Texte de Nicole Bouglouan
Photographes :
Roger Ahlman
Pbase Galleries Peru and Ecuador & My bird pictures on IBC
Otto Plantema
Trips around the world
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD vol 4 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334229
PARROTS OF THE WORLD – An Identification Guide – by Joseph M. Forshaw – Princeton University Press – ISBN 0691092516
Smithsonian.com - Why Do Hundreds of Macaws Gather at These Peruvian Clay Banks?
The Official Nerd Bird - Why do Parrots Eat Clay?
Academia.edu - What are parrots that eat clay eating?
Cornell University - "Polly wants some poison": Detoxifying strategies of Amazon Macaws
James Gilardi - World Parrot Trust
Donald Brightsmith - Tambopata Research Center
Perroquets et argile… une vieille histoire !
Dans la nature, les Psittacidés ressemblent à des fleurs aux couleurs vives au milieu de la végétation. Ils se déplacent en couples, en petits groupes ou en grandes bandes bruyantes, en vol rapide au-dessus de la cime des arbres. Ce sont des oiseaux sociables et de nombreuses espèces se rassemblent aux dortoirs pour passer la nuit. Ils se nourrissent tôt le matin et en fin d’après-midi. Ils passent les heures chaudes de la journée à se reposer ensemble, se lissant mutuellement les plumes tout en émettant continuellement des bavardages.
Les Psittacidés sont généralement monogames avec des liens solides qui peuvent durer toute leur vie. Les partenaires renforcent ces liens tout au long de l’année. Ils se nourrissent et dorment ensemble, et partagent beaucoup d’autres choses chaque jour. Ceci explique la simplicité des parades nuptiales pour les couples déjà formés. Le mâle nourrit fréquemment la femelle, mais au sein du couple, l’activité la plus courante est le lissage mutuel des plumes avec le bec. Il est surtout confiné au cou et à la tête, deux zones impossibles à atteindre par l’oiseau lui-même.
Les Psittacidés sont des oiseaux extraordinaires. Ils sont beaux, intelligents, joyeux, grégaires… et bruyants ! Malheureusement, la majorité des hommes les aime pour tout cela, bien qu’une autre partie des humains les haïsse à cause de leur impact négatif sur les cultures et les récoltes. Entre ces deux extrêmes, se trouvent ceux qui les piègent afin de répondre à la demande d’oiseaux d’ornement ou d’animaux domestiques.
Les perroquets et autres perruches sont capturés pour le commerce (illégal) et bien souvent les adultes sont tués afin de pouvoir prendre les œufs ou les poussins. Ces oiseaux étonnants passent donc le reste de leur vie loin de leur terre natale, enfermés dans une cage et trop souvent mal nourris, ce qui entraine la perte du plumage, des blessures et des maladies.
Le commerce des Psittacidés et la perte de l’habitat sont les causes principales du déclin des populations de ces oiseaux.
Laissez-les donc dans la nature et profitez du spectacle qu’ils vous offrent !
Les Psittacidés se nourrissent principalement de matières végétales telles que graines, fruits et fleurs. Le bec très crochu de ces oiseaux leur permet d’obtenir le contenu des graines dures, à haute teneur nutritionnelle, parfois avec l’aide d’une patte. Ils consomment aussi des fruits encore verts qui contiennent des substances alcaloïdes toxiques.
Pour cette raison, de nombreux Psittacidés se rassemblent sur des falaises d’argile dans la forêt en Amérique du Sud, et plus particulièrement au Pérou et en Equateur. Ces comportements sont encore mal compris, mais quelques explications ont cependant été avancées.
En 1996, James Gilardi du World Parrot Trust a utilisé le mot « géophagie » ou la pratique qui consiste à manger de la terre, et dans le cas présent, de l’argile.
Comme les Psittacidés ingèrent une quantité significative de matières végétales caustiques ou contenant du poison, ils doivent neutraliser leur effet. Manger de l’argile est un bon moyen pour séparer les substances nocives des matières nutritives convenables. Ils sont donc souvent observés sur des falaises d’argile qu’ils fréquentent très régulièrement et fréquemment.
Ceci est actuellement la meilleure explication de ce comportement. Elle a d’ailleurs été largement acceptée en tant que vérité scientifique.
Une autre étude récente conduite par Donald Brightsmith du Tembopata Research Center au Pérou, suggère que l’argile consommée par les Psittacidés est incapable d’absorber les toxines, mais qu’elle est plutôt riche en sodium. Cette théorie s’appuie sur le fait que ces falaises d’argile sont très loin de l’influence océanique, et qu’elles offrent donc une source de sodium aux oiseaux.
D’autres observations sont basées sur le fait que les alcaloïdes sont des stimulants. Des chercheurs ont en effet remarqué que les oiseaux étaient très excités lorsqu’ils arrivaient sur les lieux, mais qu’après avoir mangé de l’argile, ils paraissaient beaucoup plus calmes.
Les perroquets, aras et autres Psittacidés fréquentent très régulièrement, souvent quotidiennement, ces sites ce qui veut dire que cette pratique est très importante pour les oiseaux.
Ce comportement est surtout observé dans le sud-est du Pérou ainsi que d’autres zones dans le nord de l’Amérique du Sud, alors que dans d’autres parties de la distribution, il ne concerne pas les mêmes espèces.
Plusieurs espèces comme les aras, les amazones, les perruches, piones, touis et bien d’autres Psittacidés viennent chaque matin à l’aube sur ces falaises d’argile. Ce sont quelquefois des centaines ou des milliers d’oiseaux à la fois qui sont là, posés contre la falaise, créant un spectacle magnifique, mouvant et vivement coloré. Les plus grands, les aras, sont habituellement posés au-dessus des espèces plus petites, indiquant qu’une hiérarchie gère ce rituel journalier.
Profitez de ce spectacle offert par la Nature.
« C’est le lever du jour au bord du fleuve, il ne fait pas encore chaud. Dans le ciel rougeoyant de l’aube, des nuées de perroquets multicolores traversent le ciel dans un vacarme indescriptible. Ils viennent au bord du fleuve pour boire son eau claire et manger l’argile des falaises qui le surplombent. Magique ! »
D’après la description d’un ami émerveillé par le spectacle.
Paul Guillet : GALERIE