Texte de Nicole Bouglouan
Photographes :
John Anderson
John Anderson Photo Galleries
Aurélien Audevard
OUESSANT DIGISCOPING
Ken Havard
My Bird Gallery & Flickr gallery 1 & Flickr gallery 2
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 5 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334253
A Field Guide to the Birds of South-East Asia by Craig Robson. New Holland Publishers. ISBN: 9781780090498
OWLS OF THE WORLD – By Claus König, Friedhelm Weick and Jan-Hendrik Becking - IBSN 978-0-7136-6548-2
L’ENCYCLOPEDIE MONDIALE DES OISEAUX - Dr Christopher M. Perrins - BORDAS - ISBN: 2040185607
BirdLife International (BirdLife International)
CREAGUS@Monterey Bay (Don Roberson)
Imago Mundi – Encyclopédie gratuite
Les Kétoupas ou Hiboux pêcheurs
Ordre des Strigiformes – Famille des Strigidés
Kétoupa de Blakiston, Kétoupa brun, Kétoupa malais, Kétoupa roux
Dans la famille des Strigidés, las quatre kétoupas forment un petit groupe légèrement différent des autres espèces. Ces hiboux sont très proches des grands-ducs, mais quelques critères morphologiques les séparent. Ces critères représentent une belle adaptation de l’oiseau à son mode de vie, et plus particulièrement à sa façon de se nourrir.
Ils vivent dans des forêts épaisses près de l’eau ou au bord des lacs ou des fleuves où ils peuvent trouver leurs proies aquatiques favorites.
Les kétoupas sont des prédateurs. Ils se reposent à l’ombre, dans l’obscurité du feuillage des arbres pendant la journée pour n’émerger qu’au crépuscule. Ils commencent alors à chasser jusqu’aux premières lueurs de l’aube. Leur plumage cryptique les rend pratiquement invisibles de jour comme de nuit.
Ces quatre espèces se trouvent en Asie.
Les trois kétoupas du genre Ketupa vivent sous les latitudes tropicales asiatiques. Le Kétoupa roux et le Kétoupa malais sont deux espèces très proches et leurs distributions sont voisines en Asie du sud-est et aux alentours.
Le Kétoupa brun a une distribution plus vaste qui comprend certaines parties des territoires des deux espèces précédentes.
Le Kétoupa de Blakiston se trouve dans l’est de l’Asie, en Sibérie, dans le nord-est de la Chine, et sur les Iles d’Hokkaido, Kuril et Sakhalin. Cette espèce ressemble beaucoup au Grand-duc d’Europe (Bubo bubo).
Les kétoupas diffèrent des grands-ducs par quelques critères physiques en relation avec leurs comportements alimentaires.
Comme ils se nourrissent essentiellement de proies aquatiques, pattes et doigts sont dépourvus de plumes. La plante du pied et le dessous des doigts sont couvert d’écailles épineuses permettant de tenir solidement les poissons visqueux et glissants qu’ils sortent de l’eau. Les griffes sont également bien recourbées.
Cependant, le Kétoupa de Blakiston a les tarses emplumés comme tous les Strigidés, mais pas les doigts. Il est vrai que cette espèce vit dans des zones au climat extrêmement rigoureux et froid où les eaux gèlent en hiver. Ces plumes sont une bonne protection dans ces conditions difficiles.
Le disque facial des kétoupas est plus petit que chez les autres espèces. Ces disques faciaux sont constitués de plumes spécialisées qui aident l’oiseau à détecter les proies dans l’obscurité, ou même sous la neige ou un épais tapis végétal.
Les kétoupas n’ont pas besoin d’un outil aussi spécialisé. Ils cherchent souvent leurs proies en pataugeant dans des eaux peu profondes et détectent leurs victimes grâce à leur vision, moins souvent au son. Leurs aigrettes sont plutôt ébouriffées et dirigées latéralement.
Ils pêchent aussi depuis un perchoir au bord de l’eau. Dès que la proie est localisée, le kétoupa fond sur elle et la saisit avec les griffes et les doigts épineux. De nombreuses proies sont capturées juste sous la surface de l’eau.
Le Kétoupa de Blakiston pêche aussi en restant debout et en attendant près d’un trou dans la glace. Lorsqu’un poisson remonte vers la surface, il le saisit avec les griffes d’une seule patte et le dépose sur le sol pour le prendre ensuite dans le bec.
Mais il arrive aussi que les kétoupas capturent des animaux terrestres tels que rats, souris, reptiles, occasionnellement chauves-souris, et aussi des amphibiens et des grands insectes.
Un autre critère physique sépare les kétoupas des grands-ducs. Ils n’ont pas les franges de plumes en forme de peigne sur les primaires externes, et leur vol n’est donc pas aussi silencieux que celui des autres Strigidés. Cette particularité prouve que les kétoupas ne sont pas vraiment capables de détecter leurs proies au son du fait qu’eux-mêmes ne sont pas parfaitement silencieux.
Les kétoupas fréquentent les forêts épaisses près de l’eau. Ils préfèrent habituellement l’eau douce, mais le Kétoupa de Blakiston se nourrit aussi le long des côtes rocheuses et dans les basses terres, alors que les trois espèces du genre Ketupa sont visibles depuis les plaines jusqu’à 800, 1500 et 2400 mètres d’altitude en fonction de chaque espèce et de sa distribution géographique.
Les quatre kétoupas sont résidents. Au début de la saison de reproduction, les deux partenaires chantent souvent en duo. Le mâle commence à chanter et la femelle répond presqu’immédiatement. D’autres sons sont typiques des hiboux et chouettes, avec en plus, une variété de sifflements, miaulements, hurlements et les « whoo-hoo » caractéristiques de ces oiseaux.
Ils sont monogames et les liens du couple durent longtemps. En tant qu’espèces résidentes, ils maintiennent le territoire et le défendent toute l’année. Ils peuvent se montrer très territoriaux.
Le mâle chante pour attirer les femelles, ou encore pour renouer les liens avec sa partenaire et les renforcer. Des offrandes de nourriture du mâle à la femelle font partie des parades, et sont souvent effectuées avant l’accouplement. D’autres parades typiques existent probablement, mais davantage d’observations sont nécessaires.
Les kétoupas ne construisent pas de nid. Ils utilisent des nids abandonnés par des rapaces, ou nidifient dans un creux ou un grand trou d’arbre, ou encore sur une corniche rocheuse dans la rive abrupte d’un fleuve. Le nid peut se trouver entre 3 et 21 mètres au-dessus du sol en fonction de l’endroit.
La couvée contient un à trois œufs blancs, et la femelle incube seule pendant une durée variant de 35-37 jours à 28-29 jours selon l’espèce. Elle est nourrie par le mâle pendant cette période. Après la naissance des poussins, il continue de procurer de la nourriture à la femelle et aux jeunes. En général, un seul poussin survit. Il quitte le nid au bout de 40 à 50 jours après l’éclosion, mais les parents le nourrissent encore pendant plusieurs semaines ou mois.
Le Kétoupa de Blakiston est une espèce en Danger d’Extinction à cause des activités humaines entrainant des dérangements, la destruction de la forêt, les persécutions et la compétition pour la nourriture à cause de l’industrie de la pêche. La population décline. Elle est estimée à 1000/2499 individus matures, environ 2000.
Le Kétoupa brun ne semble pas globalement menacé en dépit de l’extinction des populations du Moyen Orient.
Le Kétoupa roux a des populations stables, mais il est cependant menacé par la perte de l’habitat avec la destruction des forêts, et il souffre de persécutions.
Le Kétoupa malais est quelquefois persécuté par les pêcheurs locaux près des étangs poissonneux. Sa population paraît stable et ne semble pas menacée pour l’instant.
En dépit de quelques différences physiques, ils appartiennent à la famille des Strigidés, une famille qui regroupe des oiseaux intelligents, étonnants et beaux. Tâchons de les protéger afin que leur présence continue d’animer les nuits des forêts.