Texte de Nicole Bouglouan
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Nicole Bouglouan
PHOTOGRAPHIC RAMBLE
Sources :
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD vol 1 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334105
L’ENCYCLOPEDIE MONDIALE DES OISEAUX - Dr Christopher M. Perrins - BORDAS - ISBN: 2040185607
THE HANDBOOK OF BIRD IDENTIFICATION FOR EUROPE AND THE WESTERN PALEARCTIC by Mark Beaman, Steve Madge - C.Helm - ISBN: 0713639601
A Field Guide to the Birds of South-East Asia by Craig Robson. New Holland Publishers. ISBN: 9781780090498
BirdLife International (BirdLife International)
Wikipedia, the free encyclopaedia
XENO-CANTO – Sharing Birds sounds from around the world
CREAGUS@Monterey Bay (Don Roberson)
FAMILLE DES SULIDES
Pas si fous en fait...
Ces oiseaux magnifiques que l’on appelle « fous » sont classés en trois genres dans la famille des Sulidés. Ils passent la majorité de leur vie en mer, loin des continents. Au moment de se reproduire, ils établissent des colonies denses sur des ilots ou des îles au large des côtes. Les poissons qu’ils pêchent de façon typique et spectaculaire sont leur mets favori. Leur vol agile et puissant leur permet de plonger brusquement dans la mer pour capturer leurs proies. Lors des parades nuptiales, les fous font preuve d’élégance et de grâce, mais ils peuvent très vite devenir agressifs envers leurs voisins lorsqu’ils défendent le site du nid. Mais dans l’ensemble, les fous sont des oiseaux grégaires qui vivent et pêchent en groupes tout au long de l’année.
Il serait honnête de commencer par l’espèce la plus ancienne, le Fou d'Abbott (Papasula abbotti), seul membre de ce genre et probablement le plus primitif des Sulidés, et venant d’une lignée différente.
Cette espèce est considérée comme étant en Danger d’Extinction avec des populations peu fournies et une distribution restreinte sur l’Ile Christmas. De plus, la qualité de son habitat est loin de s’améliorer.
Le Fou d'Abbott a le plumage noir et blanc, avec le corps d’un blanc pur, des taches sombres sur les flancs, les ailes et la queue noirâtres. Avec une longueur de 80 cm et un poids de presque 1500 grammes, il pourrait être très semblable aux autres Sulidés. Mais il diffère par ses comportements et par la forme de son bec. Contrairement aux autres fous, son bec est légèrement crochu avec des bords tranchants très dentelés.
La femelle a le bec rosâtre alors que celui du mâle est bleu-gris teinté de rosâtre.
Le juvénile ressemble à l’adulte en plumage usé, mais avec le bec gris.
L’espèce est strictement marine et pélagique. Le Fou d'Abbott se nourrit de calmars et de poissons volants qu’il capture sans doute en plongeant de façon abrupte comme les autres fous. Il effectue aussi de longs voyages pour aller se nourrir là où les ressources sont abondantes, et il lui arrive d’être absent du nid pendant plusieurs jours.
Il émet des cris rauques et sonores.
Voix du Fou d'Abbott par Xeno-Canto
Contrairement aux autres Sulidés qui nidifient sur le sol et en colonies, le Fou d'Abbott est plutôt solitaire ou en groupes lâches de moins de dix couples pour un hectare. Le nid est une plateforme grossière à la cime d’un arbre dans la forêt humide.
La femelle dépose un seul œuf entre mai et juillet, et les deux sexes incubent pendant environ 57 jours. Le poussin est couvert de duvet blanc au début. Les deux adultes le nourrissent. Il est emplumé au bout de 140-175 jours, mais il dépend encore des parents pendant plusieurs semaines. Il peut se reproduire entre 4 et 6 ans.
Les déplacements du Fou d'Abbott sont mal connus. Les adultes sont probablement sédentaires en dehors des longs voyages pélagiques pour se nourrir. En revanche, les jeunes et les non-nicheurs quittent l’Ile Christmas, peut-être pour migrer vers le sud de Java.
Plusieurs mesures et projets sont en cours ou déjà actifs pour protéger l’espèce qui se reproduit dans un Parc National sur l’Ile Christmas. Le but principal est de maintenir les effectifs actuels en vie.
FOUS DU GENRE SULA
Les fous du genre Sula sont légèrement différents les uns des autres par la taille et le plumage. Ils ont tous un corps robuste typiquement en forme de torpille, et une queue cunéiforme. Les femelles sont en général plus grandes et plus lourdes que les mâles.
Tous ont un long bec fort et conique, muni de mandibules aux bords dentelés pour mieux saisir les proies glissantes. Mais le Fou d’Abbott est le seul à posséder un bec à l’extrémité légèrement crochue. Les narines sont adaptées à leur façon de plonger, et sont automatiquement recouvertes lorsque l’oiseau entre dans l’eau.
On peut voir plus ou moins de peau nue sur la face selon les espèces. Ces parties peuvent être plus vivement colorées au début de la saison de reproduction, et sont mises en valeur par des parades.
C’est le cas plus spécialement du Fou à pieds rouges (Sula sula) et du Fou à pieds bleus (Sula nebouxii) dont des pattes et des doigts palmés et de couleurs vives jouent un rôle important au cours des parades rituelles.
Les fous du genre Sula ont une excellente vision binoculaire grâce à leurs yeux placés de chaque côté et juste à côté du bec. L’iris est souvent (mais pas toujours) de couleur claire, accentuant chez ces beaux oiseaux leur aspect si particulier.
Fou de Grant - Sula granti
Les longues ailes étroites et pointues permettent un vol puissant dans les vents forts, mais sont spécialement adaptées à leur comportement alimentaire très spécialisé. L’oiseau peut glisser juste au-dessus des vagues, mais il effectue habituellement des battements puissants alternés de glissés.
Fou brun - juvénile
Sula leucogaster
Mais ces oiseaux gracieux sont maladroits sur le sol. Cependant, leurs pieds entièrement palmés typiques des Pélécaniformes leur permettent de bien nager même lorsque la mer est agitée. Ils les utilisent également pour incuber et garder les œufs au chaud parce qu’ils n’ont pas de plaque incubatrice.
Les parties inférieures blanches les rendent pratiquement invisibles pour les proies situées sous l’eau. A l’exception du Fou brun (Sula leucogaster) et de la forme brune du Fou à pieds rouges, tous les adultes ont le corps blanc en dessous et les primaires sombres en tous plumages.
Les juvéniles ont tendance à être bruns foncé au départ. Cette couleur sombre les protège contre les agressions par les autres oiseaux marins blancs qui pourraient les attaquer ou les tuer, pensant avoir affaire à des adultes. La seule exception est encore une fois le juvénile du Fou d’Abbott qui est semblable aux adultes en plumage usé et donc blanc et noir. Ils obtiendront le plumage adulte à travers plusieurs phases tachetées en cinq ou six ans, en même temps que la maturité sexuelle.
Fou brun - juvénile
Sula leucogaster
Ces oiseaux très aériens muent plus ou moins continuellement car leur façon de se nourrir requiert de bonnes aptitudes au vol pour survivre toute l’année. Ces comportements spectaculaires sont un fait particulier typique des Sulidés. Les oiseaux peuvent plonger de diverses hauteurs et pénètrent dans l’eau à une profondeur modérée, là où les grands bancs de leurs proies préférées se déplacent.
Ils profitent de leur vision binoculaire pour voler plus haut que les autres oiseaux marins, et ils localisent leurs victimes plus facilement. Ils plongent généralement d’une hauteur de 20-30 mètres, parfois plus. Le Fou masqué (Sula dactylatra) et l'identique Fou de Grant ( Sula granti) peuvent plonger d’une hauteur de 100 mètres ! Ils plongent en oblique et dans des eaux relativement peu profondes. Une fois sous l’eau, ils capturent leur proie lorsqu’ils sont déjà en train de remonter vers la surface. La nourriture est souvent avalée sous l’eau pour éviter le piratage par d’autres oiseaux marins.
Sula granti
Quelques espèces se nourrissent aussi en plongeant depuis la surface, ou en poursuivant les proies sous l’eau, et il leur arrive même de marcher dans l’eau peu profonde en prospectant. C’est le cas de plusieurs fous du genre Sula. Le Fou à pieds rouges est capable de capturer des poissons volant en vol. Les calmars sont souvent pris à la surface.
Ils suivent souvent les chalutiers où les agglomérations de poissons sont communes.
Sula nebouxii
Quelques espèces comme le Fou à pieds bleus et le Fou varié (Sula variegata) pratiquent parfois la pêche collective. Mais habituellement, ils se nourrissent en groupes et errent au-dessus des eaux de la plateforme continentale en cherchant leur nourriture. En général, un mâle appelle les autres membres du groupe, et ils plongent tous d’un seul et même mouvement.
Sula variegata
COMPORTEMENTS REPRODUCTEURS
Les fous du genre Sula ne se reproduisent pas forcément très régulièrement chaque année, et adaptent la période de la ponte aux ressources de nourriture et aux conditions climatiques. Cependant, le Fou d'Abbott et le Fou varié se reproduisent en général au cours de la même saison chaque année.
Ils forment des colonies, énormes, grandes, ou beaucoup plus petites, dont la densité varie en fonction du sol et de l’habitat. Les comportements sociaux et les parades jouent un rôle important dans ces agglomérations d’oiseaux. Ils sont utilisés pour établir le territoire et défendre le site du nid, ce qui entraine des disputes le long des limites avec les couples voisins.
Ils utilisent régulièrement les ailes et leurs pieds palmés au cours des parades. Le Fou à pieds bleus effectue une parade qui met en valeur les couleurs vives des palmures tandis que le mâle étire sa patte vers l’avant en face de sa partenaire.
Sula nebouxii
Sula granti
Plusieurs autres parades ont lieu en fonction du moment et de la situation. Les offrandes de nourriture sont très occasionnelles chez les Sulidés, mais quelques observations nous montrent qu’elles ont bien lieu.
Sula granti
Sula nebouxii
Sula leucogaster
La taille de la ponte dépend des ressources de nourriture. Les espèces qui nidifient près d’abondantes sources alimentaires comme le Fou varié et le Fou à pieds bleus, peuvent produire deux ou trois œufs. Le Fou brun, le Fou de Grant et le Fou masqué pondent souvent deux œufs, mais même si les deux poussins naissent, un seul sera élevé par les parents. Les autres fous n’ont qu’un seul œuf.
Ces œufs sont de couleur claire, bleus, verts ou blanc, recouvert d’une couche crayeuse. Ils deviennent en général plus foncés au cours de l’incubation, jusqu’à être bruns ou noirs.
Sula granti
Les parents incubent et gardent les œufs au chaud sous leurs pieds palmés. En effet, les Sulidés n’ont pas de plaque incubatrice et appliquent donc les larges palmures sur l’œuf ou les œufs. Fort heureusement, la coquille est épaisse et résistante car en fait, les adultes se tiennent debout sur les œufs.
L’incubation dure environ 40-45 jours, excepté chez le Fou d'Abbott avec 57 jours pendant lesquels le nid et les œufs sont exposés aux prédateurs et au mauvais temps.
A la naissance, le poussin presque nu est installé sur les palmures des parents où il est couvé pendant les premiers jours de sa vie. Un adulte est toujours présent pendant le premier mois, mais ensuite, le jeune est capable de réguler seul sa température corporelle. Les deux parents le nourrissent. Le poussin prend la nourriture directement dans leur bouche ou au fond de leur gorge. Il est emplumé au bout de plusieurs semaines après la naissance, entre 100 et 110 jours, beaucoup plus longtemps chez le Fou d'Abbott avec 140-175 jours. Les juvéniles dépendent encore des adultes pour la nourriture pendant quelques semaines de plus.
Sula variegata
Sula leucogaster
Les Sulidés commencent à se reproduire entre deux et six ans. Ce sont des oiseaux dont la longévité peut atteindre dix ou vingt ans et parfois plus, jusqu’à quarante ans ! La mortalité est haute au cours de la première année, et les mâles sont plus exposés que les femelles probablement à cause de leurs activités qui consistent à se battre avec les autres, parader, défendre le nid et le territoire et rassembler les matériaux du nid, ce qui entraine davantage de risques.
Sula variegata
Les fous du genre Sula sont habituellement silencieux en mer, mais à la colonie, femelles et jeunes émettent des grognements discordants et des sons résonants, alors que les mâles émettent des sifflements ténus.
Voici quelques sons par Xeno-Canto:
Sula granti
Ils nagent en se laissant flotter sur l’eau, et doivent courir à la surface pour s’envoler.
Leur vol est puissant et direct avec des battements profonds entrecoupés de courts glissés. Les groupes volent en longue ligne. Ils planent et tournent à l’unisson.
Les adultes restent souvent à proximité de la colonie après la nidification, alors que les jeunes se dispersent largement après la saison de reproduction.
Sula granti
Sula leucogaster
FOUS DU GENRE MORUS
Le genre Morus comprend seulement trois espèces, le Fou de Bassan (Morus bassanus) visibles des deux côtés de l’Atlantique, le Fou du Cap (Morus capensis) le long des côtes d’Afrique du Sud, et le Fou austral (Morus serrator) le long des côtes du sud-est de l’Australie, mais aussi de Tasmanie et de Nouvelle Zélande.
Ces oiseaux sont assez différents des fous du genre Sula. Ils ont le corps et le cou d’un blanc immaculé, des parties noires sur les ailes et la queue, et la tête jaune chamoisé. Ils diffèrent les uns des autres par l’étendue des parties noires sur les rémiges et les rectrices, l’intensité de la couleur sur la tête, et la longueur de la ligne gulaire noire. Ils ont tous le bec fort et conique des Sulidés, ici bleu-gris pâle bordé de noir à la base et sur les lores. Les yeux sont blanc bleuâtre clair, entourés d’un cercle oculaire d’un bleu plus ou moins soutenu. Les pattes et les palmures sont noirâtres avec les doigts verdâtre clair.
Les fous du genre Morus sont plus grands et plus lourds que dans le genre Sula, avec une longueur de 84 à 100 centimètres pour un poids situé entre 2300 et 3600 grammes. Le Fou de Bassan est le plus grand de tous.
Les deux sexes sont identiques. A la naissance, le poussin est presque nu, mais il se couvre rapidement de duvet blanc sur la peau noirâtre.
Ils ressemblent au genre Sula dans presque tous leurs comportements, mais avec quelques différences subtiles.
Leur grande taille les oblige à courir brièvement à la surface de l’eau pour s’élever, mais ils volent de façon puissante.
Morus serrator
Le Fou du Cap qui nidifie sur des sols plats utilise une sorte de « piste » pour courir et obtenir la poussée nécessaire à l’envol. Le vent peut les aider à s’élever, et ils doivent parfois attendre pour s’envoler si le temps est trop calme.
Morus capensis
Contrairement aux fous du genre Sula, les Morus ont un plumage blanc immaculé excepté sur les ailes et la queue. Le contraste avec le bleu de la mer est important et peut être utile aux autres fous en tant qu’indicateur de sources alimentaires. Les fous en train de plonger informent les autres espèces de la présence d’un banc de poisson.
Morus bassanus
Les bancs de maquereaux, sardines et anchois sont leurs préférés. Ils volent haut dans le ciel et grâce à leur vision binoculaire, sont capables de sélectionner une proie précise parmi des centaines de poissons. Ils plongent alors d’une hauteur de 10-30 mètres, parfois davantage.
Les fous du genre Morus qui sont bâtis de façon plus lourde plongent verticalement et d’une plus grande hauteur que les fous du genre Sula. Une fois la proie choisie, le fou semble s’arrêter dans l’air, sans doute pour ajuster la direction et entrer dans l’eau au maximum de sa vitesse. Les ailes sont poussées vers l’arrière, parallèles au corps.
Le Fou de Bassan, le plus lourd de tous, peut atteindre une profondeur d’environ 10 mètres uniquement par la force du plongeon. Il lui arrive d’utiliser ses ailes pour s’enfoncer davantage, jusqu’à 15 mètres sous la surface, et occasionnellement jusqu’à 25 mètres. Il capture le poisson alors qu’il remonte et l’avale en général sous l’eau. Ce comportement lui permet d’éviter le piratage par d’autres oiseaux marins à la surface.
Les fous du genre Morus pêchent et plongent en groupes tous au même moment.
Morus bassanus
Morus bassanus
Les fous du genre Morus pondent régulièrement à la même saison chaque année, et la reproduction est élevée. Ils nidifient en grandes colonies, excepté le Fou austral qui préfère des colonies plutôt petites mais néanmoins denses.
Morus serrator
Le Fou de Bassan nidifie sur des falaises abruptes avec, toujours présent, le danger de la chute. C’est la raison pour laquelle ils évitent les querelles physiques violentes au profit de postures rituelles, aussi bien en menace qu’en apaisement, pour résoudre les conflits territoriaux.
Morus bassanus
Le Fou du Cap nidifie sur des sols plats sur des iles au large, en colonies denses avec les nids très proches les uns des autres. Donc, les querelles agressives peuvent être fréquentes et violentes.
Fou du Cap - Morus capensis - Colonie
Ces querelles agressives sont moins fréquentes dans les colonies plus réduites du Fou austral. Cependant, les mâles de cette espèce se montrent violents lorsqu’ils s’accouplent tout en mordant vigoureusement la nuque de la femelle.
Les parades sont assez semblables à celles des fous du genre Sula, mais peut-être plus ritualisées, avec des comportements complexes et stéréotypés.
Ils communiquent par des balancements de la tête, leur bec peut devenir menaçant, le cou est étiré et tendu vers le ciel, ils se font des courbettes et des cérémonies d’accueil sont aussi observées.
Morus bassanus
Les nids sont faits avec des herbes et des algues ou des débris, et l’ensemble est collé par les déjections des oiseaux. Les fous du genre Morus pondent un seul œuf, rarement deux. Les deux parents incubent avec leurs pieds palmés pendant 44 jours. Le poussin est emplumé au bout de 90 à 100 jours après la naissance. Il est nourri par les deux adultes. Il peut se reproduire entre 4 et 6 ans.
Ce sont des oiseaux qui peuvent vivre assez longtemps, comme ceux du genre Sula.
Les fous du genre Morus émettent des cris sonores et rauques, et les deux sexes ont pratiquement la même voix. Ils lancent des séries de sons discordants lorsqu’ils pêchent, des sons râpeux quand ils arrivent au nid, des grognements bas et des cris plaintifs pendant les parades.
Sons par Xeno-Canto
Morus serrator
Leur vol est puissant et direct. Des séries de battements vigoureux alternent avec de longs glissés. Les longues ailes étroites et pointues sont très bien adaptées au vol dans les vents forts.
Comme les fous du genre Sula, les adultes se dispersent moins largement que les jeunes, et restent souvent à proximité des colonies après la reproduction.
Excepté le rare Fou d'Abbott considéré comme étant en danger d’extinction, et le Fou du Cap classé Vulnérable, les autres espèces ne sont pas globalement menacées.
Autrefois, ces oiseaux étaient persécutés par les humains et aussi par les populations locales. Ils étaient dérangés par l’exploitation du guano et la collecte des œufs, et même des adultes étaient tués. L’introduction de différents prédateurs est encore une menace réelle pour les fous qui nidifient au sol. Les conditions climatiques peuvent déranger aussi bien la nidification avec les ouragans qui détruisent les nids et les poussins, que les comportements alimentaires des espèces avec l’apparition temporaire d’El Niño le long des côtes Péruviennes, entrainant le manque de nourriture. La surpêche réduit les ressources de poisson pour longtemps. Le développement du tourisme, particulièrement sous les tropiques, entraine la destruction des sites de nidification. Les pollutions chimiques et les débris en mer sont de vrais dangers pour ces oiseaux.
Cependant, les colonies sont denses dans la majorité de la distribution, en dépit des sites de nidification restreints.
Le Fou d'Abbott est à présent protégé dans un Parc National sur l’ile Christmas. Les persécutions par les humains avec l’exploitation du guano et la collecte des œufs ont réduit, entrainant la lente reconstitution des populations.
Sula nebouxii
Ces oiseaux sont appelés « gannet » et « booby » en anglais, et « fou » en français… pourquoi ?
Le mot « gannet » vient du vieil anglais « gans » (qui veut dire « une oie ») ainsi que du traditionnel nom écossais du Fou de Bassan « solan goose », et du nom Gaélique « sula » qui fut le premier nom scientifique de l’espèce.
Le mot « booby » (qui veut dire « stupide ») vient du fait que ces oiseaux n’ont pas peur des hommes et sont donc des proies faciles.
En français, le mot « fou » pourrait faire référence à la manière de pêcher de ces oiseaux qui viennent de nulle part dans le ciel pour disparaître brusquement dans la mer.
Quoi qu’il en soit, fou, gannet et booby sont des oiseaux magnifiques, traditionnellement admirés par l’homme. Le Fou de Bassan est considéré comme étant le symbole du mariage entre le vent et la mer par de nombreux poètes.
Voir : La Mort du Fou
Nous devons les protéger tous à travers diverses mesures de conservation. Les côtes maritimes seraient tristes sans leur présence remarquable.
Sula granti
Papasula abbotti
Papasula abbotti