Texte de Nicole Bouglouan
Photographes:
Patrick Ingremeau
TAMANDUA
Otto Plantema
Trips around the world
Dubi Shapiro
Dubi Shapiro Photo Galleries
Illustration:
Richard Bowdler Sharpe (1847-1909)
Ces images et le texte sont soumis au droit d'auteur et ne peuvent être utilisés sans l'autorisation expresse des propriétaires. Ceci s'adresse aussi bien aux particuliers qu'aux diverses associations ornithologiques et autres organismes. Mentions légales
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 14 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-David Christie - Lynx Edicions – ISBN: 9788496553507
Birds of Paradise and Bowerbirds De Phil Gregory – Editeur: Bloomsbury Publishing, 2020 – ISBN: 1472975847, 9781472975843 – 416 pages
Les Oiseaux de paradis – Histoire Naturelle et photographies - par Michel Ottaviani - Editions Prin, France – ISBN : 2-909136-40-X
Birds of New Guinea: Second Edition De Thane K. Pratt, Bruce M. Beehler – Editeur: Princeton University Press, 2014 – ISBN: 0691095639, 9780691095639 – 528 pages
Birds of New Guinea: Distribution, Taxonomy, and Systematics De Bruce M. Beehler, Thane K. Pratt – Editeur: Princeton University Press, 2016 – ISBN: 069116424X, 9780691164243 – 672 pages
Book of Curious Birds De Jennifer Cossins – Editeur: Hachette UK, 2021 – ISBN: 073442048X, 9780734420480 – 64 pages
Astonishing Animals: Extraordinary Creatures and the Fantastic Worlds They ... De Tim Flannery – Editeur: Open Road + Grove/Atlantic, 2012 – ISBN: 0802194176, 9780802194176 – 192 pages
Bird: The Definitive Visual Guide De DK – Editeur: Dorling Kindersley Ltd, 2022 – ISBN: 0241596319, 9780241596319 – 512 pages
Birds of the World publié par Jason A. Mobley – Editeur: Marshall Cavendish, 2008 – ISBN: 0761477756, 9780761477754 – 846 pages
The (un)reasonable beauty: What factors shaped the evolution of Paradisaeidae?
CREAGUS@Monterey Bay (Don Roberson)
Fatbirder - The World’s Richest Information Resource about Birds for Birders
Wikipedia, the free encyclopaedia
BIRDS OF PARADISE – Facts and details
Bird of Paradise Symbolism & Meaning
Bird Of Paradise Symbolism: 6 Spiritual Meanings Of Bird Of Paradise
Bird of Paradise Symbolism: Spiritual Meaning, Totem, Spirit, & Omens
The IUCN Red List of Threatened Species
FAMILLE DES PARADISAEIDES (Quatrième partie)
Reproduction, symboles et légendes, protection, menaces et statuts
Paradisiers
Les paradisiers des espèces monogames forment des couples et partagent les tâches liées à la nidification, mais ils ne défendent pas leurs territoires. Ces espèces comprennent les genres Manucodia, Lycocorax et Phonygammus (Page 3).
D’après des observations de certains nids, ils construisent une structure ouverte, lâche et en forme de coupe faite de plantes grimpantes et de brindilles, parfois avec des grandes feuilles à la base. La coupe peut parfois être composée de feuilles et de morceaux de bois pourris. Les nids sont généralement suspendus à la fourche d'une branche horizontale.
Le nid du Paradisier corvin est similaire mais plus volumineux et comprend un grand nombre de copeaux de bois secs entre le fond de la coupe et les filaments des plantes qui constituent l’extérieur.
La couvée contient généralement 1 à 2 œufs. Dans le nid du Paradisier noir, l'incubation dure environ 15 à 17 jours et les poussins sont couvés et nourris par les deux parents. Ces comportements sont probablement similaires chez les autres espèces monogames.
Paradisier noir
Manucodia ater
Paradisier corvin
Lycocorax pyrrhopterus
Richard Bowdler Sharpe (1847-1909)
Ce comportement est complètement différent chez les espèces polygames.
Après les parades et l’accouplement, les femelles des espèces polygames quittent les zones de parade tandis que les mâles continuent leurs démonstrations dans le but d'attirer le plus de femelles possible.
Pendant que le mâle continue ses parades, la femelle va nidifier seule et le mâle n'aura aucun contact avec les jeunes.
La femelle construit le nid dans des branches d'arbres, dans des sites bien cachés souvent dans des pandanus (Pandanus), des palmiers (Arecaceae) et des plantes de structure similaire. Certaines espèces construisent leur nid dans la couronne d'un jeune arbre, afin d'avoir le ciel, et non du feuillage, directement au-dessus. Ceci uniquement pour éviter les prédateurs grimpants.
D'après une observation, le Paradisier royal est une exception avec un seul nid trouvé dans une crevasse dans un arbre.
Paradisier de Victoria
Ptiloris victoriae
Femelle
Les nids des Paradisaéidés sont des coupes ouvertes suspendues. Ce sont des structures en forme de bol ouvert, profondes, denses et volumineuses, entièrement construites sans rameaux de bois sur des branches verticales en forme de fourche. Ces nids sont faits de tiges d'orchidées, de feuilles, de mousses et de fougères. La coupe centrale contient rarement des débris de bois. Ceci est un fait plutôt constant à travers les différents genres.
Certaines espèces décorent les nids. Les femelles du Paradisier de Victoria et du Paradisier festonné décorent le bord du nid avec de la peau de serpent pour dissuader les prédateurs. D'autre part, la femelle du Paradisier de Lawes peut ingérer certains objets utilisés par le mâle pour décorer le sol de sa cour, notamment la craie, pour sa teneur en minéraux et en calcium. Elle peut également utiliser de la peau de serpent.
Paradisier de Lawes
Parotia lawesii
Femelle
Les couvées contiennent généralement un ou deux œufs, rarement trois. Mais il faudrait plus d'informations car ce comportement est mal connu. Une couvée de seulement un ou deux œufs est plus courante chez les espèces polygames. Comme le mâle ne participe pas aux tâches liées à la nidification, la femelle se retrouve seule pour couver les œufs et nourrir les poussins. Les couvées des espèces qui vivent en altitude contiennent un seul œuf, reflétant un temps plus froid et une moindre disponibilité des proies, alors que des couvées de trois œufs peuvent se produire, mais rarement, chez certaines espèces polygames vivant dans des zones plus basses.
Les œufs des espèces du genre Manucodia varient du blanchâtre et rosâtre au chamois, et sont variablement tachetés de brun ou noir, principalement à l'extrémité la plus large. L'œuf du Paradisier corvin est chamois/beige, et sa forme est unique car il est plus pointu vers la petite extrémité, et sa surface est striée de fines vermiculations noirâtres. Chez les autres genres, les œufs varient en couleur, mais tous ont des marques semblables à des coups de pinceau sur leur longueur.
La période d'incubation chez certaines espèces polygames dure environ 14 à 27 jours. Cependant, les soins parentaux variables (uniparentaux ou biparentaux), le type de nid et le régime alimentaire doivent être pris en compte. La période d'incubation est plus longue en altitude que dans les zones plus basses.
Les poussins naissent nus ou avec peu de duvet. La peau du dos est généralement gris bleu foncé ou gris noirâtre. Les poussins du genre Paradigalla présentent des caroncules faciales et mandibulaires bien développées, typiques des adultes. Les poussins et les juvéniles des espèces à long bec ont un bec plus court, plus large et plus émoussé, devenant progressivement comme ceux des adultes pendant leur croissance.
La période de nidification varie de 16 à plus de 30 jours, et comme la période d'incubation, elle est plus longue en altitude.
Certaines observations indiquent que les plus grandes espèces se développent à un rythme plus rapide.
Les jeunes des espèces polygames sont nourris par la femelle seule par régurgitation de fruits et de nourriture animale, mais les arthropodes sont surtout donnés aux oisillons. Le nid est nettoyé par la femelle, ou les deux parents chez les espèces monogames.
Paradisier de Victoria
Ptiloris victoriae
Juvenile
Certains parents peuvent effectuer des parades de distraction ou d'autres comportements anti-prédateurs, mais on dénombre peu d’exemples de ces comportements. Les femelles qui incubent chassent généralement les intrus qui s'aventurent dans la zone du nid. Les femelles du Paradisier de Victoria et du Paradisier de Raggi adoptent une posture figée devant les prédateurs. Elles restent simplement immobiles sur un perchoir lorsqu'elles voient ou entendent un prédateur potentiel.
Les soins parentaux des jeunes encore dépendants après avoir quitté le nid sont mal connus, mais un jeune Paradisier de Victoria a été nourri par une femelle pendant 74 jours après avoir quitté le nid. En captivité, cette période dure environ 29 à 32 jours.
Les paradisiers typiques n'ont pas de plumage juvénile distinctif et de nombreux jeunes ressemblent beaucoup à la femelle.
Paradisier de Victoria
Ptiloris victoriae
Juveniles
Le comportement de ces espèces au cours du cycle de la reproduction doit être davantage étudié, mais les femelles construisent leurs nids dans des sites bien cachés et les observations sont très difficiles.
Symboles, mythes et légendes
Les plumages colorés des paradisiers ne ressemblent à aucun autre. Ce sont des oiseaux très attrayants qui présentent des caractéristiques physiques uniques.
Évidemment, cette beauté doublée d'élégance ne pouvait qu'attirer le regard des humains.
Les paradisiers occupent une place prépondérante dans les symboles, les mythes et les cérémonies rituelles de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Les mythes et les rituels associés aux paradisiers ont été créés il y a des milliers d'années, mais ils persistent encore aujourd'hui.
Ces oiseaux, et surtout les mâles adultes, sont chassés par les Papous pour leurs plumes nuptiales car elles font partie de la tenue traditionnelle lors des cérémonies.
Le commerce des plumes des mâles adultes est important depuis longtemps, à la fois localement et plus récemment à une échelle plus importante et plus large.
La signification symbolique de ces plumes magnifiques a montré qu'elles étaient les témoins d'un statut élevé ainsi que de la fécondité à travers la Nouvelle-Guinée. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les hommes de la tribu Yonggom utilisaient les plumes du Paradisier grand-émeraude pour créer des coiffes exposées et portées lors des danses rituelles.
Paradisier grand-émeraude
Paradisaea apoda
Les plumes étaient utilisés sur les casques ou les coiffes pendant la guerre dans les régions Papoues de la Nouvelle-Guinée occidentale, et en particulier chez les peuples des Moluques, au large de la Papouasie occidentale. Ces plumes étaient censées les rendre invulnérables et invincibles.
La chasse aux oiseaux et autres animaux sauvages est toujours une partie importante de la vie de nombreux Papous aujourd'hui. Le commerce traditionnel est encore répandu en Nouvelle-Guinée, bien qu’il soit désormais devenu illégal. Les tribus locales sont autorisées à tuer des oiseaux pour leurs plumes, mais seulement à une échelle raisonnable.
Lorsque les paradisiers sont arrivés sur les terres européennes chrétiennes, ils ont captivé l'imagination humaine. Ils venaient de Nouvelle-Guinée, soi-disant sans pattes et parfois sans ailes, afin de conserver le corps. Ces faits ont donné naissance à une légende. Ces oiseaux venaient du paradis, planaient continuellement dans le ciel et ne subsistaient que de rosée et de nectar. Ils ne revenaient jamais sur terre avant d'avoir péri.
L'emblème national de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est un Paradisier de Raggi mâle stylisé perché sur un tambour et une lance Kundu.
Menaces, protection et statuts
Les paradisiers sont principalement menacés par la perte de leur habitat et la chasse.
Le massacre toujours croissant d'oiseaux sauvages a conduit à une législation l'interdisant, et le mouvement de conservation des oiseaux est né. Depuis 1924, les paradisiers sont protégés de l'exploitation commerciale dans toute leur aire de répartition, et aujourd'hui, ils sont protégés par les lois nationales et par les conventions internationales, y compris les lois sur la faune en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Australie et en Indonésie, ou la CITES dans le monde entier.
Mais les menaces modernes incluent également la perte d'habitat, le braconnage, la chasse illégale, les prédateurs exotiques et le changement climatique. Les espèces dont l’aire de répartition est restreinte ou qui vivent dans un habitat spécial adapté à leurs besoins, sont particulièrement menacées avec, entre autres, les pratiques d'exploitation forestière en Nouvelle-Guinée, impliquant un déclin clairement observable des populations locales de paradisiers. Des déclins sont également documentés en Australie.
Chaque espèce est considérée plus ou moins menacée, tant pour les plumes et la perte d'habitat, que localement pour la disponibilité de la nourriture. Cependant, certaines d'entre elles vivent dans des zones inaccessibles et largement inhabitées, ce qui peut générer un certain optimisme quant à leur survie.
Nous avons actuellement 14,3 % d'espèces Quasi Menacées, 4,8 % sont Vulnérables et 73,8 % sont évaluées comme étant de Préoccupation Mineure. (The IUCN Red List of Threatened Species)
Espérons que ces magnifiques oiseaux chargés de symboles et de légendes continueront d'illuminer les forêts de Papouasie-Nouvelle-Guinée pour les siècles à venir, pour le bonheur des générations futures.