Pie d'Amérique

Pie d’Amérique
Pica hudsonia

Ordre des Passériformes – Famille des Corvidés

INTRODUCTION :
La Pie d’Amérique ressemble beaucoup à la Pie bavarde – Pica pica dont elle est très proche. Cependant, l’espèce Nord-Américaine n’a pas tendance à « collecter » des objets comme la Pie bavarde, et les deux espèces sont séparées par leurs comportements et leurs cris différents, ainsi que par la génétique, et plus particulièrement l’ADN qui est plus proche de celui de la Pie à bec jaune (Pica nutalli) qui se trouve en Californie.
C’est une espèce Nord-Américaine très visible et bruyante, souvent posée à la cime d’un arbre ou d’un pylône. Le plumage noir contrastant avec les taches alaires bien blanches rend l’oiseau très élégant tout au long de son vol gracieux.
La Pie d’Amérique est présente dans l’ouest de l’Amérique du Nord, y compris aux Iles Aléoutiennes. Elle fréquente les prairies et les zones avec des parcelles d’arbres et d’arbustes le long des cours d’eau, les forêts de pins, les zones urbaines et les espaces agricoles où elle se nourrit d’une grande variété d’invertébrés et de petits vertébrés, ainsi que de déchets et autres trouvailles comestibles car elle est omnivore.
L’espèce est monogame et nidifie dans une structure coiffée d’un dôme, située dans un arbre ou autre support élevé. Les deux adultes partagent les tâches liées à la nidification.

La Pie d’Amérique est affectée par la dégradation de son habitat, les dérangements et les pesticides. Longtemps considérée comme un parasite, elle a été piégée et tuée jusqu’à la moitié du 20ème siècle. Mais aujourd’hui, sa population est stable et ne semble pas globalement menacée.

DESCRIPTION DE L’OISEAU :
Quelques mesures :
Longueur : 45-60 cm
Envergure : 56-61 cm
Poids : 145-210 gr

La Pie d’Amérique est un oiseau de taille moyenne, mais la longue queue irisée peut représenter jusqu’à la moitié de la longueur totale.
Le plumage est noir et blanc dans l’ensemble. La zone qui va de la tête à la partie supérieure de la poitrine et le dessus sont noirs. Les plumes des scapulaires sont blanches, tandis que le dessus des ailes et la queue présentent des reflets bleu-vert intenses. Les rémiges primaires sont blanches, avec les vexilles externes noirs ainsi que les extrémités, tandis que les vexilles internes sont blancs. Ces motifs forment une tache alaire blanche bien visible en vol.
Sur les parties inférieures, la zone qui va du bas de la poitrine jusqu’en haut de l’abdomen et aux flancs est blanche. Le bas de l’abdomen et les couvertures sous-caudales sont noirs.
Le bec fort est noir. Les yeux sont brun foncé. Les pattes et les doigts sont noirs.
Mâle et femelle ont le même plumage, mais la femelle est environ 10% plus petite que le mâle.

DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE :
La Pie d’Amérique se trouve dans l’ouest de l’Amérique du Nord, depuis le nord-ouest de l’Alaska et au Canada jusqu’au sud du Manitoba, et vers le sud jusqu’au nord de l’Arizona, au Nouveau Mexique et dans l’ouest du Texas.
La distribution peut varier en fonction des conditions climatiques comme la chaleur dans les régions désertiques du sud, l’humidité dans l’est et la forêt boréale épaisse dans le nord.

HABITAT :
La Pie d’Amérique fréquente les contrées boisées avec des espaces ouverts, souvent près de l’eau. Elle se reproduit dans les zones arborées et les bosquets d’arbustes, et se nourrit dans les prairies et les clairières. Elle est également présente dans les installations humaines rurales comme les sites agricoles et les zones cultivées, ces dernières lui offrant des déchets et diverses ordures à récupérer.
La Pie d’Amérique peut aussi être observés en ville et dans les zones urbaines, en particulier dans le nord de la distribution. L’espèce est visible jusqu’à 3000 mètres d’altitude dans les zones montagneuses.

CRIS ET CHANTS : SONS PAR XENO-CANTO
La Pie d’Amérique possède un vaste répertoire composé de plusieurs sortes de cris, mais peu d’entre eux ont été vraiment étudiés.
Deux cris d’alarme sont décrits. Le plus basique est un cliquetis dur qui varie en vitesse et en volume en fonction du danger. Le second, un cri plus rapide et haut-perché, semble plus excité. Le premier cri peut provoquer le harcèlement du prédateur, tandis que le second a plutôt tendance à inciter à la fuite devant un dangereux prédateur aérien.
Plusieurs cris sont décrits pour la Pie bavarde – Pica pica, y compris des trilles, des roucoulements, des ronronnements, des croassements et des hurlements, qui peuvent également faire partie du répertoire de la Pie d’Amérique.

Le chant est plutôt émis par le mâle pendant les parades ou les comportements de dominance. Les deux partenaires communiquent par des « chirp » (femelle) et des « crunch » (mâle).
La femelle qui sollicite le mâle produit des gémissements sonores et haut-perchés tout en se courbant en battant des ailes.
Les oiseaux captifs depuis longtemps sont capables de reproduire un certain nombre de mots et de phrases, contrairement à ceux qui vivent à l’état sauvage.

COMPORTEMENTS DANS LA VIE SAUVAGE :
La Pie d’Amérique est omnivore et son régime est varié. Elle consomme des insectes plus souvent que la plupart des Corvidés. Ce sont des sauterelles, des chenilles, des mouches, des coléoptères et diverses autres espèces qui sont régulièrement capturés. Mais elle se nourrit aussi de débris, rongeurs, œufs et poussins d’autres espèces d’oiseaux, et de temps en temps quelques serpents viennent s’ajouter à la liste.
En hiver, le régime comprend aussi des baies, des graines et des noix.

La Pie d’Amérique se nourrit habituellement en marchant et en sautillant, en picorant des proies sur le sol ou en creusant dans le tapis de feuilles mortes ou la terre. Elle peut également chasser depuis des perchoirs et pratique aussi le vol stationnaire.
Elle capture des tiques sur le dos des animaux, et récupère les débris et les cadavres des divers animaux heurtés par les véhicules sur le bord des routes.
Elle se nourrit seule ou en petits groupes. Cette espèce est connue pour sa manière de stocker de la nourriture dans des dépressions dans le sol ou dans la neige.

La Pie d’Amérique nidifie parfois en colonies clairsemées qui varient largement en densité, allant de quelques nids espacés à des zones de nidification communautaires.
L’espèce est monogame pendant la saison de reproduction, mais les deux partenaires peuvent aussi avoir des liens permanents.

Pendant les parades nuptiales, le mâle poursuit la femelle tout en exposant fréquemment les taches alaires blanches et en déployant la longue queue irisée. La femelle crie fortement pendant cette période et le mâle lui offre de la nourriture.
Ces comportements sont observés continuellement à partir de l’accouplement jusqu’à l’incubation des œufs. Le mâle surveille aussi sa partenaire pour éviter les accouplements avec d’autres mâles pouvant être attirés par les cris de la femelle.

La Pie d’Amérique est principalement résidente, mais des déplacements après la reproduction et en hiver sont rapportés. Quelques populations qui se reproduisent en altitude effectuent des déplacements altitudinaux après la reproduction. Ces déplacements peuvent se faire en groupes, et ces oiseaux sont capables de couvrir de longues distances de plusieurs centaines de kilomètres.
En hiver, les pies dorment dans des dortoirs communs qui peuvent alors compter plusieurs centaines d’individus.

On note d’importantes variations au niveau de la fréquence et de l’amplitude des battements d’ailes pendant le vol de la Pie d’Amérique. Le vol est généralement direct avec des battements lents et réguliers.

REPRODUCTION DE L’ESPECE :
La ponte a lieu de fin mars à début juin, avec un maximum vers la mi-avril.
Le couple se forme en automne et en hiver, et le nid peut être construit à partir de fin janvier/février, parfois plus tard dans le nord de la distribution et en altitude.
La Pie d’Amérique peut se reproduire en petites colonies clairsemées. Le nid est construit au milieu des branches d’un arbre ou d’un grand arbuste, à une hauteur allant de 1 à 9 mètres.
Les deux adultes participent à ce travail qui peut durer de 5 à 7 semaines. Le nid pourvu d’un dôme mesure 60-120 centimètres de haut et il est construit par le mâle, tandis que la femelle s’occupe plutôt de la coupe qui recevra les œufs. Cette coupe est faite avec de la boue et le fond est tapissé de divers matériaux, souvent des poils, des herbes, des copeaux d’écorce, des racines fibreuses et des plumes. Le nid lui-même est une énorme structure faite avec des rameaux de bois, avec une entrée de chaque côté.

La femelle dépose 6-7/5-9 œufs gris verdâtre avec de nombreuses taches brunes. Elle incube seule tandis que le mâle défend le site et la nourrit pendant cette période qui dure environ 18 jours (16-21 jours).
Les poussins sont nourris par les deux parents. Les jeunes quittent le nid au bout de 25-29 jours après l’éclosion, mais ils vont dépendre des adultes pendant encore quelques temps.

La Pie d’Amérique a de nombreux prédateurs, et des groupes comprenant des jeunes et des adultes coopèrent souvent pour harceler ces intrus qui en général abandonnent leur chasse. Ces comportements permettent aux jeunes d’apprendre quels sont les animaux les plus dangereux pour l’espèce.

Les prédateurs les plus courants sont la Corneille d’Amérique, le Grand corbeau, le Grand-Duc d’Amérique, le Busard d’Amérique, la Buse à queue rousse, la Buse de Swainson et quelques mammifères comme les belettes, les visons, les chats domestiques, les ratons laveurs, les coyotes et les écureuils roux.

PROTECTION / MENACES / STATUTS :
Dans la première moitié du 20ème siècle, la Pie d’Amérique était classée comme parasite et tuée, mais les poisons largement dispersés pour éliminer les loups et les coyotes ont aussi entraîné le déclin de la population. La dégradation de l’habitat avec la conversion des steppes arbustives en zones agricoles représentait aussi une menace pour cette espèce.
Cependant, certains changements dans l’habitat comme les herbages devenus des savanes boisées et procurant aux oiseaux nourriture et sites de nidification ont eu pour résultat l’augmentation des effectifs.
La Pie d’Amérique est largement répandue dans sa vaste distribution et la population semble aujourd’hui être stable.
L’espèce n’est pas globalement menacée pour le moment.