NOUVELLE ZELANDE
OISEAUX ENDEMIQUES ETEINTS
Comme d’autres îles et pays, la Nouvelle Zélande a perdu de nombreuses espèces d’oiseaux lorsque les humains, les Maoris d’abord et les colons Européens ensuite, ont commencé à changer l’environnement d’origine. Diverses causes comme les prédateurs introduits (rats, chats, chiens, cochons, hermines, furets…), la déforestation massive pour l’industrie du bois, l’agriculture et l’élevage, les dérangements sur les aires de reproduction et dans les colonies, les routes, les grandes villes, les ports et tous les développements humains incompatibles avec la vie animale sauvage ont mené plusieurs espèces aviaires endémiques jusqu’à l’extinction.
Il semble logique de commencer par l’Aigle de Haast (Harpagornis moorei), un prédateur géant préhistorique de la faune néozélandaise. Ce grand aigle trapu avait une envergure de trois mètres, avec un poids de 12 kg pour le mâle et 17 kg pour la femelle. Il avait une hauteur de 90 centimètres pour une longueur de 140 centimètres. Bec, pattes et serres étaient plus grands et plus forts que ceux des plus grands aigles vivants. Ces critères physiques furent confirmés par l’étude d’un squelette presque complet. Cet aigle était le plus grand prédateur des espèces terrestres de l’Ile du Sud.
Cette photo montre l’Aigle d’Australie et donne une idée de l’apparence générale de ce grand rapace, mais en beaucoup plus petit !
Les proies préférées de l’Aigle de Haast étaient les Moas du genre Dinornis, de grands oiseaux qui ne volaient pas, assez semblables à l’Emeu, mais bien plus grands et plus hauts. Il existait neuf espèces différentes, toutes sans trace d’ailes. Ces oiseaux étaient herbivores et habituellement présents dans les forêts de Nouvelle Zélande, les broussailles et les zones subalpines. Ils représentaient les proies principales de l’Aigle de Haast, et jusqu’à l’arrivée des Maoris, ce rapace était leur unique prédateur. Mais à cause de la chasse intensive par les Maoris et les changements survenus dans l’habitat, la majorité des espèces de Moas fut tuée, et l’Aigle de Haast ne survécut pas à l’extinction de sa source principale de nourriture.
Cette histoire est aujourd’hui facile à raconter, mais les espèces aviaires qui ont suivi ont aussi été menées à l’extinction pour les mêmes raisons.
Le Harle austral (Mergus australis) avait la même taille que le Harle huppé. Cette espèce a d’abord été collectée en 1840 par Jules Dumont d’Urville lors d’un voyage subantarctique. Cet oiseau pouvait voler mais préférait l’abri des rochers en cas de danger. La chasse par les humains et la prédation par les mammifères introduits ont mené l’espèce jusqu’à l’extinction au moment de la présence des Maoris. Il était résident dans l’Ile du Sud et l’Ile Stewart. La dernière observation de l’espèce remonte à janvier 1902.
Harle austral
John Gerrard Keulemans
Buller, Walter Lawry
Supplement to Birds of NZ, 1905
La Ninoxe rieuse (Sceloglaux albifacies) fut décrite en 1845 alors qu’elle était abondante mais déjà en déclin à cause de l’arrivée des colons Européens en Nouvelle Zélande. Cette espèce a complètement disparu en 1914.
C’était une chouette typique avec un plumage cryptique et des disques faciaux blancs. Quelques variations individuelles existaient, avec des formes plus rousses, en général des mâles. Avec un poids d’environ 600 grammes et une longueur de 35-40 centimètres, cette chouette était un Strigidé de taille moyenne, environ deux fois la taille de la Ninoxe boubouk.
Le nom français de l’espèce était lié à ses cris, une variété de sifflements, ricanements et miaulements.
La Ninoxe rieuse vivait dans des zones rocheuses, humides et basses et dans les forêts de l’Ile du Nord où ses proies favorites (grands insectes, rongeurs, oiseaux et lézards) étaient abondantes. L’espèce était commune dans l’Ile du Sud vers la moitié des années 1800, mais ensuite, elle a rapidement décliné. L’extinction a été causée par les persécutions, les changements dans l’habitat et la prédation par les chats, les hermines, les ferrets et les belettes introduits pour contrôler les populations de lapins.
Ninoxe rieuse
John Gerrard Keulemans
Ornithological Miscellany. Volume 1
La Caille de Nouvelle Zélande (Coturnix novaezelandiae) a disparu depuis 1875. Cet oiseau a été décrit pendant le premier voyage de James Cook. Ce petit oiseau de 18-21 centimètres et pesant 200 grammes se trouvait dans les herbages des basses terres et les broussailles, et avait des habitudes terrestres. Ses pattes robustes lui permettaient de courir dans la végétation basse épaisse et son plumage cryptique le protégeait.
Caille de Nouvelle Zélande
John Gerrard Keulemans
Buller's "A History of the Birds of New Zealand
2nd edition. Published 1888"
Le Blongios à dos noir (Ixobrychus novaezelandiae) a été observé pour la dernière fois vivant en 1890. Il a été décrit en 1871 comme Ardeola Novae Zelandiae, mais en 1980, après la découverte de restes fossilisés dans l’Ile du Nord, ce matériel fut identifié comme Blongios à dos noir. Cet Ardéidé était petit avec une longueur de 37 centimètres et un poids de 250 grammes.
D’après Walter Lawry Buller, auteur de “A history of the birds of New Zealand”, cette espèce vivait dans les bordures boisées des criques et des lagunes salées, et son régime était fait de petits poissons et de racines de roseaux. Il était toujours solitaire, et son comportement alimentaire était celui des autres hérons et blongios, c’est-à-dire rester debout et immobile à la même place pendant des heures, ou marcher lentement dans l’eau peu profonde en cherchant des proies.
L’extinction de l’espèce est certainement due à l’arrivée des rats et des chats en Nouvelle Zélande. La dernière période coïncide avec l’invasion de la Côte Ouest par les hermines. Le drainage des zones humides pour l’élevage n’est venu que plus tard.
John Gerrard Keulemans (1842-1912) (Illustrator) - Walter Lawry Buller (1838-1906) (Author): Notes on the Little Bittern of New Zealand (Ardetta maculata). In: A History of the Birds of New Zealand
Ardetta maculata (W. L. Buller) is a synonym of Ardeola novaezelandeae (A. C. Purdie) which is identical with the New Zealand Little Bittern (Ixobrychus novaezelandeae)
Le Piopio de Nouvelle Zélande (Turnagra capensis) est l’une des deux espèces étroitement associées, endémiques de Nouvelle Zélande. Les deux sont aujourd’hui éteintes. C’était un oiseau de taille moyenne, 23-26 centimètres pour 130 grammes, et un oiseau omnivore.
Il fut appelé « piopio » (grive indigène) par les colons Européens à cause de sa légère ressemblance avec la Grive musicienne (Turdus philomelos) plus petite et introduite dans le pays. Son chant mélodieux fut décrit comme agréable et doux.
Le Piopio de Nouvelle Zélande était abondant dans l’Ile du Sud et quelques îles proches, mais par la suite, il est devenu plus rare et des déclins rapides ont suivi l’installation des colons Européens après 1870 à cause des rats venus par les bateaux. L’espèce a complètement disparu lorsque les hermines ont atteint la Côte Ouest et le Fiordland.
Cependant, il était encore abondant dans les forêts de podocarpes et les arbustes fruitiers, depuis le niveau de la mer jusqu’aux zones alpines de la Côte Ouest dans les années 1880, mais l’espèce s’est éteinte courant 1895 à cet endroit.
Le Piopio de Schlegel (Turnagra tanagra) est le second membre du genre Turnagra. Celui-ci se trouvait dans l’Ile du Nord. Il déclina rapidement dans le nord d’Auckland après la colonisation européenne, mais l’espèce était encore commune dans le sud de l’Ile du Nord dans les années 1860.
La cause principale de l’extinction de cet oiseau est la prédation par les rats. Les colons en mangeaient de temps en temps, mais l’extinction totale fut causée par l’invasion des hermines. La dernière observation confirmée de l’espèce date de février 1902 à Ohura. D’autres observations jusqu’en 1970 n’ont pas été confirmées.
John Gerrard Keulemans
Illustration of the two species.
T. tanagra à gauche, T. capensis à droite
Hand coloured lithograph from Buller’s Birds of New Zealand, 1st edition, 1873.
Lithographic plate is by John Gerard Keulemans.
Le Glaucope cendré et le Huia dimorphe ont été étudiés dans ce dossier :
Famille des Callaéidés
Le Xénique des buissons et le Xénique de Stephens se trouvent dans celui-ci :
Famille des Acanthisittidés
Aujourd’hui, de nombreuses espèces néozélandaises en danger sont gérées et protégées. Des mesures de conservation pour le contrôle des prédateurs et des espèces parasites, l’éradication des mammifères introduits, l’élevage en captivité pour la réintroduction des oiseaux sur des îles débarrassées des prédateurs, la protection et la conservation de l’habitat et des plantes, et les accès restreints aux divers sanctuaires et réserves sont en cours.
Plusieurs espèces aviaires sont en train de récupérer lentement et leurs populations augmentent. Cependant, de nombreux oiseaux ont des distributions restreintes sur des îles ou sur le continent où la grande forêt d’origine se trouve aujourd’hui bien réduite.
Il faut mentionner l’énorme travail déjà accompli et toujours en cours effectué par le Department of Conservation qui gère de nombreuses actions à travers la Nouvelle Zélande et ses îles subantarctiques.
Vous pouvez découvrir ces oiseaux sur cette page :
Espèces aviaires endémiques de Nouvelle Zélande
Texte de Nicole Bouglouan
Photographe:
Patrick Ingremeau
TAMANDUA
Illustrateur:
John Gerrard Keulemans (1842-1912)
Sources:
KNOW YOUR NEW ZEALAND BIRDS by Lynnette Moon - New Holland Publishers – ISBN: 1869660897
L’ENCYCLOPEDIE MONDIALE DES OISEAUX - Dr Christopher M. Perrins - BORDAS - ISBN: 2040185607
Wikipedia, the free encyclopaedia
Te Ara – The Encyclopedia of New Zealand
New Zealand birds and birding (Narena Olliver)