Héron cendré
Ardea cinerea
Ordre des Pélécaniformes – Famille des Ardéidés
Statue pétrifiée posée au bord de l’eau, exhibitionniste se chauffant au soleil, dague redoutable lorsque passe un poisson ou magnifique volatile au vol lent et tranquille, le Héron cendré étonne toujours. Et si la brise joue dans son habit aux douces nuances ardoisées ou bleutées, soulevant les longues plumes claires de son dos ou la fine aigrette noire qui orne sa nuque, c’est l’oiseau entier qui semble se mouvoir au gré du vent. Indissociable des zones humides, le Héron cendré est un personnage qui suscite un grand intérêt.
QUELQUES MESURES :
L : 90-98 cm
Env : 175-195 cm
Poids : 1020-2070 gr
LONGEVITE : de 15 à 24 ans environ
DESCRIPTION DE L’OISEAU :
Le Héron cendré est un grand oiseau au plumage plutôt gris.
L’adulte en plumage nuptial a les parties supérieures grises, et présente de longues plumes claires sur les scapulaires. Les rémiges sont noires.
Les parties inférieures sont blanchâtres. Le devant du cou est blanc strié de noir. On peut voir de longues plumes sur la poitrine.
Sur la tête, la calotte, les joues, le menton et les côtés du cou sont blancs. Une large bande noire s’étend des yeux jusqu’à la nuque, prolongée par de longues aigrettes noires.
Le long bec en forme de dague est plutôt orangé.
Les yeux sont jaunes.
Les pattes et les doigts sont d’un rose profond.
L’adulte en plumage d’hiver est légèrement plus terne. Il n’a pas les longues plumes sur les scapulaires, la poitrine et la nuque. Le bec est plutôt jaune. Les pattes et les doigts sont brun jaunâtre.
Les deux sexes sont semblables, mais la femelle a des aigrettes plus courtes.
Le juvénile est plus gris, sans marques noires sur la tête et la poitrine. Le plumage peut être plus ou moins foncé. Les pattes sont plus ternes, plutôt brun-grisâtre foncé. Le bec présente une mandibule supérieure grise, alors que l’autre est jaunâtre.
On trouve quatre sous-espèces (A.c. cinerea ; A.c. jouyi ; A.c. firasa ; A.c. monicae) qui diffèrent au niveau de la taille et du plumage, surtout sur le cou, le dos et les ailes. La race monicae est beaucoup plus claire.
CRIS ET CHANTS : SONS PAR XENO-CANTO
La voix du héron cendré est assez désagréable. En général, c’est un coassement dur et haut-perché « fraark », lancé en plein vol. Ce même cri peut être entendu au nid, de jour comme de nuit, auquel se rajoutent d’autres sons gutturaux « frauk-jauk-jauk-ak-ak ». Egalement, un coassement « kraoj » entendu de loin.
HABITAT :
Le Héron cendré peut vivre dans plusieurs sortes d’habitats où il trouve de l’eau peu profonde douce, saumâtre ou salée. On le trouve dans des zones découvertes, mais il a besoin de quelques arbres pour nidifier. A l’intérieur des terres, on le voit souvent près des fleuves, lacs, marais et rizières. Le long de la côte, il fréquente les estuaires, les mangroves et les vasières laissées par les marées.
Il est en général présent depuis le niveau de la mer jusqu’à 500-1000 mètres d’altitude, mais selon les pays, on peut le trouver jusqu’à 2000 et même 3500-4000 mètres d’altitude.
DISTRIBUTION GEOGRAPHIQUE:
Le héron cendré est un résident assez commun et largement répandu dans la majeure partie de l’Europe. On le trouve aussi en Asie et dans certaines parties de l’Afrique. On note des déplacements des oiseaux vivant au nord vers le sud au cours des hivers froids.
COMPORTEMENTS DANS LA VIE SAUVAGE :
Le Héron cendré, comme beaucoup d’Ardéidés, peut rester immobile pendant de longs moments sur la rive, en attendant le passage d’une proie. C’est un chasseur passif, perché sur une patte, avec le cou enfoncé dans les épaules.
S’il perçoit une menace, il étire son cou tout en restant immobile et vigilant, et peut s’envoler dans l’instant.
Le Héron cendré peut aussi chasser en posture basse, accroupi, le corps et le cou parallèles au sol ou à la surface de l’eau. Quand la proie est assez proche, il la transperce de son bec acéré.
Il marche aussi lentement dans l’eau peu profonde, surveillant le passage des proies potentielles.
Il peut utiliser ses ailes pour effrayer la proie, en alternant ouverture et fermeture des ailes, ou bien les utiliser comme une ombrelle afin d’attirer la proie dans l’ombre ainsi créée, mais aussi peut-être pour réduire la lumière pour une meilleure visibilité.
Il lui arrive aussi d’utiliser ses pattes, enfonçant l’une d’elles dans l’eau ou la vase afin de faire sortir les proies, ou encore en faisant vibrer une patte dans le même but.
Habituellement, le Héron cendré avale ses proies entières la tête en premier, et le temps est déterminé par la taille de la proie.
En général, il se nourrit en solitaire et défend sa zone de chasse, mais parfois, on peut voir des groupes se nourrissant ensemble là où les sources de nourriture sont abondantes.
Lorsqu’ils sont en groupes, les hérons cendrés cheminent alignés, surtout au crépuscule, picorant ici et là. Dans ces moments-là, en particulier à l’automne, ils chassent les insectes, mais aussi les petits rongeurs et les grenouilles.
La parade nuptiale du héron cendré est une cérémonie très compliquée. Le héron qui arrive au nid hérisse sa crête, tout en lançant un cri aigu et dur. Celui qui occupe déjà le nid répond en étirant le cou au maximum vers le haut, le faisant aller d’avant en arrière, pointant le bec vers le ciel, et fléchissant les pattes afin que le corps se trouve au niveau du nid. Ensuite, il abaisse le cou, mettant sa tête au niveau de ses pattes, et claque du bec bruyamment.
En réalité, cette cérémonie consiste à appeler le mâle de manière insistante depuis le vieux nid, en utilisant les mêmes gestes et en prenant fréquemment un rameau de bois dans le bec. Si une femelle s’approche et entre brusquement dans le petit territoire du nid, elle peut être immédiatement expulsée par le mâle. Les femelles ne gagnent la confiance des mâles qu’en adoptant une attitude souvent douce et timide. Quand l’une d’elles est acceptée, le mâle claque du bec entre 20 et 40 fois. Le couple ne dure que le temps d’une saison de reproduction.
VOL :
Le Héron cendré vole avec des battements lents et lourds, et les ailes bien arquées et les pattes tendues. Le cou est rentré dans les épaules.
NIDIFICATION DE L’ESPECE :
La saison de reproduction varie selon la distribution.
Le Héron cendré se reproduit en colonies, souvent en compagnie d’autres espèces dans les mêmes arbres.
Le site de nidification est ne général dans un grand arbre, dans des roselières ou des buissons. La sous-espèce A.c. monicae nidifie sur le sol.
Le nid est une plate-forme faite de rameaux de bois et de roseaux, ainsi que de laîches. Les matériaux varient avec l’habitat. A l’intérieur de cette grande structure, le héron cendré façonne un creux avec des brindilles, des joncs et de l’herbe. Ce nid peut servir plusieurs années de suite.
Le mâle apporte les matériaux et la femelle qui reste au nid presque toute la journée, assure la construction en entrelaçant les branches et les laîches. Chaque fois que le mâle revient au nid, on assiste au cérémonial de la parade nuptiale, qui se poursuit aussi pendant la période d’incubation.
La femelle dépose entre 1 et 10 œufs blancs ou bleu clair, en moyenne 4-5 en Europe. Les œufs sont pondus à deux jours d’intervalle. Les deux parents partagent l’incubation qui dure environ 25 à 26 jours.
Les poussins nidicoles sont couverts de duvet gris brunâtre, blanchâtre en dessous. Ils ont souvent une crête hirsute.
Ils sont nourris par les parents qui élèvent leurs jeunes avec sollicitude. Pendant les premiers 20 jours, un des adultes reste au nid pour les surveiller. La relève a lieu quatre fois par jour, toujours précédée d’un cérémonial. Les jeunes sont protégés du soleil et de la pluie.
Ils sont nourris par régurgitation directement dans le bec par les parents. Ils sont emplumés environ 50 jours après la naissance, mais restent encore au nid pendant 10 à 20 jours de plus.
Le héron cendré produit une seule couvée par an, très rarement deux, sauf si la première est perdue. Dans ce cas, une ponte de remplacement succède rapidement à la destruction de la précédente.
ALIMENTATION :
Le Héron cendré se nourrit surtout de poisson, mais selon l’habitat et la saison, il peut aussi consommer des amphibiens, des crustacés, des mollusques, des invertébrés aquatiques, des serpents, de rongeurs et des petits oiseaux. Il peut parfois prendre des végétaux.
PROTECTION / MENACES / STATUTS :
Le héron cendré souffre beaucoup pendant les hivers trop rigoureux qui gèlent les plans d’eau, et les populations nordiques ont un taux de mortalité important lors des longues vagues de froid. Cette espèce montre cependant une bonne capacité de récupération dans les années qui suivent.
A cette cause de mortalité naturelle, s’ajoutent la chasse et le piégeage.
Mais l’espèce est menacée par les changements dans son habitat avec le drainage des zones humides, la déforestation et les dérangements sur les aires de nidification.
L’espèce est très protégée et les chiffres augmentent dans la plupart des zones d’habitat. Actuellement, les populations sont stables et ne semblent pas menacées.
Ang : Grey heron
All : Graureiher-cinerea
Esp : Garza Real
Ital: Airone cenerino
Nd: Blauwe Reiger
Russe: Серая цапля
Sd: Gråhäger
Photos et texte par Nicole Bouglouan
Sources :
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD vol 1 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334105
THE HANDBOOK OF BIRD IDENTIFICATION FOR EUROPE AND THE WESTERN PALEARCTIC by Mark Beaman, Steve Madge - C.Helm - ISBN: 0713639601
THE COMPLETE BOOK OF BRITISH BIRDS – Written by “Royal Society for the Protection of Birds” experts - Préface de Magnus Magnusson - Michael Cady- Rob Hume Editors - ISBN: 0749509112
Wikipedia (Wikipedia, The Free Encyclopedia)