Texte et photos de Nicole Bouglouan
D’après une observation au pied de la Sierra de Gredos en Novembre 2012, et en d’autres lieux d'Estrémadure.
Sources :
Las alas del invierno - La migración de la Grulla Común
Pájaros de España (JL Beamonte)
Wikipedia, la enciclopedia libre
Autre lien à l’intérieur du site : La grue cendrée
Sommaire observations-reportages
La Grue cendrée en Espagne
Le retour au dortoir
Après plusieurs heures passées à se nourrir dans les champs fraîchement moissonnés ou sous les chênes-lièges, les Grues cendrées commencent à se rassembler afin de s’envoler vers les dortoirs où elles passeront la nuit.
Les grues dorment généralement dans les zones humides comme les lagunes, les étangs, les estuaires ou les réservoirs leur procurant une bonne protection contre les prédateurs terrestres. Elles préfèrent les ilots, mais elles dorment aussi très souvent dans l’eau où elles sont moins menacées que dans les espaces découverts.
Pendant la journée, elles se nourrissent de céréales ou de glands selon l’endroit, en grands groupes clairsemés dans la dehesa en Estrémadure ou dans les champs. On peut alors les voir en groupes familiaux de trois ou quatre oiseaux à l’ombre d’un chêne-liège, un couple avec un ou deux jeunes à la tête marron, à l’intérieur d’un grand rassemblement de plusieurs centaines de grues dispersées dans une même zone.
Le Grue cendrée est territoriale pendant la saison de reproduction, mais largement grégaire en dehors de cette période.
Les grues hivernent dans plusieurs parties de l’Estrémadure en Espagne, et se nourrissent aussi bien dans la dehesa que dans les plaines entre octobre et février. Elles consomment principalement des glands, mais elles complètent leur régime par des céréales diverses selon la distribution.
Entre la fin de l’après-midi et le crépuscule, lorsque le soleil descend lentement vers l’horizon, l’intensité des cris augmente et petit à petit, les grues s’envolent en groupes ou en énormes bandes.
La première chose que l’on perçoit, ce sont les cris, mais ensuite, elles apparaissent progressivement au loin. La ligne sombre ondule au-dessus des champs et des forêts jusqu’à devenir bien nette. Les grues traversent rapidement les airs sur un fond composé de rose, de violet et d’or qui incendie le ciel avant que celui-ci ne devienne complètement sombre.
Les grues sont à présent posées, s’apprêtant à passer une nuit calme avant de s’envoler à nouveau à l’aube pour gagner leurs aires de nourrissage.
Ce comportement se répètera chaque jour pendant l’hivernage, puis elles s’envoleront pour le long voyage qui les mènera vers le Nord, sur leurs aires de reproduction.
Environ 150 000 Grues cendrées hivernent en Espagne, avec plus de 50% en Estrémadure, quelques 80 000 grues en 2011 clairsemées à travers toute la province, et le reste se partageant entre les régions de Castille-la-Mancha, Aragon et Andalousie où on les trouve surtout dans des zones humides et d’autres bien définies.
Elles viennent du nord de l’Europe et autrefois, ces populations traversaient le Détroit de Gibraltar pour hiverner en Afrique du nord. Mais aujourd’hui, et depuis plus de cinquante ans, elles hivernent dans les parties sud-ouest de la Péninsule Ibérique, probablement attirées par l’expansion de l’agriculture dans la dehesa.
Des populations hivernent dans d’autres provinces espagnoles, mais aussi en France et en Allemagne. La Belgique et le Luxembourg abritent quelques petites populations de grues hivernantes.
La Grue cendrée s’est reproduite en Espagne jusqu’en 1954. Elle disparaitra peut-être un jour prochain de ce pays qui lui convient si bien pour les mêmes raisons qui l’ont conduite à se reproduire plus au nord, comme ce fut le cas pour d’autres espèces…