English version

Accueil

Présentation

Fiches

Dossiers

Voyages
 
Galeries

Poésie

Liens

Nouveautés

Contact

Mentions légales

Texte de Nicole Bouglouan

Photographes:

Roger Ahlman
Pbase Galleries Peru and Ecuador

Marc Chrétien
MURINUS

Jean Michel Fenerole
Photos d’Oiseaux du monde

Ken Havard
My Bird Gallery & Flickr gallery 1 & Flickr gallery 2

Patrick Ingremeau
TAMANDUA

Tom Merigan
Tom Merigan’s Photo Galleries

Philippe et Aline Wolfer
GALERIE

Sources:

HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 5 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334253

NIGHTJARS - A Guide to Nightjars and Related Nightbirds – Nigel Cleere and Dave Nurney - Yale University Press - First Edition (August 11, 1998) - ISBN 10: 0300074573 / ISBN 13: 9780300074574

A GUIDE TO THE BIRDS OF MEXICO AND NORTHERN CENTRAL AMERICA by  Steve N. G. Howell, Sophie Webb - Oxford University Press - ISBN: 0198540124

A GUIDE TO THE BIRDS OF COLOMBIA by Steven L. Hilty and William L. Brown - Princeton University Press – ISBN 069108372X

Avibase (Lepage Denis)

BirdLife International (BirdLife International)

Wikipedia, the free encyclopaedia

Neotropical Birds – Cornell Lab of Ornithology

Rediscovery of Nyctibius leucopterus (White-winged Potoo) in the Atlantic Forest of Brazil

SORA Searchable Ornithological Research Archive (Blair O. Wolf)

Alejandro Solano-Ugalde Boletín SAO Vol. 20
Natural history of Rufous Potoo in Ecuador

 

Accueil

Sommaire dossiers

 

FAMILLE DES NYCTIBIIDES
Ordre des Caprimulgiformes

Ibijaux – Genre Nyctibius

 

Les ibijaux et leur mystère ont toujours fasciné les hommes. Leur plumage cryptique et leur pose typique, plumes collées au corps et bec pointé vers le ciel lorsqu’ils sont dérangés, sont à l’origine du nom « mira para el cielo » donné dans certaines parties de la Colombie. Ce nom signifie « regarde le ciel » et décrit l’apparence particulière utilisée par ces oiseaux afin de se rendre invisibles quand ils se reposent pendant la journée, si semblables à l’écorce des arbres.  
Un autre nom venu du Brésil « mãe-da-lua » signifie « mère de la Lune ». Il a pour origine les chants obsédants entendus la nuit, et plus particulièrement pendant les nuits de pleine Lune. Mais ce chant mélancolique est aussi un signe de malchance ou de mort imminente, et il arrive parfois qu’il soit attribué à d’autres animaux nocturnes.
De plus, les plumes des ibijaux sont parfois utilisées comme ornements par les Indiens d’Amazonie à cause de leur aspect décoratif. Au Brésil, les plumes de plusieurs ibijaux servent à confectionner des colliers.

Ibijau à longue queue

Les ibijaux sont endémiques du Néotropique et se trouvent principalement dans les plaines amazoniennes. Ils diffèrent des autres familles par leur bec « denté » au culmen court et à large ouverture, et par les projections dentelées positionnées de chaque côté de l’extrémité du bec. Ils n’ont pas de plumes sétiformes, bien que quelques plumes fines soient présentes dans la région lorale entre l’œil et la narine. Leurs très grands yeux adaptés à la vie nocturne reflètent une lueur rouge ou orangée dans un faisceau de lumière. La paupière supérieure est un autre critère particulier car elle présente deux ou trois petits plis le long du bord, créant des encoches ou des fentes qui permettent à l’oiseau de détecter un mouvement ou un danger potentiel alors qu’il se repose avec les yeux fermés. Les pattes courtes et les petits doigts faibles sont utilisés uniquement pour se percher sur les branches, et les coussinets charnus situés sous les orteils sont parfaitement adaptés à ce comportement.           

Ibijau à longue queue
Grand ibijau

Les ibijaux ont une grande tête (mais un tout petit cerveau !) et des ailes et une queue longues comparées au petit corps et aux pattes courtes. Le plumage est complexe mais très cryptique, en général brun et gris avec des barres, des stries et des taches sombres sur tout le corps. Les parties inférieures sont souvent plus claires que le dessus, avec le menton et la gorge pâles. Certaines espèces présentent des taches alaires blanchâtres formées par les couvertures, comme chez l’Ibijau à ailes blanches. La plupart des ibijaux ont des taches foncées sur la poitrine formant une bande pectorale indistincte. 

Ibijau à ailes blanches

On trouve quelques exceptions comme le Grand Ibijau, le plus clair et le plus variable de tous, avec des oiseaux au plumage presque blanc. Une autre exception, l’Ibijau roux, a le plumage presque entièrement roux uni avec des taches blanches bordées de noir. Il ressemble beaucoup au Guacharo des cavernes.  
Mâle et femelle ont le plumage identique. Le juvénile est habituellement beaucoup plus pâle que les adultes, et quelques jeunes sont d’un blanc pur. En revanche, le jeune Ibijau roux est plus foncé et plus brun que ses parents. 

Grand Ibijau
Ibijau roux

En tant qu’espèces nocturnes, les ibijaux se reposent pendant la journée perchés dans un arbre sur une branche horizontale, ou plus souvent tout en haut d’une souche cassée, soit à découvert, soit dans la canopée. L’oiseau est seul, en position dressée avec les yeux clos, la tête rentrée dans les épaules et les plumes lâches. Le plumage cryptique ressemble à l’écorce de l’arbre et l’oiseau est alors tout à fait semblable à une souche ou une branche morte.

Toutefois, lorsqu’il est dérangé, l’ibijau prend une posture figée avec le corps étiré, les plumes plaquées, le cou tendu vers le haut et le bec pointé vers le ciel, ce qui accentue sa ressemblance avec une branche cassée. En général, aucun mouvement n’est détecté par l’intrus car la transition d’une position à l’autre est lente et progressive. L’ibijau ne bouge pas de la journée, excepté quelques étirements des ailes et le grattage de la tête.      

Ibijau gris

Mais il revient à la vie dès que la nuit tombe. Il chasse depuis son perchoir et cherche une victime en tournant rapidement la tête d’un côté à l’autre, ou en suivant le déplacement d’un insecte en vol. Il s’élance de son perchoir, capture sa proie et revient au même endroit ou choisit un autre poste d’observation entre deux attaques. Mais il lui arrive aussi de poursuivre une proie en vol, et il apparait alors comme un véritable acrobate même dans l’épaisseur de la forêt. L’Ibijau à longue queue poursuit des termites volantes dans les sous-bois en tournant et en changeant brusquement de direction tout en volant. Le régime comprend des insectes comme les coléoptères, les cicadidés, les mantidés, les phalènes et les termites volantes. La proie est engloutie entière pendant le vol.   

Ibijau à longue queue

Le vol est silencieux à cause des plumes larges et duveteuses qui possèdent une sorte de petite plume supplémentaire à la base. Les battements sont raides et dynamiques, comme chez les grands papillons. L’ibijau glisse avec les ailes aplaties et l’extrémité légèrement courbée vers le bas. En vol direct, la queue est fermée, alors que pendant les poursuites ou pour se poser, elle est largement déployée.         

Tous les Nyctibiidés sont des espèces forestières et fréquentent les épaisses forêts humides, mais certains d’entre eux peuvent se trouver dans des forêts plus sèches ou dans des parcelles boisées clairsemées dans des zones à végétation plus basse. Les espèces des plaines amazoniennes fréquentent les forêts qui ne sont jamais inondées même au plus haut niveau des eaux, tandis que l’Ibijau gris et le Grand Ibijau peuvent se trouver dans des forêts saisonnièrement envahies par les eaux. L’Ibijau jamaïcain fréquente aussi bien les forêts humides que les bois secs et les plantations. Mais l’Ibijau des Andes est le seul à vivre dans les forêts humides de montagne à haute altitude, entre 1800 et au moins 2800 mètres.     

Ibijau jamaïcain
Ibijau des Andes

Ils se cachent souvent dans la canopée, mais certains d’entre eux comme l’Ibijau gris, le Grand Ibijau et l’Ibijau jamaïcain, sont souvent vus dans des habitats plus ouverts pendant la nuit. L’Ibijau roux se trouve surtout dans les forêts humides plantées de grands arbres, tandis que l’Ibijau à longue queue fréquente souvent les lisières et les forêts ouvertes. L’Ibijau à ailes blanches reste dans la canopée des grands arbres.
En général, toutes les espèces sont flexibles dans la sélection de leur habitat, mais avec quelques préférences et surtout des forêts.

Ibijau roux
Ibijau à ailes blanches

Les deux membres du couple sont rarement vus ensemble, même près du nid. La nuit, deux oiseaux, sans doute un couple, chantent parfois dans la même zone. Ils chantent la nuit et surtout pendant les nuits de pleine Lune. Mâle et femelle chantent, mais la voix de la femelle est plus faible. Les deux partenaires utilisent quelques notes courtes en guise de contact. Des vocalises précises sont associées aux parades, à la défense et à la période de nidification.

Les ibijaux sont connus pour leur chant obsédant et plaintif émis la nuit depuis un perchoir. Ces chants sont utilisés pour délimiter le territoire et les espèces ont des types de voix distincts, l’un dans le nord de l’Amérique Centrale, et l’autre dans le sud de l’Amérique Centrale et en Amérique du Sud. Leurs vocalises peuvent aussi aider à les identifier.     

Ibijau jamaïcain
Grand Ibijau

On sait peu de chose de leurs comportements nuptiaux parce que ces oiseaux sont difficiles à trouver et à observer. Ils sont monogames et les deux adultes partagent toutes les tâches liées à la nidification. Ils ont certainement des liens qui durent longtemps car ils maintiennent leur territoire toute l’année.
D’après une observation, une femelle en train d’émettre un chant inhabituel a attiré le mâle et ils se sont accouplés. Mais actuellement, nous ne savons pas qui choisit le site du nid ni comment.  

Ibijau à longue queue

Sur le nid

Les ibijaux ne construisent pas de nid. Ils utilisent une dépression naturelle dans une branche d’arbre, souvent au niveau de la cassure d’une branche morte tombée, ou tout en haut d’une souche brisée. Seul un creux sans aucun matériel ajouté accueille l’œuf.

La femelle dépose un seul œuf dans ce creux. L’œuf est blanc avec des marques sombres sur le côté le plus large. Les deux adultes incubent pendant au moins un mois. Le parent qui incube est posé sur le bord de la dépression comme lorsqu’il se repose. L’œuf disparaît complètement sous les plumes de l’abdomen de l’adulte. Plus tard, le poussin est dans la même position, et les deux oiseaux regardent dans la même direction. Le poussin est visible seulement quand il est assez grand, mais il reste collé aux plumes de l’adulte.

Les parents prennent des tours pour incuber, le mâle souvent pendant la journée et la femelle pendant la nuit. Le poussin est nourri la nuit par régurgitation au nid, habituellement après le crépuscule et avant l’aube.         

Ibijau gris

Adulte avec poussin sous l' abdomen

Grand Ibijau

Adulte avec poussin

Autour du nid, les activités et les vocalises sont limitées pour éviter la prédation. En guise de défense ou de parade d’intimidation, l’adulte utilise son plumage cryptique, mais il ouvre aussi ses grands yeux et bouge brusquement en claquant du bec avec sa large bouche ouverte en grand. Pendant la journée, les adultes peuvent effectuer des parades de distraction, la plus classique étant celle de l’aile brisée, mais ils peuvent aussi se laisser tomber sur le sol comme un morceau de bois mort.

Les pépiements augmentent au fur et à mesure que le poussin grandit et qu’il émet des notes bourdonnantes. S’il se sent menacé, il peut adopter la posture fixe des adultes et utiliser les mêmes techniques de défense.

Le parent et son poussin se balancent doucement lorsqu’ils sont au nid. Avant de s’envoler, le juvénile effectue des battements d’ailes mais toujours pendant la nuit. Il se posera près du nid pendant encore quelques jours après le premier envol, mais il dépendra des adultes pendant au moins deux mois après la naissance.     

Les ibijaux sont sédentaires dans leur distribution. Ils maintiennent leurs territoires toute l’année et sont souvent observés sur les mêmes perchoirs d’une année à l’autre. Leur distribution dans le Néotropique s’étend du Mexique à l’Argentine, avec cinq espèces dans le Bassin Amazonien. On les trouve en Amérique Centrale et en Amérique du Sud excepté au Chili. L’Ibijau jamaïcain est présent en Jamaïque, sur Hispaniola et à Tobago.             

Ibijau jamaïcain

Les sept espèces d’ibijaux ne semblent pas globalement menacées actuellement. Elles sont communes localement dans leur distribution, mais ces oiseaux sont discrets et souvent difficiles à trouver et donc à gérer.
Toutes les espèces sont menacées par la perte de l’habitat à cause de la déforestation intense, en particulier dans la Forêt Atlantique dans l’est du Brésil. Mais la destruction de l’habitat en Amazonie continue également, et malgré les immenses étendues de forêt primaire encore sur pied, la situation deviendra vite critique pour ces oiseaux.  

Ibijau des Andes

Les ibijaux ont des populations naturellement faibles et ils auraient besoin de zones protégées avec un habitat adapté à leurs besoins afin de maintenir des effectifs corrects. La gestion de la forêt avec la conservation de souches pour le repos, la chasse et la nidification serait nécessaire pour protéger ces oiseaux de la famille des Nyctibiidés, l’une des familles d’oiseaux les moins connues du monde.  

Ibijau roux

Sur le nid

Ibijau roux
Grand Ibijau

LISTE

DES

FICHES