Texte de Nicole Bouglouan
Photographes:
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John Anderson Photo Galleries
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Vision d’Oiseaux
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Tom Merigan’s Photo Galleries
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PBase-tereksandpiper & Flickr William Price
Dubi Shapiro
Dubi Shapiro Photo Galleries
Simon Tan
PBase Bird galleries
Alan & Ann Tate
AA Bird Photography
Ingo Waschkies
Bird Photography
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 5 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334253
NIGHTJARS - A Guide to Nightjars and Related Nightbirds – Nigel Cleere and Dave Nurney - Yale University Press - First Edition (August 11, 1998) - ISBN 10: 0300074573 / ISBN 13: 9780300074574
Animal Diversity Web (University of Michigan Museum of Zoology)
CREAGUS - NIGHTJARS - Caprimulgidae
Fatbirder - Caprimulgidae – Nightjars & Nighthawks
BIRDS of THE WORLD - An Online Bird Book
The influence of moonlight on the behavior of goatsuckers (Caprimulgidae)
Britannica.com - Caprimulgiform
Wikipedia, the free encyclopaedia
FAMILLE DES CAPRIMULGIDES
ORDRE DES CAPRIMULGIFORMES
Engoulevents
La famille des Caprimulgidés regroupe les engoulevents du monde entier.
Ces oiseaux sont des insectivores nocturnes ou crépusculaires, qui se nourrissent principalement de phalènes et de gros insectes volants.
Ils sont de taille moyenne, avec un bec court, de longues ailes et des pattes courtes. Toutes les espèces ont un plumage très cryptique, ce qui leur permet d'être invisibles lorsqu'elles nidifient sur le sol ou se perchent en long sur une branche plutôt qu'en travers. Ils nidifient sur le sol où la femelle dépose généralement deux œufs de couleur cryptique directement sur le sable, le tapis de feuilles, la roche ou le sol nu.
Les engoulevents fréquentent une grande variété d'habitats, des déserts aux forêts tropicales, bien qu'ils se trouvent principalement dans les zones ouvertes avec une végétation éparse. Ils peuvent être vus du niveau de la mer jusqu’à 4 200 mètres d'altitude selon la distribution. Ils habitent tous les continents à l'exception des pôles, et sont présents sur plusieurs îles.
Un ancien conte populaire raconte que les engoulevents aperçus en train de voltiger autour des troupeaux de chèvres la nuit, suçaient le lait de leurs mamelles avec leurs grandes bouches. Cette croyance est à l’origine de leur nom anglais « goatsuckers ». Mais ils n'étaient attirés que par les nombreux insectes présents autour du bétail pendant la nuit.
Aujourd'hui, ce nom est souvent remplacé par « engoulevent » (nightjar et nighthwak), un terme plus approprié dérivé des sons émis par ces oiseaux. Beaucoup d'entre eux émettent des sons surprenants ou étranges mais magnifiques. Leurs cris nocturnes sont souvent entourés d'une aura de mystère qui suscite l'intérêt mais provoque aussi la peur des humains.
Il existe deux sous-familles : les Chordeilinae avec 20/21 espèces nommées « nighthawks » en anglais (mais non apparentés à ces rapaces) et originaires de l'hémisphère occidental, et les Caprimulginae nommées engoulevents typiques avec 77/85 espèces (dont une éteinte), également nommées « goatsuckers ». On les trouve partout dans le monde.
Sous-famille Chordeilineae :
Le genre Chordeiles comprend six espèces de taille petite ou moyenne, présentes aux Amériques. Les plumes sétiformes autour de la bouche sont absentes. Ils sont partiellement diurnes.
Le genre Lurocalis a deux espèces présentes en Amérique du Sud. Ils sont partiellement arboricoles et sont connus pour leur manière de se reproduire et de se percher dans les arbres. Les plumes sétiformes autour de la bouche sont absentes et ils n’ont pas de marques blanches sur les ailes.
Le genre Nyctiprogne comprend deux espèces présentes dans le Bassin Amazonien. Ils ont un petit bec et des narines plutôt cachées. Les plumes sétiformes autour de la bouche sont absentes et ils n’ont pas de marques blanches sur les ailes.
Sous-famille Caprimulginae :
Le genre Caprimulgus est celui des « vrais » engoulevents typiques. C'est le plus important et le plus répandu dans le monde (dont le plus grand nombre en Afrique).
Le genre Antrostomus se trouve dans l'est de l'Amérique du Nord tempérée jusqu'au Mexique, et vers le sud jusqu'au Pérou, au Brésil et en Guyane.
Le genre Eleothreptus contient deux espèces du centre-sud de l’Amérique du Sud.
Le genre Eurostopodus compte sept espèces présentes en Inde, à travers l'Asie du Sud-Est, jusqu'en Nouvelle-Guinée et en Australie. Les plumes sétiformes autour de la bouche sont absentes. Deux de ces espèces ont d’épaisses touffes de longues plumes de chaque côté de l’arrière de la calotte.
Le genre Gactornis est endémique de Madagascar.
Le genre Hydropsalis est présent dans le Bassin Amazonien et plus généralement en Amérique du Sud. Ils ont des queues spéciales « en forme de trident » surtout visibles chez les mâles.
Le genre Lyncornis comprend deux espèces en Asie du Sud-Est.
Le genre Macropsalis se trouve au sud-est du Brésil et au nord-est de l'Argentine. Le mâle a des rectrices externes extrêmement longues.
Le genre Nyctidromus comprend deux espèces présentes aux Amériques. Ils ont principalement des habitudes terrestres.
Le genre Nyctiphrynus contient quatre petites espèces néotropicales (Amérique Centrale et Amérique du Sud). Ils ont de longues plumes sétiformes incurvées et les plumes de la calotte sont denses.
Le genre Nyctipolus est celui de deux petites espèces trouvées en Amérique du Sud dans le Bassin Amazonien et au nord-est du Brésil.
Le genre Phalaenoptilus contient une petite espèce Nord-Américaine partiellement migratrice.
Le genre Setopagis comprend quatre espèces présentes localement en Amérique du Sud.
Le genre Siphonornis compte deux petites espèces, endémiques des îles des Caraïbes, l'une à Hispaniola, l'autre à la Jamaïque, cette dernière probablement éteinte. Ils ont un bec large et plat avec l’extrémité incurvée, des narines proéminentes et de longs tarses nus.
Le genre Systellura contient deux espèces d'Amérique du Sud, dont l'une n'est présente que le long de la côte du Pérou et du nord du Chili.
Le genre Uropsalis comprend deux magnifiques espèces avec de longues rectrices externes chez les mâles. Toutes deux se trouvent sur le versant ouest des Andes du nord-ouest et du centre-ouest de l'Amérique du Sud.
Le genre Veles avec une seule espèce est présent en Afrique, au Libéria et à l'est jusqu'au Zaïre.
Les Caprimulgidés sont des oiseaux de taille moyenne avec une longueur de 14 à 55 centimètres et un poids de 30 à 150 grammes. Ils ont un plumage cryptique. Les parties supérieures et la poitrine sont généralement un mélange de brun, gris, blanc, noir, chamois, fauve, roux et cannelle avec des taches plus foncées, des mouchetures, des stries et des vermiculures. Les parties inférieures sont souvent plus pâles avec des barres brunes.
Chez de nombreuses espèces, les mâles présentent des marques blanches sur les ailes, la queue et la gorge. Ces marques sont utilisées et exposées lors de la défense territoriale, des parades nuptiales et des parades de distraction sur le site du nid. Les oiseaux ont généralement de longues ailes étroites aux extrémités pointues, mais certaines espèces comme les « poorwills » ont des ailes plus courtes, plus larges et plus arrondies. Tous les engoulevents volent de façon superbe avec un vol agile et flottant, en raison de la très grande surface alaire liée au poids du corps, tandis que la queue sert de gouvernail. Ces détails morphologiques leur permettent de poursuivre et de capturer des proies volantes très mobiles, principalement des insectes.
Chez les deux espèces de l’ancien genre Macrodipteryx, aujourd’hui inclus dans le genre Caprimulgus, les mâles ont de très longues plumes alaires. L'Engoulevent à balanciers a la seconde rémige primaire interne extrêmement longue. Les plumes véritables au niveau de la forme ne se trouvent qu'aux extrémités, formant des « étendards » ou des « drapeaux ». L’Engoulevent porte-étendard a la seconde rémige primaire interne blanchâtre et longue formant un « fanion » à l’extrémité.
Certaines espèces telles que l'Engoulevent trifide, l'Engoulevent à queue en ciseaux, l'Engoulevent lyre, l’Engoulevent à traîne et l'Engoulevent à queue d'aronde ont des plumes externes de forme inhabituelle et/ou allongées, bien visibles chez les mâles reproducteurs.
Engoulevent à queue d’aronde
Uropsalis segmentata
Les poussins ont un duvet gris pâle ou brun à la naissance, mais leurs plumes poussent très vite et ils ressemblent alors à leurs parents.
La tête peut paraître assez grande. Le bec est très petit et faible en apparence, mais l’ouverture est immense et ils peuvent ouvrir la bouche à la fois verticalement et horizontalement, grâce à un mécanisme d'écartement spécialisé situé dans la mâchoire inférieure. Ils ont également des narines surélevées le long du culmen et vers l'arrière de la mandibule supérieure. Cette ouverture béante est entourée de plumes sétiformes très longues et tactiles (sauf pour les engoulevents du genre Eurostopodus).
Les yeux sont assez grands et placés latéralement sur les côtés de la tête. Une caractéristique morphologique unique n'est visible que la nuit : l’éclat des yeux bien spécial que l'on remarque lorsque les oiseaux sont vus à la lumière artificielle. Cette fonction nommée « tapetum » (ou « tapis clair » en français) aide à augmenter la quantité de lumière entrant dans les yeux, impliquant une meilleure vision au crépuscule et à l'aube, et par les nuits de clair de lune.
Ces caractéristiques sont une belle adaptation au comportement alimentaire nocturne de ces oiseaux.
Engoulevent indien
Caprimulgus asiaticus
La plupart des engoulevents ont des pattes courtes et de petits pieds faibles, mais de nombreuses espèces sont capables de marcher fermement sur le sol. L’Engoulevent pauraqué a des tarses plus longs et est considéré comme la plus terrestre de toutes les espèces.
Tous les membres de la famille ont des orteils en partie palmés. Cette petite structure en forme de peigne est placée sur la face interne de la griffe. Son utilisation n'est pas bien connue, mais cette particularité pourrait être utilisée pour éliminer les parasites ou redresser les plumes sétiformes lors du lissage et du nettoyage des plumes.
Ces oiseaux extraordinaires sont dotés de nombreux critères morphologiques destinés à faciliter leur vie au sol et leurs comportements en vol lors de la recherche de nourriture.
Les engoulevents se trouvent principalement sous les climats chauds du monde entier. Dans les régions où les saisons sont marquées, ils se reproduisent pendant l'été et se déplacent pour échapper à l'hiver.
Les habitats les plus appropriés pour ces oiseaux doivent avoir un couvert fragmenté dans lequel ils peuvent se percher et élever leurs poussins. Les Caprimulgidés sont présents dans tous les types d'habitats, des déserts aux forêts tropicales. Cependant, ils préfèrent les espaces semi-ouverts avec des arbres et des buissons, et les zones où il y a de l'eau.
Ils peuvent se trouver depuis le niveau de la mer (sur ou près des plages et des rivages) jusqu'à environ 4 200 mètres d'altitude.
Certaines espèces vivent dans les régions montagneuses de Nouvelle-Guinée et d'Amérique du Sud (sud du Venezuela, nord-ouest du Brésil et localités andines). Parmi eux, on peut trouver l'Engoulevent à queue en ciseaux, l'Engoulevent lyre, et l'Engoulevent à ventre roux.
Plusieurs espèces fréquentent les déserts et semi-déserts avec peu de végétation et se sont adaptées à vivre dans des conditions difficiles, principalement en Afrique et en Asie.
Quelques engoulevents plus spécialisés se trouvent dans les savanes et autres herbages, ainsi que dans les zones proches des marécages ou des marais. Deux espèces peu communes telles que l'Engoulevent à faucilles et l'Engoulevent à ailes blanches, et le plus répandu Engoulevent du Natal, fréquentent ce type d'habitat dans lequel ils ont besoin de structures basses (buissons ou termitières) pour se percher, chanter ou parader. Mais ils sont souvent contraints de se déplacer car ces régions sont soumises à des incendies, des inondations, un pâturage intense et des destructions au profit de l'expansion agricole.
Engoulevent à ailes blanches
Eleothreptus candicans
L'Engoulevent noirâtre et l'Engoulevent pointillé sont souvent observés sur des terrains rocheux ou des éboulis, et ils pondent leurs œufs directement sur la surface rocheuse.
D'autres passent une grande partie de leur temps près des falaises où ils chassent en s’élançant depuis la paroi. Ils fréquentent également les rivières et les ruisseaux. En Amérique du Sud, l'Engoulevent sable et l’Engoulevent trifide se reproduisent et se reposent sur les bancs de sable et les berges des rivières.
En règle générale, les engoulevents ont tendance à rester à l'écart des habitats artificiels, mais quelques espèces peuvent exploiter de nouvelles opportunités et sont alors observées près des lumières artificielles et des troupeaux où le bétail attire un grand nombre d'insectes la nuit. L'Engoulevent d’Amérique nidifie régulièrement sur les toits recouverts de gravier et capture des insectes attirés par la lumière des réverbères.
Dans tous les pays, les engoulevents peuvent se reproduire sur les toits, mais moins souvent que l’espèce précédente.
Les engoulevents sont capables de s'adapter aux conditions environnementales locales, selon le type d'habitat. Les espèces vivant dans des climats plus chauds se perchent et nidifient souvent dans des zones ouvertes où elles peuvent être affectées par de longues périodes d'exposition directe au soleil. Dans ce cas, ils sont capables de garder une certaine fraîcheur et de perdre de la chaleur par flottement gulaire. La bouche est ouverte pendant que la région gulaire vibre, entraînant une augmentation du débit sanguin vers la région buccale.
L’Engoulevent minime est capable de maintenir la température du cerveau à un niveau inférieur à celui du reste du corps grâce à un échange de chaleur à travers une région hautement vascularisée située sur les tempes.
Certaines espèces peuvent subir des périodes de froid affectant leur niveau d'activité mais aussi celui de leurs proies. Ils ont la capacité physiologique d'abaisser leur température corporelle et sont alors capables d'entrer en état de torpeur et d'en sortir. D'après une observation, l'Engoulevent de Nuttall a été trouvé en état apparent d'hibernation dans les montagnes Chuckwalla en Californie (décembre 1946). Les peuples autochtones tels que les Indiens Hopi le savaient probablement auparavant, car l'oiseau portait le nom de « Hölchko », ce qui signifie « celui qui dort ». Il est également connu pour entrer dans des périodes de torpeur prolongées, souvent appelées hibernation, car il doit survivre aux mauvaises conditions météorologiques pendant la saison qui suit la reproduction. Cet état peut durer des jours, voire des semaines à la suite, avec une baisse de la température corporelle, du rythme cardiaque et du rythme respiratoire.
Les engoulevents sont des oiseaux nocturnes qui deviennent plus actifs à l'aube et au crépuscule et pendant la nuit, surtout pendant les périodes de pleine lune.
Cependant, quelques espèces peuvent être observées pendant la journée, comme l'Engoulevent sable qui est probablement l'espèce la plus diurne de toutes. Ils sont très grégaires et se nourrissent, se reposent et nidifient souvent en commun sur les berges des rivières ou des bancs de sable pour éviter les prédateurs terrestres.
Les engoulevents quittent généralement leur site de repos pendant le moment qui précède le crépuscule ou légèrement plus tôt par temps couvert, et ils y reviennent presque toujours avant l'aube. La plupart d'entre eux se posent sur le sol, généralement sur le tapis de feuilles, mais également sur le sol nu, le sable, les aiguilles de pin, les pierres et les rochers, les souches d'arbres, les bûches, les racines et les branches d'arbres, parfois sur des surfaces artificielles. Ils peuvent se reposer sur des branches, soit en long sur la branche, soit en travers.
Ils choisissent un lieu où leur plumage cryptique se fond dans l'environnement, mais aussi un endroit qui leur offre une bonne vue sur les intrus qui s’approchent. Ce site de repos est utilisé jour après jour, mais ils en changent s'ils ont été dérangés. Ils se reposent souvent seuls, mais les deux membres d'un couple se perchent souvent ensemble. En dehors de la saison de reproduction, de nombreuses espèces peuvent se poser en groupes à des sites privilégiés.
Si un engoulevent est dérangé pendant qu’il se repose, il adopte une posture discrète en s'aplatissant lentement au sol et en fermant les yeux jusqu'à ce qu'ils soient presque complètement fermés. Mais il reste en alerte et surveille tout ce qui bouge autour de lui, à travers la fente des paupières. Si un intrus est trop près, il prend immédiatement son envol et s'éloigne du site, avant de se reposer rapidement, en adoptant à nouveau une posture aplatie.
Les engoulevents sont menacés par les éperviers et les faucons, mais aussi par les grands rapaces nocturnes.
Les Caprimulgidés sont généralement insectivores, mais leur régime et leurs habitudes alimentaires sont assez peu connus. Ils restent parmi les oiseaux les plus méconnus car ils sont difficiles à trouver et à observer.
Ils se nourrissent principalement d'insectes volants nocturnes capturés et avalés en vol. De nombreux engoulevents capturent également des insectes sur les feuilles, les branches et les souches, et même sur le sol. La plupart d’entre eux se nourrissent à l'aube et au crépuscule, probablement aidés par les longues plumes sétiformes autour de la bouche, leur permettant de localiser et d'amener les proies dans la cavité buccale. Ils poursuivent des proies volantes grâce à leur vol extrêmement agile agrémenté de virages et des retournements soudains, de montées et de descentes. Il leur arrive de planer pendant la poursuite et de plonger brusquement pour capturer une proie. Entre les poursuites, ils glissent dans les airs avec les ailes en forme de V au-dessus du corps.
Les engoulevents du genre Chordeiles chassent souvent avec un vol plus rapide et plus erratique entrecoupé de courts glissés. Les plus grandes espèces se nourrissent souvent très haut, à environ 150-175 mètres au-dessus du sol. Ils chassent généralement seuls, bien qu’au cours de la migration et en dehors de la période de reproduction, des groupes d'au moins 20 oiseaux d'espèces mélangées puissent se rassembler autour d’abondantes sources de nourriture.
L'Engoulevent d’Amérique et l'Engoulevent minime se nourrissent souvent en grandes troupes comprenant plusieurs centaines d'oiseaux.
Les engoulevents chassent également en surveillant et en attendant patiemment quand la lumière devient plus faible plus tard dans la nuit. Ils voltigent pour capturer une proie depuis un perchoir ou depuis le sol dès qu'un insecte arrive à leur portée, et retournent sur le même perchoir ou sur un perchoir voisin. Ils se nourrissent également au sol en s’élançant et en courant après une proie, mais ce comportement est rare. Cependant, pour l’Engoulevent de Caroline qui subit une mue rapide sur les aires de reproduction, la chasse au sol est une survie précieuse à ce moment-là car il est incapable de voler de manière active. L’Engoulevent pauraqué qui a des tarses relativement longs est plus adapté à un mode de vie terrestre que les autres espèces, et les espèces du genre Siphonorhis se nourrissent également au sol, mais ils sont assez peu connus.
Les engoulevents boivent en glissant en vol au ras de l'eau avec les ailes en forme de V tout en effleurant la surface avec le bec grand ouvert. Ils peuvent également plonger le bec dans l'eau à plusieurs reprises tout en volant. Ils préfèrent les lacs, les étangs et les rivières à faible débit plutôt que les cours d'eau rapides.
Les engoulevents volent très bien et leur agilité leur permet de chasser les insectes en vol.
L’Engoulevent minime patrouille dans le ciel seul ou en groupe, alternant battements d'ailes actifs, voltige et glissés courts avec les ailes maintenues en V. Le vol est rapide grâce aux ailes longues et pointues, avec des virages et des retournements erratiques, ainsi que des changements de direction.
Pendant la chasse, le vol est fréquemment entrecoupé de virages et de retournements soudains, de cercles, de montées et de descentes. L'oiseau glisse également entre deux poursuites, avec les ailes en forme de V au-dessus du corps.
Les rituels nuptiaux peuvent avoir lieu au sol ou sur un perchoir, mais ils se déroulent le plus souvent dans les airs.
Les engoulevents effectuent des parades nuptiales aériennes au cours desquelles les mâles exposent généralement les marques blanches proéminentes de la gorge, des ailes et de la queue.
D'autres espèces telles que l'Engoulevent à balanciers et l’Engoulevent porte-étendard déploient les longues plumes de leurs ailes. La parade aérienne est ondulante, afin de mettre en valeur ces longues plumes qui voltigent derrière l'oiseau pendant le vol. L'Engoulevent porte-étendard parade aussi depuis des perchoirs, en déployant les ailes et en tournant lentement autour du perchoir tout en faisant vibrer les « fanions ».
L'Engoulevent à queue en ciseaux effectue des parades nuptiales en utilisant sa longue queue aux rectrices externes très longues. Les parades ont souvent lieu au sol, dans des zones ouvertes. Le mâle ouvre et ferme rapidement les ailes en produisant un claquement pendant qu'il saute en l’air. La longue queue suit ses mouvements, ajoutant une touche « aérienne » à ces parades.
L'Engoulevent lyre effectue de magnifiques parades aériennes la nuit. Ces parades aériennes se font en commun dans des « leks » aériens (ou arènes) où un ou plusieurs mâles tournent en rond, crient et encerclent une ou plusieurs femelles qui finissent par les rejoindre. Les mâles voltigent et agitent leurs longues rectrices d'avant en arrière.
L'Engoulevent sable effectue les parades nuptiales au sol. Le mâle tend le cou verticalement et gonfle les plumes blanches de sa gorge. Il marche et s'approche de la femelle avec la queue déployée en se balançant d'un côté à l'autre. Puis, il s'arrête brusquement et étire son corps horizontalement jusqu'à toucher le sol avec la gorge gonflée. La queue est toujours déployée. Les ailes sont généralement relevées pendant les parades, afin d'exposer les motifs du dessous.
Certaines parades commencent sur le sol, mais ensuite, le mâle prend son envol, tournant et voletant autour de la femelle avant de se poser à nouveau. Pendant ces vols courts, les ailes sont maintenues au niveau du corps tandis que les extrémités frémissent.
Certaines espèces telles que l'Engoulevent de Porto Rico paradent sur des branches d'arbres ou des perchoirs élevés où les deux partenaires sont posés côte à côte, à environ 50 centimètres l'un de l'autre. En chantant, le corps du mâle vibre, les ailes sont tombantes et la queue est déployée. Ensuite, le mâle marche lentement vers la femelle.
L’accouplement suit généralement une parade réussie.
Après la formation du couple et l’accouplement, les mâles établissent un territoire en chantant depuis différents endroits le long d'une frontière invisible.
Les engoulevents peuvent paraître silencieux et mystérieux, mais ils ont un large répertoire de sons. Ils deviennent plus bruyants au début de la saison de reproduction.
Les mâles de toutes les espèces émettent des cris ou des chants depuis des perchoirs, en vol ou depuis le sol, pour proclamer le territoire. Des sons mécaniques peuvent être entendus chez certaines espèces, en particulier des claquements ou des grondements produits par les ailes.
Le mâle émet un cri pour attirer une femelle et proclamer le territoire. Ceci est très important car leurs principales activités ont lieu la nuit. Ils chantent depuis des perchoirs élevés, souvent une branche dans un arbre, un poteau de clôture, des fils, un toit ou un rocher. D'autres chantent aussi en vol ou sur le sol.
Le bec des engoulevents semble fermé lorsqu'ils chantent. Les sons sont projetés dans différentes directions lorsque l'oiseau se retourne sur un perchoir ou vole autour de son territoire en criant depuis des endroits différents.
Ils chantent principalement au crépuscule et à l'aube, mais ils chantent aussi toute la nuit, et surtout pendant les nuits de pleine lune. Ils chantent intensément avant et au début de la saison de reproduction, et moins souvent lorsqu’elle a commencé, une fois que le lien du couple s'est formé et que les œufs ont été pondus.
Les mâles de plusieurs espèces ont une tache blanche sur la gorge qui est bien visible et gonflée chaque fois que l’oiseau crie ou chante. Cette tache blanche est également utilisée comme signal visuel vers les partenaires possibles ou les mâles rivaux.
Le cri le plus commun qui sert à établir le territoire est un son monotone souvent désigné comme un bruit sourd, rapidement répété en longues séries de notes identiques. Ces « churrs » peuvent varier en tonalité ou sont entrecoupés d'autres notes.
Les autres cris sont pour la plupart des formes sifflées. Ces chants varient considérablement, allant de sons simples à d’autres plus complexes, et certaines espèces émettent des sifflements plus musicaux.
Quelques exemples :
Engoulevent trifide : SONS PAR XENO-CANTO
Engoulevent noirâtre : SONS PAR XENO-CANTO
Engoulevent de Caroline : SONS PAR XENO-CANTO
Engoulevent d’Amérique : SONS PAR XENO-CANTO
Engoulevent d’Europe : SONS PAR XENO-CANTO
Engoulevent pauraqué : SONS PAR XENO-CANTO
Engoulevent ocellé : SONS PAR XENO-CANTO
Engoulevent satanique : SONS PAR XENO-CANTO
Mais d'autres types de sons produits par d'autres espèces comprennent notamment des sortes de coups, ou le bruit d’une balle qui rebondit sur une surface dure, mais aussi des gazouillis aigus, semblables aux sons produits par des insectes ou des chauves-souris, et des chants composés de séries de notes « bouillonnantes ».
Engoulevent de Sykes
Caprimulgus mahrattensis
Plusieurs espèces ont des cris en vol distincts, émis en guise de contact avec d'autres oiseaux de la même espèce. Les cris de contact sont souvent des gloussements, des coassements, des bavardages, des gazouillis ou des sifflements.
Sur le site du nid, les sons sont plus doux et plus graves. Ce sont souvent des murmures, des roucoulements, des cliquetis, des « pink » nasillards et des sifflements rauques. Les poussins produisent des sons doux, des piaulements et des pépiements.
Si un engoulevent est inquiet ou menacé, il émet un sifflement sonore et guttural qui augmente lentement en tonalité et en volume, en ouvrant sa grande bouche au maximum. Ce type de son est émis lors d'une parade de défense ou de distraction sur le site du nid.
Les chants des engoulevents sont souvent le seul moyen de localiser ces oiseaux dans l'obscurité. Diverses sortes de cris sont utilisées dans différents contextes, mais le chant principal qui diffère entre les espèces est le meilleur moyen d'identifier l'oiseau, et il est également utilisé par les oiseaux eux-mêmes pour la reconnaissance mutuelle.
Une fois qu'un territoire est établi par un mâle, le propriétaire le défend vigoureusement contre ses rivaux, et principalement pendant la première partie de la saison de reproduction. Les comportements agressifs montrent un mâle en train de chanter vers le mâle voisin, ou bien il adopte une posture agressive avec les ailes tombantes et la queue déployée. Mais certains conflits territoriaux extrêmes peuvent aussi entraîner des contacts physiques. Deux mâles volent l'un vers l'autre en se frappant avec les ailes et en agrippant leurs becs. Ces combats peuvent avoir lieu sur des perchoirs ou dans les airs. Les deux oiseaux finissent parfois par tomber au sol avant de se détacher, avant que chacun d’eux suive son propre chemin.
Les engoulevents nidifient souvent dans des zones sèches et ouvertes. Le site du nid est souvent placé à proximité ou au milieu de la végétation, sur des rochers ou des pierres, des rondins ou des branches tombées offrant une certaine protection contre les intempéries et les prédateurs.
Ces espèces ne construisent pas de nid. Les œufs sont pondus directement sur un sol nu, le tapis de feuilles ou des rochers, du gravier ou du sable.
Certaines espèces, parmi lesquelles l'Engoulevent noirâtre, choisissent de nidifier sur les rochers. Selon le site de nidification, les œufs pondus sur un rocher à découvert peuvent être surchauffés par le soleil si les adultes sont absents pendant une longue période. D’un autre côté, un œuf pondu dans un creux dans la roche peut être totalement immergé dans l'eau de pluie lors des averses. Cependant, l'œuf immergé est toujours incubé car l'eau s'évapore rapidement de la roche chauffée par le soleil.
Cependant, quelques espèces nidifient au-dessus du sol. L'Engoulevent à deux taches peut pondre ses œufs sur une feuille de palmier, tandis que le site de nidification de l'Engoulevent à nuque rousse est établi à moins de deux mètres au-dessus du sol, souvent dans des fougères épiphytes sur un tronc d'arbre.
D'autres espèces telles que l’Engoulevent à miroir, l'Engoulevent d’Amérique et l'Engoulevent malgache nidifient sur le toit des bâtiments dans plusieurs parties du monde.
L'Engoulevent sable se reproduit en colonies, et ce sont parfois jusqu'à 200 couples qui se reproduisent les uns à côté des autres sur les plages et les bancs de sable.
L'Engoulevent piramidig peut occasionnellement se reproduire en colonies lâches avec l'Engoulevent d’Amérique. Le nid est sur le sol, sur du gravier ou du sable, en terrain découvert au milieu des cailloux ou des petites pierres, parfois dans une cavité dans une roche corallienne.
La couvée contient généralement un ou deux œufs, mais trois ou quatre œufs ont été rapportés pour quelques espèces telles que l'Engoulevent d’Europe. Cependant, ceci est très rare et il est plus probable que cela corresponde aux couvées de deux femelles ayant déposé leurs œufs au même endroit.
Les œufs sont pondus à intervalles de 24 à 48 heures. Ils sont blanchâtres, bien que chez certaines espèces, ils aient une couleur brunâtre ou rosâtre. Plusieurs marques plus foncées telles que des taches ou des mouchetures sont visibles à l'extrémité la plus large.
Il est plus facile pour les parents de retrouver des œufs de couleur claire dans l'obscurité, mais ils attirent également les prédateurs pendant la journée. Pour éviter ce problème, les oiseaux restent sur les œufs aussi longtemps que possible pendant l'incubation.
Cette période dure environ 16 à 22 jours chez la plupart des espèces et les œufs éclosent de manière asynchrone. Les poussins sont couverts de duvet grisâtre, chamois, brunâtre ou roussâtre, mais leur plumage est moins cryptique que celui des adultes jusqu'à ce que les premières plumes aient poussé. Certains poussins restent autour du site du nid jusqu'à ce qu'ils prennent leur envol, tandis que d'autres se déplacent sur des distances de 10 à 20 mètres chaque nuit et changent souvent d'emplacement.
Les adultes déclenchent ces déplacements en atterrissant à proximité des jeunes en criant. Les poussins réagissent en marchant, en courant ou en sautant sur leurs parents pour être nourris. Le poussin attrape le bec de l'adulte et il est nourri par régurgitation de boulettes d'insectes directement dans sa bouche, ou en prélevant lui-même la nourriture à l'intérieur de la bouche de l'adulte. Après avoir été nourris, ils sont couvés sur le nouveau site.
Le plumage du poussin devient plus cryptique vers l'âge de 5 à 7 jours et les plumes poussent rapidement. A cette période, il est moins couvé pendant la journée et peut être laissé seul pendant de longues périodes. Mais un ou les deux adultes se posent souvent près du jeune oiseau. S'il est menacé, il adopte une posture aplatie et reste complètement immobile les yeux fermés. À ce moment, un adulte effectue une parade de distraction, souvent la parade de « l’aile cassée », tout en émettant des sifflements gutturaux. Mais d'autres parades sont également effectuées en vol.
Cependant, les poussins plus âgés peuvent aussi effectuer une parade menaçante en se tenant debout avec les ailes déployées, en ouvrant largement la bouche et en émettant des sifflements rauques. Ils tentent également de s'échapper en voltigeant au ras du sol.
Les poussins d'engoulevents sont emplumés et effectuent souvent leur premier vol au cours de la troisième semaine. Ils sont indépendants environ 25 à 35 jours après l'éclosion, mais ils restent en groupes familiaux pendant plusieurs semaines.
Les déplacements et la migration des engoulevents ont généralement lieu la nuit, impliquant un manque d'information.
Les espèces vivant dans la zone tempérée du nord sont des migrateurs longue distance. L'Engoulevent d’Amérique des populations Canadiennes et Nord-Américaines passe l'hiver en Amérique du Sud. Les populations asiatiques de l'Engoulevent d’Europe hivernent dans le sud-est de l’Afrique.
Le statut de nombreux engoulevents d'Amérique centrale et du Sud est en grande partie inconnu. Les quelques espèces qui se reproduisent en altitude dans les Andes effectuent quelques déplacements altitudinaux après la reproduction. Dans le sud du continent, une bonne partie des espèces se déplace vers le sud pour l'été austral, certaines espèces se reproduisant jusqu'en Patagonie. Ils repartent vers le nord pendant l'hiver.
En Afrique, quelques espèces d'Afrique de l'Est sont partiellement migratrices. Elles se reproduisent dans certaines parties de la Péninsule Arabique et du Moyen-Orient, tandis que d'autres se déplacent dans les savanes entre le désert du Sahara au nord et la zone forestière au sud. Certaines espèces du sud sont souvent conditionnées par les pluies saisonnières et ont des migrations complexes.
Les espèces asiatiques des genres Eurostopodus et Caprimulgus sont migratrices dans les parties les plus septentrionales de leurs aires de répartition.
En Australie, certaines populations n'effectuent que des déplacements nord-sud, mais on en trouve de petits nombres en Nouvelle-Guinée en dehors de la saison de reproduction.
Les engoulevents qui se reproduisent en Nouvelle-Guinée ne sont pas migrateurs, comme les espèces et sous-espèces insulaires dans toute l'Asie du Sud-Est et vers l'ouest du sous-continent indien.
Engoulevent à miroir
Systellura longirostris
Engoulevent à traîne
Macropsalis forcipata
Comme de nombreuses espèces d'oiseaux, les Caprimulgidés sont affectés par la destruction de leur habitat, l'urbanisation, l'augmentation du trafic sur les routes et les pistes où ils aiment se reposer à la nuit tombée, la réduction des populations d'insectes causée par la pollution et les méthodes de lutte antiparasitaire dans certaines parties de l'aire de répartition.
Les œufs et les poussins sont vulnérables aux prédateurs, notamment les serpents, les lézards, les rapaces diurnes, les hiboux et de nombreux mammifères carnivores. Sur les îles, ils sont vulnérables aux prédateurs introduits tels que les chats, les chiens, les rats et les mangoustes.
Engoulevent à ailes blanches
Eleothreptus candicans
Les engoulevents ne sont pas globalement menacés, bien que plusieurs espèces soient affectées par la destruction de leur habitat et l'introduction de prédateurs. Deux espèces caribéennes sont très rares. L'Engoulevent de la Jamaïque est peut-être déjà éteint, tandis que l'Engoulevent de Porto Rico est limité à de petits fragments de forêt indigène à Porto Rico.
De plus, les engoulevents se posent ou se reposent souvent sur les routes où ils sont tués par les voitures.
Mais actuellement, de nombreuses espèces sont assez communes ou localement communes dans toute leur aire de répartition.