Texte de Nicole Bouglouan
Photographes :
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JMPN PHOTOGRAPHIE
Philippe et Aline Wolfer
GALERIE
Nicole Bouglouan
PHOTOGRAPHIC RAMBLE
Sources :
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD Vol 2 by Josep del Hoyo-Andrew Elliot-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334156
L’ENCYCLOPEDIE MONDIALE DES OISEAUX - Dr Christopher M. Perrins - BORDAS - ISBN: 2040185607
BIRDS OF PREY OF AFRICA AND ITS ISLANDS by Alan and Meg Kemp - Struik Publishers - ISBN: 1770073698
A GUIDE TO THE BIRDS OF MEXICO AND NORTHERN CENTRAL AMERICA by Steve N. G. Howell, Sophie Webb - Oxford University Press - ISBN: 0198540124
A GUIDE TO THE BIRDS OF COLOMBIA by Steven L. Hilty and William L. Brown - Princeton University Press – ISBN 069108372X
Busards – Gymnogènes – Buse échasse
Le cinquième groupe de la famille des Accipitridés comprend trois genres.
Les deux espèces de Gymnogènes du genre Polyboroides sont apparentées aux circaètes et aux serpentaires avec des oiseaux juvéniles presque semblables.
Le genre Geranospiza a des relations incertaines avec plusieurs espèces. Ce rapace partage de nombreux critères morphologiques avec les Gymnogènes qui sont des espèces Afrotropicales. C’est la raison de sa place dans ce dossier.
D’un autre côté, il est probablement proche des buses Neotropicales des genres Leucopternis et Buteogallus.
Les 16 espèces du genre Circus ont en commun des adaptations morphologiques semblables, et une position particulière dans leur écosystème ou niche écologique.
Le Gymnogène d’Afrique (Polyboroides typus) et le Gymnogène de Madagascar (Polyboroides radiatus) sont très semblables en plumage, mais le second est plus clair que l’autre. Tous deux ont le plumage gris sur les parties supérieures, et des parties inférieures blanches barrées de gris foncé. Les rémiges sont noirâtres, et la queue assez longue est nettement barrée noir et blanc. La crête volumineuse est grise.
La tête présente une face nue, allant du jaune au rouge profond. Le bec mince est noir avec la cire jaune. Les yeux sont brun foncé. Les pattes et les doigts sont jaunes.
Mais les traits les plus particuliers de ce genre sont les pattes à l’articulation flexible et les doigts plutôt petits, ce qui permet à ces rapaces d’extraire les proies des nids, des trous ou des crevasses, aussi bien dans les arbres que dans des rochers ou des talus. Il utilise ses pattes aux articulations flexibles et son bec pour atteindre les oiseaux et les œufs, les chauves-souris, les petits mammifères, les lézards et des insectes de toutes sortes. Il est capable de se suspendre aux branches avec les ailes pendantes, et chasse aussi en volant bas et lentement au-dessus du sol et de la végétation. Les rapaces du genre Polyboroides sont plus arboricoles que terrestres.
Le Gymnogène d’Afrique consomme aussi de l’huile de palme et d’autres fruits.
Le Gymnogène de Madagascar est légèrement plus long et peut chasser des proies plus importantes comme les grandes espèces de chauves-souris et les petits lémurs. Il se hisse à la base des feuilles des arbres et des palmiers, examine les monticules construits par les termites et cherche des proies sur le sol tout en déplaçant des objets. Ce rapace passe du temps perché dans la végétation, bien que parfois il soit visible en train de planer au-dessus des arbres.
Les deux espèces fréquentent les forêts et les zones boisées, mais à Madagascar, le Gymnogène peut être vu jusqu’à 2000 mètres d’altitude, alors qu’en Afrique, il fréquente plutôt les steppes arides et les savanes.
Le Gymnogène d’Afrique effectue des parades aériennes pendant lesquelles mâle et femelle volent ensemble de façon acrobatique et s’agrippent par les serres en plein vol.
Ils construisent un nid avec des rameaux de bois, mais peuvent aussi s’installer sur une corniche rocheuse. La femelle dépose deux œufs que les parents incubent pendant 35 jours. En général, un seul poussin survit, élevé par les deux adultes.
Le Gymnogène d’Afrique se trouve en Afrique subsaharienne et l’espèce est résidente et sédentaire dans la majorité de la distribution, mais quelques mouvements saisonniers internes sont observés.
Le Gymnogène de Madagascar vit à Madagascar excepté sur le plateau central ayant subi la déforestation.
Les deux espèces sont communes dans leur habitat et surtout dans les régions forestières.
La Buse échasse (Geranospiza caerulescens) partage quelques critères morphologiques avec les Gymnogènes, comme le doigt externe court, la tête étroite, le bec faible et les longues pattes aux articulations flexibles. Ces traits physiques peuvent aussi être dus à une adaptation à sa manière de se nourrir dans les arbres.
Ce rapace rappelle le genre Polyboroides, mais il est plus petit et moins volumineux, et ses pattes sont plus longues.
Le plumage est bleu-gris mais il varie selon les différentes races, et on peut voir des oiseaux noirâtres ou gris ardoisé. Quelques sous-espèces présentent des barres fines sur les parties inférieures comme les Gymnogènes, et aussi sur le dessus des ailes. La longue queue est noire avec deux barres blanchâtres nettes et une extrémité blanche étroite. En vol, on peut voir un croissant blanc sur les primaires.
Sur la tête grise, le bec est noir avec la cire grise. Les yeux sont d’un rouge profond. Les pattes et les doigts sont jaune-orangé.
La Buse échasse se trouve dans les zones boisées comme les forêts sèches ou humides, les mangroves, les savanes boisées, les galeries forestières près des zones herbeuses, et souvent près de l’eau, étangs ou marais.
Cette espèce vit en Amérique du Sud excepté au Chili et dans la partie sud du continent, et est également présente en Amérique Centrale.
Elle se nourrit de reptiles tels que serpents et lézards, ainsi que de grenouilles, poussins d’autres oiseaux, grands insectes et araignées. Elle grimpe aux troncs d’arbres et ses articulations souples sont utilisées pour atteindre les proies dans les trous d’arbres ou dans la végétation épaisse où se réfugient les grenouilles arboricoles. Comme les Gymnogènes, elle est capable de se suspendre la tête en bas sous les nids quand elle prend les nouveau-nés.
Mais comme d’autres Accipitridés, elle chasse aussi en plongeant sur sa proie depuis un perchoir dans un arbre, et peut voler près du sol ou au-dessus des zones humides quand elle poursuit une proie à la manière des busards avec un vol battu entrecoupé de glissés.
Pendant la période de reproduction, la Buse échasse est très bruyante et effectue des parades aériennes spectaculaires. Le mâle fait aussi des offrandes de nourriture à la femelle.
Le nid situé dans un grand arbre est fait de rameaux de bois et de plantes retombantes, et la coupe est tapissée de végétation fraîche. La femelle dépose deux œufs blancs.
Cette espèce est commune localement dans sa vaste distribution, et les populations ne sont pas menacées actuellement.
Comparés aux précédents rapaces, les busards sont moins spécialisés. Ils chassent d’une manière plus classique. Leurs longues ailes étroites et leur longue queue sont adaptées à ces méthodes. Ils effectuent du vol battu et poursuivent des proies très agiles souvent dans des conditions difficiles.
Les ailes et la queue leur permettent de manœuvrer aisément en vol. Ils surveillent le sol en volant bas en ondulant pour suivre les reliefs de la végétation. Une fois la proie détectée, ils fondent sur elle au sol. Il leur arrive de pratiquer le vol stationnaire avant de descendre. Ils chassent souvent en poursuivant leur proie au-dessus des zones découvertes et en essayant de la surprendre.
Quelques uns d’entre eux chassent de cette manière mais capturent leurs proies à la surface de l’eau comme le font le Busard de Gould (Circus approximans) et parfois le Busard des roseaux (Circus aeruginosus).
Le Busard grenouillard (Circus ranivorus) capture aussi des proies en vol.
Circus approximans
Les busards se nourrissent d’une grande variété de proies, oiseaux avec poussins et œufs, petits mammifères, grenouilles, poissons, reptiles, insectes et charognes. Ce sont des opportunistes qui chassent toutes sortes de proies en fonction des disponibilités et de la distribution.
Il leur arrive de chasser en couple, ce qui augmente le succès des attaques sur des victimes plus grandes et plus rapides. Ils volent en ligne droite à une vitesse de 15 à 30 km/heure et cherchent à faible distance du sol.
Mâle et femelle sont habituellement différents au niveau de la couleur du plumage, mais on retrouve les mêmes dessins. Le mâle est souvent gris pâle ou foncé, noir ou brun sur le dessus. Les parties inférieures peuvent être unies, striées, barrées ou tachetées.
Le Busard tacheté (Circus assimilis) d’Australie est unique dans le genre Circus avec les parties inférieures intensément tachetées et le dessus coloré d’un mélange de gris, blanc et fauve.
Le Busard bariolé (Circus cinereus) d’Amérique du Sud a le croupion blanc et le dessous intensément barré.
Le Busard tchoug (Circus melanoleucos) est très différent, juste noir et blanc.
La femelle est plus brune que noire ou grise. Elle a en général les parties supérieures brun-fauve ou gris-brun, et le dessous strié, parfois uni.
Les oiseaux immatures ressemblent beaucoup aux femelles.
Les busards ont une tête particulière, un peu similaire à celle des Strigidés, avec des disques faciaux autour des yeux. Peut-être une autre adaptation pour mieux chasser…
Les busards ne chassent pas la nuit, mais souvent à l’aube et ils doivent voir leurs proies. Ils ont une excellente vue et sont capables de détecter leurs victimes tout en volant.
Ils ont habituellement le bec noir avec la cire jaune. Les yeux, les pattes et les doigts sont jaunes également.
Quelques espèces présentent des phases claires et sombres. C’est le cas du Busard de Buffon (Circus buffoni) et du Busard cendré (Circus pygargus), qui ont chacun une forme mélanique sombre.
La saison de reproduction voit ces magnifiques rapaces effectuer des parades aériennes spectaculaires. Ils planent ensemble, l’oiseau qui est au-dessus plonge vers sa partenaire, souvent la femelle, qui se retourne et tend ses serres vers le mâle. Il leur arrive de s’agripper en vol.
Quelques espèces effectuent des “danses” en vol, des vols tournants et ondulants tout en vocalisant fortement.
Pendant la période de nidification, le mâle chasse pour toute la famille et passe la nourriture à la femelle tout en volant. Il lâche la proie ou la descend vers les serres de la femelle qui la saisit aussitôt.
Les busards sont des oiseaux agiles et gracieux en vol.
Ils nidifient en couples isolés, bien que le Busard des roseaux, le Busard cendré et le Busard maure (Circus maurus) nidifient parfois en colonies lâches.
Les oiseaux plus aquatiques qui vivent dans les zones humides construisent leur nid dans la végétation dense des marécages, surtout sur le sol dans les roselières.
Au contraire, le Busard tacheté est le seul à nidifier dans un arbre entre 2 et 15 mètres au-dessus du sol.
Le nid est habituellement une plate-forme faite de rameaux de bois, roseaux, herbes, tiges et autres plantes aquatiques. L’intérieur est tapissé de feuilles vertes ou d’herbes. Il est souvent caché et protégé par la végétation et situé au milieu des herbes, des laîches ou des roseaux.
Le Busard St Martin (Circus cyaneus) peut aussi faire son nid dans les champs cultivés.
Les couvées varient de 2-3, 3-4, 4-5 ou 4-7 œufs en fonction de l’espèce et de la distribution. L’incubation dure entre 30 et 48 jours, assurée surtout par la femelle. Le mâle fournit de la nourriture à toute la famille pendant cette période et après la naissance. Plus tard, les deux parents chassent ensemble.
Les poussins sont couverts de duvet et quittent le nid au bout de 35 à 50 jours après la naissance. Ils restent avec les adultes pendant quelques semaines encore.
Habituellement, plus d’un poussin survit et les jeunes sont nourris par les deux adultes.
Les busards se trouvent dans les zones humides, marais, lagunes, rives des lacs, roselières étendues, zones herbeuses, cultures, steppes, prairies… selon la distribution. Ils se posent, se reposent et nidifient sur le sol.
Ils se trouvent sur tous les continents excepté les pôles. Le plus largement répandu est le Busard Saint Martin (Circus cyaneus) qui est présent dans l’Ancien et le Nouveau Mondes. En Amérique du Nord, il porte le nom de Busard d'Amérique - Circus cyaneus hudsonius.
D’autres espèces se trouvent en Australie, en Afrique du Sud et subsaharienne, à Madagascar, en Amérique du Sud, en Europe, en Inde, au sud-est de la Sibérie et en Mongolie, en Asie du sud-est, au sud de la Chine, en Indonésie et aux Philippines.
Les busards sont plutôt des migrateurs, mais certaines espèces peuvent être sédentaires ou se disperser, et même être résidentes dans un habitat adapté. Ils dépendent en général des zones humides et se déplacent pour trouver des marécages ou des eaux permanentes.
Ces espèces sont menacées par le drainage des zones humides, les dérangements causés par les humains, l’intensification de l’agriculture, les changements dans leur habitat naturel et les persécutions.
Ils sont communs localement et certains d’entre eux sont largement répandus. Une seule espèce, le Busard de Madagascar (Circus macrosceles) est considérée comme étant presque menacée.
Les Gymnogènes, les busards ou même la Buse échasse ont besoin de protection et d’être respectés. Ils sont menacés par la perte de leur habitat et les dérangements humains, ainsi que les changements survenus dans les pratiques agricoles. Leurs aires de nidification doivent être protégées.
Plusieurs programmes de conservation sont actuellement en cours dans tous les pays, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires et l’usage des pesticides complètement arrêté.
Nous pouvons espérer un jour prochain une augmentation de leurs populations, et peut-être, nous les verrons alors effectuer leurs magnifiques parades nuptiales acrobatiques dans le ciel bleu.