Texte et illustration de Nicole Bouglouan
Photographes:
Steve Garvie
RAINBIRDER Photo galleries
Tom Grey
Tom Grey's Bird Pictures
Tom Merigan
Tom Merigan’s Photo Galleries
Bob Moul
Nature Photography
Ingo Waschkies
My bird pictures on Pbase
Callie de Wet
GALLERY
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 2 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334156
LES AIGLES par Maurice Dupérat - Artémis Editions - ISBN: 2844164536
HAWKS, EAGLES AND FALCONS OF NORTH AMERICA by Paul A. Johnsgard - Smithsonian Institution Press - ISBN: 1560989467
GUIDE DES RAPACES DIURNES – Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient de Benny Génsbol – Delachaux et Niestlé – ISBN : 2603013270
Les Pygargues ou Aigles pêcheurs
Comportements alimentaires
Habiles à la pêche, mais vulnérables !
Dans l’énorme Famille des Accipitridés, le groupe des aigles pêcheurs comprend dix espèces et deux genres, Haliaeetus et Ichthyophaga, étroitement associés aux habitats aquatiques.
Les membres du genre Haliaeetus vivent davantage sur les côtes maritimes et les grandes étendues d’eau à l’intérieur des terres, alors que les membres du genre Ichthyophaga occupent plutôt les rives des fleuves et des rivières.
Le Pygargue de Steller (Haliaeetus pelagicus) est l’un des plus grands rapaces du monde, et le plus grand des aigles pêcheurs avec un poids de 5 kg pour le mâle et 9 kg pour la femelle. Leur envergure varie de 220 à 250 centimètres.
La plus petite espèce, le Pygargue nain (Ichthyophaga humilis) pèse 780-785 grammes pour une envergure de 120 à 123 centimètres.
(Haliaeetus pelagicus)
Comme chez les autres rapaces, la femelle est plus grande que le mâle. Leur plumage est souvent brun ou gris et blanc. Presque tous les aigles pêcheurs ont la tête et la queue claires, souvent blanc ou gris pâle, contrastant avec le plumage brun foncé.
Le Pygargue de Steller est le seul à avoir la tête brun sombre, mais il a les épaules banches. Le Pygargue de Sanford (Haliaeetus sanfordi) et le Pygargue nain (Haliaeetus humilis) ont la queue brun clair à brun foncé.
(Haliaeetus pelagicus)
Les aigles pêcheurs ont habituellement la queue plus courte que les autres Accipitridés, plutôt carrée, adaptée à leurs comportements alimentaires et à leur façon de pêcher. Les pattes emplumées peuvent être blanches ou brun foncé.
Le grand bec crochu varie en taille et en couleur selon les espèces. Une fois de plus, le Pygargue de Steller a le plus grand de tous, une structure lourde et plutôt longue à base large. Le Pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla), le Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) et le Pygargue vocifère (Haliaeetus vocifer) possèdent aussi un bec relativement grand comparé aux autres espèces. Ils ont le bec jaune, sauf ce dernier qui présente une cire jaune pour un bec noir.
Ces quatre aigles ont des grands doigts robustes et jaunes, avec des serres acérées leur permettant de bien saisir les poissons glissants tout en volant.
Les autres espèces ont des becs plus petits, gris ou brunâtres, et des doigts grisâtres ou blanchâtres également plus petits, munis de serres plus courtes mais tout aussi acérées. Les couleurs de leur plumage sont moins contrastées.
(Ichthyophaga ichthyaetus)
Ces rapaces ont une nourriture très spécialisée et ne consomment presque que du poisson. Les proies sont capturées près de la surface de l’eau. Les aigles pêcheurs sont d’abord piscivores, mais ils prennent surtout des poissons presque morts ou vulnérables.
Cependant, les concentrations saisonnières de Pygargues à tête blanche en automne sur le fleuve Chilka en Alaska pour les saumons sont un spectacle peu ordinaire, de même que les grands nombres de Pygargues de Steller et de Pygargues à queue blanche à Hokkaido au Japon où ils récupèrent des poissons et des restes pendant l’hiver.
Le poisson représente la plus grande partie de leur régime, mais ces aigles ne dédaignent pas non plus les charognes, les oiseaux, les petits mammifères, les amphibiens, les reptiles et parfois quelques insectes, le tout en quantités variables et selon la saison et la distribution.
(Haliaeetus albicilla)
Ils localisent leur proie le plus souvent depuis un perchoir plutôt qu’en volant. Une fois que le poisson est localisé, l’aigle vole avec les pattes tendues vers l’avant et les serres prêtes à saisir la victime. Ensuite, il plonge sur le poisson quand il est tout près de la surface. Seuls les doigts et les pattes sont mouillés. Quand le poisson est capturé, l’oiseau s’envole avec sa proie dans les serres. Il l’emporte jusqu’à un endroit plus sec, sur la rive ou sur un autre perchoir, un tas de branche au-dessus de l’eau ou un arbre, afin de le consommer.
Les grands aigles sont capables de capturer des proies de grande taille, et avec le bec robuste, ils déchirent des morceaux sans peine.
Si la proie est trop grande, ils la tirent jusqu’à la rive.
Le Pygargue vocifère peut prendre des poissons de 200 grammes à un kg, mais aussi jusqu’à 4 kg. Il chasse surtout depuis un perchoir et tire le poisson vers la rive s’il est trop lourd. Il poursuit souvent d’autres oiseaux pêcheurs pour leur dérober leur nourriture.
Les aigles pêcheurs chassent aussi en pataugeant dans l’eau peu profonde où les poissons morts ou agonisants sont concentrés, ou bien ils restent debout dans l’eau ou sur les rives sableuses desquelles ils capturent leurs proies.
(Haliaeetus leucocephalus)
Ils peuvent planer au-dessus de l’eau en recherche de nourriture, et une fois la proie détectée, ils volent avec les pattes tendues vers l’avant et capturent le poisson avec les serres.
Le Pygargue de Steller peut aussi décrire des cercles à 6-7 mètres au-dessus de l’eau et fondre sur sa proie.
(Haliaeetus pelagicus)
Les aigles pêcheurs dérobent souvent de la nourriture aux autres rapaces tels que le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus) ou les cormorans. Ils prennent aussi des restes sur les bateaux de pêche et profitent des périodes de reproduction des poissons dans les étangs et les mares.
Ils chassent habituellement seuls, mais on peut aussi les voir en couples ou même en grands groupes selon la disponibilité des proies. Autour d’abondantes sources de nourriture, de grands rassemblements se produisent, où les rapaces pêchent près les uns des autres.
Les aigles pêcheurs du genre Haliaeetus vivent le long des fleuves, sur les rives des grands lacs, des marais ou des réservoirs, dans les zones humides avec de l’eau douce et les mares, les côtes maritimes, les estuaires et les iles rocheuses.
Les deux membres du genre Ichthyophaga préfèrent les bordures forestières des rivières rapides en montagne et fréquentent les bords des lacs boisés comme c’est le cas du Pygargue nain, alors que le Pygargue à tête grise (Ichthyophaga ichthyaetus) se trouve plutôt dans les forêts des basses terres associées à de l’eau douce, au bord des grands étangs, des fleuves, des marais et le long des côtes maritimes.
(Ichthyophaga ichthyaetus)
Mais nous ne pouvons pas parler d’aigles pêcheurs sans mentionner le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus), membre de la Famille des Pandionidés. Ce rapace diffère des aigles pêcheurs typiques par ses méthodes de pêche. Ceci est juste à titre de comparaison.
Le Balbuzard vole lentement au-dessus de l’eau et fait du vol stationnaire pour localiser sa proie. Il effectue ensuite des plongeons terribles depuis des hauteurs variant de 10 à 40 mètres, et peut pénétrer dans l’eau jusqu’à un mètre de profondeur. Le plongeon peut être spectaculaire avec les ailes fermées et collées le long du corps. L’oiseau tombe de manière abrupte en manœuvrant les ailes et la queue pour suivre sa trajectoire jusqu’au poisson. Il tend les pattes vers l’avant juste avant le choc.
Ensuite, il reste brièvement dans l’eau pour assurer sa prise et donne des coups d’ailes longs et rapides pour gagner de la hauteur. Puis quand il est en vol, il tient sa proie avec une patte derrière l’autre afin de porter le poisson la tête la première. Il l’emmène sur une branche et une fois que le poisson est mort, il commence à le dévorer en s’attaquant d’abord à la tête.
Si le Balbuzard pêcheur n’est pas menacé, quelques uns des aigles pêcheurs sont considérés comme étant vulnérables.
Cependant, le Pygargue blagre (Haliaeetus leucogaster), le Pygargue de Sanford, le Pygargue vocifère, le Pygargue à tête blanche, le Pygargue nain et le Pygargue à tête grise ne sont pas globalement menacés pour l’instant.
Le Pygargue de Madagascar (Haliaeetus vociferoides) est considéré comme étant en Danger d’extinction. Le déclin est probablement dû à la dégradation des étendues d’eau par la déforestation, et à la persécution des adultes et des nids.
Le Pygargue à queue blanche est considéré comme Vulnérable. Les principales causes du déclin sont la persécution directe avec des appâts empoisonnés et la perte de l’habitat. Quelques projets de réintroduction ont commencé avec succès mais les menaces continuent à des degrés variables.
(Haliaeetus albicilla)
Le Pygargue de Steller est rare. Les causes de sa rareté sont toujours la perte de l’habitat, la destruction des forêts et la chasse.
(Haliaeetus pelagicus)
Les aigles pêcheurs sont présents à travers le monde excepté en Amérique du Sud. La majorité d’entre eux sont des espèces asiatiques, sauf le Pygargue vocifère qui vit en Afrique, le Pygargue à tête blanche d’Amérique du Nord et le Pygargue à queue blanche d’Eurasie. Le Pygargue blagre est aussi présent en Australie.
D’autres oiseaux de proie sont des pêcheurs, mais leurs comportements sont différents. Le poisson est seulement une petite part de leur régime et ils le capturent souvent sur les rives ou dans l’eau peu profonde.
Les aigles pêcheurs sont réellement des mangeurs de poissons et cette nourriture représente une grande proportion de leur régime alimentaire. Certains d’entre eux se nourrissent exclusivement de poisson.
(Haliaeetus vocifer)
Nous espérons que ces magnifiques rapaces retrouveront des populations correctes un jour prochain grâce à la protection de leur habitat.
Pendant la saison de reproduction, les aigles pêcheurs effectuent des parades aériennes, et sont habituellement bruyants. Les deux partenaires volent ensemble, le mâle fait des offrandes de nourriture à la femelle et ils défendent le territoire et le site du nid contre les intrus.
Le Pygargue vocifère émet des cris sonores tandis qu’il est posé ou en vol au-dessus de son territoire.
Haliaeetus vocifer)
Le nid est souvent placé dans un grand arbre ou sur une falaise selon les espèces, et en général près de l’eau qui leur procure la nourriture, la mer, une rivière ou un fleuve. C’est une énorme construction faite de rameaux de bois et tapissée de feuilles, d’herbes et parfois d’algues.
La femelle dépose de un à quatre œufs, mais habituellement, un ou deux jeunes sont élevés. L’incubation dure de 30-35 jours à 42-45 selon les aigles. Les poussins sont nourris par les deux adultes et quittent le nid environ 70 à 90 jours après la naissance.