Les Phaéthontidés

FAMILLE PHAETHONTIDES

Phaétons

Les Phaétons sont des oiseaux marins très élégants qui vivent dans les eaux chaudes tropicales et subtropicales des océans Pacifique, Atlantique et Indien. Mais le Phaéton à brins rouges n’est pas présent dans l'océan Atlantique. Ils sont majoritairement pélagiques et se reproduisent sur de petites îles océaniques dotées de falaises et de zones rocheuses.

Ils étaient autrefois regroupés dans l'ordre des Pélécaniformes, mais suite à une analyse microscopique de la structure des coquilles d'œufs, quelques différences sont apparues et les Phaétons ont désormais leur propre ordre, les Phaéthontiformes.
En fait, ils sont plus proches du Caurale soleil et du Kagou huppé, tous deux dans l'ordre des Eurypygiformes, mais aussi des pigeons et des tourterelles de la famille des Columbidés, ou des gangas de la famille des Ptéroclidés.

Les trois espèces ont une queue en forme d'éventail avec de longues rectrices centrales blanches, à l'exception du Phaéton à brins rouges qui a ces longues plumes rouges. Ils ressemblent à de grosses sternes mais ils n'ont aucun rapport avec cette famille. Ces deux longues rectrices jouent un rôle important lors des parades aériennes, en bougeant latéralement ou en flottant au gré du vent. Les Phaétons effectuent de magnifiques parades, avec des acrobaties aériennes au cours desquelles deux oiseaux volent en parallèle, des vols en arrière, du vol stationnaire et des cercles.

Le Phaéton à bec rouge, le Phaéton à brins rouges et le Phaéton à bec jaune ont un plumage blanc dans l'ensemble, avec des marques noires sur le dessus des ailes, mais le Phaéton à bec rouge présente des vermiculations noires sur les parties supérieures.
Sur la tête blanche, une ligne oculaire noire bien visible est présente chez toutes les espèces. Le bec est fort et légèrement courbé, variant du jaune au rouge selon les espèces. Les yeux sont brun foncé. Les pattes courtes, faibles et blanchâtres et les pattes palmées noires sont situées loin en arrière du corps, ce qui rend ces beaux oiseaux extrêmement maladroits au sol. Ils ne peuvent se déplacer sur terre qu’en se poussant vers l’avant avec les pattes.
Les immatures n'ont pas les longues rectrices et ressemblent beaucoup à de grandes sternes en plumage d’hiver.

Les Phaétons se nourrissent principalement de poissons volants (Exocoetidés) capturés dans les airs, mais aussi de calamars (Ommastrephidés), d'autres espèces de poissons et de crustacés. Ils se nourrissent principalement tôt le matin et au crépuscule, lorsque les calmars s'approchent de la surface où ils sont plus faciles à capturer.
Dès qu'une proie est détectée au cours d’un vol stationnaire, les Phaétons la capturent en plongeant depuis des hauteurs allant jusqu'à 25 mètres et plus, à la manière des Sulidés. La proie peut être capturée en surface ou très près de la surface, mais aussi parfois à plusieurs mètres de profondeur. Elle est ensuite transportée transversalement dans le bec.
Le Phaéton à bec jaune a tendance à consommer des proies plus petites que les deux autres espèces, probablement en raison de la taille de son bec.

Les Phaétons ne viennent à terre que pour se reproduire sur des îles océaniques isolées où les zones inaccessibles leur offrent de bons sites de nidification. Ils peuvent nidifier sur le sol forestier, contre la base d'un grand arbre, mais ils utilisent également les corniches inaccessibles, les fissures, les grottes et les crevasses rocheuses des falaises. En revanche, ils ont besoin de zones dégagées pour s’envoler ou se poser facilement. Ils se reproduisent en colonies.

Le Phaéton à bec jaune nidifie souvent dans les creux ou les fourches des arbres sur certains sites, à la fois dans les océans Pacifique et Indien.
Le Phaéton à brins rouges se reproduit parfois sur des terrains plus ouverts, souvent sur le sable, sous la protection d'un peu de végétation.
Le Phaéton à bec rouge se reproduit dans de grands creux ou crevasses, ou sous des éboulis sur des îles rocheuses au large, dans les mers tropicales et subtropicales. Il préfère généralement les endroits inaccessibles sur les falaises.

En dehors de la période de reproduction, ils sont hautement pélagiques. Les Phaétons ne se reposent pas très souvent sur l'eau, mais lorsqu'ils le font, ils flottent, se reposent ou nagent avec la queue relevée. A cette période, ils errent et doivent se reposer soit sur l'eau, soit éventuellement dans les airs.

Les Phaétons ont des ailes longues, étroites et pointues, leur permettant d'effectuer un vol puissant et direct. Les battements d'ailes sont rapides et puissants, rappelant ceux des Columbidés. Ils planent moins fréquemment.
Le décollage est parfois difficile pour les trois espèces, et pour cette raison, elles ont besoin d'endroits surélevés pour se lancer dans les airs ou pour atterrir sur le site du nid.

Mais la beauté de ces oiseaux est vraiment mise en valeur lors des vols nuptiaux. Les Phaétons effectuent des parades aériennes très spectaculaires accompagnées de cris répétitifs, forts et stridents. Ils se retrouvent souvent en petits groupes compacts, volant et tournant en cercle à proximité des colonies. De temps en temps, un couple se détache du groupe et parade en exécutant des acrobaties aériennes à l'unisson, en une séquence bien synchronisée.

Le Phaéton à bec jaune et le Phaéton à bec rouge volent en zigzag ou effectuent de longs glissés vers le bas, en descendant souvent plusieurs centaines de mètres tout en volant l'un au-dessus de l'autre. L'oiseau du haut abaisse ses ailes tandis que celui du bas les relève et les extrémités se touchent presque.
Le Phaéton à brins rouges a un vol de parade encore plus élaboré au cours duquel l'oiseau situé en dessous glisse, tandis que l'autre effectue des battements d'ailes rapides et voltige avec le corps presque vertical. Cette parade se termine par un étonnant effet de rétropédalage alors que l'oiseau se relève vers l'arrière, probablement poussé par le vent. Durant cette démonstration, les longues rectrices rouges sont abaissées et secouées d'un côté à l'autre et les doigts palmés noirs sont étendus. Suite à cette séquence, l'oiseau du dessus glisse vers le bas et les rôles s'inversent, impliquant des cercles successifs dans les airs.

Tout en paradant au-dessus de leurs futurs sites de reproduction, les oiseaux recherchent des sites de nidification potentiels. Les couples déjà formés s'envolent vers le nid sélectionné. Et là, l’accouplement se déroule sans rituel préalable.
Les Phaétons sont monogames et les liens du couple durent longtemps. Ils se reproduisent en colonies. Ils commencent à se reproduire entre 2 et 4 ans. Ils ont tendance à réutiliser le même nid plusieurs années de suite car les sites adaptés à leurs besoins sont rares.
Les deux adultes construisent un nid généralement placé sur des falaises, sur une corniche ou dans une crevasse rocheuse ou encore sur le sol dans un endroit abrité.

La femelle pond un seul œuf ovale de couleur et de marques variables. L'incubation dure 40 à 46 jours. Elle est partagée par les deux adultes en périodes de quelques jours, bien que chez le Phaéton à brins rouges, ces périodes puissent durer jusqu'à 15-16 jours.
A la naissance, le poussin est recouvert d'un duvet dense et soyeux qui peut être blanc, gris ou gris fauve. Il est d’abord couvé en permanence par un adulte, puis, après quelques jours, il est laissé seul au nid.
Au début, il est nourri par ses parents avec de petites quantités de nourriture semi-digérée régurgitée directement dans sa gorge. L’adulte insère le bec dans l’œsophage du poussin. Nous pouvons entendre de légers « click » ou « chuck » lorsque les parents apportent de la nourriture au nid. Le poussin peut répondre par des gazouillis gutturaux tout en mendiant sa pitance.
Au fur et à mesure que le poussin grandit, il se nourrit de proies plus importantes tandis que la fréquence des apports de nourriture diminue. Les jeunes s'envolent environ 12 à 13 semaines après l'éclosion et ont tendance à se disperser après la reproduction.

Lorsqu'ils sont dérangés au nid, les adultes sifflent ou hurlent.
Dans certaines parties de l'aire de répartition, le succès de la reproduction peut être affecté par le manque de disponibilité de sites de nidification. Les Phaétons défendent vigoureusement le nid et les combats peuvent être violents. Le bec pointu et acéré de ces oiseaux peut provoquer des blessures à la tête et au cou.

Après la saison de reproduction, les adultes et les jeunes quittent les colonies et les îles et s'éloignent des terres. A cette période, ils mènent une vie totalement pélagique. En survolant la mer, ils produisent des sifflements aigus et perçants.

La mue des adultes a lieu avant le retour aux sites de reproduction. Les jeunes oiseaux restent à l'écart pendant plusieurs années avant de revenir en tant qu’adultes.

Les Phaétons n'effectuent pas de véritables migrations mais ils peuvent se disperser en fonction de la météo. Ils sont parfois emportés loin de leurs zones habituelles par les tempêtes, et parfois même très loin à l'intérieur des terres où malheureusement ils meurent.

Les plumes des Phaétons, et plus particulièrement les longues rectrices, sont traditionnellement utilisées à des fins ornementales, mais les oiseaux sont généralement capturés mais pas tués. Dans les temps anciens, la collecte d’œufs et l’abattage de poussins et d’adultes destinés à la consommation humaine étaient fréquents.

Les principales menaces comprennent l'exploitation humaine, la destruction de l'habitat et l'introduction de prédateurs dans les zones de reproduction. Les chats attaquent les Phaétons même dans les falaises où ils nidifient. Le Rat polynésien (Rattus exulans) provoque la perte des œufs et des poussins du Phaéton à brins rouges et se nourrit également d’adultes chez le Phaéton à bec jaune. Les œufs de cette espèce sont dévorés par le Rat noir (Rattus rattus), mais le Surmulot (Rattus norvegicus) semble avoir des effets plus dévastateurs que les deux autres espèces. La construction de routes et les développements humains ont également un impact négatif sur les sites de reproduction.
Les ouragans et la pollution pétrolière en mer sont des menaces fréquentes pour ces espèces.

Cependant, des sites de nidification artificiels, appelés « Longtail Igloos », ont été créés dans de nombreuses zones de la côte des Bermudes, permettant ainsi un meilleur succès de reproduction.
La pollution pétrolière diminue grâce aux nouvelles réglementations concernant le déversement d’hydrocarbures en mer.
Il existe désormais des îles exemptes de prédateurs grâce à l'éradication des mammifères prédateurs introduits.

À l’heure actuelle, ces trois espèces ne sont pas menacées à l’échelle mondiale et sont considérées comme étant de Préoccupation mineure.