Manchot d'Adélie

INTRODUCTION :
Le nom du Manchot d’Adélie rend hommage à Adélie d’Urvillle, l’épouse de Durmont d’Urville (1790-1842), explorateur français spécialiste de l’Antarctique.
Le Manchot d’Adélie vit dans la partie la plus froide et la plus au sud de la distribution. Cette anomalie pourrait avoir pour origine le régime particulier de cette espèce qui se nourrit principalement de petit krill, des petits crustacés de l’ordre des Euphausiacea. Ce manchot a été enregistré à des profondeurs pouvant occasionnellement atteindre 175 mètres.

DESCRIPTION DE L’OISEAU :
Quelques mesures :
Longueur : 69-71 cm
Poids : 3600-4500 gr

L’adulte est de taille moyenne, avec les parties supérieures et la tête noires, ainsi que les nageoires et la longue queue cunéiforme. Les parties inférieures sont blanches, et le dessous des nageoires est rose pâle.
Le bec est rosâtre avec le culmen, les bords des mandibules et l’extrémité noirs. La base du bec est bien emplumée, couverte de courtes plumes noires. Les yeux sont sombres, entourés d’un cercle oculaire blanc très évident. Les pattes courtes et les doigts palmés sont roses, avec des griffes noires.
Les deux sexes sont semblables.
Le juvénile a le menton et la gorge blancs, et le cercle oculaire est noir.

DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE :
Le Manchot d’Adélie a une distribution circumpolaire. Il est commun le long de l’ensemble des côtes de l’Antarctique.

HABITAT :
Le Manchot d’Adélie est un oiseau marin. Il se reproduit sur les côtes rocheuses libérées des glaces, habituellement sur un terrain plus élevé que le Manchot papou. Les grandes colonies occupent de vastes zones ouvertes qui se trouvent parfois loin de la mer.

CRIS ET CHANTS : SONS PAR XENO-CANTO
Le Manchot d’Adélie a tendance à communiquer davantage par des postures et des parades que par des sons. Cependant, les deux partenaires d’un couple utilisent des cris pour se reconnaître et pour retrouver leur poussin dans la colonie dense.

COMPORTEMENTS DANS LA VIE SAUVAGE :
Le Manchot d’Adélie se nourrit principalement de krill (Euphausia superba). Il capture aussi des petites quantités de poissons, amphipodes et céphalopodes.
Il capture ses proies en plongeant et en les poursuivant sous l’eau, en général à moins de 20 mètres de profondeur. Mais il a été enregistré jusqu’à 175 mètres de profondeur. Il se nourrit souvent la nuit.
Il lui arrive de pêcher en groupes pour augmenter les chances de trouver des proies, mais aussi pour réduire le risque de prédation.

Les comportements sociaux tels que les parades territoriales et nuptiales sont très développés au sein des colonies les plus denses. La communication avec les voisins est établie à l’aide de diverses postures et parades.
Les oiseaux en couple protègent leur site de nidification et paradent en face de celui-ci.

Les parades nuptiales pour attirer une femelle comprennent un « salut » au cours duquel le mâle est debout à quelques mètres d’une femelle et adopte des postures avec le bec dirigé vers l’avant et le cou arqué, alors que le manchot est dressé de toute sa hauteur. Il agite les nageoires en faisant des vagues et fait aussi des vocalises.

Au début du printemps austral, le mâle arrive le premier sur les aires de reproduction. Chaque couple utilise des cris typiques pour se reconnaître, et revient à son site de nidification habituel.
Ils forment des colonies denses de milliers d’oiseaux. Le Manchot d’Adélie a besoin de marcher sur d’assez longues distances pour aller se nourrir dans les eaux côtières, parfois jusqu’à 50 kilomètres. Cette espèce est agile et capable de marcher à une vitesse de 2,5 kilomètres à l’heure.
Mais sur le sol enneigé, il glisse sur le ventre tandis que les nageoires et les palmes le propulsent vers l’avant.

Le Manchot d’Adélie se disperse après la reproduction. Les adultes muent en dehors des colonies, habituellement sur les glaces flottantes. Ils se déplacent vers le nord afin d’atteindre les zones où les ressources de nourriture sont abondantes.
Les immatures restent entre deux et cinq ans sur la banquise avant de retourner à leur colonie natale, en général deux ou trois mois plus tard que les adultes.

Comme les autres manchots, le Manchot d’Adélie se déplace avec une nage ondulante, entrant et sortant régulièrement de l’eau, ou en écumant la surface avant de plonger en dessous.
Sur terre, il marche en se tenant bien droit et en se dandinant, ou par sauts avec les deux pieds joints, ou encore en glissant sur le ventre (toboggan) sur la glace et la neige.

REPRODUCTION DE L’ESPECE :
Ils arrivent aux colonies en septembre/octobre, et la ponte a lieu en général en novembre.
Ils se reproduisent en colonies qui peuvent être très denses et énormes, établies dans des zones retirées. Les nids sont très proches les uns des autres.
Le nid est une dépression peu profonde tapissée de cailloux, placée légèrement plus haut que la zone environnante. Le mâle arrive le premier et commence à construire le nid. Plus tard, après quelques parades et cris de reconnaissance, les deux partenaires achèvent la construction. Ils sont connus pour voler des cailloux dans les nids des voisins !

La femelle dépose deux œufs. Une couvée de remplacement peut être déposée en cas de perte, mais avec un seul œuf. Les deux parents incubent pendant 30 à 43 jours (35-37 jours pour le premier œuf, et quelques jours de plus pour le second). Les tours de chaque adulte peuvent durer de 7 à 23 jours, et la femelle prend en général le plus court.
Les poussins sont d’abord couverts de duvet gris pâle, plus sombre sur la tête. Le second duvet est brun foncé. Ils rejoignent une crèche à l’âge de 16-19 jours, et sont emplumés environ 50-56 jours après la naissance.
Ils sont nourris par régurgitation de krill. Ils sont indépendants à l’âge de deux mois.

PROTECTION / MENACES / STATUTS :
Le Manchot d’Adélie est la proie des léopards de mer, des orques et des Labbes de Mc Cormick.
En dépit de ses grands nombres, cette espèce est vulnérable aux changements climatiques, et plus particulièrement à la diminution de concentration de la glace de mer. Les colonies sont dérangées par les activités humaines avec l’installation des stations scientifiques qui entrainent la réduction des zones adaptées à la nidification, des visites fréquentes aux colonies, et les va-et-vient des hélicoptères.
Des déclins commencent à être observés dans certaines zones et cette espèce est actuellement considérée comme étant presque menacée.