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Les Oiseaux d’Extrémadure et du Parc de Monfragüe 

Le printemps reste la meilleure période pour découvrir l’Extrémadure et ses trésors à peine cachés. Les fleurs s’épanouissent sous le soleil de l’Espagne, les petits villages chargés d’histoire surgissent en haut d’une colline au détour d’un virage, les oliviers et les chênes lièges procurent une ombre bienfaisante au bétail qui broute en toute tranquillité dans les grandes plaines. Ici et là un plan d’eau attire les animaux… c’est l’Extrémadure !

Elle abrite un joyau de la nature, le Parc de Monfragüe, situé le long du Tage. Ses falaises rocheuses se dressent au-dessus des eaux, offrant refuge aux vautours, aigles et autres espèces qui font le succès de ces lieux.  Oiseaux, mammifères et végétation font de ce parc un petit paradis pour la faune et pour les visiteurs amoureux de la nature. 

Cette région représente un écosystème très intéressant, appelé « la dehesa ». C’est un bel exemple d’équilibre entre la nature exploitée par l’homme, et la conservation des ressources naturelles. Dans la dehesa, l’agriculture est itinérante, avec de courtes périodes de cultures, suivies de périodes plus longues permettant la régénération du terrain. C’est ainsi que beaucoup d’espèces végétales et animales ont pu être conservées, avec les précieux sols où s’épanouit cet écosystème.

Mais où sont les oiseaux vous demandez-vous avec juste raison ? Ils sont partout, dans les hautes herbes, sur les arbres, les clôtures, les fils électriques, dans les champs, sur la route, les chemins, dans le ciel bleu, et souvent très près de vous. Mais s’ils vous ont repérés depuis votre arrivée, vous en revanche, vous allez devoir les chercher ! Allons-donc à leur rencontre… 

Les grandes plaines situées entre les divers villages attirent les ornithologues. L’oiseau recherché par tous est l’Outarde barbue, la plus grande des outardes, l’un des plus grands oiseaux volants avec parfois 17 à 18 kg pour le mâle, pour les pauvres 5 kg de la femelle ! En dehors de la période de reproduction, les outardes sont sociables et forment des groupes qui déambulent dans les hautes herbes, à la recherche de leur nourriture, les plantes et les invertébrés.

Les mâles effectuent des parades nuptiales spectaculaires et collectives sur des aires traditionnelles, déployant les plumes de la queue et des ailes en immaculés et somptueux éventails, et gonflant le cou en jetant la tête en arrière pour exposer les plumes blanches qui l’habillent.

L’Outarde barbue est un oiseau des steppes et des plaines. Quand elles sont en troupe, on ne voit souvent que la tête et le cou dépassant des fleurs et des hautes herbes. Parfois, la chance est avec nous, et de loin, nous avons droit à l’oiseau entier, imposant, majestueux, avançant de sa démarche lente, le cou tendu et la tête haute, la queue partiellement déployée.

Mais il arrive aussi que l’oiseau s’envole, alerté par son instinct. Oui, ce lourd animal décolle sans difficultés, avec puissance et élégance, semblant s’arracher à l’épaisseur de la végétation pour voler au-dessus d’elle en mouvements lents et profonds.

Il faut les chercher, elles sont en général assez éloignées du passage, mais pas toujours. Sures de leur camouflage végétal, elles peuvent avancer au cœur d’une prairie sans être vues de quiconque. C’est un oiseau qui se mérite, mais quand on le voit pour la première fois, c’est émouvant et excitant, bref… c’est génial !  

Les autres oiseaux rencontrés dans ces plaines sont les Bruants proyers et les Cochevis huppés. En pleine période de nidification, ils ont tous le bec chargé de chenilles vertes et d’insectes. Ils voltigent au-dessus des hautes herbes et plongent à l’intérieur pour en ressortir à vide. Ce qui implique que les nids sont au sol, bien cachés dans la végétation. En quittant le nid, les jeunes non encore volants se dispersent dans les prairies où les parents les nourrissent encore.

Omniprésente dans la dehesa et près des habitations, la pie6grièche à tête rousse se pose sur toutes les clôtures, les fils téléphoniques ou traverse le chemin en volant. Ses barres alaires bien blanches et sa calotte rousse la rendent aisément reconnaissable. C’est un visiteur d’été.

En avançant toujours au milieu des plaines, les découvertes vont bon train. Perdrix rouges, Pies bleues, Alouettes calandres, Milans noirs et Milans royaux, Buses variables, Busards cendrés, Circaètes Jean le Blanc, Faucons crécerelles, Hérons garde bœufs, Guêpiers d’Europe, le tout parmi les fleurs des champs en pleine explosion de couleurs, la richesse en avifaune est incroyable !

Il arrive aussi qu’en plein milieu d’une grande prairie, une vision insolite s’offre à nos yeux étonnés : une héronnière en plein champs, regroupant ici Hérons garde-bœufs et Cigognes blanches, mais judicieusement placée auprès d’une grande mare ! On peut en trouver assez souvent dans la région, à partir du moment où un point d’eau est à proximité. Les hérons garde-bœufs suivent les troupeaux, et gardent aussi bien les bovidés que les ovins !

Mais les surprises sont nombreuses et variées dans cette région. En arrivant sur les lieux un matin de bonne heure, nous longeons une prairie à petite vitesse et soudain, c’est l’arrêt brusque (il y a très peu de circulation sur ces routes !). Je crois voir deux souches d’arbres, mais le doute s’installe et, sortant de la voiture courbés et silencieux, nous regardons avec les jumelles et au travers de l’objectif…

Et là, je les vois, tous deux côte à côte comme deux larrons qui viennent de faire les 400 coups ! Un magnifique Vautour moine et un non moins beau Vautour fauve, posés l’un près de l’autre dans les hautes herbes, tranquilles et sereins, dans le soleil du matin ! Je n’en crois pas mes yeux. Pourtant, je savais que les vautours venaient dans les prairies parfois, mais là, je panique un peu, fais mes réglages à la va-vite de peur qu’ils ne s’envolent, et la séance commence. Impassibles, ils ne bougent pratiquement pas et me laissent même changer de place par rapport au soleil. Le rêve !

Le Vautour moine paraît bien plus grand que le Vautour fauve, alors que seulement 20 centimètres les séparent. Il est massif et une grande puissance se dégage de ce que je vois de sa silhouette. Son plumage foncé, presque noir, lui donne un air mystérieux, là dans l’herbe verte. Je l’imaginais plutôt sur des rochers surplombant le vide, contrastant sur le ciel bleu, mais il est là, à 150 mètres de moi, trônant dans la prairie, au soleil… Une vraie carte postale !

Mais il faut bien que ces moments magiques prennent fin, et notre bel oiseau s’envole vers la montagne, son habitat et son refuge. Son envergure impressionnante (295 cm) l’arrache du sol tout en douceur, trois ou quatre battements profonds et vigoureux suffisent à son envol. Le moment est rare. J’en oublie le Vautour fauve qui s’envole en même temps, mais que nous retrouverons plus tard dans le parc. J’en reste sans voix (rare aussi !). C’était tellement beau et inattendu !

Nous reprenons la route, direction le Parc de Monfragüe et ses merveilles. Partout des fleurs, et des rapaces posés ou en vol, des Bruants proyers le bec chargé, des Cochevis huppés qui courent sur le bord de la route, les scènes se répètent, immuables, comme la beauté de cet endroit.

Déclaré parc naturel en avril 1979, Monfragüe s’étend sur quelques 18 000 hectares, et son point culminant est à 570 mètres d’altitude avec le Pic Casar de Elvira. Le lieu le plus célèbre du parc s’appelle « el Salto del Gitano » (le saut du Gitan). Le Tage passe entre deux falaises rocheuses, son eau d’un bleu profond contrastant allègrement avec la couleur ocre de la roche.

La route passe juste au bord, sur le côté le moins haut. Dès l’arrêt, déjà un couple de Monticoles bleus se montre, la femelle délicatement tachetée posée sur un arbre mort, et le mâle au plumage bleu sur un rocher, toujours le même d’année en année. J’en arrive à me demander si c’est le même couple ou pas. Ces oiseaux sont sédentaires dans la région, et ne font que se disperser en hiver vers les terres plus basses où les températures sont plus clémentes.

Mais le succès du parc tient à ses rapaces, et plus particulièrement aux Vautours fauves. Très nombreux sur la falaise qui surplombe le fleuve, ils tournoient sans fin ou restent sagement posés au bord du vide, défiant les lois du vertige ! Ils trouvent dans les parois suffisamment de cavités naturelles pour nidifier. Quand le temps est chaud, ils montent très haut dans le ciel, portés par les courants thermiques, et peuvent tournoyer pendant de longs moments. Tôt le matin au début du printemps, le brouillard est tel que la falaise d’en face est à peine visible. Mais dès que le ciel s’éclaircit, ils se lancent dans le vide à l’assaut de l’azur dévoilé par les pans de brume. Fabuleux spectacle sans cesse renouvelé !

La dernière espèce observée lors de ce petit séjour, est la Cigogne noire. Quelques couples nidifient dans le parc chaque année, venant d’Afrique où elles hivernent. Cette année, je n’en ai vu qu’une, très haut dans le ciel.

Elles nichent dans les arbres, faisant un nid de branchages. Elles s’installent dans les forêts, près des cours d’eau ou des zones marécageuses. Certaines d’entre elles nidifient sur les corniches, sur les parois des falaises.  Parfois, elles viennent dans le parc chercher des rameaux de bois pour le nid sur les falaises escarpées. Ce qui donne des scènes magnifiques, où vautours fauves et cigognes noires se rencontrent sur fond de ciel bleu !

Beaucoup d’autres espèces animales vivent dans le parc, depuis la loutre jusqu’au lynx et au chat sauvage. C’est un petit paradis pour les animaux et la flore qui profitent  de ce climat magnifique, alliant la chaleur à l’humidité, et l’eau à la roche. Au printemps, les cistes sont en fleurs.

De retour dans les plaines après ce passage merveilleux, nous retrouvons la faune habituelle et les fleurs à foison. La dehesa vibre sous le soleil de la mi-journée, les oiseaux se calment avec  la chaleur qui monte brusquement. Les champs fleuris tremblent sous les turbulences, le silence règne. A perte de vue, le ciel bleu, immuable, donne à ce paysage un aspect irréel. C’est l’Extrémadure !

Texte et photos de Nicole Bouglouan

Dautres photos:

Birding in Extremadura

Sources :

Observations réalisées au cours de différents séjours en Extrémadure.

Wikipedia (Wikipedia, The Free Encyclopedia)

PAJAROS DE ESPANA (JL Beamonte)

 

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