Texte de Nicole Bouglouan
Photographes:
Audevard Aurélien
OUESSANT DIGISCOPING
Beamonte José Luís
Pájaros de España
Jean Michel Fenerole
Photos d’Oiseaux du monde
Garvie Steve
RAINBIRDER Photo galleries
Grey Tom
Tom Grey's Bird Pictures
Ken Havard
My Bird Gallery & Flickr gallery 1 & Flickr gallery 2
Ingremeau Patrick
TAMANDUA
Jean-Claude Jamoulle
A la rencontre des Oiseaux
Merigan Tom
Tom Merigan’s Photo Galleries
Moul Bob
Nature Photography
Niraj V. Mistry
Photo Galleries
Ingo Waschkies
My bird pictures on Pbase
Callie de Wet
GALLERY
Philippe et Aline Wolfer
GALERIE
Bouglouan Nicole
PHOTOGRAPHIC RAMBLE
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Volume 3 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN : 8487334202
L’ENCYCLOPEDIE MONDIALE DES OISEAUX - Dr Christopher M. Perrins - BORDAS - ISBN: 2040185607
BirdLife International (BirdLife International)
International Crane Foundation
Wikipedia, the free encyclopedia
CREAGUS@Monterey Bay (Don Roberson)
FAMILLE DES GRUIDES
Grues des genres :
Grus, Antigone, Leucogeranus et Balearica
Les grues sont des oiseaux terrestres adeptes des zones humides. Mais leurs grandes ailes leur permettent de voler aisément. La majorité d’entre elles migrent et parcourent de longues distances pour atteindre leurs aires de reproduction ou d’hivernage. Certaines sont capables de voler au-dessus des hautes montagnes de l’Himalaya alors que d’autres traversent des déserts étendus.
Plus de la moitié des espèces sont menacées, avec quelques autres classées comme étant en Danger Critique d’Extinction ou Vulnérables.
Ces grands oiseaux sont très sensibles aux dérangements humains et à la dégradation de leur habitat humide au profit de l’expansion des terres cultivées.
Les grues sont de grands oiseaux. Depuis la Grue demoiselle qui est la plus petite avec une taille de 90 centimètres, jusqu’à la Grue antigone, la plus grande de toutes avec 176 centimètres de hauteur, toutes les espèces ont un long cou et de longues pattes, un plumage plutôt gris ou blanchâtre, et des marques faciales évidentes.
Mais certaines d’entre elles, et particulièrement les oiseaux du genre qui faisaient auparavant partie du Anthropoides, n’ont pas ces critères faciaux.
La Grue demoiselle et la Grue de paradis ont la tête emplumée, mais si elles n’ont pas de taches de peau nue rouge vif, elles ont des plumes plus longues sur la région auriculaire qui leur donnent une apparence différente. Leur bec est plus court parce qu’elles se nourrissent dans des endroits plus secs où elles ne creusent pas dans le sol mais picorent plutôt à la surface. De plus, leurs doigts sont également courts, ce qui leur permet de courir facilement sur ces sols secs.
Les rémiges secondaires sont longues, et tombent presque jusqu’au sol, donnant à ces grues une allure très élégante.
Les grues du genre Balearica sont très différentes des autres espèces. La Grue royale et la Grue couronnée, si semblables, présentent une crête dorée remarquable formant une couronne au sommet de la tête. Les marques faciales varient avec plus ou moins de rouge sur les joues, des caroncules de tailles différentes, et le cou gris ou noir. Les deux espèces ont des becs relativement courts et creusent rarement le sol, préférant picorer à la surface. Cependant, elles ont le doigt postérieur plus long, ce qui leur permet d’agripper les branches et de se percher dans les arbres.
Une seule espèce appartenait au genre Bugeranus. La Grue caronculée est la seule à présenter des caroncules emplumées. Elle pourrait même être étroitement associée au genre Anthropoides par les longues rémiges secondaires. Mais cette grue est monotypique et reconnue suffisamment différente. Elle est la seule grue au cou entièrement blanc.
Enfin le genre Grus comprend les plus grandes grues. Elles ont toutes un long bec et de longs doigts qui leur permettent de se nourrir dans les zones humides et de creuser le sol pour y trouver des proies. Toutes ces espèces présentent des marques faciales rouges et nues sur la tête, aussi bien sur la calotte que sur la face ou le haut du cou.
Dans toutes les espèces, les deux sexes ont un plumage similaire mais le mâle est légèrement plus grand que la femelle. Les yeux varient du bleu clair dans le genre Balearica, au rouge, rouge-orangé ou jaune pâle chez les autres grues.
Les poussins sont couverts de duvet jaune pâle sur le dessus et blanc grisâtre en dessous.
Les juvéniles ont habituellement la tête et le cou brunâtres, et le plumage du corps varie du gris au gris-brunâtre. Les yeux sont souvent brun foncé et vont en éclaircissant au fur et à mesure de la croissance.
Les immatures ressemblent aux adultes mais n’ont ni les marques faciales ni les longues rectrices secondaires.
Ils sont matures sexuellement entre 2-3 et 5-6 ans selon la race, mais ces oiseaux peuvent vivre de longues années.
Excepté les grues du genre (anciennement) Anthropoides qui fréquentent des habitats plus secs, et les deux espèces du genre Balearica plus arboricoles, toutes les espèces préfèrent les zones humides variées, depuis les marais peu profonds et les prairies humides, jusqu’aux lisières des étangs et des lacs.
Elles glanent, dorment et nidifient dans ce type d’habitat. Le nid est posé sur le sol, au milieu des roseaux et de la végétation aquatique mais au-dessus du niveau de l’eau, et avec des eaux libres autour pour une meilleure vue. Pendant la saison sèche, elles fréquentent les hauts plateaux. Certaines d’entre elles peuvent être vues à haute altitude. La grue à cou noir est visible entre 2900 et 4900 mètres.
Pendant les migrations, elles font des haltes dans les cultures ou les champs en jachère, et dans les zones humides.
Sur les aires d’hivernage, elles peuvent fréquenter les régions côtières où elles trouvent des marais, des baies saumâtres, des rizières et des vasières dans les estuaires, mais elles vont aussi dans les pâturages et les champs cultivés.
Les grues se nourrissent d’une grande variété de matières végétales et animales. Sur les hauts plateaux, elles trouvent graines, feuilles, glands, baies, fruits et céréales. Mais elles capturent aussi des vers, des escargots, des sauterelles, des coléoptères et autres insectes. Elles peuvent également prendre des serpents et des lézards, des petits mammifères, surtout des rongeurs, et même des petits oiseaux.
Les oiseaux des zones humides se nourrissent de tubercules, racines, bulbes, rhizomes, tiges et graines des plantes aquatiques, et capturent aussi mollusques, crustacés, grenouilles, poissons et insectes aquatiques.
Les grues pourvues d’un long bec telles que la Grue cendrée, la Grue de Sibérie, la Grue caronculée, la Grue brolga et la Grue à cou blanc creusent et extraient des tubercules et des racines du sol boueux des zones humides.
La Grue blanche et la Grue du Japon sondent délicatement dans les endroits humides peu profonds pour capturer des poissons et des crustacés. Elles marchent lentement en sondant l’eau tout en cherchant des proies qu’elles capturent rapidement.
Les deux grues du genre Balearica et anciennement Anthropoides, ainsi que la Grue du Canada, la Grue moine et la Grue à cou noir qui ont un bec plus court « broutent » comme les oies. Elles marchent avec la tête baissée et picorent à la surface du sol où elles capturent des insectes et trouvent des graines.
Vers la fin de l’hivernage, les grues effectuent des parades à l’intérieur des groupes afin de sélectionner un ou une partenaire, ou pour renforcer les liens des couples existants. Des parades de menace sont observées pour établir ou renforcer une sorte de hiérarchie à l’intérieur du groupe.
Des parades semblables à celles utilisées en période nuptiale ont lieu sur les aires d’hivernage en tant que comportements grégaires entre eux ou entre les membres d’une même famille.
Les territoires sont établis très vite après l’arrivée sur les aires de reproduction. Les grues reviennent souvent aux mêmes sites année après année. La surface varie selon l’espèce et l’habitat. Le couple devient territorial et défend son espace avec des cris lancés à l’unisson, des postures de menace et des attaques envers les intrus ou les rivaux.
Les nouveaux couples se mettent à « danser » avant de s’accoupler. Ces parades sont souvent spectaculaires. Les grues relèvent leurs ailes déployées et se font des courbettes, sautent, courent et lancent des morceaux de végétation en l’air. Ces parades sont plus fréquentes chez les couples récents, mais elles peuvent quand même renforcer les liens des couples plus anciens.
Avant l’accouplement, l’un des membres du couple lève le bec vers le ciel et arque son corps vers l’avant tout en émettant un son semblable à un roucoulement. Si son ou sa partenaire prend la même pose, le mâle décrit des cercles autour de la femelle en faisant des pas démesurés. La femelle déploie alors ses ailes et le mâle s’approche.
L’accouplement a lieu et ensuite, le mâle saute par-dessus la tête de la femelle et effectue un semblant de parade de menace pendant quelques secondes. Ensuite, les deux partenaires se lissent mutuellement les plumes.
Les grues s’accouplent de façon répétées pendant plusieurs semaines avant la ponte.
Les grues utilisent différentes sortes de cris pour communiquer, depuis le contact doux jusqu’aux sons résonnants lancés à travers les vastes territoires.
Les grues Balearica émettent des sons doux alors que les (anciennement) Anthropoides ont des voix râpeuses et basses. Les membres du genre Grus lancent des cris haut-perchés et sonores. La Grue de Sibérie est la seule à lancer des notes claires et flûtées.
Les nouveau-nés émettent des roucoulements bas pour garder le contact avec leurs parents. La demande de nourriture se fait par le biais d’un pépiement doux. Ils apprennent le répertoire pendant la première année de leur vie.
Les duos spéciaux effectués par les couples sont des sons pénétrants. Nommés « cris à l’unisson », ils peuvent durer de quelques secondes à une minute, et sont souvent répétés pendant la journée. Chez les couples établis, ces duos sont bien coordonnés et hautement synchronisés. Ce cri est utilisé pour signaler qu’un territoire est occupé, et en guise de réponse à des menaces. Différentes postures sont adoptées par les grues pendant ces duos. Le bec peut être soit pointé vers le ciel ou tenu à l’horizontale, et les ailes sont relevées.
Les grues se reproduisent en général dans les zones humides à végétation dense, au-dessus du niveau des eaux environnantes. Mais des espèces comme la Grue demoiselle et la Grue de paradis nidifient dans des endroits plus secs, la dernière à proximité de l’eau. Les deux sexes participent à la construction du nid.
Celui-ci se trouve sur le sol, une structure très simple faite de roseaux et de laîches. Dans les habitats plus secs, des cailloux, graviers et petites pierres sont ajoutés à un peu de végétation.
Deux œufs sont déposés directement sur le sol. Les deux adultes partagent l’incubation pendant environ un mois, entre 28 et 36 jours selon l’espèce.
A la naissance, les poussins sont couverts de duvet jaune pâle à brunâtre sur le dessus et gris clair en dessous. Ils sont élevés par les deux parents et grandissent très vite. Les adultes les nourrissent immédiatement au nid en apportant de la nourriture qu’ils leur présentent du bout du bec ou en la mettant devant eux. Les jeunes suivent les adultes jusqu’aux aires de nourrissage proches très vite après la naissance.
Les parents s’occupent des juvéniles pendant toute la période qui précède leur premier envol. Cette période varie selon les espèces, mais celles qui nidifient sur les hauts plateaux ont une période plus courte, environ 50-90 jours, alors que ceux qui se reproduisent dans les zones humides ont besoin de 85-100 jours. La Grue caronculée détient le record de la plus longue période avec 90-130 jours avant l’envol.
Les grues juvéniles restent dans le groupe familial jusqu’à la saison de reproduction suivante. Elles sont matures sexuellement entre 2 et 6 ans.
Beaucoup de grues migrent. Ces grands oiseaux volent aisément grâce à leurs ailes puissantes. Cependant, elles doivent courir sur le sol face au vent pour gagner de la vitesse avant de s’élever. Une fois en l’air, elles volent avec des battements profonds et vigoureux, et elles savent utiliser les courants thermiques pour planer. Elles se posent avec les pattes pendantes et atterrissent en position debout sur le sol ou dans l’eau peu profonde.
Quelques espèces migrent à de grandes hauteurs, en volant entre les hauts pics de l’Himalaya entre 5000 et 8000 mètres d’altitude. D’autres traversent des vastes déserts du Moyen Orient et d’Afrique du Nord.
Elles volent habituellement en grands groupes et adoptent une formation en V. Elles prennent des tours pour mener le groupe. De temps en temps, l’oiseau de tête cède sa place à un autre et prend une place moindre dans un rang inférieur.
Une fois arrivées sur les aires d’hivernage, les grues forment d’énormes rassemblements, mais les groupes familiaux restent ensemble au sein des immenses troupeaux. Les jeunes oiseaux glanent près de leurs parents et marchent lentement en picorant le sol. Ils volent, se nourrissent et dorment ensemble. En dehors de la période de reproduction, les grues sont des oiseaux grégaires.
Quelques espèces comme les Grues royale, couronnée, de paradis, caronculée, antigone et brolga effectuent des déplacements locaux et saisonniers. Ceci est typique des espèces des latitudes les plus basses.
D’autres grues comme la Grue demoiselle en Afrique du Nord et la Grue du Canada à Cuba, en Floride et dans le Mississippi font aussi des déplacements courts.
Les populations du nord sont migratrices. Leurs routes s’étirent sur des milliers de kilomètres, traversant des déserts, des hautes montagnes et divers autres obstacles.
Elles passent plusieurs jours, même des semaines, à faire des réserves de graisse et réapprennent à vivre au sein du groupe après la période de nidification.
Elles pratiquent le vol battu en décrivant de grands cercles et montent avec l’aide des courants thermiques. A environ 2000 mètres de hauteur, elles étendent leurs ailes et planent en adoptant une formation en V, filant vers le sud poussées par les vents. Elles répètent ce cycle dès qu’elles perdent de la hauteur afin de gagner à nouveau 2000 mètres pour pouvoir planer à nouveau. Si elles doivent traverser des étendues d’eau, elles pratiquent le vol battu mais gardent la formation en V. Les jeunes de l’année restent près de leurs parents et mémorisent la route de leurs futures migrations.
Elles émettent constamment des cris de contact entre eux, et ces sons peuvent être entendus depuis le sol, signalant ainsi leur passage.
La Grue cendrée effectue une migration impressionnante depuis le centre de l’Eurasie en passant au-dessus de l’Himalaya à environ 10 000 mètres d’altitude. La Grue du Canada qui vient de l’est de la Sibérie a la migration la plus longue, volant vers l’est en traversant la Mer de Béring pour gagner l’Amérique du Nord, et volant ensuite vers le sud pour atteindre le nord du Mexique.
Les grues sont présentes sur tous les continents excepté l’Antarctique et l’Amérique du Sud.
Les grues sont menacées par la perte de leur habitat, et surtout par le drainage des zones humides au profit de l’agriculture. L’augmentation du bétail détruit les nids et les œufs sur le sol.
Les collisions avec les lignes électriques, la chasse, l’usage des pesticides, les empoisonnements, les dérangements humains, la prédation des œufs et des poussins, les inondations dues à la construction de barrages, les feux de brousse, le commerce illégal qui concerne quelques espèces, toutes ces menaces ont entrainé de sérieux déclins pour la plupart d’entre elles.
Quatre espèces sont considérées comme non menacées : Grue brolga, Grue cendrée, Grue demoiselle et Grue du Canada.
Huit espèces sont Vulnérables : Grue couronnée, Grue à cou noir, Grue de paradis, Grue royale, Grue moine, Grue antigone, Grue caronculée et Grue à cou blanc.
Deux espèces sont en Danger d’extinction : Grue du Japon et Grue blanche.
Une espèce est en Danger critique d’extinction : Grue de Sibérie.
Des programmes de conservation et de protection sont en cours ou déjà actifs afin de protéger l’habitat et les oiseaux. Des programmes de reproduction en captivité sont actifs, visant à réintroduire des grues dans leur habitat. C’est le cas de la Grue blanche en Amérique du Nord. Cette espèce a une petite population et une distribution restreinte.
Plusieurs stations de nourrissage sont actives, et plus spécialement au Japon. Les grues sont nourries avec du poisson et des graines. Mais les grandes concentrations d’oiseaux entrainent le risque de la propagation des maladies.
Les grues sont protégées par les lois dans la majorité des pays où elles vivent, mais quelques populations ont subi de sérieux déclins et n’ont pas encore récupéré des nombres satisfaisants.
Des efforts considérables doivent encore être faits afin de protéger plus efficacement ces beaux oiseaux.
Les grues sont souvent mentionnées dans la mythologie, les légendes, la poésie, la littérature et les traditions religieuses. En Chine, elles symbolisent la longévité. La Grue du Japon symbolise le bonheur, la chance et la longévité en Chine, en Corée et au Japon. Plusieurs grues sont les oiseaux nationaux des pays principaux où elles séjournent, et figurent sur leurs blasons.
Leur beauté, leurs danses, leurs comportements grégaires, leur voix, leur vol et les migrations font que ces oiseaux revêtent une grande importance pour l’être humain et sont souvent mentionnés dans la symbolique de plusieurs régions et pays.