LES MUSCICAPIDES
Agrobates, Cossyphes, Enicures, Gobemouches, Gorgebleues, Monticoles, Rossignols, Rougegorges, Rougequeues, Shamas, Tariers et Traquets
Certaines espèces qui faisaient auparavant partie de la famille des Turdidés (merles et grives), sont aujourd’hui incluses dans la famille des Muscicapidés. Les études génétiques et l’observation de leurs comportements sont à l’origine de cette nouvelle taxonomie.
Tous ces oiseaux appartiennent aux espèces de l’Ancien Monde, et se trouvent en Europe, Afrique et Asie.
Les oiseaux de cette famille sont plutôt petits avec des tailles de 10 à 22 cm de long, et des poids allant de 4/8 gr à 25/42 grammes. Le bec court à base large et à l’extrémité légèrement crochue est bien adapté à la capture d’insectes de tous gabarits en vol.
Les ailes sont plus ou moins longues et pointues en fonction des comportements migratoires et alimentaires.
Le plumage varie largement à l’intérieur de la famille, allant des bruns et gris ternes en passant par le noir et blanc, aux espèces vivement colorées surtout présentes en Asie.
Gobemouche bleu - Cyanoptila cyanomelana
La femelle au plumage souvent brun et blanc est habituellement plus terne que le mâle et l’immature lui ressemble, alors que le juvénile présente un aspect tacheté, critère que les Muscicapidés partagent avec les Turdidés.
Les membres de cette famille sont principalement arboricoles et fréquentent donc les zones boisées et buissonneuses, les endroits ouverts et arides avec quelques arbres, les étendues sèches peuplées d’arbustes épineux, les forêts de toutes sortes, les forêts primaires toujours vertes et les mangroves, mais aussi les plantations, les parcs et les jardins, ainsi que les cultures.
Ce type d’habitat leur procure des perchoirs pour chasser. Les Muscicapidés effectuent des sorties rapides depuis un perchoir pour capturer des insectes volants, et se nourrissent sur les branches et dans la végétation et le feuillage.
Ils construisent souvent leur nid dans les arbres ou parmi les branches des buissons, ou dans des cavités dans les troncs.
Gobemouche de Tickell
Cyornis tickelliae
Les espèces Africaines fréquentent des habitats plus secs, les savanes broussailleuses, les landes buissonneuses et les plaines herbeuses avec quelques arbres clairsemés. Le grand Gobemouche du Marico vit dans les savanes plantées d’acacias.
Gobemouche du Marico
Bradornis mariquensis
Les oiseaux du genre Ficedula ont une distribution très vaste, depuis l’Europe jusqu’en Afrique et en Asie. Cette espèce se reproduit dans les habitats forestiers bien boisés.
Ficedula hypoleuca
Pendant les migrations et après la reproduction, de nombreuses espèces s’installent dans une plus grande variété d’habitats. Le Gobemouche à croupion jaune (Ficedula zanthopygia) fréquente les mangroves, alors que le Gobemouche narcisse (Ficedula narcissina) se reproduit dans les sous-bois et s’installe jusqu’à la limite des arbres en Russie, et dans les zones subalpines toujours vertes au Japon.
Les Muscicapidés sont insectivores, et restent pendant de longues périodes immobiles à attendre le passage d’une proie. Ils effectuent alors une sortie rapide pour la capturer. Souvent seuls ou en couple, éventuellement en petits groupes familiaux, il leur arrive de se joindre à des bandes d’espèces mélangées pour se nourrir.
Les oiseaux qui glanent dans la végétation sont plus calmes et discrets. Mais quelques espèces peuvent être remarquables par leurs comportements très actifs, toujours en mouvement, et par leurs cris.
Les espèces des régions Afrotropicales Melaenormis et Bradornis, se nourrissent plutôt sur le sol, et chassent fréquemment depuis un perchoir.
Gobemouche du Marico - Bradornis mariquensis
La majorité des Muscicapidés se nourrit pendant le jour, mais beaucoup de gobemouches en Europe et en Asie sont aussi actifs et happent encore des insectes tard dans le crépuscule. Le Gobemouche gris (Muscicapa striata) se nourrit après la tombée de la nuit des proies attirées par les lumières des réverbères.
Les gobemouches adultes et nouveau-nés régurgitent régulièrement des pelotes contenant les parties indigestes des insectes. Le Gobemouche gris peut produire une à six pelotes par jour.
Gobemouche gris - Muscicapa striata
Beaucoup de gobemouches ont les ailes et la queue agitées de petites secousses rapides en différentes situations. Ces mouvements sont utilisés en guise de contact entre les partenaires, mais aussi au cours de parades agressives ou quand l’oiseau se nourrit afin de faire sortir les insectes pour les capturer facilement.
De tels mouvements peuvent aussi servir de signaux pour se localiser et maintenir une certaine distance entre eux.
L’anxiété envers les intrus se traduit par les mêmes comportements, et des claquements de bec peuvent s’ajouter à des parades de territorialité et d’agressivité.
Le Gobemouche de Cassin (Muscicapa cassini) adopte d’abord une attitude dressée avant de se mettre presque à l’horizontale comme s’il allait s’envoler. S’il se sent menacé, il agite sa queue et ses ailes fermées de mouvements rapides et saccadés. Ensuite, il abaisse les extrémités de ses ailes et lance des cris d’alarme.
Gobemouche de Cassin
Muscicapa cassini
Ces oiseaux ne sont pas agressifs en principe, mais plusieurs espèces chassent les prédateurs du site du nid et harcèlent les intrus, même les rapaces. Le Gobemouche drongo (Melaenornis edolioides) harcèle les cobras en utilisant un vol stationnaire agressif, en criant et en claquant du bec.
Gobemouche drongo
Melaenornis edolioides
Les comportements nuptiaux des Muscicapidés sont en général des systèmes monogames, cependant, quelques espèces sont polygames et d’autres probablement nicheurs communautaires.
Le Gobemouche enfumé (Muscicapa infuscate) a été observé en trios d’adultes stables comprenant un couple et un adulte (nicheur, non-nicheur ou jeune d’au moins deux ans). Dans ce cas, le nid est construit par la ou les femelles, mais tous les adultes nourrissent les jeunes.
Gobemouche enfumé
Muscicapa infuscate
La période de reproduction est associée à la disponibilité de nourriture, et surtout d’invertébrés, et aussi à la saison des pluies dans les régions équatoriales où les espèces se reproduisent deux fois par an pendant les pluies, ou au contraire pendant la courte période sèche entre deux autres humides.
Les comportements nuptiaux comprenant la formation du couple, les parades et les accouplements sont bien connues pour les espèces Africaines et Européennes.
Le Gobemouche gris chante intensément et parade à un site adapté pour nidifier afin d’y attirer une femelle. Le mâle s’accroupit avec les plumes de la calotte et de la gorge gonflées et ensuite, il baisse la tête et la bouge dans tous les sens, agite sa queue et change de position.
Les parades voient aussi le mâle nourrir la femelle, et ce comportement continue pendant l’incubation.
Le Gobemouche à demi-collier (Ficedula semitorquata) nourrit la femelle uniquement au nid. Elle adopte une posture accroupie et le mâle monte et s’accouple sans aucun préliminaire. Ensuite, le mâle se pose près d’elle et remue la tête d’un côté à l’autre.
Gobemouche à demi-collier
Ficedula semitorquata
Le nid est en général une coupe ouverte, ou coiffée d’un dôme chez quelques espèces. Il est souvent placé dans les arbres, un trou dans un tronc ou une grosse branche. Les Gobemouches gris, noir et à collier préfèrent ce type de nids.
La coupe est au sommet d’une souche ou dans une fourche, mais habituellement au milieu du feuillage.
Le La coupe est au sommet d’une souche ou dans une fourche, mais habituellement au milieu du feuillage.
Le Gobemouche narcisse place son nid derrière l’écorce ou sur une pile de branches coupées. place son nid derrière l’écorce ou sur une pile de branches coupées.
Gobemouche narcisse - Ficedula narcissina (femelle à gauche et mâle à droite)
D’autres espèces nidifient dans la végétation épaisse, sur un tas de brindilles mortes, dans les plantes grimpantes attachées à une souche ou un rocher, dans les crevasses ou sur les corniches rocheuses des falaises, dans des murs ou à l’abri des éboulis sur le sol, et parfois sous l’avancée de la rive d’un cours d’eau. La hauteur est très variable, depuis le niveau du sol jusqu’à 2, 6, 15 et 22 mètres de hauteur.
Les nids sont typiquement construits par les femelles et faits de brindilles, petites branches, mousse, feuilles mortes, fibres végétales, radicelles, herbes, aiguilles de pins et lichen, et de matériaux plus fins pour l’intérieur comme des plumes ou du duvet végétal chez le Gobemouche de Cassin.
Gobemouche de Cassin
Muscicapa cassini
La taille de la couvée est en général de 2-3 œufs pour les espèces tropicales et subtropicales, et jusqu’à 7 ou 10 œufs dans les régions tempérées. Les deux sexes semblent partager l’incubation, excepté pour les races Ficedula et Muscicapa où la femelle couve seule pendant 11/15 à 17/18 jours selon les cas. La plus longue période est observée chez les Gobemouches gris et noir, ainsi que quelques autres.
Les poussins sont nidicoles et nourris par les deux parents. La période au nid est habituellement égale à l’incubation.
Muscicapa striata
La défense du nid est bien développée. Le Gobemouche noir attaque les prédateurs en fondant sur eux et en criant. Les intrus plus grands sont chassés loin du nid.
Ficedula hypoleuca
Les Muscicapidés n’ont pas des voix très développées, mais si plusieurs espèces sont plutôt silencieuses en dehors de la période de reproduction, les espèces territoriales résidentes chantent toute l’année. Les sons généralement faibles sont un mélange de trilles, cliquetis et couinements, et de notes bourdonnantes, de gazouillis et de pépiements.
Cependant, quelques espèces comme le Gobemouche nain (Ficedula parva) émettent un chant complexe plus riche et plus mélodieux avec des notes sonores et musicales et des sons argentins. Fait de plusieurs phrases, il est souvent modulé par des variations individuelles.
Ficedula parva
Ces oiseaux sont principalement insectivores, et les gobemouches qui se reproduisent dans les régions tempérées sont largement migrateurs, alors que ceux des zones tropicales ont tendance à être sédentaires.
Les gobemouches du paléarctique sont des migrateurs longue distance et hivernent dans les zones tropicales. Beaucoup d’espèces africaines sont résidentes et ne se déplacent que localement. Les oiseaux du continent asiatique qui se reproduisent dans l’Himalaya gagnent des altitudes plus basses en hiver.
Le nomadisme et les dispersions saisonnières sont constatés en fonction de la distribution géographique.
Enfin, il est nécessaire de parler des espèces anciennement placées chez les Turdidés et à présent incluses dans les Muscicapidés.
La sous-famille des « saxicolinés » présente de nombreuses adaptations morphologiques comprenant les postures dressées, quelques formes à queue courte ou longue, et des becs à base large avec beaucoup de plumes sétiformes utilisées au cours de la chasse aérienne.
D’autres ont un bec étroit et peu de plumes sétiformes, une morphologie adaptée pour se nourrir en picorant sur le sol.
Excepté les espèces aux couleurs vives qui présentent des taches vives sur la poitrine ou les parties inférieures, ou des oppositions de noir et de blanc pour plusieurs autres, le plumage est souvent de couleur douce et subtile, idéal pour vivre dans les sous-bois.
D’autres espèces comme les traquets sont des oiseaux terrestres, et beaucoup d’entre eux vivent dans des zones découvertes, rocheuses et arides et ne fréquentent pratiquement pas les endroits boisés.
Quelques oiseaux comme le Rossignol à gorge rubis (Luscinia pectoralis), effectuent des parades au cours desquelles ils dressent, agitent et déploie leur queue afin d’exposer les couleurs vives des rectrices, et tendent le cou pour montrer la tache vive de la gorge.
Rossignol à gorge rubis
Luscinia pectoralis
Les Tariers pâtres (Saxicola rubicola) agitent leurs ailes dès qu’ils se posent en guise d’avertissement, exposant ainsi les couvertures alaires d’un blanc pur.
Les postures agressives mettent en valeur les parties du corps les plus colorées. Le Rougegorge familier adopte une attitude droite afin d’exposer la tache rouge de la poitrine face aux intrus, aux rivaux ou aux femelles.
Au contraire, le mâle Pseudotraquet Indien (Saxicoloides fulicatus) met en valeur les riches couleurs châtain-fauve des couvertures sous-caudales en dressant la queue jusqu’à ce qu’elle touche sa nuque, tout en lançant un chant aigu.
Leur façon de se nourrir est presque semblable, mais la différence vient du fait que ces oiseaux chassent aussi au sol en sautillant, en courant ou en marchant. Ils effectuent moins de sorties aériennes et de poursuites en vol que les gobemouches, mais sont capables de le faire si l’occasion se présente.
Oenanthe oenanthe
Les comportements pendant la reproduction ne sont pas si différents, et selon les espèces, ils nidifient dans les arbres, les corniches rocheuses, les trous dans les troncs, sur le sol sous des racines ou entre les rochers. Les poussins sont nidicoles et nourris par les deux parents qui défendent le nid et élèvent leur progéniture ensemble.
Le Monticole bleu (Monticola solitarius) nidifie sur les corniches rocheuses des falaises, et le Rougequeue noir aime les cavités dans les vieux monuments et les murs.
Comme chez les Muscicapidés, quelques espèces migrent et d’autres se dispersent ou changent d’altitude, ou bougent en fonction de la saison.
La principale différence est le chant. Ces oiseaux émettent des chants clairs et mélodieux pendant la saison de reproduction, ainsi qu’à l’aube et au crépuscule. Le plus beau chant est celui du Rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos). Quand le mâle arrive sur les aires de reproduction au printemps, il chante la nuit, et surtout en milieu de nuit. Son chant est puissant, riche et varié, souvent mentionné comme étant le plus beau chant émis par un oiseau.
Luscinia megarhynchos
Comme de nombreuses espèces d’oiseaux, les Muscicapidés sont menacés par la perte de leur habitat due à la fragmentation, la déforestation, l’éclaircissage des forêts et les développements humains.
Cependant, beaucoup d’espèces réussissent à s’adapter et à exploiter des habitats modifiés, et même à coloniser des habitats artificiels tels que les plantations, les parcs et les jardins ou les champs cultivés.
Texte de Nicole Bouglouan
Photographes:
Aurélien Audevard
OUESSANT DIGISCOPING
José Luís Beamonte
Pájaros de España
Didier Buysse
Vision d’Oiseaux
Nicole Bouglouan
PHOTOGRAPHIC RAMBLE
Steve Garvie
RAINBIRDER Photo galleries
Paul Guillet
Photos d’Oiseaux
Niraj V. Mistry
Photo Galleries
Jean Marc Rabby
Des Ailes et des Plumes
Callie de Wet
GALLERY
Sources:
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 10 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-David Christie - Lynx Edicions - ISBN: 8487334725
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 11 by Josep del Hoyo, Andrew Elliott and David Christie - Lynx Edicions - ISBN: 849655306X
THE HANDBOOK OF BIRD IDENTIFICATION FOR EUROPE AND THE WESTERN PALEARCTIC by Mark Beaman, Steve Madge - C.Helm - ISBN: 0713639601
L’ENCYCLOPEDIE MONDIALE DES OISEAUX - Dr Christopher M. Perrins - BORDAS - ISBN: 2040185607
Ficedula hypoleuca