PROTECTION / MENACES / STATUTS :
Le Pygargue de Madagascar a une distribution restreinte dans laquelle il est menacé par la déforestation et le développement des rizières au détriment des zones humides, entrainant la perte de ses aires de nidification et de pêche. Il est également tué par les locaux pour la consommation et l’usage en médecine traditionnelle, il est dérangé à ses sites de nidification et il est victime du commerce illégal.
Il a une très petite population, avec environ 240 individus matures, ce qui équivaut à peu près à 360 individus. Cette population semble stable ou en léger déclin.
Le Pygargue de Madagascar est actuellement classé en tant qu’espèce en Danger Critique d’Extinction.
Fr: Pygargue de Madagascar
Ang: Madagascar Fish-Eagle
All: Madagaskarseeadler
Esp: Pigargo Malgache
Ita: Aquila pescatrice del Madagascar
Nd: Madagaskarzeearend
Sd: madagaskarhavsörn
Mal: Ankoay
Photographes:
Dubi Shapiro
Dubi Shapiro Photo Galleries
Philip Stapelberg
GALLERY
Alan & Ann Tate
AA Bird Photography
Texte de Nicole Bouglouan
Sources :
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 2 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334156
BIRDS OF PREY OF AFRICA AND ITS ISLANDS by Alan and Meg Kemp - Struik Publishers - ISBN: 1770073698
The Birds of Africa: Volume VIII: The Malagasy Region: Madagascar, Seychelles, Comoros, Mascarenes - Par Roger Safford, Frank Hawkins – ISBN: 1408190494, 9781408190494- Editeur: A&C Black, 2013
RAPTORS OF THE WORLD by James Ferguson-Lees et David Christie - Helm Identification Guides – ISBN: 0713680261
The Peregrine Fund – World Centre for Birds of Prey
Wikipedia, the free encyclopaedia
Global Raptor Information Network - Working to Conserve Birds of Prey in nature
EDGE – Evolutionary Distinct & Globally Endangered
SORA - Madagascar Fish-Eagle prey preference and foraging success
Article associé: Pygargues et Aigles pêcheurs
Pygargue de Madagascar
Haliaeetus vociferoides
Ordre des Accipitriformes – Famille des Accipitridés
INTRODUCTION :
Le Pygargue de Madagascar est endémique de Madagascar où il est présent dans une bande côtière au nord-ouest de l’ile. Cette aigle fréquente l’intérieur des forêts sèches plantées de feuillus et pêche au bord de la mer, sur les lacs et les fleuves. Il se nourrit principalement de poissons, ce qui ne plaît pas aux pêcheurs locaux.
Le Pygargue de Madagascar est l’un des rapaces les plus rares du monde. Il est menacé par les persécutions, les dérangements sur les aires de nidification par les activités humaines, la chasse pour la consommation et l’usage en médecine traditionnelle, et le commerce illégal. La déforestation et les changements dans les zones humides entrainent la perte des habitats de reproduction et de pêche.
Cette espèce a une très petite population et est actuellement considérée en Danger Critique d’Extinction.
DESCRIPTION DE L’OISEAU :
Quelques mesures :
Longueur : 60-66 cm
Envergure : 165-180 cm
Poids : M : 2200-2700 gr – F : 2800-3500 gr
Le Pygargue de Madagascar est le plus grand rapace de l’île. Le plumage est brun dans l’ensemble et contraste avec la queue blanche, particulièrement en vol. Les rémiges sont brun foncé.
Sur les parties inférieures, le haut de la poitrine et les couvertures sous-alaires sont bruns avec de larges stries rousses. Le bas de la poitrine est uniformément brun foncé.
La tête, la nuque et les côtés du cou sont parcourus de larges stries blanc-crème, tandis que les couvertures auriculaires et les joues sont blanches et la gorge chamois clair. On remarque une ligne sombre en travers de l’œil.
Le bec crochu est noir avec la cire bleu-gris. Les yeux sont bruns. Les pattes robustes et nues et les doigts sont blanchâtres.
Mâle et femelle ont le même plumage, mais la femelle est de 4 à 9% plus grande que le mâle.
Le juvénile a le plumage d’un brun plus clair, avec des plumes aux liserés chamoisés sur le corps, tandis que la tête, le cou et la poitrine ont des stries couleur chamois. Le bas de la poitrine et le bas-ventre sont uniformément brun foncé. La queue est brune avec quelques taches blanches sur les rectrices externes. Sur la tête, les couvertures auriculaires, la gorge et le sourcil ne portent aucune marque. Le plumage d’adulte est obtenu au cours de la 5ème année.
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE :
Le Pygargue de Madagascar était auparavant présent sur toute l’île, mais aujourd’hui, il n’est visible que dans une bande côtière dans le nord-ouest de Madagascar.
HABITAT :
Le Pygargue de Madagascar fréquente les forêts sèches plantées de feuillus, mais aussi les habitats aquatiques comme le bord de mer, les îles, les lacs et les fleuves, surtout avec des rives boisées où poussent des grands arbres pour chasser et pour surveiller les proies à la surface de l’eau. Il nidifie dans les mangroves et vit généralement au niveau de la mer.
CRIS ET CHANTS :
Le Pygargue de Madagascar est très loquace tout au long de l’année. Comme le Pygargue vocifère dont il est très proche, il émet des « ko ko koy-koy-koy-koy-koy » sonores et perçants qu’il répète à de courts intervalles. Le cri est émis avec la tête jetée en arrière alors que l’oiseau est posé sur un perchoir, ou bien quand il est en vol.
Mâle et femelle peuvent faire des duos, posés l’un à côté de l’autre. Les cris du mâle sont plus haut-perché que ceux de la femelle, mais les voix des deux adultes sont audibles à plus d’un kilomètre de distance.
Les jeunes poussins ont des cris plus aigus que les adultes.
Le Pygargue de Madagascar est généralement vu en couples. Les parades et la construction du nid commencent en mai. Les parades sont vocales et aériennes.
Ces rapaces sont monogames et territoriaux. Les deux partenaires construisent un grand nid avec des rameaux de bois. Mâle et femelle participent aux tâches liées à la reproduction.
Des exemples de reproduction communautaire et de polyandrie (avec tous les mâles du groupe qui s’accouplent avec la femelle) ont été rapportés. D’après des études récentes, un à trois rapaces étrangers au couple ont été observés très près du couple reproducteur. Ces oiseaux, probablement la progéniture des années précédentes, prenaient brièvement part à l’incubation, s’occupaient du poussin et approvisionnaient le nid.
Le Pygargue de Madagascar est sédentaire mais les immatures se dispersent et vagabondent jusqu’à parcourir plus de 200 kilomètres.
Il vole avec des battements profonds et réguliers, mais il plane souvent, porté par ses grandes ailes.
REPRODUCTION DE L’ESPECE :
La ponte a lieu entre fin mai et mi-juillet, et peut s’étendre quelquefois jusqu’en décembre.
Le Pygargue de Madagascar construit un grand nid avec des rameaux de bois et la coupe est tapissée de feuilles fraîches. Ce nid est situé dans la fourche d’un grand arbre, souvent dans les mangroves, mais aussi sur les falaises d’une île rocheuse, généralement à 6-8 mètres au-dessus du sol. Des matériaux sont souvent ajoutés au cours de la période de nidification.
La femelle dépose 1-2 œufs à plusieurs jours d’intervalle. L’incubation est principalement assurée par la femelle pendant 38-42 jours. Elle est approvisionnée par le mâle pendant cette période.
A la naissance, les poussins sont couverts de duvet blanc. Seul l’aîné survivra tandis que le plus petit mourra de faim. Le poussin restant va grandir vite. Il commence à grimper sur les branches autour du nid au bout de 70 jours, faisant des exercices avec ses ailes ou des vols courts, ou encore en sautillant d’une branche à l’autre, avant de s’envoler à l’âge de 80 jours.
COMPORTEMENTS DANS LA VIE SAUVAGE :
Le Pygargue de Madagascar, comme son nom l’indique, se nourrit principalement de poissons originaires de l’île ou introduits. Les proies principales mesurent de 25 à 35 centimètres de longueur. Ce sont en général des poissons de surface capturés à une quinzaine de centimètres sous la surface de l’eau. L’aigle pêche depuis un perchoir situé au-dessus de l’eau.
Cependant, il capture aussi des crabes, des tortues et des oiseaux (surtout de la volaille comme les jeunes des canards et des dindons), et ne dédaigne pas les charognes.
Le Pygargue de Madagascar passe de longs moments posé, mais il plane aussi parfois dans les airs au-dessus du territoire. Il dort la nuit dans des grands arbres près de la rive.
Il pêche en descendant en vol jusqu’à la surface de l’eau pour capturer un poisson avec ses serres, ou en se laissant tomber sur la proie alors qu’il plane au-dessus de l’eau. Il revient souvent au même perchoir pour dévorer sa victime, ou ramène le poisson sur la rive s’il est trop gros ou qu’il résiste. Il lui arrive aussi de dérober des proies à d’autres oiseaux aquatiques.