Texte et photos de Nicole Bouglouan
Sources :
GUIDE DES RAPACES DIURNES – Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient de Benny Génsbol – Delachaux et Niestlé – ISBN : 2603013270
Les terroirs en Vieille-Castille et Léon : une structure agraire
Sommaire rapports et récits de voyages
En passant par Villafáfila
Première partie
La province de Castille y León englobe une grande partie du plateau central espagnol ou « meseta » entouré de montagnes. Le fleuve Duero traverse cette vaste zone en créant plusieurs types d’habitats, depuis les hauts plateaux secs et arides, jusqu’aux terres verdoyantes et aux champs cultivés.
L’architecture de la région se trouve étroitement liée à la composition des sols. L’argile, la pierre et l’ardoise sont à la base de chaque structure, y compris des pigeonniers typiques et historiques clairsemés dans les plaines de Villafáfila.
Ces pigeonniers sont faits de matériaux présents aux alentours, comme l’argile et la paille qui font l’adobe, la pierre, l’ardoise, les briques et les tuiles. Ils s’intègrent parfaitement au paysage environnant.
Ils existent sous diverses formes, mais les plus courants sont circulaires, avec des toits de tuiles rouges. Cependant, d’autres présentent des toits plus classiques et leur structure peut être rectangulaire, carrée ou conique. Ils sont habituellement orientés au sud afin d’éviter les vents froids.
A l’intérieur de la construction, les murs sont percés de petites cavités et séparés par des couloirs. Les pigeons nidifient dans ces trous et volent dans les corridors.
Autrefois, les pigeonniers reflétaient la richesse de leurs propriétaires. Les pigeons étaient très appréciés pour leur chair et représentaient une ressource alimentaire importante, alors que leurs fientes ou « palomina » servaient à fertiliser la terre dans les champs.
Leur origine est liée à l’arrivée des Romains, mais ils firent complètement partie de l’histoire vers la fin du 18ème siècle.
Aujourd’hui, certains d’entre eux sont toujours utilisés, alors que les autres restent les témoins du passé de la province de Castille y León. La restauration de ces structures est en cours dans de nombreux sites de la région, en tant que part importante du patrimoine culturel.
Cependant, plusieurs espèces d’oiseaux font en sorte que les pigeonniers partiellement détruits ou tombant en ruines ne soient pas perdus pour tout le monde…
Le Faucon crécerellette (Falco naumanni) les utilise pour se reproduire, et plus particulièrement à Villafáfila dans la province de Castille y León. Il aime les ruines et les vieilles constructions, aussi bien les monuments et les murs aux pierres disjointes que ces structures étranges.
Nous avons trouvé un couple dans un vieux pigeonnier au bord de la route, dans un village abandonné. Le mâle tenait une proie dans le bec, sans doute une courtilière. Il est venu se poser sur le toit, tout en regardant autour de lui et en nous surveillant attentivement.
C’est à ce moment-là que je vois quelque chose dans une cavité. Une femelle est en train de couver et seule la tête est visible sur le rebord. Je fais juste trois photos depuis la voiture et nous quittons les lieux pour éviter de les déranger davantage. Le mâle nourrit probablement la femelle au nid. Laissons-les seuls.
Le Faucon crécerellette est un migrateur. Il hiverne en Afrique subsaharienne. C’est un oiseau de proie peu commun comparé au très semblable Faucon crécerelle (Falco tinnunculus).
Il fréquente les steppes sèches et les zones semi-désertes avec un peu de végétation clairsemée. Il se nourrit principalement d’insectes, mais aussi parfois de petits rongeurs et de reptiles. Lorsqu’il chasse, il pratique le vol stationnaire à faible hauteur, et se laisse tomber sur la proie qu’il a détectée. Quelques insectes sont également capturés en vol.
Cette espèce peut se reproduire en colonies de 100 à 200 couples, mais aussi en couples isolés. Les deux adultes mais surtout la femelle, incubent les 2-6 œufs pendant 28 à 29 jours. Les juvéniles gagnent rapidement leur indépendance.
Ils quittent les aires de reproduction fin juillet/début août et se dispersent pendant quelques semaines avant d’entamer la vraie migration début septembre. Ils retourneront sur leurs aires de reproduction en mars/avril.
Le Faucon crécerellette est menacé par le manque de cavités de nidification, la perte de son habitat et la réduction des populations d’insectes à cause des pesticides. Plusieurs déclins ont été observés à travers la distribution, sur les aires de reproduction mais aussi d’hivernage.