FAMILLE DES TETRAONIDES
Tétras, Lagopèdes et Gélinottes
Seconde partie: les comportements
Les Tétraonidés ont des ailes relativement courtes et arrondies, leur permettant d’atteindre très vite une grande vitesse. Le décollage est vigoureux et bruyant. Ensuite, le vol est effectué avec des battements rapides alternant avec des glissés, ailes courbées vers le bas.
Les Tétraonidés sont capables de s’envoler rapidement afin d’échapper aux prédateurs. Mais malheureusement, un envol aussi soudain fait d’eux des proies faciles pour les chasseurs.
Première partie: Description des espèces
Photographes :
John Anderson
John Anderson Photo Galleries
Steve Garvie
RAINBIRDER Photo galleries
Tom Grey
Tom Grey's Bird Pictures
Patrick Ingremeau
TAMANDUA
René Lortie
http://rlortie.ca/
Tom Merigan
Tom Merigan’s Photo Galleries
Texte de Nicole Bouglouan
Sources :
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 2 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334156
THE HANDBOOK OF BIRD IDENTIFICATION FOR EUROPE AND THE WESTERN PALEARCTIC by Mark Beaman, Steve Madge - C.Helm - ISBN: 0713639601
FIELD GUIDE TO THE BIRDS OF NORTH AMERICA - National Geographic Society - ISBN: 0792274512
BIRDS OF THE GREAT BASIN – by Fred A. Ryser - Univ of Nevada Pr -ISBN: 0874170796
THE COMPLETE BOOK OF BRITISH BIRDS – Written by “Royal Society for the Protection of Birds” experts - Préface de Magnus Magnusson - Michael Cady- Rob Hume Editors - ISBN: 0749509112
BirdLife International (BirdLife International)
The IUCN Red List of Threatened Species
Wikipedia, the free encyclopaedia
Animal Diversity Web (University of Michigan Museum of Zoology)
XENO-CANTO – Sharing Birds sounds from around the world
Ces vols demandent un grand investissement énergétique, et c’est la raison pour laquelle ils sont souvent très courts. Ces oiseaux rechignent souvent à s’envoler. S’ils sont dérangés sur le sol, ils s’échappent en s’envolant seulement jusqu’aux arbres les plus proches ou en se précipitant sous le couvert végétal.
Le Tétras lyre et le Tétras du Caucase volent mieux que leurs cousins plus grands. Ils sont capables de parcourir des distances assez longues en un seul vol direct effectué surtout avec de longs glissés ailes déployées.
Les genres forestiers tels que Falcipennis, Dendragapus, Bonasa et quelques Tetrao utilisent le vol pour monter ou descendre des arbres où ils se nourrissent, dorment ou paradent.
Les espèces du genre Lagopus sont parfaitement capables de très bien voler, mais ils préfèrent s’échapper à pied.
Mais ces oiseaux terrestres utilisent les parades aériennes aussi bien en défense du territoire qu’en période nuptiale.
Même les espèces les plus grandes sont capables de s’élever verticalement d’un seul coup pendant les parades en voltigeant.
Le système de reproduction des Tétraonidés comprend fréquemment de la polygamie qui voit plusieurs mâles entrer en compétition et parader dans des arènes ou leks où les femelles leur rendent visite.
Les oiseaux du genre Centrocercus, Tympanuchus et les deux tétras, Tétras lyre et Tétras du Caucase, forment des arènes typiques. Les mâles se rassemblent et effectuent des parades élaborées. Ces arènes se trouvent en général dans les clairières pour les espèces forestières, et sur des buttes dans des zones à herbe rase avec une bonne visibilité sur les alentours pour les espèces des herbages. Chaque mâle possède juste un petit territoire où il parade.
Les parades ont habituellement lieu à l’aube. Chaque mâle défend son petit territoire contre ses rivaux. Le centre de l’arène est l’endroit le plus convoité par les mâles, et le premier visité par les femelles.
Le mâle piétine bruyamment sur le sol avec ses pattes, et plusieurs mâles courent en suivant des routes parallèles. En gonflant les sacs à air, ils produisent des sons résonnants et bas qui portent loin.
Mais lorsque les femelles approchent, les mâles sautent en l’air tout en criant et en battant vigoureusement des ailes. Mais les sauts, les danses, les vols de démonstration et les parades pendant lesquelles les mâles se pavanent sont toujours très spectaculaires.
Les autres genres sont en général monogames ou considérés comme intermédiaires, mais leurs parades nuptiales sont assez semblables.
De nombreux sons, bruits divers et cris sont entendus tandis que les mâles paradent. En plus d’être des signaux visuels, les sacs à air sont gonflés et produisent des sons bas et résonnants qui portent loin.
D’autres sons non vocaux sont produits par les ailes, la queue, les pattes et le bec selon les espèces. On peut également entendre divers sifflements, vrombissements, tambourinages et crissements.
Tetrao urogallus
Ces oiseaux émettent aussi des cris variés, des caquetages, des sons qui ressemblent à un bouchon qui saute et des hululements.
Tetrao tetrix
Les femelles ont un répertoire plus vaste que les mâles et produisent une grande variété de cris, habituellement associés à la reproduction. Les poussins ont des cris très spécifiques, un cri de contact et un cri de détresse, auxquels la mère répond immédiatement.
Lagopus mutus
La femelle sélectionne le mâle en se basant sur des critères visuels ou sonores comme la beauté du plumage, la vigueur des cris et des parades, les performances pendant les combats entre mâles au lek et la hiérarchie qui découle de ces confrontations.
Elle va vers celui qu’elle pense être le meilleur, mais tout en sachant que les tâches liées à la reproduction seront entièrement à sa charge. L’accouplement a lieu au lek ou à la lisière de l’arène.
La femelle choisit le site du nid. Celui-ci est habituellement placé sur le sol, mais le Grand tétras et la Gélinotte des bois peuvent occasionnellement utiliser un vieux nid abandonné par un autre oiseau à quelques mètres au-dessus du sol.
Le nid est bien caché dans la végétation épaisse, et il peut même être partiellement couvert chez les espèces vivant dans les zones découvertes. Les espèces forestières s’installent contre un tronc d’arbre ou près d’une grosse pierre.
Cependant, tous ces endroits sont choisis en fonction de la visibilité qu’ils procurent à la femelle en train de couver.
Le nid est une dépression peu profonde avec pour garniture interne quelques morceaux d’herbes, des feuilles sèches et des brindilles ou même quelques plumes.
La taille de la ponte varie de 6 à 12 œufs selon les espèces, mais la majorité d’entre elles pondent entre 8 et 10 œufs. La couleur est variable mais en général, le fond est chamois-crème ou jaunâtre avec des marques sombres.
L’incubation commence lorsque le dernier œuf est pondu. Cette période dure de 21 jours chez les lagopèdes à 26 jours chez le Tétras des armoises. Elle est évidemment plus longue chez les plus grandes espèces. La femelle qui incube quitte rarement le nid plus de deux ou trois fois par jour, souvent tôt le matin et en fin de journée. Son plumage cryptique lui procure un excellent camouflage au milieu de la végétation.
Cependant, la prédation par les mammifères (renards et autres) et les Corvidés peut entrainer des pertes. Si une couvée complète est perdue, les femelles peuvent pondre à nouveau après quelques semaines, mais elles produiront moins d’œufs que lors de la première.
La naissance de tous les poussins prend un jour ou deux. Dès qu’ils sont secs, ils quittent le nid et suivent leur mère. Ils sont nidifuges et très précoces. Ils peuvent se nourrir eux-mêmes et il leur arrive de parcourir plusieurs centaines de mètres par jour. Ils sont capables de voler sur quelques mètres au bout de dix jours après la naissance, ce qui est une bonne chose car cela leur permet de s’échapper en cas de danger et de passer la nuit dans les arbres au lieu de dormir au sol.
La femelle conduit sa progéniture vers des zones où la nourriture est abondante. Ils se nourrissent d’insectes pendant les premiers jours. Si leur mère lance des cris d’alarme, les poussins se dispersent dans toutes les directions pour se cacher. Elle les protège aussi du climat qui peut être dur en les abritant sous ses ailes pour maintenir leur température corporelle.
Les jeunes grandissent rapidement et s’éloignent peu à peu de leur mère tout en cherchant leur nourriture. Le groupe familial éclate lorsqu’ils atteignent l’âge de trois mois.
Les Tétraonidés sont végétariens, excepté les premiers jours de leur vie pendant lesquels ils consomment des insectes.
En hiver, le Grand tétras, le Tétras à bec noir, le Tétras sombre, et le Tétras du Canada consomment des aiguilles de conifères, tandis que la Gélinotte huppée se nourrit dans les trembles, le Lagopède des saules dans les saules, le Tétras lyre dans les bouleaux et le Tétras des armoises dans la Sauge buissonnante.
Les conifères représentent la ressource alimentaire la plus importante en hiver, mais toutes les plantes, arbres ou buissons, qui émergent de la couche de neige peuvent leur procurer de la nourriture. Ils consomment surtout les bourgeons des arbres à feuilles caduques, et les aiguilles et les bourgeons des conifères.
Au printemps, lorsqu’ils peuvent enfin avoir accès à la végétation du sol au fur et à mesure que la neige fond, leur régime devient plus varié avec les premières fleurs. Ensuite, les arbres et buisson fruitiers leur offrent leurs feuilles tendres et des baies en été. Les arthropodes sont consommés en petites quantités, excepté pour le Tétras des prairies qui chasse de nombreux insectes, et en particulier des sauterelles.
Les graines ne font pas partie de leur alimentation, sauf encore chez le Tétras des prairies, et plus spécialement en hiver pendant lequel il consomme du maïs et des graminées.
Mais les Tétraonidés doivent adapter leur régime aux conditions climatiques et en fonction de l’habitat et de la distribution. La nourriture est sélectionnée afin de prendre les parties les plus nutritives des plantes.
Pour ces oiseaux qui vivent souvent dans des conditions difficiles, la qualité de leur alimentation a beaucoup d’importance pour maintenir les populations en bonne santé et pour le succès de la reproduction.
En dépit de nombreuses menaces comme la chasse dans toute la distribution, la déforestation, la fragmentation et les changements dans l’habitat, les dérangements et la prédation, les Tétraonidés ont encore des populations relativement stables.
D’après BirdLife International et l’IUCN Red List, sur 18 espèces, cinq sont presque menacées (Tétras du Caucase, Tétras de Sibérie, Tétras lyre, Gélinotte de Severtzov et Tétras des armoises), et deux sont classées comme étant Vulnérables (Tétras pâle et Tétras des prairies).
Bien que ces espèces soient exploitées en tant que gibier, la chasse a rarement eu un impact excessivement négatif. Ces oiseaux sont capables de survivre dans des conditions climatiques très difficiles avec une nourriture réduite.
D’un autre côté, le haut rendement des naissances maintient des nombres stables dans la majorité des espèces, et permet une récupération rapide dans les zones protégées, mais aussi pendant les saisons de fermeture de la chasse spécialement rallongées dans ce but. La chasse semble en général bien gérée, tout comme la conservation de l’habitat.
Cependant, les populations sont en déclin partout. Actuellement, des mesures de conservation sont en cours et permettent d’espérer un futur meilleur pour ces oiseaux magnifiques.