Texte de Nicole Bouglouan
Photographes:
Marc Chrétien
MURINUS
Alfredo Colón
Puerto Rico Wildlife
Maxime Dechelle
LEPAPARRAZO
Jean Michel Fenerole
Photos d’Oiseaux du monde
Steve Garvie
RAINBIRDER Photo galleries
Tom Grey
Tom Grey's Bird Pictures
Patrick Ingremeau
TAMANDUA
Philippe et Aline Wolfer
OISEAUX D'ARGENTINE
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 9 - by Josep del Hoyo - Andrew Elliot - David Christie - Lynx Edicions - ISBN: 8487334695
A GUIDE TO THE BIRDS OF MEXICO AND NORTHERN CENTRAL AMERICA by Steve N. G. Howell, Sophie Webb - Oxford University Press - ISBN: 0198540124
A GUIDE TO THE BIRDS OF COLOMBIA by Steven L. Hilty and William L. Brown - Princeton University Press – ISBN 069108372X
FAMILLE DES TYRANNIDES
Tyrans et Moucherolles
Sous-famille Elaeniinés
Groupe Elaeniini
Les genres compris dans cette sous-famille sont largement tropicaux au niveau de la latitude et de l’altitude. Ce sont des oiseaux petits ou de taille moyenne, au plumage olive verdâtre et au bec petit et arrondi ou très pointu. Ils se nourrissent et chassent en général dans des habitats à végétation épaisse.
Il existe quelques exceptions comme le Tyranneau passegris (Camptostoma obsoletum) et le Tyranneau imberbe (Camptostoma imberbe) du genre Camptostoma. Ce sont des oiseaux aux couleurs ternes avec une crête légère et un long bec très acéré et la mandibule supérieure arrondie. Des tyranneaux ressemblent à des viréos mais n’ont pas de plumes sétiformes. Ce critère est à l’origine de l’appellation « imberbe ».
Tyranneau passegris
Camptostoma obsoletum
Tyranneau imberbe
Camptostoma imberbe
Ce sont les seules espèces Elaeniinés à avoir une distribution qui s’étend au nord de la frontière Mexique/ USA où ils fréquentent des habitats typiquement « mexicains ».
Le genre Ornithion est apparenté au précédent à cause de certains critères morphologiques, mais ils diffèrent au niveau de la reproduction, et plus particulièrement pour la construction du nid.
A l’extrême sud, quelques espèces du genre Elaenia se reproduisent dans des habitats tempérés à basse altitude.
L’Elénie à cimier blanc (Elaenia albiceps) de la race E.a. chilensis se reproduit dans les Andes, dans les plaines lointaines de la Tierra del Fuego. Les aires de reproduction de l’Elénie à bec court (Elaenia parvirostris) atteignent les régions du nord-est de l’Argentine au sud de Buenos Aires, et l’Uruguay.
Elénie à bec court
Elaenia parvirostris
Plusieurs espèces montagnardes des genres Mecocerculus et Anairetes atteignent l’Argentine et le centre du Chili, jusqu’aux Iles Juan Fernández.
Avec le genre Serpophaga, ces trois groupes sont considérés comme étant apparentés en dépit des différents types d’habitats qu’ils occupent.
Semblables aux Parulines, le genre Mecocerculus se trouve dans la forêt de nuages tempérée des Andes.
Les « taurillons » du genre Anaraites fréquentent les habitats tempérés ou les broussailles arides, surtout dans les Andes. Leur nom anglais (tyt-tyrants) vient de leur crête évidente et de leur manière de chasser très active, qui ne sont pas sans rappeler les vraies mésanges de la famille des Paridés.
Les tyranneaux du genre Serpophaga sont associés aux fleuves et aux cours d’eau en général. Ils chassent en se perchant sur les éboulis ou les rives boueuses, et cherchent leurs proies sur les rochers ou la végétation qui surplombe les rivières, et même à la surface de l’eau.
La sous-famille des Elaeniinés est riche d’espèces conformes au genre stéréotypé « petit gobemouche vert ». Le plumage est olive verdâtre dessus, et clair ou jaunâtre dessous, avec la poitrine teintée olive et une double barre alaire sur le dessus des ailes. La tête présente des marques faciales indistinctes et occasionnellement une tache cachée au sommet de la calotte visible seulement quand la crête est dressée, alors que d’autres espèces dans le genre Elaenia ont une crête faite de plumes plus longues, utilisée pendant le chant et les parades. La forme du bec varie selon les genres, petit, mince, large, aplati ou en forme de spatule.
Les deux sexes sont semblables, excepté chez quelques oiseaux du genre Poecilotriccus.
Le genre Elaenia se trouve dans les habitats forestiers et broussailleux, depuis l’Amérique Centrale jusqu’au centre de l’Argentine. Ces tyrans chassent en faisant des sorties rapides pour capturer leur proie dans la végétation ou au-dessus, et ils consomment régulièrement des fruits.
Les deux Corythopis du genre portant le même nom sont des oiseaux exclusivement terrestres, y compris pour nidifier.
Corythopis à collier
Corythopis torquatus
Plusieurs autres genres tels que Pseudotriccus, passent toute leur vie dans la végétation épaisse, à quelques centimètres du sol.
Quelques critères particuliers sont présents chez le Tyranneau à queue aiguë (Culicivora caudacuta) du genre Culicivora. La queue de ce tout petit oiseau est faite de dix rectrices raides, réminiscences des synallaxes de la famille des Furnaridés. Cette espèce est habituellement associée aux herbages et aux habitats marécageux.
Tyranneau à queue aiguë
Culicivora caudacuta
Les calandrites du genre Stigmatura portent souvent la queue redressée sur le dos tandis qu’elles se nourrissent dans la végétation basse et souvent près de l’eau.
Calandrite bergeronnette
Stigmatura budytoides
Le Tyranneau omnicolore (Tachuris rubrigastra) a un bec mince, une crête courte, des pattes et des doigts longs, bien adaptés à son habitat aquatique et marécageux. Il vit dans les roselières. Ses couleurs et ses comportements le rendent très différent des autres Tyrannidés.
Tachuris rubrigastra
Tous ces petits oiseaux chassent en se précipitant fréquemment et rapidement hors de la végétation où ils sont posés sur des branches, des roseaux et même des rochers. Ils se nourrissent principalement d’insectes, mais nombre d’entre eux consomment également des fruits et des baies.
Avec quelques exceptions, les espèces comprises dans la sous-famille des Elaeniini ont une apparence assez semblable, le même type d’habitat et la même façon de chasser, mais leurs comportements de reproduction et de nidification peuvent varier selon les espèces.
Les Tyrannidés d’Amérique du Nord et Centrale se reproduisent entre mars et juillet, alors que ceux du nord de l’Amérique du Sud et des Andes Péruviennes le font entre janvier et juin. En revanche, les espèces vivant plus loin vers le sud dans les Andes et au sud de l’équateur se reproduisent d’août à janvier.
En général, toutes ces espèces n’élèvent qu’une seule couvée par saison.
Dans l’ensemble de la distribution, le système social prédominant est la monogamie, et chaque couple défend son territoire.
Cependant, dans la sous-famille Elaeniinés, les membres du genre Mionectes représentent les seuls Tyrannidés qui paradent dans une arène ou lek.
Pendant la saison de reproduction, les mâles chantent et paradent dans des zones plus ou moins bien définies, mais quelques mâles peuvent aussi parader seuls. Certains d’entre eux, qualifiés de « flottants » se déplacent dans la forêt et peuvent ainsi entrer dans des arènes déjà occupées. Les femelles leur rendent visite dans ces zones. Mais les agressions entre mâles sont fréquentes, et le chant joue un rôle important dans ces disputes.
De nombreuses espèces effectuent des parades remarquables souvent associées soit aux parades nuptiales dans un couple, soit aux disputes entre mâles. Beaucoup d’espèces de Tyrannidés possèdent une tache colorée sur la calotte, visible seulement quand la courte crête est dressée. Cette tache peut être jaune, orange ou rouge selon les oiseaux.
Tyranneau roitelet - - Tyrannulus elatus
Ces plumes colorées sont dressées pendant les parades, verticalement et un peu de côté aussi, l’oiseau faisant face à son ou sa partenaire ou à un opposant. Les ailes sont déployées en éventail et agitées, le tout accompagné de chants intenses.
Les plus petites espèces Elaeniini comme les genres Phyllomyias, Zimmerius, Pogonotriccus et Phylloscartes émettent des gazouillis, des pépiements et des trilles. Les membres du genre Elaenia et les élénies du genre Myiopagis émettent des phrases mélodieuses uniques et courtes comme le doux « pil-dooeet » de l’Elenie de Gaimard.
Elénie de Gaimard
Myiopagis gaimardii
Presque tous les Tyrannidés chantent à l’aube. Posé sur un perchoir, l’oiseau reste presque immobile tandis qu’il chante pendant une période qui peut durer de dix à trente minutes.
Tyranneau minute
Ornithion inerme
Tous les membres du genre Elaenia construisent des nids en forme de coupe ouverte habituellement cachée dans le feuillage épais. C’est le cas de l’Elénie à ventre jaune.
Elénie à ventre jaune
Elaenia flavogaster
Au contraire, les Corythopis préparent un nid en forme de four, une coupe avec un dôme placée sur un tas de débris végétaux sur le sol de la forêt. Il y a une entrée latérale, et la structure comprend trois niveaux, la coupe, les matériaux qui en tapissent l’intérieur et une couverture externe, fait unique chez les Tyrannidés.
Corythopis à collier
Corythopis torquatus
Les deux tyranneaux « imberbes » du genre Camptostoma, construisent un nid ovoïde caché dans la végétation basse, ou enfoui dans les broméliacées.
Les oiseaux du genre Ornithion construisent une petite coupe ouverte cachée dans des paquets de feuilles dans les arbres.
Tyranneau minute
Ornithion inerme
Des nids spectaculaires sont construits par les membres des genres Mionectes et Leptopogon. C’est un nid long et pendant qui possède une chambre interne et une entrée latérale couverte. Ces nids sont bien camouflés au milieu de la végétation et sont en général suspendus à l’extrémité des petites branches pendantes ou à des arbres tombés à l’intérieur d’un ravin, même au-dessus des torrents.
Le Tyranneau omnicolore si vivement coloré installe un nid bien particulier, profond et bien construit en forme de cône, attaché par un côté à un seul roseau et habituellement au-dessus de l’eau. Il utilise des morceaux de feuilles de roseaux humides qui en séchant, deviennent comme du carton et rendent le nid très solide.
Tachuris rubrigastra
Chez les Tyrannidés, la femelle est plus active que le mâle. Elle construit le nid souvent sans lui et assure l’incubation des œufs. La couvée varie de deux à six œufs, mais les espèces les plus tropicales en pondent entre deux et quatre. L’incubation dure environ 12 à 16 jours aussi bien en Amérique du nord que du Sud, mais cette période peut durer jusqu’à 23 jours chez les plus petites espèces d’Amérique Centrale et du Sud qui nidifient dans des structures suspendues.
Les poussins sont généralement nourris par les deux parents, et là, c’est le mâle qui joue le rôle le plus important. Les juvéniles quittent le nid au bout d’une période de 12 à 24 jours, mais la majorité d’entre eux s’envole au bout de 14 à 17 jours après la naissance. Ils restent cachés dans la végétation tout en émettent des cris sonores pour réclamer de la nourriture aux adultes. Ils dorment souvent ensemble, installés en rang et les uns contre les autres sur une branche.
Les juvéniles peuvent passer plusieurs mois avec leurs parents, mais apparemment, aucune espèce n’a été observée pratiquant la reproduction en communauté.
Tyranneau à toupet - Serpophaga subcristata
Groupe Platyrinchini
Ce groupe comprend environ une cinquantaine d’espèces d’oiseaux de petite taille classés en huit genres, et connus en tant que todirostres, microtyrans, platyrhynques.
Ces petits passereaux ont en général un bec long en forme de spatule, plutôt grand comparé au corps. Les tarses sont aussi assez longs et minces.
Il peut y avoir quelques différences mineures au niveau du plumage et de la forme du bec, mais tous les membres de cette tribu sont des répliques presque parfaites les uns des autres, aussi bien sur le plan morphologique que comportemental. Ils se nourrissent d’insectes capturés en pratiquant des vols courts et verticaux depuis une branche.
Chaque espèce se trouve dans un micro-habitat qui s’étend depuis la partie supérieure de la canopée jusqu’aux parties moyennes et sombres des sous-bois à l’intérieur de la forêt. Le Todirostre zostérops (Hemitriccus zosterops) vit dans ce genre d’habitat, alors que le Todirostre tacheté (Todirostrum maculatum) occupe des bosquets de feuillus saisonnièrement inondés et situés près des fleuves.
Le Todirostre à front roux (Poecilotriccus latirostris) Rusty-fronted Tody-Flycatcher, vit dans les sous-bois impénétrables tandis que le Todirostre à ventre perle (Hemitriccus margaritaceiventer) Pearly-vented Tody-Tyrant, fréquente les pâturages broussailleux et les zones boisées de feuillus.
D’autres espèces de microtyrans occupent différentes sortes de bosquets de bambous du genre Guadua.
Les plus petits passereaux du monde sont compris dans le genre Myiornis. Ils possèdent des ailes minuscules et arrondies et une queue extrêmement courte. Ils se déplacent avec des battements très rapides et voltigent plus qu’ils ne volent, ressemblant ainsi à des coléoptères de taille moyenne.
Microtyran oreillard
Myiornis auricularis
Le genre Lophotriccus englobe quatre espèces qui présentent une crête particulière, orientée latéralement. On les trouve principalement dans la forêt humide ou marécageuse, les forêts secondaires et les savanes avec de grands arbres.
Le seul membre du genre Atalotriccus est apparenté aux précédents, mais il n’a pas cette crête spéciale. Il vit dans les broussailles et les zones boisées sèches.
Les espèces Poecilotriccus présentent un plumage assez spectaculaire avec une calotte châtain aux plumes « broussailleuses », une barre alaire jaune et une bande pectorale noire. Plusieurs oiseaux du genre Todirostrum au plumage semblable ont été transférés dans Poecilotriccus.
Le plus important est le genre Hemitriccus qui comprend une vingtaine d’espèces. Ces oiseaux sont petits, avec un plumage olive brunâtre ou olive verdâtre, avec des stries vert olive variables sur la poitrine et une teinte rouille sur la tête et la gorge. Leur bec est long et en forme de spatule.
Les oiseaux du genre Todirostrum sont petits, au plumage noirâtre et jaune. Leur bec est très long avec l’extrémité presque carrée comme une spatule.
Ils chassent en effectuant des vols courts verticaux. Leur répertoire vocal est restreint avec juste un « tic » nasillard et des pépiements, ce qui est peu habituel chez les Tyrannidés.
Ils paradent fréquemment en laissant tomber les ailes et en redressant la queue verticalement sur le dos, tout en se déplaçant latéralement le long du perchoir, et en émettant des séries de « tic » aigus.
Les platyrhynques sont inclus dans les genres Rhynchocyclus et Tolmomyias. Ils possèdent un bec particulier robuste, renflé latéralement et en forme de pelle.
Platyrhynque jaune-olive
Tolmomyias sulphurescens
Ils vivent dans la forêt et les bois épais et broussailleux, et partagent quelques comportements uniques comme le fait de dormir et de vivre dans leurs nids pendants, même en dehors de la saison de reproduction.
Les espèces Platyrhyncus sont Presque semblables à cause du bec large et plat. En revanche, ces oiseaux construisent des nids délicats en forme de coupe ouverte dans la fourche d’une branche. Ils vivent dans les sous-bois sombres. Ils se posent sur des rameaux nus d’où ils pratiquent des sorties brusques verticales pour capturer des insectes au dos des feuilles.
Platyrhynque à queue courte
Platyrhynchus cancrominus
Le genre Onychorhynchus abrite le fameux Moucherolle royal (Onychorhynchus coronatus) qui est un oiseau mince au plumage brun chamoisé, aux pattes courtes et au long bec aplati entouré de longues plumes sétiformes, les plus longues dans cette famille.
Il porte une crête en forme d’éventail, rouge pour le mâle et jaune-orangé pour la femelle, avec les extrémités d’un bleu-violet irisé. Pendant les parades, la crête est déployée verticalement et latéralement, ressemblant à la queue déployée d’un paon mais de couleur vive.
Ces parades sont effectuées autant en période nuptiale que pour la défense du territoire et les disputes entre mâles. Cette espèce vit dans les sous-bois sombres de la forêt. Le nid est une structure suspendue élaborée qui peut atteindre deux mètres de longueur, bien camouflée dans la végétation.
Les membres de la tribu Platyrinchini construisent des nids en forme de sac allongé et pendant avec une entrée latérale, ce qui semble être un critère universel parmi eux. Ces nids sont souvent placés près de nids actifs de guêpes de la famille des Polistinés.
Le nid suspendu des Tolmomyias et des Rhynchocyclus est finement entrelacé avec des plantes retombantes. Il a la forme d’une balle et un tube tissé descend depuis le sommet pour former une entrée latérale. Il est placé entre dix et vingt mètres au-dessus du sol, en suspend à une branche extérieure sur un arbre isolé.
L’incubation et la période au nid sont assez semblables en durée à celles des Elaeniinés, tout comme les comportements de nidification. Cependant, le Moucherolle royal ne prend pas part au nourrissage des jeunes, mais monte la garde près du nid pendant toute la période de nidification.