'ensemble à l'aide de son corps, et plus particulièrement en appuyant  la poitrine sur les parois intérieures du nid. 
LES PHOTOS NE SONT PAS EXCELLENTES MAIS ELLES ONT ETE PRISES A TRAVERS LA VITRE
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Texte et photos de Nicole Bouglouan
Le texte a été rédigé par Nicole Bouglouan, d’après une observation réalisée dans le jardin, du 29 mars au 27 avril 2020.
Le texte et toutes les photos de cette page sont la propriété de Nicole Bouglouan.
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Sommaire Observations-Reportages

Les jours suivants, la femelle est restée sur le nid en train d’incuber les œufs, probablement pondus autour du 5 avril. Le mâle passait chaque jour quand elle s’absentait, regardait attentivement à l’intérieur du nid et repartait. A son retour, la femelle inspectait elle aussi le fond de la coupe avant de s’installer et de couver à nouveau.
Le Merle noir se reproduit au printemps, et il peut y  avoir jusqu’à trois couvées. La femelle construit un nid solide et volumineux  dans la végétation, à faible hauteur mais bien caché, calé dans une fourche  constituée de trois branches ou posé sur une branche. Ici, le nid est environ quatre mètres de hauteur.  
    Le nid est une coupe ouverte et volumineuse faite d’herbes sèches, de paille,  de fines brindilles, de mousse et de boue. La femelle qui vit dans mon jardin  arrache de la mousse sur le sol et va la tremper dans l’écuelle d’eau réservée  aux oiseaux. Elle la traîne ensuite dans la terre sèche avant d’aller l’ajouter  à la construction afin de sceller les différents éléments entre eux.  L’intérieur du nid est tapissé d’herbes fines et douces, et il est courant de  voir des morceaux de papier ou de cellophane à l’extérieur du nid, pris dans  l’enchevêtrement des tiges. 






Et le 19 avril,  au lendemain d’un orage bref mais violent accompagné de vent et d’une forte  pluie, le mâle arrive et plonge à l’intérieur du nid la tête la première. Juste  après son départ, la femelle revient et se remet à couver. 
    Mais un peu plus  tard, le mâle revient avec de la nourriture, deux ou trois vers qui gigotent  dans son bec. Il y a donc eu au moins une naissance et le poussin est nourri  immédiatement. La femelle revient ensuite sur le nid et nous les laissons  tranquille.  
    Demain sera un  autre jour… 

Le 20 avril au  matin, la femelle est au nid, bien éveillée et un peu agitée. Elle se soulève,  regarde sous elle et s’envole, pour revenir quelques instants plus tard avec le  bec plein de vers. Elle donne la nourriture à un petit bec invisible et  s’assure que tout se passe bien. 
    Un moment plus  tard, c’est le mâle qui apporte une petite proie. Il la donne au poussin en se  baissant dans le nid car le petit est tout au fond. Lui aussi attend que la  nourriture soit avalée avant de repartir.

Deux jours plus tard, le 22 avril, nous observons la femelle couchée sur le nid, mais quelle n’est pas notre surprise quand nous la voyons brusquement lever la tête car le mâle vient de se poser au-dessus d’elle et lui passe de la nourriture. Nous avons d’abord pensé qu’il la nourrissait pendant qu’elle couvait, comme cela arrive chez de nombreuses espèces. Mais non, ces vers sont pour les poussins. Elle donne donc la becquée sous l’œil attentif du mâle qui repart dès que l’opération est terminée. La femelle se remet sur le nid comme à chaque fois.




Un petit moment plus tard, le mâle revient alors que la femelle s’est absentée. Il apporte encore des vers, et là, nous avons le plaisir de voir enfin un petit bec pour la première fois.

Le lendemain 23  avril, le même comportement a été observé et après le passage de nourriture du  mâle à la femelle, celle-ci a donné la becquée aux poussins. Après s’être assurée  que tout se passait bien, elle repart. 
    Quelques minutes  plus tard, le mâle revient, et cette fois, il nourrit lui-même le petit bec  affamé.  

Le 24 avril,  alors que le mâle arrive au nid avec des vers, nous avons la joie de voir  surgir une seconde tête duveteuse avec un bec grand ouvert. Nous avons donc  deux poussins qui réclament leur pitance aux adultes. 
    Nous constatons  également que les proies sont plus grandes. L’organisation semble être bien au  point ! 


Le 25 avril,  c’est une autre observation qui va nous occuper une partie de l’après-midi. 
    Le mâle arrive au  nid avec une proie assez grosse, une sorte de larve blanche. Aussitôt, un petit  bec se dresse et s’ouvre pour la recevoir, mais elle ne passe pas ! Le  mâle repart sans voir ce qui se passe. 










Mais ce dimanche  matin 26 avril, une mauvaise surprise nous attendait. 
    Le matin à  10 heures, la femelle était tranquillement sur le nid et couvait. Vers 11  heures, je suis passée voir si tout allait bien, et le mâle est arrivé deux  minutes après. Il portait des vers et s’est posé sur le bord du nid comme à  l’accoutumée. Il a eu l’air surpris, tout comme moi, car aucun bec ouvert ne  l’attendait. Il a regardé dans le nid un peu incrédule… Puis il a avalé les  vers avant de s’envoler.


Il est revenu un quart d’heure plus tard, toujours avec  des vers dans le bec, avant de repartir sans les avoir lâchés. 
    La femelle n’est pas du tout revenue au nid. 


Nous ne savons absolument pas ce qui a pu se passer entre  10 et 11 heures. Si la femelle couvait à 10 heures, c’est que les poussins  étaient vivants. A 11 heures, ou bien ils étaient morts ou ils avaient disparu  du nid. Y aurait-il eu un prédateur ? Il y a pas mal de pies dans le  secteur. Mais nous étions tout près et les parents n’ont pas crié. Cris  d'alarme
    Ou un empoisonnement avec les proies ? Il y a encore  des pesticides dans les jardins. Ou bien une invasion de parasites ? Il y  a pas mal de fourmis en ce moment. Bref, nous ne savons pas.
Dans la journée, nous avons revu le couple qui ne semble pas  affecté par la perte des petits. 
    Le mâle a chanté comme d’habitude en fin de matinée et en  fin d’après-midi. Quant à la femelle, elle est venue picorer dans l’herbe comme  si de rien n’était, à côté de la terrasse où nous étions assis. 
Les oiseaux suivent en principe un programme saisonnier.  Ils doivent se reproduire et le font envers et contre tout. Si une couvée  échoue pour une raison ou pour une autre, ils vont en produire une ou plusieurs  de remplacement, jusqu’à la fin de la saison. C’est ainsi, surtout pour des  oiseaux résidents et sédentaires.  
    Et c’est ce qui va se passer avec nos deux adultes. En  revanche, ils utilisent rarement le même nid et vont donc en construire un  autre tout neuf. La Nature est ainsi faite. 
    Souhaitons-leur bonne chance !   Voir la bonne nouvelle en bas de page!       

CONCLUSION :
Après une montée difficile dans la haie bien mouillée et enchevêtrée (c’est pour cela que les oiseaux l’aiment !), notre conclusion est la suivante :
Le nid est très propre, pas de fientes ni de coquilles  d’œuf, encore moins d’œufs non éclos car les parents nettoient au fur et à  mesure.
      Mais il n’y a pas de corps non plus… 
Nous déduisons donc qu’un prédateur est passé par là en l’absence des adultes car, comme je l’ai déjà dit, nous n’avons entendu aucun cri.
Comme le nid est intact, il n’y a pas une brindille qui  dépasse et les herbes sont toujours parfaitement tissées, nous pensons qu’il  s’agit d’un prédateur ailé qui se sera posé sur le bord du nid et aura prélevé  les petits, les deux en même temps ou l’un après l’autre, sans rien toucher. 
    Chats et rongeurs auraient dû grimper et s’accrocher au  nid, donc avec quelques dégâts. 
    Il n’y a pas de serpents dans cette zone urbanisée, donc,  nous excluons aussi cette possibilité. 
    
    Dans le secteur, nous avons deux espèces de prédateurs,  la Pie bavarde et le Geai des  chênes, mais surtout des pies. Il m’est arrivé il y a quelques années,  de chasser une pie qui avait volé un œuf de merle dans cette même haie. Avec  des gants, j’avais ramassé l’œuf vert pâle qui était intact et l’avais remis  précautionneusement dans le nid qui en contenait déjà deux, mais les adultes  n’étaient jamais revenus. 
    De la même façon, j’avais chassé trois geais qui  attaquaient un nid de Verdier  d’Europe construit tout en haut d’un jeune sapin. Les poussins étaient  déjà nés car je voyais les adultes ramener de la nourriture.  
J’ai bien vu hier matin un Milan noir qui cerclait au-dessus du quartier, mais il était bien haut, et ces rapaces ne sont pas renommés pour leurs talents de chasseurs. De plus, je ne sais pas comment il aurait pu se faufiler entre les branches et prendre les petits sans abimer le nid.
Voilà donc la fin d’une histoire que j’aurais bien aimé vous conter jusqu’au bout, mais la Nature en a décidé autrement. Comme je vous l’ai dit précédemment, nos merles vont produire une autre couvée, mais certainement dans un autre nid.
BONNE NOUVELLE !
Aujourd’hui, mardi 28 avril, soit 48 heures après la  disparition des poussins, je viens de voir la femelle avec une grande moustache  de brindilles et d’herbes dans le bec, au pied de la haie. Je l’ai observée, et  elle est allée jusqu’en haut d’un arbre de taille moyenne (car taillé tous les  ans) sur lequel le lierre pousse bien. Au niveau de la fourche, le lierre forme  une sorte de « coussin » et je suppose que c’est là qu’elle va poser  le nid, un lieu déjà utilisé à plusieurs reprises par d’autres merles depuis  des années, juste en face de notre porche.  
  Nous ne la suivrons pas car là, c’est impossible sans les  déranger. Si les petits sortent du nid, nous pourrons sans doute les voir dans  le jardin, mais nous ne ferons pas plus. 
