PROTECTION / MENACES / STATUTS :
Le Talégalle de Bruijn est menacé par la réduction de la réserve de Waigeo ainsi que par un programme de prospection minière depuis la fin des années 1980, et encore activement poursuivi aujourd’hui. L’exploitation du bois et les feux entraînent la fragmentation de l’habitat, provoquant ainsi l’isolation de certaines populations. La chasse et les chiens errants introduits sur l’île constituent des menaces potentielles. La prédation des nids par les sangliers peut se produire localement, ainsi que par les varans qui sont présents jusqu’à 840 mètres d’altitude.
La population globale est estimée à 980 individus matures au moins, ce qui équivaut grossièrement à 1400 individus.
La population semble décliner de manière lente à modérée. L’espèce est actuellement considérée en Danger d’Extinction.
Fr: Talégalle de Bruijn
Ang: Waigeo Brushturkey - Bruijn's Brushturkey
All: Braunbrust-Buschhuhn
Esp: Talégalo de la Waigeo
Ita: Megapodio di Bruijn
Nd: Bruijns Boskalkoen
Sd: waigeobuskhöna
Photographe:
Otto Plantema
Trips around the world
Texte de Nicole Bouglouan
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 2 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334156
Birds of New Guinea: Second Edition De Thane K. Pratt, Bruce M. Beehler – Editeur: Princeton University Press, 2014 – ISBN: 1400865115, 9781400865116 – 528 pages
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Talégalle de Bruijn
Aepypodius bruijnii
Ordre des Galliformes – Famille des Mégapodiidés
INTRODUCTION :
Le Talégalle de Bruijn est endémique de l’Ile de Waigeo située en Papouasie occidentale en Indonésie. Cette espèce rare a été redécouverte en 2002 après plus de 120 ans sans aucune observation.
Il fréquente les forêts de montagne sur l’île où les sites de nidification se trouvent entre 620 et 930 mètres d’altitude, sur les plus hautes arêtes et les pics. Il se nourrit probablement de graines et autres matières végétales. Comme d’autres Mégapodiidés, il construit un monticule avec des débris végétaux dans lequel les œufs seront incubés naturellement.
Le Talégalle de Bruijn est menacé par la chasse, la prédation par les chiens errants introduits sur l’île et la perte de l’habitat. L’espèce est actuellement en Danger d’Extinction.
Le nom de l’espèce rend hommage à Anton August Bruijn, un officier de la marine Néerlandaise également naturaliste.
DESCRIPTION DE L’OISEAU :
Quelques mesures :
Longueur : 41-46 cm
Le Talégalle de Bruijn mâle adulte a le plumage brun terne, généralement plus gris sur les parties supérieures.
Sur le dessous brun, la poitrine est plutôt brun-châtain tandis que les flancs et les couvertures sous-caudales sont olive grisâtre.
Sur la tête, la peau nue et rougeâtre de la face et du cou est agrémentée de longues caroncules qui pendent du cou, avec la plus longue sur la partie antérieure du cou et une beaucoup plus petite sur le menton. La crête charnue rougeâtre devient plus évidente pendant la saison de reproduction.
On note également la présence d’une plaque rose charnue sur la nuque en arrière de la crête, et d’une poche de peau rose qui retombe sur la gorge. Ces ornements sont réduits quand l’oiseau ne parade pas.
Le bec est brun foncé ou noirâtre. Les yeux sont noisette ou brun orangé. Les pattes et les doigts robustes sont verdâtre sombre.
La femelle a des ornements moins importants. Les caroncules du cou sont plus réduites ou absentes.
L’immature ressemble à la femelle adulte.
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE :
Le Talégalle de Bruijn se trouve sur l’Ile de Waigeo, dans le nord-ouest de la Nouvelle-Guinée.
HABITAT :
Le Talégalle de Bruijn fréquente la forêt des hautes terres de l’île, une forêt de nuages toujours verte et rabougrie, où poussent des épiphytes et des fougères arboricoles, et pourvue de sous-bois épais sur un sol stérile.
Les sites de nidification se trouvent à des hauteurs allant de 620 à 930 mètres, souvent sur des arêtes élevées et des pics, plus rarement dans les vallées dans des cours d’eau asséchés mais où des trous d’eau persistent, et encore plus rarement au niveau de la mer.
CRIS ET CHANTS : SONS PAR XENO-CANTO
Le Talégalle de Bruijn est généralement silencieux, mais deux types de cris ont été décrits. D’abord une sorte de gloussement court et répété, puis une série de caquetages rauques. Ces derniers accompagnent parfois le bruit vrombissant des ailes au moment de l’envol lorsque l’oiseau part brusquement à cause d’un danger. Ces cris sont probablement associés à une menace.
COMPORTEMENTS DANS LA VIE SAUVAGE :
Le Talégalle de Bruijn se nourrit probablement surtout de graines, mais ces oiseaux sont souvent omnivores. Cependant, d’autres matières végétales comme les bourgeons, les fleurs, les feuilles et les fruits tombés au sol représentent la majeure partie du régime. Quelques invertébrés peuvent aussi être consommés lorsque l’oiseau se nourrit en marchant sur le sol de la forêt, en picorant dans la végétation et en grattant le tapis de feuilles mortes.
Le Talégalle de Bruijn construit un monticule avec des débris, à l’intérieur duquel les œufs seront incubés. D’après des observations, le mâle est généralement seul. Il est souvent silencieux mais il est territorial, ce qui suggère aussi bien la polygamie que la polyandrie, toutes deux assez communes chez les mégapodes. Un mâle solitaire a pu être observé en train de « travailler » le monticule dans sa période active, ce qui peut faire penser à l’absence de liens entre les partenaires.
Ces oiseaux ont un système d’incubation unique, avec les œufs incubés par la température constante du monticule, surtout à partir du moment où les œufs ont été déposés par la femelle. La construction et la maintenance reviennent au mâle seul, car le monticule requiert une attention constante afin de maintenir l’équilibre de la température.
La femelle peut donc se concentrer sur les ressources nécessaires à la formation des œufs tandis que le mâle est occupé de son côté. En général, une femelle reste avec un mâle pendant trois à six semaines avant de le quitter pour un autre mâle propriétaire d’un monticule plus frais. L’accouplement a lieu au sommet du monticule.
Le Talégalle de Bruijn dort et se repose seul dans un arbre, souvent assez proche du monticule, parfois aussi juste au-dessus.
L’espèce est sédentaire, mais quelques déplacements altitudinaux peuvent se produire en fonction des conditions climatiques et surtout de la sècheresse.
Le Talégalle de Bruijn est techniquement capable d’effectuer un vol court mais laborieux, en particulier lorsqu’il est menacé ou effrayé.
D’après quelques observations, les oiseaux dérangés s’envolent en démarrant assez bas et droit devant eux, et volent sur une distance courte de 15 à 30 mètres, parfois jusqu’à 80 mètres. Ils finissent chaque fois dans un arbre, à 8-12 mètres de hauteur.
Le vol est laborieux avec des battements rapides et vrombissants. L’oiseau peut parfois sembler perdre de la hauteur tandis que son corps a des mouvements saccadés, comme s’il cherchait à remonter. Il ne glisse pas dans les airs, même lorsqu’il descend en vol le long d’une pente abrupte.
Ce vol est généralement accompagné de séries de caquetages rauques. Une fois qu’il est posé dans un arbre, l’oiseau grimpe maladroitement le long des branches tout en balançant son corps, tandis que les ailes et la queue sont relevées. Il s’envole finalement hors de la vue des observateurs en volant entre les branches avant de disparaître.
REPRODUCTION DE L’ESPECE :
La saison de reproduction a probablement lieu en mai/juin, avec des femelles en bonne conditions pour se reproduire observées en mai.
Le Talégalle de Bruijn construit un monticule, et c’est le mâle qui effectue ce travail. Le monticule est d’abord une pile lâche faite de divers débris. La forme change et devient plus abrupte sur les côtés, avec le sommet aplati ou légèrement concave et une base bien tassée.
Pendant la phase active, les débris végétaux sont régulièrement mélangés à l’intérieur du monticule, ou bien il y a application d’une couche extérieure de débris qui rend les alentours du nid bien grattés et propres.
Un tel monticule mesure environ 120 centimètres de hauteur et 210 centimètres de largeur à la base. Il est fait avec des feuilles, des brindilles, des rameaux de bois et des branches. Il est souvent situé à la base d’un tronc d’arbre pourri mais toujours debout, ou sur une souche pourrissante tombée sur le sol, et plus généralement sous un seul arbre, un conifère isolé pouvant appartenir à diverses espèces.
La ponte a tendance à durer de 15 à 45 minutes, parfois moins d’un quart d’heure si d’autres femelles attendent leur tour pour déposer leurs œufs au même endroit. La taille de la couvée peut varier, mais elle n’est pas connue pour cette espèce. Pour exemple, la femelle du Mégapode maléo produit 8-12 œufs par an.
La durée de l’incubation n’est pas connue, mais elle est généralement très longue et dépend des conditions physiologiques du monticule. Elle peut varier de 44-50 jours à 96-99 jours selon les espèces.
Les poussins sont grands après une telle durée d’incubation. La remontée vers la surface peut prendre deux heures ou jusqu’à une journée entière ou même plus. Une fois sortis, ils se reposent au sommet du monticule après un tel effort.
Ils ne reçoivent aucun soin de la part des parents. Leur plumage est assez complet et ils sont capables de s’envoler immédiatement en cas de danger, et de se nourrir eux-mêmes au bout de 24 heures. Ils se dispersent dans la jungle à travers toute l'île.