FAMILLE DES ARDEIDES
Hérons, aigrettes, butors, bihoreaux
Selon les différents continents et pays, le Héron est symbole de force, de pureté, de patience et de longue vie en Chine, alors qu’en Afrique, il parle avec les Dieux. Les Egyptiens honorent cet oiseau en tant que créateur de la lumière, et les Amérindiens font de lui le symbole de la sagesse.
Considéré comme un signe de chance chez les Iroquois, le Héron est finalement reconnu comme un expert de la chasse et de la pêche.
Ces deux qualités sont communes aux espèces de la Famille des Ardéidés, et de plus, ces oiseaux sont beaux, gracieux et élégants.
La famille des Ardéidés fait maintenant partie de l’ordre des Pélécaniformes et regroupe hérons, aigrettes, butors, bihoreaux, blongios, crabiers, onorés et le savacou huppé.
Hérons et aigrettes sont des oiseaux de taille moyenne ou grande, caractérisés par un long cou, de longues pattes, une queue plutôt courte et des ailes larges. Le long bec en forme de dague, permet à ces oiseaux de tuer des proies aquatiques, mais aussi des petits mammifères et des reptiles.
Les Hérons ont été souvent mentionnés dans l’histoire. Depuis le fabuleux Phénix jusqu’au mugissement si particulier des butors, de nombreuses légendes parlent des Hérons.
En dehors des qualités gastronomiques de certaines espèces dignement appréciées au Moyen-âge, les hérons, et plus spécialement les aigrettes, furent persécutés pour leurs plumes soyeuses utilisées comme ornements.
Aujourd’hui, grâce à la protection de ces oiseaux et de leur habitat, les nombres augmentent dans plusieurs parties de la distribution, même si le commerce des plumes continue en Amérique Centrale et en Amérique du Sud à cause de la demande Européenne.
Texte et photos de Nicole Bouglouan
PHOTOGRAPHES:
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Tom Grey
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Tom Merigan:
Son site: Tom Merigan’s Photo Galleries
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD vol 1 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334105
Selon l’espèce, le plumage varie du blanc pur au noir, en passant par des gris, bleus, ou bruns plus ou moins foncés.
Les butors et les bihoreaux sont différents avec un corps plus rondelet et un cou plus court. Les butors présentent un plumage cryptique adapté à leurs habitudes.
Le Savacou huppé fait partie du groupe des bihoreaux et présente un bec large et robuste, adapté à sa manière de se nourrir en utilisant ce bec comme une cuillère.
Habituellement, les deux sexes sont semblables dans toutes les espèces, avec juste les plumes nuptiales plus courtes chez la femelle, et le mâle légèrement plus grand qu’elle. Le plumage est caractérisé par de longues plumes sur la nuque, le devant du cou et la poitrine surtout pendant la période de reproduction. Au cours des parades qui se déroulent en général au nid, ces plumes dansent autour du corps de l’oiseau, et les parties nues de la face deviennent plus vivement colorées.
Plusieurs sortes de parades ont lieu sur le site du nid. On peut ainsi voir l’oiseau, tête et cou tendus vers le ciel et les longues plumes mises en valeur. Une autre figure montre l’oiseau avec les ailes relevées.
Au cours de la parade la plus commune, l’oiseau bouge sa tête de haut en bas avec le plumage hérissé et le cou tendu. Des claquements du bec accompagnent ces mouvements.
Les Ardéidés effectuent aussi des vols nuptiaux dont le typique vol circulaire.
Quelques aigrettes, et en particulier la Grande aigrette, secouent leurs longues plumes nuptiales en permanence à l’aide de mouvements ondulants.
Une fois le couple formé, les deux partenaires construisent le nid où a lieu l’accouplement. Selon l’espèce, le nid peut être construit par les deux adultes, le mâle apportant des matériaux à la femelle qui les place sur le nid, mais quelques espèces comme les Blongios laissent au mâle seul le soin de construire la plate-forme.
Au cours de la construction, mâle et femelle effectuent quelques parades rituelles en guise de contact.
Le nid est une plate-forme faite de rameaux de bois. Souvent placée dans des arbres, des buissons ou des roseaux, c’est au début une structure lâche. Mais plusieurs espèces parmi les plus grandes l’utilise d’année en année et le réparent, si bien que le nid devient énorme.
Le Héron pourpré nidifie plutôt dans les roseaux. En général, tous les Ardéidés nidifient près de l’eau à des hauteurs variables, assez bas dans les roselières mais jusqu’à 20 ou 30 mètres dans les arbres.
La couvée compte souvent de trois à sept œufs, parfois plus chez les Blongios. D’autres espèces comme les Onorés, ne pondent qu’un seul œuf. Mais les couvées varient entre les zones tempérées et les régions tropicales et équatoriales.
L’incubation est assurée par les deux sexes et dure entre 18 et 30 jours pour la majorité des espèces. En revanche, chez les Blongios, elle ne dure que 14 à 20 jours.
Les poussins sont nidicoles et la période au nid varie, allant de 25 à 30 jours chez les petites espèces à plusieurs semaines (12 à 13) pour les plus grands hérons. Ils sont nourris par régurgitation, les premiers jours directement dans le bec, et ensuite, les parents régurgitent dans le nid où les jeunes prennent de la nourriture partiellement digérée ou des proies entières.
Les Ardéidés sont carnivores et consomment des proies vivantes, aquatiques telles que poissons et amphibiens, mais aussi des reptiles et des petits mammifères terrestres, des insectes, des crustacés et des mollusques. On constate quelques variantes d’une espèce à l’autre.
Ces oiseaux utilisent un vaste échantillonnage de techniques pour se nourrir, chaque espèce faisant selon ses possibilités et ses atouts.
Les espèces aux longues pattes fréquentent les eaux plus profondes. La forme du bec est très importante car il est utilisé comme un poignard pour capturer et tuer la proie.
Les hérons restent souvent immobiles sur le bord ou dans l’eau peu profonde et attendent qu’un poisson passe à leur portée. A ce moment-là, la proie est transpercée avec le bec. L’oiseau peut utiliser la posture dressée, mais parfois aussi il s’accroupit de façon à avoir une meilleure vue et donc une meilleure prise.
Une autre technique consiste à marcher lentement dans l’eau ou sur le sol, ou même au milieu de la végétation.
Les Ardéidés utilisent rarement le vol pour chasser mais quelques espèces, et en particulier l’Aigrette neigeuse, usent largement de ces méthodes aériennes.
D’une autre façon, l’Aigrette ardoisée utilise ses ailes comme une ombrelle afin de faire de l’ombre pour attirer les poissons, mais aussi sans doute pour supprimer les reflets et avoir ainsi une meilleure visibilité.
Le Héron strié emploie un appât tel qu’un insecte ou autre, le tenant au-dessus de l’eau afin d’attirer un poisson.
Mais si les différentes espèces ont des façons bien distinctes de se nourrir, toutes défendent leur zone de nourrissage, et en particulier les pêcheurs solitaires. D’autres Ardéidés sont très grégaires et on peut voir d’immenses groupes là où les ressources de nourriture sont abondantes.
Ces oiseaux se nourrissent surtout le jour, tôt le matin et en fin de journée, mais certains d’entre eux comme le Héron cendré, se nourrissent aussi la nuit. Les Bihoreaux ont des habitudes crépusculaires.
Les Ardéidés sont grégaires et forment souvent des dortoirs communautaires avec d’autres espèces, dans les grands arbres ou les roselières. Ils nidifient aussi en colonies mixtes dont certaines peuvent compter des centaines d’oiseaux. Ces grands nombres d’individus permettent une meilleure protection contre les prédateurs.
A l’intérieur du groupe, les hérons ont un répertoire vocal restreint, souvent associé aux parades nuptiales. La majorité d’entre eux restent silencieux en dehors de la période de reproduction.
Cependant, les hérons peuvent émettre des séries de sons gutturaux et claironnants, des coassements aigus, des roucoulades et des grognements. Les claquements du bec sont également fréquents.
Certaines espèces comme les Butors produisent des mugissements caractéristiques. Ce sont des sons à basses fréquences qui peuvent porter sur de grandes distances. Ces cris sont utilisés pour attirer les femelles et pour maintenir le territoire.
La plupart des espèces, et surtout les jeunes oiseaux, pratiquent des migrations après les dispersions qui suivent la nidification. Ils migrent souvent de nuit, individuellement ou en petits groupes, en formation linéaire.
Les hérons ont un vol puissant, mais lent et lourd. Ils utilisent le vol battu et sont capables de couvrir de longues distances. En dépit de ce vol lourd, ils peuvent se poser sur l’eau et s’envoler aussitôt avec aisance grâce à leurs larges ailes.
Les Ardéidés ont plutôt une distribution tropicale, et sont plus ou moins répandus à travers le monde, excepté aux pôles.
Ces oiseaux vivent dans toutes sortes de zones humides, depuis les marais découverts aux eaux peu profondes jusqu’aux régions côtières, en passant par les vasières provoquées par les marées et les mangroves. Quelques uns d’entre eux sont capables de vivre sur des hauts plateaux à des altitudes importantes, mais la majorité des espèces évite les zones montagneuses et préfère les régions plus basses. Ils peuvent fréquenter les eaux douces ou salées, selon la distribution et l’espèce.
Les Ardéidés sont menacés par le drainage des zones humides pour l’expansion de l’agriculture. Ils sont persécutés près des piscicultures, surtout le Héron cendré. Les développements humains et les dérangements aux colonies jouent un rôle important dans certains déclins.
Les Ardéidés sont protégés par les lois mais sont encore menacés dans certains pays.
Il serait vraiment dommage de voir disparaître ces beaux oiseaux. C’est un plaisir toujours intense de deviner un butor caché dans les roseaux, presque semblable à eux avec son plumage cryptique et sa position dressée, suivant lentement les mouvements des tiges balancées par le vent…