Pic-pic se garda bien de lui expliquer que cette position protégeait aussi son ventre, seul point sensible de son corps. Après tout, il ne le connaissait que depuis quelques minutes, et il avait appris à se méfier de tout et de tous !
Le soir commençait à tomber sur le jardin, et Théo pensa qu’il était plus prudent de rentrer pour ne pas attirer l’attention de Margot, sa petite maîtresse qui allait bientôt revenir de l’école. Il prit congé de son nouvel ami, et entreprit de remonter par le bougainvillée. Il peina un peu, mais il arriva enfin sur le rebord de la fenêtre. D’un bond, il sauta sur la moquette, et de là, directement sur le lit. Ouf ! Il était temps. La voilà qui montait déjà !
Théo avait repris sa position d’ourson bien sage sur les coussins en soie. Quelques brins de mousse restaient accrochés à ses poils, mais comme la chambre était plongée dans la pénombre, Margot ne vit rien. Elle posa ses affaires et redescendit pour dîner. Théo en profita pour se nettoyer, et il cacha les morceaux de mousse dans le pot d’une plante verte… Ni vu ni connu ! Il attendit sagement le retour de sa maîtresse, puis, lové délicatement dans ses petits bras, il dormit du sommeil du juste après une journée riche en évènements. Vivement demain !
CHAPITRE PREMIER
C’était un muret en pierres grises, où le lierre poussait à foison. Partout des tiges s’entrecroisaient, s’accrochant aux moindres aspérités, passant au travers, revenant, repartant de plus belle. Une véritable tapisserie verte et brillante, mais pleine de mystères…
A un moment, Théo toucha la végétation car pour lui, cette sensation appartenait encore à l’inconnu. Il voulait tout savoir, et il eût là sa première surprise. Un bruissement furtif le fit reculer vivement, mais il gardait les yeux rivés sur l’endroit d’où venait le bruit, comme hypnotisé. Deux petites perles noires et luisantes le fixaient intensément, apeurées. Puis, une tête fine et poilue s’aventura hors du feuillage, inspectant prudemment les alentours. Théo ne bougea pas, un peu angoissé tout de même, et attendit la suite.
Le minuscule animal sortit complètement et il reconnut une souris grise (il en avait déjà vu une dans la chambre rose, mais la pauvrette avait fini dans un piège et il en avait été bien triste). Tandis que là, prenant confiance, elle allait et venait dans l’herbe sans se soucier de lui. Il en fut presque vexé, et décida de se manifester quelque peu.
Il se leva doucement et dit :
Le dialogue s’établit tout naturellement, et Théo, assis dans l’herbe à côté de sa nouvelle amie, passa une matinée de rêve. Elle lui révéla son nom, Lalie, et raconta sa vie dans le muret. Elle habitait dans des galeries creusées au pied des pierres, et l’entrée se trouvait dans les feuilles, ce qui la rendait complètement invisible. Elle allait glaner des graines chez les oiseaux et partout dans le jardin, et semblait très satisfaite. Elle respirait la joie et la vitalité, et c’était un plaisir de bavarder avec elle.
Mais les heures passaient, et Théo voulait encore voir autre chose. Il avait tant à découvrir ! Lalie eut la bonne idée de lui indiquer le tas de bois, derrière le cabanon de jardin, lui laissant entrevoir des découvertes fabuleuses…
Intrigué, il la remercia et partit plus loin. Il vit un énorme tas très long où les bûches entassées sentaient bon la forêt. Il toucha le bois, toujours plus curieux et avança la patte entre deux morceaux, juste en bas, pour cueillir une pâquerette. Il hurla de douleur et retira sa patte très vite ! Qu’y avait-il donc là au fond ? Sans doute une branche de ronces toutes épines dehors ! Il s’agenouilla et regarda s’il apercevait quelque chose, et vit une boule un peu mouvante, au milieu du bois… Secouant sa patte endolorie, il appela :
Théo regarda s’avancer vers lui une boule piquante sur quatre pattes courtes, précédées d’un museau pointu surmonté de deux yeux de jais. Les épines couchées, signe qu’il n’était pas en position de défense, luisaient au soleil. C’était pour Théo un être étrange qu’il voulait mieux connaître…
A SUIVRE...
CHAPITRE PREMIER
Texte et illustrations
de
Nicole Bouglouan