Pigeon biset

Pigeon biset
Columba livia

Ordre des Columbiformes – Famille des Columbidés

INTRODUCTION :
Le Pigeon biset est connu pour son habitude de nidifier sur les falaises côtières, dans les grottes, les crevasses ou les corniches rocheuses, et ce détail important lui a probablement donné son nom anglais « Rock Dove ». A l’origine, l’espèce se trouvait en Europe, en Afrique du Nord et dans l’ouest de l’Asie, mais elle s’est établie dans les villes à travers le monde où de nombreuses populations férales vivent aujourd’hui.
Le Pigeon Biset « sauvage » présente le plumage habituel gris-bleu pâle avec deux barres alaires noires, tandis que le plumage des espèces férales et domestiques présente des couleurs et des motifs variés.
Il est omnivore mais il se nourrit surtout de graines, de fruits, de feuilles et de bourgeons. Pendant la saison de reproduction, le mâle effectue les parades nuptiales typiques des Columbidés. En revanche, il nidifie sur les corniches rocheuses des falaises côtières, mais les populations férales préfèrent les immeubles et autres constructions humaines.

L’espèce a été introduite en Amérique du Nord au 17ème siècle (1603-1607) et en Australie dans les années 1870. L’espèce est également présente en Nouvelle-Zélande où elle a été introduite pour l’aviculture.
La population du Pigeon Biset est très importante et l’espèce n’est pas globalement menacée. Les populations urbaines et rurales sont parfois régulées par l’homme qui utilise des pièges et des appâts empoisonnés pour maintenir des effectifs moindres et réduire l’usage des immeubles par ces oiseaux trop nombreux.

DESCRIPTION DE L’OISEAU :
Quelques mesures :
Longueur : M : 31-36 cm – F : 29-35 cm
Envergure : 63-70 cm
Poids : M : 370 gr – F : 340 gr

Le Pigeon Biset « sauvage » mâle adulte est un oiseau compact aux longues ailes et à la queue assez courte.
Sur les parties supérieures, le manteau et les couvertures alaires sont gris-bleu pâle mais le bas du dos est blanc grisâtre. Sur les ailes, deux barres alaires noires sont visibles sur les grandes couvertures et les secondaires. Les rémiges sont plus sombres. Le croupion et les couvertures sus-caudales sont gris foncé. La queue est gris foncé avec une large bande terminale noirâtre.

Sur les parties inférieures d’un gris plus pâle, le menton et la gorge sont gris foncé mais la gorge a des plumes irisées vert-violet. La poitrine est identique mais l’iridescence est plus forte. Elle est bordée de gris cendré en dessous. L’abdomen et les couvertures sous-caudales sont gris-bleu. Le dessous des rectrices est noirâtre avec des bases plus claires sur les plumes externes. En dessous des ailes, les axillaires et les couvertures sont blanches, devenant gris pâle sur le bord d’attaque de l’aile.

La tête est plus foncée, plutôt gris-plomb, et le cou présente une forte iridescence vert-violet.
Le bec est noir grisâtre avec la cire blanche. Les yeux sont orange-doré ou rouge orangé, entourés d’un cercle oculaire de peau nue bleu-gris. Les pattes et les doigts sont rouges ou rouge violacé.

La femelle ressemble au mâle mais elle est légèrement plus petite, avec le plumage d’un gris plus terne et le cou moins irisé.

Le juvénile est aussi plus terne, y compris les yeux, les pattes et les doigts. Le jeune mâle peut présenter une légère iridescence sur les côtés du cou.

SOUS-ESPECES ET DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE :
Le Pigeon Biset a douze sous-espèces dont certaines pourraient venir de populations férales. Les races diffèrent par la taille, l’intensité du gris sur le plumage du corps et la couleur du dos.

C.l. livia (décrite plus haut) se trouve dans l’ouest du Paléarctique, dans l’ouest et le sud de l’Europe, en Afrique du Nord depuis le Maroc jusqu’au nord-ouest de l’Egypte, vers l’est jusqu’au sud de l’Oural, l’ouest du Kazakhstan, le nord du Caucase, la Géorgie, Chypre, la Turquie et l’Irak.

C.l. atlantis est présente à Madère, aux Açores et dans les Iles du Cap Vert.
Cette race a les parties supérieures tachetées sur le dessus des ailes, et ces motifs cachent presque les deux barres alaires noires. De nombreux oiseaux ont une teinte châtain très étendue sur le corps, montrant leur probable provenance de populations domestiques ou férales.

C.l. canariensis se trouve aux Iles Canaries et sur quelques îles au large du Maroc.
Cette race est plus petite que la race nominale et plutôt plus foncée, avec le dos généralement gris.

C.l. gymnocyclus se trouve au Sénégal et en Guinée, jusqu’au Ghana et au Nigeria.
Celle-ci est plus petite et bien plus foncée que la race nominale. L’iridescence du cou s’étend vers le haut jusqu’à la nuque et l’arrière de la calotte. Elle est plus intense sur la gorge et les parotiques. La peau du cercle oculaire est rouge écarlate et plus étendue que chez la race nominale.

C.l. targia se trouve dans les montagnes du Sahara et vers l’est jusqu’au Soudan.
Cette race est plus petite que « livia » avec le manteau et le dos plus sombres.

C.l. dakhlae est présente dans le centre-ouest de l’Egypte, dans les Oasis de Dakhla et de Kharga.
Cette race est plus petite et beaucoup plus pâle que la race nominale, avec le dos blanc et les couvertures sus-caudales gris pâle. Les parties inférieures sont gris pâle.

C.l. schimperi se trouve dans le Delta et la Vallée du Nil en Egypte, et vers le sud jusqu’au nord du Soudan.
Elle ressemble beaucoup à C.l. targia mais avec le manteau plus clair, le croupion et les couvertures sus-caudales plus foncés.

C.l. palaestinae se trouve en Syrie jusqu’au Sinaï et en Arabie jusqu’à Aden et Oman.
Cette race diffère de « schimperi » par sa taille supérieure et son plumage plus sombre.

C.l. gaddi se trouve en Azerbaïdjan, en Iran, dans l’ouest et le nord de l’Afghanistan, au Turkménistan et en Ouzbékistan.
Elle est très semblable à « palaestinae » mais elle est plus grande avec le dos souvent plus pâle.

C.l. neglecta se trouve dans les montagnes de l’Asie Centrale.
Elle est plus foncée que « livia » avec une iridescence plus forte sur le cou, y compris l’arrière du cou.

C.l. intermedia est présente en Inde péninsulaire et au Sri Lanka.
Elle ressemble à « neglecta » mais son plumage est plus foncé dans la partie sud de la distribution.

C.l. nigricans se trouve en Mongolie et dans le nord de la Chine, vers le sud jusqu’à Shanxi et Gansu.
Celle-ci est plutôt variable et vient probablement de populations domestiques ou férales.

HABITAT :
Le Pigeon Biset vit habituellement sur les façades des falaises où il se reproduit. Cependant, en fonction de la distribution, il peut être observé sur des falaises côtières et dans des grottes, en particulier en Ecosse. D’autres populations envahissent les immeubles en ruines. Il est également présent sur les pentes raides et rocheuses et dans les canyons. Il évite en général les zones pourvues de végétation épaisse.
Les populations férales sont particulièrement abondantes dans les villes, même très peuplées et même en centre-ville. Elles se reproduisent sur les immeubles, les gratte-ciel qui ressemblent aux falaises, sous les ponts et dans les parcs urbains.
L’espèce est visible depuis le niveau de la mer jusqu’à 4270 mètres d’altitude dans l’Himalaya.

CRIS ET CHANTS : SONS PAR XENO-CANTO
Le Pigeon Biset émet un « oh-oo-oor » gémissant au nid et pour proclamer le territoire. La tonalité est légèrement ascendante au milieu du cri. Pendant les parades, il émet des « oo-roo-coo » à une seconde d’intervalle. Lorsqu’il est menacé ou effrayé, il produit une sorte de grognement en guise de cri d’alarme « oorhh ».
Les mâles sont en général plus loquaces que les femelles qui cependant produisent parfois une forme plus courte du cri émis pendant les parades.
Les populations férales sont entendues toute l’année, mais avec un pic au printemps et en été.

COMPORTEMENTS DANS LA VIE SAUVAGE :
Le Pigeon Biset se nourrit surtout de graines de céréales et de nombreuses autres plantes. Il consomme également des feuilles vertes, des bourgeons et des fruits, mais plus rarement des invertébrés.
Il se nourrit sur le sol en marchant tout en bougeant sa tête rapidement d’avant en arrière.
Les populations domestiques ou férales consomment de la nourriture donnée par les humains, souvent des miettes de pain.

Le Pigeon biset « sauvage » est souvent observé en couple pendant la saison de reproduction. Ils peuvent se montrer grégaires aux dortoirs ou lorsqu’ils s’envolent vers les aires de nourrissage. Les oiseaux sauvages sont plutôt vus en petits groupes, bien que de grands nombres se rassemblent parfois autour des sources de nourriture.
D’un autre côté, les populations férales sont généralement plus grégaires et forment d’énormes rassemblements pouvant compter plusieurs milliers d’oiseaux.

Au début de la saison de reproduction, le mâle effectue des parades nuptiales typiques des Columbidés. Ces parades comprennent les courbettes classiques du mâle, pendant lesquelles il gonfle son cou, les plumes du croupion sont dressées alors que le bec est pointé vers le bas et la queue déployée et abaissée. Il se courbe en avant et très bas tout en émettant des roucoulements appuyés, avant de relever la tête et de s’en aller.
Il peut aussi tourner autour de la femelle tout en faisant ses courbettes. Il effectue également des vols nuptiaux. Il s’envole depuis la falaise en claquant fortement des ailes, puis il glisse avec la queue légèrement déployée et les ailes relevées en V profond.

Le Pigeon biset se reproduit pratiquement toute l’année et le couple est monogame. Le nid est une structure lâche placée sur une corniche rocheuse sur la façade d’une falaise ou dans une grotte, ou encore dans une crevasse.
Ils se reproduisent en colonies qui peuvent contenir jusqu’à 1000 individus.

Le Pigeon biset est sédentaire et ne migre pas. Quelques déplacements locaux sont observés dans des régions saisonnièrement arides. Les oiseaux se déplacent alors vers des habitats plus adaptés à leurs besoins.

Le vol est rapide et direct, avec des battements réguliers. Ils peuvent parcourir plusieurs kilomètres entre les dortoirs et les zones de nourrissage.

La femelle construit le nid mais le mâle lui apporte des matériaux. C’est une plateforme lâche faite de brindilles, racines, feuilles ou herbes, mais en général, le fond du nid n’est pas vraiment tapissé de verdure.
Le même site est réutilisé de façon répétée, mais les pigeons ajoutent des matériaux à chaque nouvelle utilisation.

La femelle dépose deux œufs blancs et les deux partenaires partagent l’incubation qui dure 16 à 19 jours. Les poussins sont nourris avec le « lait de pigeon » produit par les adultes, une nourriture riche en graisses et protéines. Cette matière est progressivement remplacée par des graines.
Les jeunes quittent le nid au bout de 35-37 jours après la naissance, mais plus vite en été, au bout de 25-32 jours. Ils reviennent habituellement au nid pour dormir pendant les premiers jours.

PROTECTION / MENACES / STATUTS :
Le Pigeon biset « sauvage » est affecté par les croisements avec les pigeons domestiques à travers la distribution, mais ce fait n’est pas toujours reconnu en tant que menace pour l’espèce.
Le Pigeon biset est généralement commun, mais quelques petites colonies ont été submergées par l’expansion des populations férales. Des pigeons sauvages et domestiques sont souvent observés ensemble dans des habitats naturels, bien loin des villes. Les populations sauvages « pures » sont plutôt confinées sur les falaises isolées et sur des îles.

La population globale était estimée à 260 000 000 individus en 2004.
En 2015, la population Européenne était grossièrement estimée à 22 100 000/45 200 000 individus matures.

L’espèce semble décliner à cause des croisements avec les pigeons domestiques. Mais actuellement, le Pigeon biset n’est pas globalement menacé.