LES OTIDIDES
Outardes
Cette famille de l’Ancien Monde appartient à l’ordre des Otidiformes et comprend des oiseaux principalement terrestres, souvent vus marchant lentement ou même restant immobiles au milieu de la végétation des plaines et des steppes. Mais même s’ils ne volent pas très souvent, quand ils sont obligés de s’envoler, ils peuvent maintenir un vol puissant.
Les outardes sont des oiseaux très grands, bien que certaines espèces soient plus petites.
Bien connus pour leurs parades nuptiales élaborées où le mâle peut radicalement changer d’apparence, sauter, trépigner et effectuer des bonds dans les airs, ces oiseaux se surpassent pour attirer l’attention des femelles.
Texte de Nicole Bouglouan
Photographes :
José Luís Beamonte
Pájaros de España
Didier Buysse
Vision d’Oiseaux
Jean Michel Fenerole
Photos d’Oiseaux
Steve Garvie
RAINBIRDER Photo galleries
Ken Havard
His Bird Pictures on IBC et Flickr gallery
Patrick Ingremeau
TAMANDUA
Tom Merigan
Tom Merigan’s Photo Galleries
Niraj V. Mistry
Photo Galleries
Callie de Wet
GALLERY
Nicole Bouglouan
PHOTOGRAPHIC RAMBLE
Sources :
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Volume 3 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN : 8487334202
THE HANDBOOK OF BIRD IDENTIFICATION FOR EUROPE AND THE WESTERN PALEARCTIC by Mark Beaman, Steve Madge - C.Helm - ISBN: 0713639601
L’ENCYCLOPEDIE MONDIALE DES OISEAUX - Dr Christopher M. Perrins - BORDAS - ISBN: 2040185607
BIRDS OF THE GAMBIA AND SENEGAL by Clive Barlow and Tim Wacher – Helm Field guides – ISBN: 0713675497
ENCYCLOPEDIE DES OISEAUX DE FRANCE ET D’EUROPE – de Peter Hayman et Rob Hume - Flammarion – ISBN : 2082009920
Les outardes ont le corps à la fois corpulent et effilé selon la posture adoptée, porté par des pattes longues et robustes. On note l’absence du doigt postérieur utilisé par les autres espèces pour agripper un perchoir. Les outardes n’utilisent jamais d’arbres et passent toute leur vie sur le sol excepté quand elles volent !
Dans les genres Otis et Ardeotis, les mâles sont grands et lourds, mesurant environ un mètre de hauteur, assorti d’un poids pouvant osciller entre 10 et 24 kilos, avec une moyenne de 15 à 18 kilos. L’Outarde barbue (Otis tarda) peut atteindre jusqu’à 18 et même 24 kilos, et prétendre à égalité avec le Cygne tuberculé (Cygnus olor) au titre de l’oiseau le plus lourd du monde capable de voler. Toutes les femelles sont beaucoup plus petites et moins lourdes que les mâles.
Les plus petites espèces sont l’Outarde passarage (Sypheoitides indica), l’Outarde de Savile (Lophotis savilei) et l’Outarde canepetière (Tetrax tetrax). Cette dernière a le cou et les pattes plus courts, ce qui la rend très difficile à trouver quand elle reste immobile dans les hautes herbes et les fleurs.
Otis tarda
Habituellement, les outardes ont un plumage cryptique, souvent de couleur sable, fauve ou chamois sur les ailes, la queue et le manteau, avec de nombreuses ondulations et flèches sépia ou noires. Pendant le vol, les ailes révèlent de larges zones blanches aussi bien dessus que dessous.
Les parties inférieures peuvent être d’un blanc pur chez les espèces des campagnes ouvertes. En revanche, les outardes vivant dans la haute végétation présentent souvent du noir sur le cou et l’abdomen, contrastant avec le reste du corps.
Tetrax tetrax
Ardeotis kori
Outarde à ventre noir
Lissotis melanogaster
De nombreuses espèces ont le cou grisâtre ou gris bleuâtre avec l’arrière et les côtés de la poitrine plutôt de couleur fauve. La tête présente souvent du blanc et du noir, mais la plupart des outardes portent des dessins personnalisés sur la calotte, avec une crête légère plus ou moins développée.
Outarde du Sénégal
Eupodotis senegamensis
Les pattes et les doigts sont jaune terne, le bec est de couleur corne et les yeux varient du brun foncé ou brun au jaune.
Quelques espèces comme les membres du genre Ardeotis peuvent avoir les parties nues de couleur plus vive.
On peut observer un dimorphisme sexuel plus ou moins prononcé. Habituellement, les femelles ont un plumage cryptique bien utile lorsqu’elles couvent au sol. Les poussins sont similaires et restent bien camouflés dans les herbes.
En revanche, les mâles développent certains traits particuliers au moment de la reproduction, tels que des plumes pectorales qui présentent de longs filaments, bien évidentes chez l’Outarde houbara (Chlamydotis undulata), les moustaches grisâtres broussailleuses de l’Outarde barbue mâle, ou les gracieuses plumes en forme de spatule qui poussent sur les joues de l’Outarde passarage. D’autres espèces ont des atours moins remarquables, visibles uniquement au moment des parades.
Les outardes ne chantent pas, mais elles émettent quelques notes en guise de contact, surtout entre la femelle et ses poussins, et quelques avertissements résonnants, des grognements et des sons rauques.
Habituellement, les plus grandes outardes sont essentiellement silencieuses exception faite des jeunes Outardes barbues mâles qui peuvent parfois émettre un son nasillard quand elles se déplacent au milieu d’un groupe.
Otis tarda
Tous les mâles du genre Ardeotis émettent un son guttural qui porte loin pendant les parades, depuis un rugissement chez l’Outarde d’Australie (Ardeotis australis), ou un son profond et résonnant chez l’Outarde à tête noire (Ardeotis nigriceps), des séries de tambourinages chez l’Outarde kori (Ardeotis kori) et une double note fluide chez l’Outarde arabe (Ardeotis arabs).
Les autres espèces émettent aussi des cris pendant les parades, mais souvent difficiles à entendre parce que trop éloignés, ou portés par le vent à l’opposé, mais ces grands oiseaux sont en général plutôt silencieux.
Les cris sont rares dans cette famille, mais l’Outarde du Bengale (Houbaropsis bengalensis) émet un « chik » répété au cours des parades de menace. Ce cri est également utilisé plus rapidement au cours des vols nuptiaux, mais dans ce cas, les battements d’ailes sont plus audibles que le cri lui-même.
L’Outarde passarage utilise aussi les battements d’ailes au cours de ses superbes sauts. On peut entendre une sorte de « coassement de grenouille » au point maximum de la figure.
Les sons les mieux connus sont ceux émis par l’Outarde canepetière, un son sifflant produit par les ailes pendant le vol quand le mâle effectue des battements rapides et peu profonds. Il émet aussi un bref reniflement « prrret » que l’on peut également entendre de façon répétitive pendant la saison de reproduction.
Tetrax tetrax
Les outardes africaines sont les plus bruyantes de cette famille. Elles émettent des cris et des chants, plutôt semblables à des bruits qu’à de véritables notes.
Les trois espèces du genre Lophotis sont les seules outardes capables de produire des sifflements clairs. L’Outarde houpette (Lophotis ruficrista) lance une série accélérée de clicks, ensuite des notes très sonores « kyip », et à la fin, une longue série de pépiements « ki-kiwii ki-kiwii ki-kiwii ».
Les espèces à ventre blanc, et particulièrement l’Outarde du Sénégal (Eupodotis senegalensis), lance des croassements « kak-warat » sonores et portant loin.
D’autres Eupodotis comme les Outardes de Vigors et de Rüppel font des duos conduits par le mâle. Ces sons peuvent être entendus de fort loin.
Les outardes fréquentent surtout les plaines tropicales herbeuses, en général en dessous de 2000 mètres d’altitude dans des régions saisonnièrement sèches. D’autres types d’habitats ont été colonisés, c’est le cas des zones proches des déserts et les steppes salées, mais aussi les terres broussailleuses et les campagnes épineuses.
Les genres Ardeotis, Eupodotis, Houbaropsis, Neotis, Otis, Sypheotides et Tetrax se trouvent exclusivement dans les paysages découverts à végétation basse permettant une bonne surveillance des alentours. Elles vivent dans ces habitats où elles se nourrissent, dorment, paradent et se reproduisent. Ces vastes horizons servent de stratégie anti-prédateur parce que ces oiseaux sont vulnérables lorsqu’ils nidifient au sol.
Outarde arabe - Ardeotis arabs
Les autres genres comme Afrotis, Lissotis et Lophotis préfèrent en général les habitats buissonneux comme les zones légèrement boisées, les campagnes épineuses, les broussailles et les herbes hautes dans les savanes et sur les bords des étendues d’eau. Ces outardes sont plus petites que les précédentes et peuvent s’envoler rapidement si elles sont attaquées.
Outarde à miroir blanc
Afrotis afraoides
Outarde de Hartlaub - Lissotis hartlaubii
Les sites de nidification se trouvent souvent dans les mêmes zones, mais ils sont davantage cachés dans la végétation. L’Outarde barbue nidifie dans les champs de céréales, l'Outarde du Bengale dans les prairies où l’herbe est épaisse et haute, et l’Outarde kori dans les bosquets semi-ouverts.
De nombreuses espèces d’outardes acceptent les terres agricoles si la culture et les récoltes sont traditionnelles. Les Outardes barbue et canepetière vivent sur des terres travaillées par la main de l’homme.
En Afrique du Sud, les outardes de Denham, de Ludwig, et plombée vivent dans les zones cultivées presque toute l’année.
Ardeotis kori
Les outardes sont omnivores et opportunistes, sachant tirer avantage de n’importe quelle source de nourriture, animale ou végétale. Le bec court, droit et robuste est un excellent outil adapté à plusieurs façons de se nourrir.
Cependant, les outardes sont principalement insectivores et les matières végétales ne représentent qu’un supplément. Elles prennent des jeunes pousses, des fleurs et des feuilles fraiches dans les steppes d’Europe. Elles extraient des racines et des bulbes du sol, et consomment saisonnièrement des fruits et des baies.
Outarde kori - Ardeotis kori
En Afrique, l’Outarde arabe se nourrit de gomme arabique, sans doute pour l’eau qu’elle contient et pour sa valeur nutritionnelle. Cette espèce capture aussi des sauterelles et des locustes. L’Outarde à miroir blanc (Afrotis afraoides) et d’autres espèces sont connues pour leur rôle significatif dans la réduction des parasites de l’agriculture comme les termites.
Il leur arrive de prendre quelques charognes sur le bord de la route, mais les scarabées et les sauterelles sont leurs principales proies. On peut cependant ajouter criquets, termites, chenilles, mantes et fourmis, ainsi que des araignées, des scorpions, des centipèdes et des escargots.
Occasionnellement, quelques vertébrés comme des petits serpents et des lézards, des œufs et des nouveau-nés d’espèces qui nidifient au sol peuvent aussi faire l’affaire. L’Outarde barbue capture assez fréquemment des petits mammifères, et quelques autres prennent aussi des amphibiens.
Pour se nourrir, l’outarde marche lentement avec le bec pointé vers le sol en cherchant des proies. Ensuite, elle donne des coups de bec bref à l’animal ou dans la plante. Les plus grands insectes comme les sauterelles sont rapidement travaillés avec le bec avant d’être avalés.
Il lui arrive parfois de courir et de poursuivre une proie mobile, ou même de sauter pour capturer un insecte ou pour atteindre des baies sur un buisson.
Ces oiseaux sont bien adaptés aux environnements secs et arides, et si l’eau manque, les matières végétales leur donnent l’humidité nécessaire.
Les plus grandes espèces sont assez grégaires. L’Outarde barbue est souvent vue en petits groupes plus ou moins lâches, parfois plus importants. Ces oiseaux sont souvent associés au bétail, et profitent des insectes soulevés par les mammifères herbivores.
Otis tarda
Les espèces du désert comme l’Outarde houbara et l’Outarde nubienne sont moins sociables. Les autres espèces peuvent migrer et se nourrir en groupes lâches, mais elles sont en général plutôt solitaires. Comme chez d’autres espèces d’oiseaux, les nombres sont plus importants en hiver.
Chez les espèces de grande taille, mâles et femelles sont souvent séparés excepté autour d’une source de nourriture abondante.
Mais l’espèce la plus grégaire est la plus petite, l’Outarde canepetière. Ces oiseaux peuvent former des bandes comprenant des milliers d’oiseaux de l’automne au début du printemps, ce qui est en plus une bonne protection contre les attaques des grands rapaces.
Tetrax tetrax
Comme elles nidifient sur le sol, les outardes sont vulnérables aux prédateurs comme les aigles et les grands faucons, mais aussi aux serpents et aux mammifères. Les femelles en train de couver sont bien camouflées grâce à leur plumage cryptique, mais de plus, elles adoptent une posture typique en pressant leur corps sur le sol à la manière d’un reptile et restent immobiles. Les poussins font de même, et obéissent aux différentes vocalises de la mère, y compris à celles qui imposent le silence.
En face d’une attaque terrestre, l’outarde utilise quelques parades. Elle fait face au prédateur avec le corps tendu vers l’avant, la queue dressée et déployée en éventail et les ailes partiellement ouvertes et tombantes. Cette posture donne à l’oiseau une apparence plus importante et peut décourager une approche trop précise. La femelle peut aussi feindre une blessure si la menace est grande, afin d’éloigner l’intrus du nid.
Outarde du Sénégal Femelle
Eupodotis senegalensis
Les outardes sont actives tôt le matin et en fin d’après-midi. Elles se reposent tranquillement en milieu de journée. L’entretien du plumage représente une activité importante et comprend le bain de poussière et ensuite, le lissage des plumes avec le bec.
Elles dorment la nuit et pour cela, se déplacent vers des zones permettant une bonne vue sur les alentours. L’Outarde à tête noire dort dans des endroits découverts et nus, afin de surveiller la venue de prédateurs terrestres tels que les loups.
Outarde à tête noire
Ardeotis nigriceps
Les outardes sont bien connues pour leurs parades et leurs comportements nuptiaux. Les mâles ne participent pas du tout aux tâches liées à la reproduction et la femelle se retrouve seule pour assurer l’incubation et élever les jeunes.
Les espèces vivant dans les zones découvertes doivent défendre leurs sites de nourrissage et de nidification, ce qui explique les couples apparemment monogames toute l’année et la défense territoriale. On note souvent la présence d’un autre oiseau, en général un jeune mâle issu de ce couple. Il faudra plusieurs années pour qu’il devienne sexuellement mature, ce qui signifie qu’il ne représente aucune menace pour l’adulte mâle du couple.
Quelques espèces Africaines ont des comportements territoriaux de groupes. C’est le cas chez les Outardes de Rüppell, de Vigors, et plombée, mais sans doute aussi chez les Outardes somalienne et du Sénégal.
Outarde du Sénégal - Eupodotis senegalensis - Mâle
Les jeunes mâles développent année après année l’apparence des oiseaux matures, mais ils sont moins lourds et sans expérience. Ils essaient de parader mais leurs postures sont incomplètes et surtout agressives. Quelques disputes soudaines peuvent se produire entre eux durant lesquelles les jeunes mâles testent leur force et leurs parades afin de préparer leur future place dans l’arène.
Les Outardes barbues ne se battent pas souvent parce les mâles matures gardent leurs distances vis-à-vis les uns des autres. Mais de telles confrontations entrainent un long face à face, et si le combat a lieu, il peut alors être violent et procurer un stress intense aux deux rivaux.
Année après année, une hiérarchie se dessine parmi les mâles, et c’est le plus puissant qui domine l’arène. Cette espèce n’est pas territoriale à l’intérieur du lek. Le mâle dominant marche lentement dans la zone et parade à différents endroits. Les femelles sont concentrées à la lisière de cette zone et s’y déplacent lentement en observant les performances des mâles. Puis une femelle s’approche précautionneusement d’un mâle en train de parader et souvent l’accouplement se produit au même endroit.
L’Outarde barbue est silencieuse pendant ces parades qui sont vraiment spectaculaires. Le mâle « fait la roue » afin d’attirer les femelles. Ceci donne lieu à une transformation complète au cours de laquelle son corps devient une boule blanche mouvante. Cette parade porte le nom de « bain de mousse ». Le mâle met sa tête en arrière sur son dos et gonfle la poche gulaire. Le bec est dressé vers le ciel, et les longues barbes sont également dressées de chaque côté du bec. La queue est déployée en éventail et aplatie sur le dos, afin d’exposer les sous-caudales blanches. Ensuite, les rémiges secondaires internes sont retournées et déployées vers l’extérieur.
Chez les autres grandes espèces du genre Ardeotis, chaque mâle semble établir un territoire duquel les autres mâles sont exclus. L’Outarde à tête noire possède de vastes zones. L’Outarde d’Australie a de petits territoires qui sont en général groupés, si bien que les mâles peuvent voir et entendre leur voisin. Ces territoires sont souvent près des sources de nourriture.
Ardeotis australis
L’Outarde de Denham en Afrique du Sud établit des territoires dans une arène dispersée, les mâles se trouvant au moins à 700 mètres les uns des autres. La même espèce au Kenya parade le long des limites où les mâles marchent parallèlement aux lisières.
Plusieurs espèces ont des territoires de parade traditionnels avec plus ou moins de distance entre chaque mâle. Ces endroits sont utilisés année après année et principalement défendus par les mâles.
Les parades diffèrent d’une espèce à l’autre. La plus spectaculaire est celle de l’Outarde barbue, mais les autres ont aussi des parades élaborées.
Les oiseaux du genre Eupodotis émettent d’abord des signaux vocaux. Les plumes de la calotte, du cou et de la gorge sont dressées pendant l’action, et l’Outarde plombée balance rapidement sa tête.
On trouve deux principales formes de parades chez d’autres membres de cette famille. Une dizaine d’outardes des genres Otis, Ardeotis, Neotis et Chlamydotis ont des parades uniquement terrestres, alors que huit espèces des genres Lissotis, Lophotis (excepté l’Outarde de Savile), Afrotis, Sypheotides et Houbaropsis ont des parades aériennes. L’Outarde canepetière du genre Tetrax effectue des vols nuptiaux mais elle est indubitablement terrestre par nature.
Outarde à ventre noir
Lissotis melanogaster
Les deux genres Ardeotis et Neotis gonflent les plumes de leur cou. L’Outarde d’Australie et l’Outarde à tête noire tiennent le corps tendu vers le haut, le cou et la tête pointés vers le ciel et la queue relevée et aplatie sur le dos. Ensuite, l’oiseau tourne tandis que les sacs gonflés se balancent et que le bec s’ouvre et se ferme alternativement. Cette parade est répétée plusieurs fois avant d’émettre un long rugissement guttural tandis que le mâle tourne dans toutes les directions pour lancer son cri.
Les deux autres Ardeotis, les Outardes arabe et kori, une fois les sacs gonflés, marchent vers de petits monticules afin de parader en émettant un « puk-puk » fluide.
Outarde d’Australie - Ardeotis australis
L’Outarde de Denham jette sa tête en arrière, abaisse ses ailes et gonfle les plumes du devant du cou, de la poitrine et de l’abdomen, devenant alors comme une balle visible à quelques kilomètres. Ensuite, elle marche et se pavane alternativement en répétant ces séquences plusieurs fois.
Les outardes du genre Chlamydotis paradent en « trottant » avec également les plumes dressées sur la calotte, le cou et la poitrine, et la tête jetée en arrière. Elles font des zigzags, des cercles, des lignes droites et des virages, courant ainsi pendant une ou deux minutes avant de stopper brusquement.
L’Outarde du Bengale du genre Houbaropsis a des parades terrestres semblables mais en plus, elle effectue un vol nuptial au cours duquel elle s’élève en claquant des ailes et descend ensuite tout en émettant plusieurs « chik » en arrivant près du sol. Elle s’élève à nouveau de façon soudaine avec les ailes frémissantes, reste stable un court moment et descend abruptement vers le sol.
L’Outarde à ventre noir est plus lourde, et effectue un vol nuptial sur 50 à 200 mètres à environ 7 à 15 mètres de hauteur, et glisse ensuite sur 50 à 100 mètres avec les ailes en V. Cette parade est répétée plusieurs fois. Mais elle a aussi des parades terrestres avec des postures similaires à celles des autres outardes, tandis qu’elle lance un grognement « oooo » avant de jeter la tête sur son dos et de lancer un autre son, un grondement suivi d’un « pop » sec.
L’Outarde de Hartlaub a des parades similaires mais à un volume plus bas.
Outarde à ventre noir
Lissotis melanogaster
Les Outardes korhaan et à miroir blanc semblent avoir les mêmes vols nuptiaux, et ensuite se tiennent debout et crient depuis un point élevé, en général une termitière. Les mâles se poursuivent souvent en vol.
Outarde à miroir blanc
Afrotis afraoides
Les Outardes houppette et d’Oustalet ont des parades aériennes plus verticales qu’horizontales. Elles s’élèvent verticalement à 20-30 mètres et après une demi-culbute avec les pattes en l’air et la tête en bas, elles se laissent tomber comme une balle gonflée jusqu’au sol, finissant en glissade avant l’impact. D’un autre côté, l’Outarde de Savile n’a jamais été vue effectuant de telles parades, ou bien ce comportement est demeuré non observé jusqu’à présent.
Ces trois espèces n’utilisent pas de sites exposés ou élevés et restent beaucoup plus discrètes que les autres.
Outarde houppette - Lophotis ruficrista
L’Outarde canepetière effectue des sauts depuis le sol, avec un court moment de piétinement et ensuite, un saut de 1 à 5 mètres dans les airs en lançant des cris ronflants tandis que les ailes produisent le typique « sisisisi ». Ces parades durent environ une seconde.
Tetrax tetrax
L’Outarde passarage saute aussi au-dessus des herbes, mais au plus haut pic de la saison, il lui arrive de sauter environ 500 fois par jour, souvent depuis un endroit choisi à l’intérieur du territoire. Elle reste debout bien dressée et piétine le sol, et s’accroupit brusquement avant de sauter en l’air en battant des ailes jusqu’à des hauteurs de 1 à 5 mètres. Ensuite, elle utilise ses ailes comme un parachute pour redescendre.
Les accouplements se produisent après de longs comportements nuptiaux, surtout chez les grandes espèces. Souvent les mâles poursuivent longuement les femelles et leur donnent des coups de bec répétés sur la tête.
Outarde canepetière femelle
Tetrax tetrax
Après l’accouplement, c’est à la femelle qu’incombent les tâches liées à la nidification, à savoir le choix du site du nid, l’incubation et l’élevage des jeunes.
Le nid se trouve sur le sol nu, ou bien la coupe est grattée et débarrassée de la végétation qui l’encombre, il peut être parfois légèrement moulé et un rebord peut être occasionnellement confectionné avec des herbes aplaties.
Il est souvent situé près des buissons, des touffes de hautes herbes ou autre légère couverture végétale afin d’éviter de couver complètement à découvert même si quelques nids ont été trouvés en zone dégagée.
Outarde à ventre noir
Lissotis melanogaster
La couvée comprend souvent 2 ou 3 œufs, mais les espèces plus grandes déposent 4 œufs. Les plus petites comme les Outardes passarage et canepetière pondent 3 à 5 œufs. L’incubation dure environ trois semaines chez la canepetière, 24 à 25 jours chez les Outardes d’Australie et barbue, et entre ces deux extrêmes pour les autres espèces.
Les jeunes sont précoces mais il leur faut plusieurs heures, un jour ou même plus pour être capables de marcher. A ce moment-là, la femelle les conduit hors du nid dans n’importe quel endroit sûr et les couve pendant la nuit.
Elle leur donne des petits coups de bec pour attirer leur attention sur la nourriture, ou la laisse tomber devant eux. Ils apprennent très vite à se nourrir seuls. Les adultes et les jeunes émettent des sortes de ronronnements calmes et des trilles en guise de contact.
Outarde houppette femelle
Lophotis ruficrista
Les jeunes sont emplumés au bout de 4 ou 5 semaines, mais ils ne volent que quelques semaines plus tard. Ils atteignent la taille des parents plusieurs mois après et restent en général avec la femelle jusqu’en automne, parfois plus longtemps. Ils obtiennent leur maturité sexuelle entre un et six ans selon le sexe et les espèces.
Outarde korhaan
Mâle
Afrotis afra
Les outardes vivent exclusivement dans l’Ancien Monde, depuis l’Eurasie jusqu’en Australie. On trouve la plus grande diversité en Afrique.
Les outardes sont en général sédentaires ou dispersives, mais quelques espèces sont migratrices comme les Outardes barbue, canepetière et houbara qui vivent en Eurasie à travers le centre de l’Asie jusqu’à l’est de la Russie et la Chine. Ces trois espèces doivent migrer vers le sud à cause des longs hivers froids, quittant leurs steppes pour des zones plus chaudes.
Otis tarda
Outarde houbara
Chlamydotis undulata
Cependant, dans le reste de la distribution, ces outardes sont largement sédentaires ou dispersives plutôt que migratrices. Elles effectuent quelques déplacements après la reproduction et disparaissent d’une région pour apparaitre dans une autre à l’intérieur du même pays.
En Afrique, les outardes errent souvent en fonction des pluies, d’autres sont hautement résidentes et ne se déplacent que sur de courtes distances.
En Inde, l’Outarde passarage est connue pour se déplacer sur de très longues distances avec les saisons.
Les espèces les plus grandes migrent en volant assez bas et en petits groupes, alors que les plus petites volent plus haut et en grands groupes. Ces déplacements ont souvent lieu la nuit.
Mais les migrations de ces oiseaux ne sont pas très bien connues et nécessitent des confirmations.
Outarde à ventre noir
Lissotis melanogaster
Toutes les outardes sont menacées par l’intensification de l’agriculture, les changements dans leur habitat tels que l’augmentation du bétail, les dérangements humains avec les routes et les constructions, et aussi la chasse dans certaines parties de l’habitat. Des déclins sont observés dans toutes les espèces, plus ou moins importants, mais tous avec les mêmes causes.
Ardeotis australis
La conservation de ces oiseaux est possible à travers la protection de leur habitat avec la création de parc nationaux et de réserves, la maintenance d’une activité agricole faible, répartie sur de vastes étendues, et des terres où les outardes ne seront pas dérangées.
Espérons que nous pourrons encore profiter du spectacle offert par ces oiseaux étonnants lors des parades nuptiales !