Texte de Nicole Bouglouan
Photographes:
John Anderson
John Anderson Photo Galleries
Jean Michel Fenerole
Photos d’Oiseaux du monde
William Price
PBase-tereksandpiper & Flickr William Price
Dubi Shapiro
Dubi Shapiro Photo Galleries & Dubi Shapiro's Pictures on IBC
Alan & Ann Tate
AA Bird Photography
Illustrateur :
Marc Athanase Parfait Œillet Des Murs (1804-1878)
Origine de l’illustration (1849)
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 3 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN : 8487334202
The Birds of Africa: Volume VIII: The Malagasy Region: Madagascar, Seychelles, Comoros, Mascarenes - Par Roger Safford, Frank Hawkins – ISBN: 1408190494, 9781408190494- Editeur: A&C Black, 2013
Creagus – Don Roberson - MESITES Mesitornithidae
Mesite - From Wikipedia, the free encyclopedia
The Natural History of Endemic Families and Sub-families of Birds of Madagascar
FAMILLE DES MESITORNITHIDES
Mésites
La famille des Mésitornithidés est endémique de Madagascar. Elle est représentée par deux genres, le genre Mesitornis qui comprend deux espèces, et le genre Monias avec une seule espèce. Cependant, des ossements d’une espèce éteinte et non décrite du genre Monias ont été trouvés récemment dans une grotte à Anjohibe.
Des études génétiques récentes indiquent que ces oiseaux appartiennent à une lignée très ancienne. A la suite d’une analyse phylogénétique couvrant une grande quantité de données, il ressort que les mésites sont proches des pigeons de la famille des Columbidés, et des gangas de la famille des Ptéroclidés. Mais les Mésitornithidés ont toujours été considérés comme anciens et suffisamment différents pour justifier qu’un ordre leur soit octroyé, après avoir fait partie de l’ordre des Gruiformes.
Les mésites sont des oiseaux terrestres au corps allongé et à l’apparence parfois presque cylindrique. Elles ont une petite tête et une queue large. Les pattes et les doigts robustes ainsi que ailes courtes et arrondies, sont la preuve flagrante de leurs habitudes terrestres et de leur réticence au vol. Le bec fort est plus ou moins courbé et de taille petite ou moyenne, en fonction des comportements alimentaires de chaque espèce. Les mésites n’ont pas de glandes uropygiennes, mais elles possèdent une sorte de duvet qui pousse continuellement et se désintègre aux extrémités en produisant une poudre. Ces duvets jouent le rôle d’isolateur thermique sous les plumes.
Les deux mésites du genre Mesitornis ont une silhouette horizontale, avec la tête et la queue au niveau de la ligne du corps. Mais la Mésite monias du genre Monias a généralement la tête et la queue plus relevées.
Les mésites ont le plumage plutôt brun-roux avec, de manière variable, les parties inférieures plus claires. A part la Mésite unicolore qui est presque uniformément brun-roux, les deux autres espèces ont des taches noires ou brunes en dessous.
La Mésite monias et la Mésite variée ont des motifs très nets sur la tête, avec une rayure claire au-dessus et en dessous l’œil, tandis que le menton et la gorge sont blancs. La Mésite unicolore a juste une rayure blanche variable en arrière de l’œil. La Mésite monias est sexuellement dimorphique, avec des marques châtain foncé sur les parties inférieures de la femelle. Leur plumage cryptique les rend presque invisible sur le tapis de feuilles mortes.
Ces oiseaux se déplacent en marchant lentement sur le sol tout en cherchant des invertébrés. Les mésites ne sautillent pas et ne courent que pour échapper à un prédateur ou pour poursuivre une proie. La Mésite monias balance la tête et agite nerveusement la queue en marchant, mais ce comportement est moins marqué chez les deux autres espèces.
Elles rechignent à s’envoler mais il leur arrive quelquefois de parcourir en vol des distances de 20-30 mètres. Les battements d’ailes sont alors robustes et bruyants, semblables à ceux du gibier dérangé qui s’envole brusquement.
La Mésite monias a une distribution très restreinte dans la forêt épineuse des régions subdésertiques du sud-ouest de Madagascar. Elle se nourrit en creusant le sable avec son bec recourbé pour déloger des invertébrés. Elle consomme aussi des petits fruits et des graines.
La Mésite variée fréquente les forêts sèches plantées de feuillus dans l’ouest de l’île, ainsi que quelques zones de forêt humide, mais sa distribution est assez restreinte. Elle se nourrit en marchant lentement tout en cherchant des invertébrés dans le tapis de feuilles mortes, en soulevant les grandes feuilles pour déloger les proies qui se cachent en dessous.
La Mésite unicolore fréquente la forêt humide de l’est avec un épais tapis de feuilles sur le sol. Sa distribution semble être moins fragmentée que pour les deux autres espèces. Elle se nourrit de la même manière dans le tapis de feuilles mortes et glane des proies sur les feuilles au niveau du sol. Elle consomme surtout des invertébrés, principalement des insectes et des araignées, mais les graines et les petits fruits font également partie de son régime alimentaire.
Bien que les mésites se nourrissent surtout sur le sol, elles dorment et nidifient à un niveau légèrement plus élevé, souvent sur des branches dans des arbres penchés qui leur permettent de gagner leur place ou leur nid sans voler mais seulement en grimpant grâce à leurs pattes robustes. Elles sont exclusivement diurnes.
Les mésites sont souvent entendues avant d’être vues. Elles possèdent un vaste répertoire de sons résonnants et harmonieux. La communication vocale est très importante pour ces oiseaux qui vivent dans des forêts primaires sombres. Les deux membres d’un couple ou des juvéniles en train de se nourrir avec leurs parents peuvent parfois être séparés. Ils émettent donc des cris en permanence pour garder le contact.
Femelle à gauche
Femelle
Marc Athanase Parfait Œillet Des Murs
Elles se reproduisent habituellement pendant la saison des pluies, avec la ponte entre octobre et avril, et surtout novembre/janvier.
Les deux espèces du genre Mesitornis sont certainement monogames, mais celle du genre Monias est soupçonnée de polygamie, avec plus d’une femelle qui pond dans le même nid. Mais celle espèce a un système de reproduction flexible, avec des possibilités de monogamie, polyandrie et polygynie.
La Mésite monias vit en groupes de 2-9 adultes, y compris pendant la saison de reproduction. Le groupe défend de grands territoires permanents et tous les membres participent à sa défense. Quelques parades rituelles ont été observées en novembre, avec quelques disputes entre mâles accompagnées d’un chorus permanent. (Voir la fiche de la Mésite monias au paragraphe « comportements dans la vie sauvage »).
D’autres informations sont requises afin de comprendre l’usage de telles parades. Peut-être des parades communautaires dans une arène (ou lek) ?
Quelques disputes similaires se produisent chez la Mésite variée, mais surtout au cours de la défense du territoire avec des actions agressives entre les adultes tandis que les jeunes ne font que regarder.
Les trois mésites nidifient presque au niveau du sol, entre 60 cm et 3 mètres de hauteur, dans des buissons ou des arbustes, dans des touffes de végétation ou dans des arbres inclinés. Ces lieux peuvent être atteints sans voler. La couvée contient 1 à 3 œufs de couleur claire avec des marques sombres variables. Les œufs de la Mésite unicolore sont surprenants par leur grande taille (44 x 30 mm) comparés à la taille de l’oiseau. Les deux nids trouvés n’en contenaient qu’un seul.
Nous ne savons pas si les deux partenaires du couple partagent les tâches liées à la reproduction, mais l’incubation semble généralement être assurée par la femelle, tandis que le mâle reste aux alentours du nid. D’après quelques observations, les deux adultes incubent chez la Mésite monias. Dans toutes les espèces, les jeunes sont précoces et presque nidifuges car ils quittent le nid alors qu’ils sont encore couverts de duvet. Ils sont nourris et surveillés par les deux parents. Leur croissance est probablement assez longue.
Les prédateurs des mésites sont mal connus, mais nous pouvons penser que les rongeurs locaux et introduits sur l’île (Rattus rattus), les grands serpents, les chiens et les chats près des villages attaquent les nids. Cependant, l’Autour de Henst et le Vanga écorcheur pillent sans doute aussi les nids.
Les trois mésites sont chassées par les hommes, en particulier en forêt près des villages. Les oiseaux sont piégés, poursuivis à pied par l’homme ou par des chiens, ou tués avec un arc et des flèches.
La famille des Mésitorthinidés est la plus menacée de toutes les familles aviaires de Madagascar. Les trois espèces sont globalement menacées et classées en tant que Vulnérables. Elles sont affectées par la perte de l’habitat à cause de la dégradation, de la fragmentation et de la destruction de la forêt. La chasse et la prédation par les oiseaux sauvages, les rats et les chiens sont également des problèmes non négligeables.
Ces menaces pourraient mener à l’extinction des populations isolées. L’augmentation de la population humaine entraine davantage d’agriculture et de constructions qui sont à la base de la destruction des habitats adaptés à ces oiseaux. Les mésites sont présentes dans quelques zones protégées, mais la déforestation continuelle pourrait causer le déclin de la population des Mésitornithidés.
Il n’existe aucun programme d’élevage des mésites en captivité, et elles ne bénéficient d’aucune protection légale. Le futur de ces oiseaux fascinants est lourdement menacé.