Voir aussi les fiches :
Eider à duvet – Somateria mollissima – Common Eider
Eider à lunettes – Somateria fischeri – Spectacled Eider
Eider à tête grise – Somateria spectabilis - King Eider
Eider de Steller - Polysticta stelleri - Steller’s Eider
Texte de Nicole Bouglouan
Photographes :
John Anderson
John Anderson Photo Galleries
Steve Garvie
RAINBIRDER Photo galleries et Flickr Rainbirder
Otto Plantema
Trips around the world
Ingo Waschkies
Bird Photography
Nicole Bouglouan
PHOTOGRAPHIC RAMBLE
Sources :
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD vol 1 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334105
GUIDE DES CANARDS, DES OIES ET DES CYGNES – de Steve Madge - Delachaux et Niestlé - ISBN: 2603013769
FIELD GUIDE TO THE BIRDS OF NORTH AMERICA - National Geographic Society - ISBN: 0792274512
BirdLife International (BirdLife International)
Alaska Department of Fish and Game – Eiders
Comparative Behavior and Relationships of the Eiders
By Paul A. Johnsgard
Les eiders ... des canards vraiment étranges
Genres Somateria et Polysticta
Les quatre eiders de la sous-famille des Anatinés sont placés dans la tribu Mergini au sein de la grande famille des Anatidés. Ils sont parfois séparés des autres canards marins et placés dans leur propre tribu Somateriini.
Les trois eiders du genre Somateria sont étroitement liés. Ces grands canards marins présentent un dimorphisme sexuel important. Les mâles ont la tête ornée de dessins plutôt colorés et complexes alors que le corps est essentiellement noir et blanc. Les femelles sont plus ternes, souvent de couleur brune, et assez semblables entre elles.
L’unique membre du genre Polysticta, l’Eider de Steller, est le plus petit de tous. Sa tête présente des dessins plus simples, mais la touffe de plumes noir verdâtre sur la nuque lui donne une apparence intéressante. Il représente probablement le lien entre les eiders et les autres canards marins.
Les eiders mâles ont habituellement le corps noir et blanc avec des zones aux couleurs plus douces. Mais les dessins de la tête sont toujours très spéciaux. Entre la calotte noire et la face blanche de l’Eider à duvet, en passant par les « lunettes » et le long front en pente de l’Eider à lunettes ou la plaque frontale jaune orangé et le bec rouge de l’Eider à tête grise, jusqu’à la touffe de plumes verdâtres et le collier noir de l’Eider de Steller, tous ces critères particuliers permettent une excellente identification.
Mais contrairement aux mâles, les femelles ont plutôt le plumage brun teinté de roux, barré et tacheté de sombre. L’Eider de Steller femelle porte deux barres alaires blanches sur son plumage sombre, et la femelle de l’Eider à lunettes a des « lunettes » moins nettes que le mâle mais néanmoins bien visibles. Cependant, elles peuvent aussi être identifiées par la taille et la forme du corps et du bec. Ce plumage cryptique les protège tandis qu’elles incubent les œufs dans le nid sur le sol.
Les juvéniles sont plus clairs que les adultes et ressemblent souvent à la femelle.
Les eiders se trouvent dans les régions Arctiques et subarctiques de l’hémisphère nord, et toutes les espèces se reproduisent en Alaska et en Sibérie. L’Eider à tête grise et l’Eider à duvet ont des aires de reproduction plus étendues jusqu’au nord de l’Europe et dans l’Océan Arctique. Pendant la saison de reproduction, ils fréquentent les côtes maritimes ainsi que les lacs d’eau douce et les rivières de la toundra Arctique, habituellement non loin de la mer.
En hiver, ils restent dans les eaux nordiques, soit dans les baies et les embouchures des fleuves, soit en mer dans des eaux profondes et loin des continents en fonction des espèces. Les aires d’hivernage habituelles comprennent le nord de l’Europe, l’Islande, l’ouest du Groenland, le nord-est de l’Amérique du Nord, l’Alaska, les Iles Aléoutiennes, le Kamtchatka et le sud de la Mer de Béring. Ils retournent sur leurs aires de reproduction lorsque la banquise craque et commence à s’ouvrir.
Le vol est assez bas au-dessus de l’eau pendant les migrations. Les eiders volent les uns à côté des autres en ligne ondulante juste au-dessus des vagues. Ces canards marins ont un vol puissant.
En mer ou sur les lacs d’eau douce et les fleuves, les eiders se nourrissent principalement de mollusques, crustacés, petits poissons et divers invertébrés marins comme les vers et les échidnés, et consomment également des algues. Sur la toundra Arctique, ils se nourrissent de feuilles, graines et baies, des parties vertes des plantes et autre végétation. Des insectes d’eau douce et leurs larves et des araignées sont également capturés.
Dans l’eau, ils se nourrissent surtout en plongeant ou en trempant la tête. Ils basculent aussi le corps dans les eaux peu profondes. L’Eider à lunettes picore et barbote à la surface de l’eau.
Avec un crabe
Les eiders sont des espèces grégaires qui vivent généralement en grandes bandes toute l’année, excepté l’Eider à lunettes qui fréquente des troupes plus petites.
Les couples se forment à la fin de l’hiver ou au début du printemps, et même pendant la migration. De ce fait, la reproduction commence dès qu’ils arrivent sur leurs aires de nidification. Ils nidifient plutôt en couples isolés ou quelquefois en colonies clairsemées sur des iles ou des péninsules sur les lacs et les étangs de la toundra. En revanche, l’Eider à duvet se reproduit en colonies plus importantes le long des côtes maritimes, sur des petites iles ou sur le littoral. La saison de reproduction s’étend sur avril, mai et juin, mais l’Eider de Steller nidifie de fin juin à aout.
Les parades sont typiquement semblables à celles des autres Anatidés. Le mâle se cabre sur l’eau, bat des ailes, hoche la tête, étire son cou vers le haut et secoue la tête en arrière en mouvement rapides. A cette période, il émet divers roucoulements et gloussements tout en paradant.
Quelques disputes se produisent entre mâles autour d’une même femelle.
Dispute entre mâles
Le nid est construit par la femelle. C’est une dépression peu profonde grattée sur le sol. Elle est faite avec des herbes et tapissée de duvet que la femelle arrache de sa poitrine pendant la ponte. Les femelles pondent 4-6 œufs, plutôt 6-8 chez l’Eider de Steller. Elles incubent seules et effectuent toutes les tâches liées à la nidification. Les mâles quittent les aires de reproduction au début de l’incubation, et commencent leur migration afin de se rassembler dans des endroits éloignés pour muer avant de gagner les aires d’hivernage.
Les femelles incubent pendant 25-28 jours. A la naissance, les poussins sont nidifuges et capables de marcher et de se nourrir en moins d’une journée. Ils sont emplumés au bout de 50 à 75 jours selon l’espèce. Ils seront sexuellement matures à 2-3 ans.
Femelle et canetons
Femelles et canetons sont menacés par plusieurs prédateurs tels que goélands, labbes et renards, la femelle pendant qu’elle incube, et les poussins dès qu’ils commencent à marcher et à se nourrir.
Femelles et juvéniles migrent et gagnent aussi les aires d’hivernage où ils vont muer à leur tour.
Les eiders sont menacés par la pollution chimique et les empoisonnements par le plomb lorsqu’ils picorent la grenaille de plomb tombée au fond des lacs et des étangs pendant les périodes de chasse. Plusieurs prédateurs tels que corbeaux, goélands, labbes et renards, ainsi que la chasse intensive dans certaines zones, entrainent des déclins dans les populations.
Le réchauffement climatique est un problème sur les aires d’hivernage car il altère l’écosystème de cette zone. La glace est remplacée par de l’eau et les températures plus chaudes réduisent la disponibilité des proies. De la même manière, la hausse des températures entraine l’assèchement des zones humides sur les aires de reproduction.
Actuellement, l’Eider de Steller est considéré comme espèce Vulnérable, mais les trois autres eiders ne sont pas menacés pour le moment.
Les eiders sont des canards marins puissants, quelque peu différents des autres Anatidés. Les dessins de la tête de chaque mâle leur donnent parfois un air fantomatique et mystérieux, mais ce sont des oiseaux beaux et grégaires.
Couple en plumage d'eclipse