LES CORVIDES
Cassenoix, choucas, corbeaux, corneilles, geais, pies, podoces et témias
La Famille des Corvidés appartient à l’Ordre des Passériformes. Cette famille rassemble plusieurs espèces dont la voix et les actes ont marqué différentes cultures depuis des siècles. Ils sont intelligents, dotés d’une excellente mémoire, curieux, sociables et… opportunistes ! Mais aussi capables de trouver des solutions et de résoudre des problèmes aussi bien dans la nature qu’au cours d’expériences dans un laboratoire.
Ils occupent la majeure partie du globe, depuis l’Arctique jusqu’aux déserts les plus arides, à des altitudes variant du niveau de la mer à 6500 mètres, aussi bien sur les îles et les continents que dans les zones urbaines.
Les Corvidés ont des tailles variables. Le Grand corbeau (Corvus corax) est le plus grand avec 70 cm de longueur et presque 2 kg en poids, alors que le Geai nain (Cyanolyca nana) est le plus petit avec seulement 20-23 cm de longueur pour un poids d’environ 40-42 grammes.
Texte de Nicole Bouglouan
Photographes :
Audevard Aurélienn
OUESSANT DIGISCOPING
Bouglouan Nicole
PHOTOGRAPHIC RAMBLE
Chrétien Marc
MURINUS
Jean Michel Fenerole
Photos d’Oiseaux du monde
Garvie Steve
RAINBIRDER Photo galleries
Grey Tom
Tom Grey's Bird Pictures
Patrick Ingremeau
TAMANDUA
Lortie René
http://rlortie.ca/
Merigan Tom
Tom Merigan’s Photo Galleries
Mistry Niraj Vijaykumar
Photo Galleries
Moul Bob
Nature Photography
Peers Jean Michel
JMPN PHOTOGRAPHIE
Jean Marc Rabby
Des Ailes et des Plumes
Callie de Wet
GALERIE
Sources :
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 14 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-David Christie - Lynx Edicions –
ISBN: 9788496553507
THE HANDBOOK OF BIRD IDENTIFICATION FOR EUROPE AND THE WESTERN PALEARCTIC by Mark Beaman, Steve Madge - C.Helm - ISBN: 0713639601
THE COMPLETE BOOK OF BRITISH BIRDS – Written by “Royal Society for the Protection of Birds” experts - Préface de Magnus Magnusson - Michael Cady- Rob Hume Editors - ISBN: 0749509112
Wikipedia (Wikipedia, The Free Encyclopedia)
Quelques critères de base caractérisent cette famille, comme les longs tarses habillés d’écailles sur le devant et renforcés sur la partie postérieure, les primaires et les rectrices raides, et les plumes sétiformes remarquables s’étendant jusqu’aux narines. Les jeunes ont habituellement un plumage uniforme, excepté chez le Geai longup (Platylophus galericulatus).
Les oiseaux du genre « Corvus » (corneilles, corbeaux et choucas) ont souvent un plumage noir, parfois avec quelques variantes grises et blanches. Les plumes présentent des reflets bleus, verts, violets ou argentés, mais aucune couleur vive. Cependant, le noir est un avantage social car ces oiseaux sont plus visibles dans les zones découvertes où ils vivent, rendant ainsi les contacts visuels plus aisés.
D’un autre côté, quelques geais et pies présentent des plumages colorés et plus vifs. Ces oiseaux vivent plus près des arbres et de la végétation que les « Corvus ». Les couleurs leur permettent de rester en contact visuel et de plus, ils portent souvent une crête développée et une longue queue parfois bien particulière rendant ces contacts plus faciles.
En général, les Corvidés ont le bec, les pattes et les doigts noirâtres.
La femelle est souvent plus petite que le mâle et les poussins naissent nus ou couverts de quelques rares duvets. Les juvéniles et les adultes se ressemblent souvent avec des exceptions comme le Geai du Yucatan (Cyanocorax yucatanicus) où les couleurs sont différentes.
Les ailes ont tendance à être arrondies et présentent une dizaine de primaires. La queue peut être courte ou très longue, et souvent arrondie aussi. Le bec peut varier en taille et en forme, mais il est en général solide et fort, assez long et légèrement crochu en son extrémité. Les pattes et les doigts sont robustes.
Les Corvidés fréquentent de nombreux habitats à travers le monde, depuis les forêts tropicales humides jusqu’aux déserts, et depuis l’Arctique jusqu’aux hautes montagnes. Leur régime omnivore et leurs excellentes capacités cérébrales les aident à tirer parti de nombreuses opportunités pour se nourrir. Ils sont capables de vivre sous de durs climats comme les longues nuits glaciales des latitudes extrêmes ou les températures brûlantes des déserts.
Le Mésangeai du Canada (Perisoreus canadensis) est un petit oiseau qui vit toute l’année dans les hautes latitudes Nord Américaines. Cette espèce garde son énergie en entrant dans une torpeur hypothermique pendant les longues nuits froides, semblable à l’état d’hibernation chez d’autres espèces animales.
Le Grand Corbeau est l’espèce la plus largement répandue. Cet oiseau occupe des habitats variés, excepté les zones à végétation dense comme l’intérieur des forêts, les bosquets, les zones humides avec de hautes herbes et autres endroits similaires.
Cet oiseau est le symbole de la « campagne sauvage » au contraire de la majorité des espèces du genre « Corvus » qui vivent souvent près des humains, aussi bien dans les villes et les villages que dans les zones rurales et les cultures.
Les corneilles sont communes dans les grandes villes à travers le monde.
L’espèce la plus « haute » est le Corbeau à gros bec (Corvus macrorhynchos) qui vit dans l’Himalaya jusqu’à la limite des arbres, et même au-delà. L’espèce typique du désert est le Corbeau brun (Corvus ruficollis) que l’on trouve depuis le nord de l’Afrique jusqu’au centre de l’Asie. Mais d’autres espèces sont capables de vivre dans les régions arides, telles que le Corbeau à queue courte (Corvus rhipidurus) d’Afrique et du Moyen Orient, le Corbeau à cou blanc (Corvus cryptoleucus) du Mexique, et le Corbeau du désert (Corvus bennetti) en Australie.
Au contraire des autres membres du genre « Corvus », la Corneille de rivage (Corvus ossifragus) vit près de l’eau, au bord des marais ou sur les rives côtières.
Les autres genres rassemblant les témias, les geais et les pirolles vivent dans des habitats plus forestiers. Les Corvidés de l’Ancien Monde comme les chocards se trouvent typiquement dans les endroits rocheux et herbeux en montagne, souvent jusqu’à 6000 mètres d’altitude.
Les podoces sont des espèces du désert et le Piacpiac Africain (Ptilostomus afer) vit dans les savanes avec quelques arbres.
Cette famille occupe vraiment tous les types d’habitat selon les espèces.
Les Corvidés émettent une grande variété de sons, mais les chants véritables sont rares. Leur voix peut être décrite de plusieurs façons, avec des sifflements, des notes discordantes, des bavardages, des aboiements et des cliquetis. Il existe des variations individuelles et des imitations, mais aussi des différences géographiques.
La plupart des cris sont utilisés pendant la période de reproduction, et chaque espèce émet plusieurs sortes de bruits. Le répertoire peut varier saisonnièrement.
Ces cris sont produits dans des situations différentes et souvent accompagnés de parades comme des roulés ou des plongeons avec les ailes closes chez le Grand Corbeau en guise de défense territoriale.
Un couple de Corneilles d’Amérique émet des sons en duo pour proclamer le territoire.
Le cri d’alarme est habituellement net, intense et rapide, mais lorsque les oiseaux sont en groupes et le prédateur relativement proche d’eux, l’alerte est douce et discrète, rendant difficile la localisation de l’oiseau qui l’a émise. Ce genre de comportement a été étudié chez le Geai de Steller.
Le contact entre les deux partenaires, les membres de la famille ou du groupe est établi par des notes identiques. Le Corbeau freux et le Choucas des tours ont pour cri de contact le son le plus commun de leur répertoire à l’intérieur de la colonie de reproduction.
Les Corvidés peuvent imiter des sons variés. Le Grand Corbeau, le Geai des chênes et la Pie bavarde imitent des voix humaines et des sifflements. Le Geai des Chênes imite en plus les cris d’autres espèces.
Les Corvidés ne chantent pas comme les autres membres de l’Ordre des Passériformes, mais ils émettent des séries complexes de notes et de sons différents.
Ces oiseaux ont tendance à être omnivores et consomment de la nourriture animale et végétale. La liste est très longue ! Ils prennent insectes, araignées, vers de terre, œufs de vertébrés, charognes, céréales et autres graines.
Certains d’entre eux comme le Corbeau d’Australie profitent du nectar des fleurs. Plusieurs membres du genre « Cyanocorax » s’attaquent aux nids de guêpes ou aux essaims de fourmis processionnaires. Quelques espèces plus grandes comme le Grand Corbeau peuvent tuer des oiseaux plus petits.
Le régime varie localement et saisonnièrement, spécialement pour les espèces vivant dans les régions tempérées et arctiques.
Ils se nourrissent au sol ou dans les arbres, mais aussi au bord de la mer à marée basse.
Le Geai vert (Cyanocorax yncas) utilise plusieurs techniques comme sautiller le long des branches dans les arbres, prenant de la nourriture juste au-dessus de lui en s’étirant vers le haut, ou en-dessous en se suspendant vers le bas. Il sort aussi du feuillage et poursuit des insectes volants. Il pratique le vol stationnaire pour obtenir de la nourriture au bout des tiges des broussailles. Il lui arrive souvent de se nourrir la tête en bas comme les mésanges.
Plusieurs Corvidés sont capables d’utiliser des outils pour atteindre la nourriture. Le Geai vert utilise une petite brindille pour attraper des insectes dans les crevasses de l’écorce. La Corneille d’Amérique peut modifier un morceau de bois afin de l’utiliser pour sonder quelque chose.
Le Corbeau à queue courte utilise des pierres pour casser les œufs.
Mais le plus célèbre reste le Corbeau Calédonien qui utilise des outils pour extraire les larves du bois mort. Ce Corvidé est capable de trouver et d’utiliser des outils comme des brindilles crochues, des rameaux de bois en forme de crochet mais avec un côté large, et des morceaux de feuilles de Pandanus pour couper. (Voir la fiche de cette espèce pour plus d’information).
Les cassenoix sont spécialisés dans l’art d’ouvrir les graines de conifères.
Chaque espèce se nourrit de façon différente, mais chez tous les Corvidés, la tendance est de trouver une nouvelle solution à chaque problème qui se présente.
Les Corvidés utilisent plusieurs parades, aussi bien pour communiquer que pour menacer un intrus ou défendre le territoire.
Au cours des parades de menace, l’oiseau (ici un Geai des chênes), approche avec la tête dressée et le bec pointé vers le ciel. Le plumage est plaqué au corps. Il peut aussi claquer du bec.
En défense du nid, toutes les plumes sont dressées, mais plus particulièrement celles de la tête et du dos, et le bec est pointé vers l’ennemi.
Les Corvidés chassent souvent des oiseaux plus grands, et notamment des rapaces, hors de leur territoire, et les harcèlent jusqu’à leur capitulation et leur départ de la zone.
Corneille noire poursuivant
Au cours des parades sexuelles, l’oiseau qui parade se déplace autour de l’autre, et s’il a une longue queue, il la tourne aussi vers lui.
Le Grand Corbeau effectue des roulades et des culbutes lors des parades aériennes, aussi bien en période nuptiale que pour défendre le territoire.
De nombreuses autres parades sont observées dans chaque espèce, selon les situations.
Les Corvidés sont monogames avec des liens forts durant l’année ou pour la vie. L’organisation sociale comprend la défense du territoire par un seul couple ou par un groupe. Dans ce cas, la nidification communautaire existe dans une zone défendue par le groupe familial et les adultes non-nicheurs qui sont les aides. Ceux-ci participent à toutes les tâches liées à la nidification.
Quelques espèces se reproduisent en colonies, avec les nids très proches les uns des autres, souvent dans de grands arbres et sur une même grosse branche.
D’autres sont plutôt des nicheurs solitaires comme la majorité des membres du genre « Corvus ». Ils sont territoriaux, mais quelques espèces ont tendance à adopter la reproduction en colonies dans certaines situations. Le Corbeau freux est un véritable nicheur colonial et nidifie à la cime des arbres. Chaque couple défend le petit territoire autour du nid, et l’ensemble de la colonie se nourrit dans la zone périphérique.
Les Corvidés nidifient habituellement dans les arbres, dans la fourche d’une branche où les matériaux sont fixés fermement. Mais ils peuvent également nidifier dans les broussailles et même sur le sol. Dans ce cas, le nid est caché au milieu de la végétation.
D’autres espèce comme le Grand Corbeau et les craves nidifient dans les falaises, mais peuvent aussi utiliser des structures artificielles.
Le nid est une coupe ouverte faite d’une plate-forme de rameaux de bois et de longues tiges. Des matériaux plus doux tapissent l’intérieur.
La couvée varie d’un seul à 9 œufs, mais en général, on en trouve deux ou quatre. L’incubation est assurée par la femelle. Le mâle ou les aides la nourrissent.
Cette période peut durer 12 jours chez le Geai à gorge blanche, et jusqu’à 45 jours chez le Corbeau pie.
Les jeunes oiseaux ont besoin d’un certain temps, mais quelques espèces sont capables de voler efficacement au bout de 45 jours.
Les Corvidés volent bien. Les membres du genre “Corvus” pratiquent des vols longs, continus et puissants avec des battements fermes.
Les espèces arboricoles, geais et pies, ont des ailes plus courtes et effectuent des vols plus laborieux avec des battements plus fréquents.
Les populations sont stables et importantes à travers le monde. Cependant, ces oiseaux ont décliné à cause de la perte et de la destruction de leur habitat au profit de l’agriculture. Le Crave à bec rouge est à présent classé comme Vulnérable dans plusieurs parties de sa distribution, parce que cette espèce a besoin de zones herbeuses intactes.
Les habitats restreints de plusieurs Corvidés entrainent aussi des déclins, comme pour la Pie d’Arabie (Pica asirensis) menacée par le développement du tourisme.
La déforestation et l’éclaircissage des forêts dans l’Asie du sud-est menacent plusieurs espèces arboricoles.
Les Corvidés sont maintenant communs dans les zones urbaines où ils vivent près des hommes. Pour cette raison, ces oiseaux intelligents sont très populaires dans notre culture. On les trouve dans le folklore, les légendes, la littérature et une grande variété d’expressions artistiques.
Leur voix accompagne des images dures, associées aux mauvaises situations, terreur, mort, détresse. Les corneilles symbolisent fréquemment la mort dans la littérature et la peinture.
En plus de la proximité physique entre Corvidés et humains, il existe depuis longtemps une réelle interaction entre eux.
Bernd Heinrich, auteur de « Mind of the raven » (L’esprit des corbeaux), faisait remarquer que « la proche relation entre les corbeaux et les loups avait été remplacée par un lien avec l’homme, le nouveau rabatteur-chasseur-prédateur dominant. »