La belle saison pour les Oiseaux de nos jardins
Comportements, nidification, nourrissage des jeunes…
L’hiver est enfin terminé, et même si le printemps se montre un peu capricieux, nos amis les oiseaux sont déjà très affairés. Parades, établissement du territoire, construction du nid, toutes ces activités liées à la belle saison animent nos jardins et la campagne environnante.
Notre rôle nourricier est terminé, mais le suivant consiste à les protéger des prédateurs autour de la maison en faisant fuir gentiment mais fermement les chats et autres mangeurs d’oiseaux comme les Rapaces et les Corvidés, même si notre action ne peut pas tout gérer.
Il faut savoir que la Nature régule elle-même les effectifs. Nous pouvons participer à certains « sauvetages » mais il faut aussi comprendre qu’un œuf tombé du nid sera probablement considéré comme perdu par les parents. Je le sais par expérience.
J’ai ramassé un œuf qu’une Pie bavarde venait de sortir du nid du Merle noir. La femelle qui couvait était affolée et on la comprend. J’ai donc ramassé l’œuf, bien gardé au chaud dans mes mains, et avec une échelle, je l’ai remis discrètement dans le nid momentanément abandonné. J’ai vu qu’il y avait d’autres œufs que je n’ai pas touchés. J’ai surveillé toute la journée, mais la femelle est revenue, a tourné autour du nid et finalement est repartie définitivement. Le nid a été abandonné. Il n’y a rien à faire dans ces cas-là.
Un oisillon tombé du nid peut à la rigueur être sauvé si ses parents ne le rejettent pas. Malheureusement, ce sont des choses qui arrivent. Mais souvent, ils repèrent le petit et le nourrissent là où il se trouve, même au sol. Instinctivement, l’oisillon ira se cacher sous la végétation, mais il sera très vulnérable et bien souvent, il mourra.
Texte de Nicole Bouglouan
D’après des observations personnelles réalisées dans le jardin.
Photos de Nicole Bouglouan
Toutes les images ont été prises dans mon jardin, sauf le nid du Rougequeue noir qui était dans un cloître. Toutes les scènes décrites sont réelles.
Des diaporamas sont visibles dans chaque fiche.
Ces exemples ne me font pas plus plaisir qu’à vous, mais on ne peut rien contre la Nature qui sélectionne impitoyablement les êtres qui la peuplent. Les oiseaux faibles ou malades survivent rarement. En revanche, un oiseau blessé accidentellement peut quelquefois être soigné et sauvé s’il est possible de l’attraper. Un accident n’est pas une maladie.
Mais revenons aux activités liées à la belle saison. Les territoires s’établissent petit à petit à l’aide de chants, de poursuites et de bagarres. Mâles et femelles défendent âprement leur espace contre les envahisseurs et gardent jalousement leur coin de branche dans un arbre précis, l’avant-toit de la maison, le buisson bien adapté au nid et ainsi de suite.
Pour les bagarres, les mâles sont acharnés, mais les femelles ne sont pas en reste.
Ici deux femelles de Merle noir que j’ai dû séparer car le sang commençait à perler !
Les parades nuptiales au cours desquelles chaque espèce montre son beau plumage par le biais de différents mouvements, déplacements et autres comportements ostensibles se suivent sans répit. Des chants mélodieux accompagnent tous les jours l‘ouverture des bourgeons, les vols nuptiaux animent le ciel, la nourriture passe d’un bec à l’autre, car bien souvent, le mâle offre des proies à la femelle.
Une fois les accouplements accomplis, la femelle entreprend la construction du nid, aidée ou non par le mâle. Les haies de lauriers bien épaisses, les buissons, les arbres, les touffes d’herbes sur le sol, tout est bon pour abriter un nid et le protéger des intempéries tout en le cachant à la vue des prédateurs et des hommes.
La moindre brindille est récoltée, les touffes d’herbes et de mousse sont arrachées du sol, les petits morceaux de papier et de plastique volent dans le jardin, très vite récupérés par la Grive musicienne ou le Merle noir dont la femelle trempe la végétation dans l’eau et ajoute ensuite de la boue pour consolider le nid. En fait, elle fabrique de l’adobe ! Le nid est très solide et peut parfois être réutilisé.
Les petits passereaux, mésanges, pinsons, rougegorges, verdiers, chardonnerets et tant d’autres font des nids compacts cachés dans la végétation. Le lierre grimpant leur fournit un abri parfait, mais les haies sont aussi bien habitées.
Les nichoirs artificiels ont aussi du succès, en particulier auprès des mésanges.
Voir ici un reportage sur la reproduction de la Mésange bleue en nichoir.
Ensuite vient le calme pendant la période d’incubation. Les femelles, parfois aidées et/ou nourries par les mâles, couvent pendant plusieurs jours. Peu d’oiseaux volent dans le jardin. Tout ce petit monde reste calme et attend…
Et enfin, c’est l’éclosion. Au début, rien n’est visible, mais les va et vient incessants des adultes le bec rempli de vers ou de chenilles nous indiquent que les poussins sont nés. Des petits piaillements accueillent les parents au nid et partout, l’activité renaît. Les adultes ont les plumes ébouriffées ou aplaties, les rectrices sont déformées par une longue période d’immobilité presque complète sur le nid. Comme tous les parents, ils sont fatigués !
Vient enfin le jour où les petits sortent du nid. Si vous les guettez, vous aurez droit à de bien jolies scènes.
Un oisillon « parachuté » sur une branche proche du nid attend plus ou moins patiemment sa pitance. Un autre n’a pas pu aller bien loin et s’est installé sur l’herbe juste en dessous du nid. Peu importe, l’adulte le nourrit sur le sol.
Partout des juvéniles attendent les adultes et les accueillent avec des piaillements et les ailes tremblantes. Scènes classiques du nourrissage après l’éclosion. Les parents n’arrêtent pas et inlassablement, apportent vers, insectes, chenilles qu’ils déposent dans les becs ouverts et impatients.
Ce manège dure plusieurs jours durant lesquels les parents éloignent petit à petit les jeunes du site du nid. On peut toujours les entendre, mais les sons ne viennent plus du jardin. Au bout de quelques jours, entre dix et quinze jours pour les oiseaux classiques de nos jardins, le nourrissage se termine et le juvénile se nourrit seul ou presque.
Pendant ce temps, tandis que le mâle finit de sevrer les jeunes, la femelle entreprend une seconde couvée et disparaît à nouveau. Le cycle continue, en principe jusqu’à l’été. Les derniers oisillons naissent au plus tard en août, car pour les espèces migratrices, il faudra entreprendre le retour vers les zones d’hivernage. Une longue route les attend.
L’été s’étire et les oiseaux muent. Certains sont méconnaissables, ébouriffés, ternes, silencieux… Ils ne chantent plus car la repousse des plumes absorbe beaucoup de leur énergie.
Mais quelques temps plus tard, ce sont des oiseaux au plumage tout neuf qui reviennent au jardin et la tranquillité de l’automne fait suite à la période éreintante de la reproduction.
Les jeunes se sont définitivement éloignés ou simplement dispersés aux alentours, en attendant de s’établir dans le secteur l’année suivante et d’assurer à leur tour la survie de leur espèce.
Les adultes reprennent possession de leur espace hivernal et nous prendrons bientôt le relai pour la nourriture. L’année passe vite !
Au hasard de la taille d’une haie, il n’est pas rare de trouver des vestiges de la nidification. Un nid défait, des restes de coquille d’œuf, des plumes… Une époque révolue jusqu’au printemps prochain !