Texte de Nicole Bouglouan
Photographes :
Patrick Ingremeau
TAMANDUA
Rod Morris
Avec l’aimable concours du Department of Conservation Te Papa Atawhai, 1975
Department of Conservation
Illustrateurs :
William Lawry Buller (1838-1906)
John Gerrard Keulemans (1842-1912)
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 9 - by Josep del Hoyo - Andrew Elliot - David Christie - Lynx Edicions - ISBN: 8487334695
KNOW YOUR NEW ZEALAND BIRDS by Lynnette Moon - New Holland Publishers – ISBN: 1869660897
New Zealand birds and birding (Narena Olliver)
Te Ara – The Encyclopedia of New Zealand
Wikipedia, the free encyclopaedia
CREAGUS@Monterey Bay (Don Roberson)
BirdLife International (BirdLife International)
FAMILLE DES ACANTHISITTIDES
Les troglodytes de Nouvelle Zélande
Xénique grimpeur, Xénique des rochers, Xénique des buissons, Xénique de Stephens
Espèces endémiques de Nouvelle Zélande
Ces petits passereaux constituent probablement l’un des plus anciens groupes vivants d’oiseaux endémiques de Nouvelle Zélande. Ils sont peut-être même encore plus anciens que les Kiwis (Famille des Apterygidés).
En dépit de nombreuses études d’os fossilisés ramassés sur des sites où se trouvent plusieurs grottes ainsi que parmi les rejets laissés par les prédateurs aviaires, les vraies relations des Acanthisittidés sont restées très longtemps incertaines. Les troglodytes de Nouvelle Zélande sont des espèces survivantes d’une ancienne lignée de passereaux, mais sans aucune espèce vivante apparentée. Ils n’ont absolument aucun rapport avec les vrais troglodytes (Famille des Troglodytidés).
La famille comprend au moins sept espèces, autrefois avec cinq genres, mais aujourd’hui seulement quatre sont reconnus, Acanthisitta, Xenicus, Pachyplichas et Dendroscansor.
Les deux espèces survivantes sont le Xénique grimpeur (Acanthisitta chloris), localement commun ou répandu selon l’endroit, et le Xénique des rochers (Xenicus gilviventris) classé comme espèce Vulnérable. Tous deux sont aujourd’hui présents en Nouvelle Zélande mais leur répartition est inégale dans le pays.
Juvénile race "granti"
Le Xénique des buissons (Xenicus longipes) est probablement éteint. Parmi quelques autres, seulement deux rapports authentifiés témoignent de sa présence en 1966 et 1968. Il n’a plus été vu depuis cette période.
Le Xénique de Stephens (Xenicus lyalli) est éteint depuis 1894. Il a d’ailleurs disparu très vite après avoir été découvert.
Mais trois autres espèces ont été décrites d’après des os fossilisés. Ces espèces ont certainement commencé à s’éteindre au moment de la colonisation par les Maoris dans les années 1250.
Deux de ces espèces ont été décrites en 1988, et font partie du genre Pachyplichas. Ces deux troglodytes, Pachyplichas jagmi de l’Ile du Nord, et Pachyplichas yaldwyni de l’Ile du Sud ne volaient pas.
La dernière espèce, Dendroscansor decuvirostris, ne volait pas non plus et se distinguait des autres troglodytes par son bec plus long et courbé.
Chaque espèce présente des caractères physiques particuliers adaptés à ses comportements et à son habitat. Leur point commun est le sourcil clair, blanc-crème ou chamois clair, bien net chez les sept espèces. Les parties supérieures sont plus foncées que le dessous.
Le Xénique grimpeur (6-7gr) a son bec légèrement recourbé vers le haut. Il lui sert à sonder la mousse et l’écorce pour en extraire des invertébrés. Il a de longues pattes et de longs doigts munis de longues griffes, surtout celle du doigt postérieur. Il peut ainsi mieux grimper le long des branches et des troncs d’arbres, ou se suspendre la tête en bas lorsqu’il sonde les crevasses de l’écorce.
Cette espèce fréquente les forêts et les broussailles, et elle est d’ailleurs présente dans les grandes parcelles forestières restantes. La race « chloris » se trouve sur l’Ile du Sud et l’Ile de la Morue, tandis que la race « granti » se trouve sur l’Ile du Nord.
Juvénile race "granti"
Le Xénique des rochers (16-20gr) a de longues pattes placées à l’arrière du corps, de longs doigts et de longues griffes. Ces outils lui permettent de grimper, sauter et se poser sur les rochers.
Il est présent dans les zones alpines et subalpines de l’Ile du Sud.
Le Xénique des buissons (16gr) avait des pattes et des doigts plus longs que le Xénique grimpeur, car il cherchait sa nourriture plutôt sur les branches que sur les troncs d’arbres. La race « variabilis » de l’Ile Stewart se nourrissait dans la végétation basse, passait beaucoup de temps sur le sol et entrait même dans les terriers des pétrels.
Cette espèce se trouvait dans les zones montagneuses, dans les forêts et les broussailles des Iles du Nord et du Sud, mais aussi sur les Iles Kapiti et Stewart, ainsi que sur les trois iles proches du South Cape.
Le Xénique de Stephens ne volait pas car ses ailes étaient petites et arrondies, avec une ossature réduite. Il avait un bec et des pattes robustes, et de grands pieds. Cet oiseau semi-nocturne ressemblait à une souris lorsqu’il courait sur le sol. Des oiseaux avaient été vus dans les zones rocheuses des forêts épaisses.
L’espèce était largement répandue dans les Iles du Nord et du Sud. Il y avait aussi une population sur Stephen’s Island dans le Détroit de Cook.
L’espèce Dendroscansor decuvirostris (30gr) avait un long bec courbé vers le bas, une grande tête, des pattes fines et courtes et quelques critères osseux qui suggéraient que cet oiseau se déplaçait de haut en bas le long des troncs et des branches d’arbres comme les grimpereaux d’Australasie, tout en sondant les crevasses de l’écorce pour déloger les invertébrés. Il ne volait pas non plus mais il était certainement arboricole. Il était absent des forêts de plaines, mais vivait plutôt dans la végétation subalpine. Quelques fossiles ont été trouvés dans l’Ile du Sud, dans le nord-ouest de Nelson et dans le Southland.
Les deux espèces du genre Pachyplichas avaient des ailes réduites et ne volaient pas. Mais ces oiseaux avaient des pattes longues et robustes, des doigts dont le dernier os était plat, et des griffes peu courbées, indiquant plutôt une espèce terrestre. (Les oiseaux arboricoles ont le dernier os des doigts courbe).
L’espèce du Sud, Pachyplichas yaldwyni (50gr) était l’espèce la plus grande de toutes, alors que l’espèce du Nord, Pachyplichas jagmi (45gr) était plus petite que la précédente. Les deux avaient un bec robuste et un crâne moins creusé que les autres. Ces oiseaux étaient certainement plus souvent debout sur un sol plat ou sur des souches que perchés dans les arbres.
L’espèce du Nord fréquentait les forêts mixtes en plaines à travers toute l’Ile du Nord.
L’espèce du Sud se trouvait dans l’Ile du Sud dans des habitats forestiers variés depuis les plaines jusqu’aux zones subalpines.
Tous étaient probablement insectivores, mais ils prenaient occasionnellement et selon les saisons, des graines, des baies et des fruits. Ils se nourrissent seuls, ou en couples, ou en groupes familiaux.
En tant qu’oiseaux terrestres et peu aptes au vol, les Acanthisittidés ne migrent pas. Même le Xénique des rochers qui vit en altitude ne se déplace pas vers les plaines en hiver.
Ces adaptations physiques aux comportements et à l’habitat ne sont pas sans rappeler celles d’autres passereaux vivant sur des iles, les Pinsons de Darwin. Comme les Acanthisittidés, ces pinsons ont des critères morphologiques spécialisés, en particulier leurs becs, afin de survivre dans l’environnement spécifique qui est le leur.
Les couples ont en général des liens permanents. Ils sont considérés comme territoriaux car ils restent sur leur territoire toute l’année, mais ils ne chantent pas et l’on note très peu de comportements menaçants ou de disputes.
A l’exception du Xénique grimpeur et du Xénique des rochers, il n’y a pas d’information au sujet des comportements nuptiaux et reproducteurs des autres espèces. Mais nous pouvons penser que leurs habitudes étaient assez similaires.
Si l’on considère que ces oiseaux volent peu, ou ne volaient pas du tout, ils restent sur ou près du sol pour nidifier dans des cavités naturelles, souvent un creux dans un tronc d’arbre ou une branche, mais aussi au milieu des racines d’un arbre, dans une crevasse rocheuse ou un trou creusé dans le sol. La structure est souvent sphérique et construite dans la cavité. Le nid est fait avec des herbes, des brindilles, de la mousse et des radicelles. La partie interne est tapissée de plumes.
Après environ trois semaines d’incubation, les poussins naissent et les parents les nourrissent avec des insectes. Ils quittent le nid au bout 23-25 jours après l’éclosion, mais ils restent dépendants des adultes pendant encore quelques semaines. Après la saison de reproduction, les juvéniles semblent se disperser uniquement sur des distances courtes.
Mis à part le Xénique grimpeur qui est localement commun ou répandu selon la région, et le Xénique des rochers qui est considéré comme espèce Vulnérable, les autres espèces ont disparu.
La principale cause, tant pour les oiseaux vivants que pour les espèces éteintes, est l’introduction des mammifères prédateurs tels que souris, rats, chats et hermines qui prennent les œufs et les poussins au nid, et tuent même l’adulte qui couve.
Juvénile race "granti"
Le Xénique de Stephens et le Xénique des buissons ont disparu à cause de la déforestation massive et du drainage des marais qui ont suivi l’établissement des Européens dans le pays.
Les trois espèces plus anciennes ont probablement disparu pour les mêmes raisons, mais au moment de l’installation des Maoris.
Les espèces survivantes ont des distributions et des habitats restreints, ainsi que des populations peu importantes qui aujourd’hui, dépendent du contrôle des prédateurs et de la protection de l’habitat.