Fr: Tétras à bec noir
Ang: Black-billed Capercaillie
All: Steinauerhuhn
Esp: Urogallo Piquinegro
Ita: Gallo cedrone becconero
Nd: Rotsauerhoen
Sd: svartnäbbad tjäder
Photographe:
John Anderson
John Anderson Photo Galleries
Texte et illustration de Nicole Bouglouan
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 2 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334156
Hennache, A. & Ottaviani, M. (2005). Monographie des faisans, volume 1. Edition W.P.A. France, Clères, France. ISBN: 2-9512467-1-4
Hennache, A. & Ottaviani, M. (2006). Monographie des faisans, volume 2. Edition W.P.A. France, Clères, France.ISBN: 2-9512467-2-2
Les auteurs renoncent à leurs droits d'auteurs pour que la vente de cet ouvrage, publié par la World Pheasant Association, soit destinée à soutenir des projets de conservation.
Ecology and behaviour of the Black-billed Capercaillie in the Khentej Mountains, Mongolia
The official Polar Conservation Organisation website
Winter Habitat Segregation in the Sexually Dimorphic Black-Billed Capercaillie
The Arctic Guide: Wildlife of the Far North Par Sharon Chester
Wikipedia, the free encyclopaedia
Tétras à bec noir
Tetrao urogalloides
Ordre des Galliformes – Famille des Tétraonidés
INTRODUCTION :
Le Tétras à bec noir est une espèce très proche du Grand Tétras (T. urogallus). Leurs distributions se chevauchent à travers une vaste étendue dans le bassin du fleuve Yenisey, où les croisements finissent souvent par produire des hybrides dans des zones restreintes.
Les tétras sont des oiseaux forestiers, souvent de grande taille, et les deux espèces ont été probablement séparées pendant la période glaciaire. Le Tétras à bec noir est sédentaire dans l’est de la Russie, dans certaines parties du nord de la Mongolie et en Chine. Il fréquente les forêts de montagne et la taïga.
Au début de la saison nuptiale, plusieurs mâles se rassemblent sur des aires où ils paradent ensemble en criant fortement tandis qu’ils déploient leur queue en éventail. Ces parades servent à attirer les femelles qui visitent ces arènes.
La population du Tétras à bec noir est en déclin à cause de la chasse intensive et des fluctuations naturelles. La prédation par le renard roux, les rapaces et les martres n’a pas vraiment d’impact significatif sur cette population qui n’est pas considérée comme menacée actuellement.
DESCRIPTION DE L’OISEAU :
Quelques mesures :
Longueur : M : 89-97 cm – F : 69-75 cm
Envergure : 75-115 cm
Poids : M : 3350-4580 gr – F : 1700-2200 gr
Le Tétras à bec noir mâle adulte est légèrement plus petit que le Grand Tétras. Il a le plumage noir dans l’ensemble, mais on peut voir plusieurs grandes taches blanches qui contrastent fortement sur les ailes et aux extrémités des couvertures sus-caudales. On note également la présence de taches blanches évidentes sur les scapulaires.
Le plumage peut parfois paraître noir luisant, mais lorsque l’oiseau reste dans l’obscurité de la forêt avec les ailes et la queue fermées, ces dessins sont plutôt cachés et peu évidents.
Le bec est noir et a donné son nom à l’espèce. Les yeux sombres sont surmontés de petits lobes rouges qui se développent surtout pendant la saison nuptiale. Ils deviennent alors très visibles au moment des parades. Les pattes robustes et sombres ont les tarses emplumés et des doigts forts.
La femelle adulte ressemble à T. urogallus mais elle est plus foncée, avec le haut de la poitrine plus tacheté. Les dessins blancs des couvertures alaires et des secondaires sont formés par les bandes terminales blanches des plumes.
Le bec est plutôt noirâtre. Les yeux brun foncé présentent des lobes beaucoup plus petits que chez le mâle, souvent cachés par les plumes. Les tarses brunâtres sont emplumés. Les doigts sont gris foncé, et souvent partiellement recouverts par les longues plumes des tarses.
Le jeune tétras a les lobes presque cachés, mais l’évolution du plumage est mal connue.
SOUS-ESPECES ET DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE :
Le Tétras à bec noir a deux ou trois sous-espèces selon les auteurs.
T.u. urogalloides se trouve dans l’est de la Sibérie, depuis le cours inférieur du fleuve Yenisey, vers l’est jusqu’au cours supérieur du fleuve Anadyr, et vers le sud jusqu’en Transbaïkalie, dans le nord-est de la Chine (Mandchourie), dans l’Ussuriland et dans les Monts Sikhote-Alin, et aussi sur l’Ile Sakhaline.
T.u. kamtschaticus se trouve dans la Péninsule du Kamchatka.
Dans cette race, les deux sexes sont plus petits que la race nominale, avec davantage de taches blanches et plus grandes. Le mâle est moins irisé et plutôt gris foncé.
T.u. stegmanni se trouve dans la zone du lac Baïkal, dans les Monts Sayan et dans le nord de la Mongolie.
Cette race est généralement plus mince que la race nominale, avec des rectrices plus longues. Elle présente de grandes taches blanches sur les couvertures sous-caudales.
La race « stegmanni » est souvent intégrée dans la race nominale par certains auteurs.
HABITAT :
Le Tétras à bec noir fréquente les forêts plantées de mélèzes, aussi bien en plaine qu’en montagne, depuis la toundra boisée dans le nord, jusqu’aux steppes du sud de la Transbaïkalie. Cependant, en fonction de la distribution, il fréquente aussi les forêts de pins, de cèdres ou mixtes (feuillus et conifères).
En hiver, les mâles fréquentent souvent le bas des versants des collines avec des parcelles clairsemées plantées de pins et de bouleaux. Les plus grands mâles gardent et maintiennent des « jardins » de mélèzes nains. Ces zones leur procurent davantage de nourriture. En fait, les mâles « taillent » de façon saisonnière les jeunes mélèzes en supprimant les pousses verticales. Ces arbres deviennent alors une forme naine de l’espèce.
Les femelles passent habituellement l’hiver en groupes à plus haute altitude dans les montagnes. Elles restent dans des forêts de mélèzes plus jeunes et plus denses qui sont des habitats moins productifs. Elles évitent les « jardins » des mâles pour réduire le risque de prédation.
CRIS ET CHANTS : SONS PAR XENO-CANTO
Le Tétras à bec noir mâle produit des sons qui ressemblent au bruit des castagnettes. Ce chant est une série continue de claquements qui vont en accélérant « tack-tack-tack… » et qui peut être entendu à une certaine distance (1 à 1,5 km) en fonction des conditions climatiques.
D’autres sons sont produits par les ailes tandis que le mâle saute en l’air pendant les parades. Ces sons ressemblent à un tambourinage et ont pour but d’attirer les femelles.
COMPORTEMENTS DANS LA VIE SAUVAGE :
Comme les autres Tétraonidés, le Tétras à bec noir a un régime végétarien. En hiver, il se nourrit largement de bourgeons et de pousses de mélèzes, d’aiguilles de pins et de sapins, de chatons et bourgeons de bouleau et des fruits de Rosa acicularis.
Au printemps et en automne, il consomme les baies et les feuilles de plusieurs espèces de plantes, ainsi que quelques chenilles, des pucerons et des œufs de fourmi.
Mâle et femelle se nourrissent dans les arbres, mais les femelles viennent moins souvent sur le sol. Ils se nourrissent dans la couronne des grands mélèzes, mais les mâles peuvent venir sur le sol, à l’intérieur et autour de leurs arènes de parade. Ils préfèrent souvent les lisières des forêts de mélèzes où ils consomment des herbes fraîchement germées et d’autres plantes.
Ils se nourrissent en groupes pendant l’hiver, mais les mâles forment surtout des petits groupes de 2 à 4 oiseaux, tandis que les femelles sont plus nombreuses, entre 2 et 14 femelles ensemble.
Au début de la saison de reproduction, (mi-avril) les mâles établissent des leks ou arènes dans les forêts matures où ils vont parader pour attirer les femelles. Le lek est établi sur une zone plate, habituellement assez proche des aires de nourrissage. Les femelles visitent ces arènes pour choisir un partenaire.
Les mâles commencent à parader tôt le matin et arrivent des arbres où ils dorment. Ils volent jusqu’au sol et chante continuellement pendant plusieurs heures avec juste quelques courtes pauses.
Des postures adaptées mettent en valeur le bec noir, les lobes rouges et gonflés, les taches blanches des couvertures alaires et de la queue, et la forme typique de la poitrine distendue. Ils sautent en l’air avec les ailes vibrantes, jusqu’ à 2-10 mètres de hauteur, pour attirer les femelles. Ces parades sont accompagnées de battements d’ailes sonores tandis que l’oiseau s’élance vers le haut et au moment où il se pose sur le sol.
Plusieurs femelles visitent l’arène et s’approchent les mâles en parade. Lorsqu’une femelle est prête à s’accoupler, elle s’accroupit et touche le sol avec ses ailes.
Il n’y a aucune agressivité entre les femelles, tandis que les mâles combattent aux lisières du territoire. Ils utilisent les ailes et le bec, et certains combats peuvent entrainer des blessures sérieuses. Cependant, en général, ces disputes se réduisent à des attitudes menaçantes. Les deux mâles marchent côte à côte le long de la limite du territoire, puis ils se font face et font des courbettes.
La femelle assume seule l’incubation et l’élevage des jeunes.
Le Tétras à bec noir est certainement sédentaire, excepté quelques déplacements altitudinaux au Kamchatka, car les femelles hivernent à plus haute altitude que les mâles. Ces derniers peuvent se déplacer localement en fonction de l’abondance de la nourriture.
Comme beaucoup de Galliformes, le Tétras à bec noir commence son vol par un décollage vigoureux et bruyant. Une fois en l’air, il effectue des séries de battements actifs alternés de glissés rapides avec les ailes courbées vers le bas.
REPRODUCTION DE L’ESPECE :
La saison de reproduction commence à la mi-avril, avec la ponte en mai-juin.
La femelle quitte l’arène après l’accouplement. Elle sélectionne un site pour le nid et construit celui-ci sur le sol. C’est une petite dépression tapissée d’aiguilles de conifères, de mousse, d’herbes et de plumes. Il est situé sous des branches basses ou sous une souche ou un arbre à terre.
Elle dépose 6-7 œufs et incube seule pendant 20-25 jours. Elle reste immobile sur les œufs afin de bénéficier au maximum du camouflage engendré par son plumage cryptique. A cette période, elle est vulnérable à la prédation par les mammifères et les oiseaux, ce qui entraine la perte de quelques couvées.
A la naissance, les poussins duveteux ont une tache rousse sur la calotte. Ils ont le dos plus roux et moins trié que les jeunes T. urogallus. Très tôt, ils peuvent suivre la femelle. Ils sont capables de voler, au moins pour aller se percher dans un arbre, à l’âge de 2-3 semaines.
PROTECTION / MENACES / STATUTS :
La population du Tétras à bec noir est en déclin à cause des dérangements causés par les humains à travers la construction de routes qui permettent d’accéder à leur habitat. Les fluctuations naturelles des nombres, la prédation et la chasse intensive menacent également la population.
Quelques estimations donnent moins de 100 couples nicheurs en Chine, et de 100 000 à 1 million de couples nicheurs en Russie.
Mais actuellement, le Tétras à bec noir est considéré comme non menacé.