LES ICTERIDES
Carouges, cassiques, orioles, troupiales, quiscales, sturnelles, vachers, goglu des prés
La Famille des Ictéridés appartient à l’Ordre des Passériformes, et rassemble environ une centaine d’espèces.
Les Ictéridés sont des oiseaux du Nouveau Monde que l’on ne trouve qu’aux Amériques.
Les membres de cette famille sont des oiseaux de taille moyenne ou petite. Leur plumage souvent noir s’irise de reflets métalliques remarquables.
De nombreuses espèces présentent des zones vivement colorées et très nettes, jaune, rouge, orange, châtain, chamois ou brun.
Le dimorphisme sexuel est important, d’abord par la différence de tailles entre les deux sexes, et ensuite par le plumage, surtout chez les migrateurs des régions tempérées et les espèces polygames.
Les espèces monogames présentent peu de différences entre les sexes, et mâle et femelle ont souvent un plumage coloré, avec la femelle légèrement plus terne que le mâle.
Certaines espèces ont les yeux clairs, allant du blanc au bleu pâle chez les cassiques. Ces oiseaux ont également des becs particuliers, très larges à la base, assez longs et pointus.
Les cassiques du genre « Cacicus » ont un bec blanc à blanc jaunâtre, alors que ceux du genre « Psarocolius » présentent un bec plus coloré, du blanc-crème au jaune pâle, noir chez quelques oiseaux, ou de deux tons (noirâtre avec l’extrémité jaune ou rouge) chez d’autres.
On trouve aussi des espèces au bec plus long s’étendant jusqu’au front, comme une plaque frontale.
La queue est généralement longue et sa couleur contraste avec le corps noir.
Les orioles du genre « Icterus » sont de couleur différente, avec un plumage jaune, orange ou vert-olive contrastant avec les parties noires. Tous les oiseaux de ce groupe sont vivement colorés et quelques uns présentent des barres alaires évidentes.
Les ailes sont pointues et la longue queue est arrondie en son extrémité.
Mâle et femelle peuvent être presque semblables, mais habituellement, la femelle est plus terne et plus petite.
Les yeux sont brun foncé ou noirs. Le bec droit et pointu présente souvent des taches bleu ciel à la base de la mandibule inférieure, mais quelques oiseaux ont un bec très légèrement courbé vers le bas.
Les troupiales sont plus grands, avec la queue plus longue, les yeux clairs entourés d’une cercle oculaire de peau nue, et le bec droit et pointu, orné d’une tache de couleur claire à la base de la mandibule inférieure. Le Carouge loriot (Gymnomystax mexicanus) a les yeux noirs entourés d’un large cercle oculaire noirâtre et un bec noir.
Les carouges du genre « Agelaius » rassemblent des oiseaux plus petits. Les mâles présentent plutôt un plumage noir avec des taches de couleurs vives sur les scapulaires.
D’autres ont une tête colorée contrastant avec le corps comme chez le Carouge à capuchon (Chrysomus icterocephalus, anciennement Agelaius) qui a la tête jaune et le corps noir, et le Carouge à calotte rousse (Chrysomus ruficapillus, anciennement Agelaius) qui a la tête et la bavette châtains avec le corps noir. Les yeux sont souvent noirs et le bec noirâtre et pointu.
Les femelles sont plus brunes, souvent avec un plumage cryptique et strié.
Les oiseaux du genre « Sturnella » ont un plumage noir avec la gorge et la poitrine jaunes ou rouges. Les sturnelles aux parties inférieures jaunes présentent habituellement un large collier noir en travers de la poitrine.
Toutes ont un bec droit et pointu, noir ou grisâtre, avec la mandibule inférieure plus claire.
Seul membre du genre « Dolichonyx », le Goglu des prés (Dolichonyx oryzivorus) est un petit oiseau présentant un plumage très différent et des couleurs plus douces. (Voir sa fiche pour plus d’informations).
Les quiscales du genre « Quiscalus » ont le plumage noir dans l’ensemble avec des reflets métalliques et des yeux blancs. Plusieurs oiseaux ont une queue longue et arrondie. Le bec est aussi assez long et pointu, noir en général. La femelle est plus brune.
Les vachers du genre « Molothrus » sont des oiseaux petits ou moyens. Les mâles sont noirs avec des reflets métalliques, le bec est noir et pointu, les yeux noirs ou rouges. Les femelles sont plus ternes.
La majorité des vachers parasite les nids des autres espèces.
Tous ces oiseaux ont des pattes et des doigts forts.
Les Ictéridés fréquentent une grande variété d’habitats tels que forêts et diverses zones boisées, broussailles, prairies et marécages selon la saison.
Habituellement, les carouges, vachers, quiscales et le Goglu des prés se trouvent dans les campagnes ouvertes, les champs cultivés et les roselières où ils se nourrissent d’invertébrés et de graines. Ce sont plutôt des espèces terrestres. On peut les voir marcher ou courir sur le sol avec la queue légèrement dressée, mais ils ne sautillent pas.
Les orioles et les cassiques fréquentent principalement les zones boisées et sont davantage arboricoles. Ils se nourrissent surtout d’insectes, mais ils consomment également des fruits et du nectar de fleurs.
Les membres de la Famille des Ictéridés émettent plutôt des chants rauques et peu musicaux, sonores et distincts (les orioles représentent l’exception avec quelques sifflements clairs).
Ces oiseaux effectuent des parades élaborées au début de la saison de reproduction et aussi toute l’année selon les situations.
Le Carouge à épaulettes (Agelaius phoeniceus) effectue une parade au cours de laquelle il chante tout en gonflant son plumage afin d’exposer les taches rouges des scapulaires. A ce moment-là, les autres mâles savent que ce territoire est établi et défendu.
Les oiseaux du genre « Agelaius », les carouges, vachers et quiscales entre autres ictéridés, effectuent ce genre de parades.
Les partenaires peuvent aussi se poursuivre en vol.
Cependant, les cassiques et les orioles adoptent des postures différentes. Les mâles du genre « Psarocolius » font des courbettes, surtout le mâle dominant. Les oiseaux se penchent vers le bas avec le bec pointé vers le sol, les ailes dressées et la queue relevée. Le mâle chante tandis qu’il ramène la queue vers l’avant et baisse la tête, tout en étant suspendu à une branche, presque tête en bas.
Cette posture permet au mâle d’exposer les couleurs vives de son plumage, et tout particulièrement le croupion.
Après cette parade, quelques oiseaux comme le Cassique huppé (Psarocolius decumanus) et le Cassique vert (Psarocolius viridis) battent des ailes en produisant des claquements tout à fait audibles.
Les sturnelles et le Goglu des prés effectuent des parades plutôt aériennes, avec quand même quelques ressemblances avec les deux précédentes décrites, afin de sécuriser le territoire et d’attirer une femelle. Seuls les mâles les pratiquent, accompagnées de chants.
Les vols nuptiaux sont plus communs chez les espèces des zones herbeuses ouvertes. Le mâle s’envole avec des battements rapides et ensuite, il descend comme en parachute vers le sol en chantant.
Selon les espèces, certaines chantent pendant le vol ascendant, et d’autres pendant toute la parade aérienne.
D’autres parades effectuées par plusieurs Ictéridés montrent le mâle avec le plumage lisse et le bec pointé vers le ciel. Cette parade est agressive et a souvent lieu quand les oiseaux se nourrissent en groupes, mixtes ou pas.
Plusieurs espèces nidifient en colonies, d’autres en solitaires. La forme des nids est variable, et ils sont souvent placés sur ou près du sol pour les espèces terrestres. Les formes vont de la coupe ouverte au long panier tressé suspendu.
Certains orioles et quelques cassiques coloniaux du genre « Psarocolius » établissent la colonie dans un seul grand arbre. Les nids sont des paniers suspendus aux branches et faits de plantes tressées entre elles et attachées à la végétation par le bord supérieur ou les côtés.
La colonie protège mieux contre les intrus. Quelques « sentinelles » surveillent les prédateurs aériens tels que les rapaces et les chassent loin des nids.
Les carouges sont moins coloniaux et construisent des nids volumineux en forme de coupe, souvent dans les zones humides et en général à faible hauteur dans la végétation.
Les couvées varient de 4 à 6 œufs dans les régions tempérées, à 2 ou 3 dans les zones tropicales. Les œufs sont blanchâtres à bleu ciel avec des marques brunes et noires. L’incubation dure environ 12 à 15 jours. La période au nid va de 10 jours chez les petites espèces à quelques semaines pour les plus grandes.
De nombreuses espèces migrent après la reproduction. Elles abandonnent les zones humides et herbeuses pour gagner les champs cultivés, souvent en grands groupes.
Habituellement, les populations les plus au nord migrent vers le sud en hiver, de l’Amérique du Nord à la Floride, à l’Amérique Centrale et à l’Amérique du Sud.
En fonction de leurs zones de reproduction, les oiseaux vont vers des régions plus tempérées pour hiverner, et effectuent aussi des dispersions selon les ressources de nourriture.
Quelques espèces, et notamment les vachers, parasitent les autres oiseaux. Les femelles pondent leurs œufs dans les nids d’autres espèces. Les hôtes (souvent des petits passereaux), élèvent les jeunes vachers, bien souvent au détriment de leurs propres poussins. Beaucoup d’hôtes acceptent les œufs du vacher, mais d’autres arrivent à les distinguer et les éjectent ou abandonnent leur nid.
Juvénile nourri par un Junco
Les Ictéridés sont relativement communs dans leur habitat. Les principales menaces sont la déforestation pour les espèces arboricoles, et le drainage des zones humides pour celles qui vivent dans les roselières at autres marécages.
Cependant, les Ictéridés fréquentent une grande variété d’habitats et peuvent s’adapter aux changements, et l’expansion de l’agriculture leur procure de la nourriture.
La Famille des Ictéridés est bien étudiée car ces oiseaux sont communs, avec plusieurs sortes de comportements et de systèmes de reproduction comprenant les oiseaux territoriaux et ceux qui ne le sont pas.
Depuis les espèces polygames telles que le Carouge à tête jaune (Xanthocephalus xanthocephalus) et le Carouge à épaulettes (Agelaius phoeniceus), jusqu’au système de « harem-défense-polygamie* » et de hiérarchie du Cassique de Montezuma (Psarocolius montezuma), il existe de nombreux comportements intéressants à étudier.
* Le système de « harem-défense-polygamie » est un système de reproduction où le mâle réunit plusieurs femelles dans un petit groupe. Ce système permet aux femelles d’être protégées par le mâle, et au mâle d’avoir ces femelles à sa disposition en permanence.
Profitez donc de leurs plumages vivement colorés et de leurs magnifiques parades nuptiales !
Texte de Nicole Bouglouan
Photographes:
Alfredo Colón
Puerto Rico Wildlife
Chrétien Marc
MURINUS
Dechelle Maxime
LEPAPARRAZO
Garvie Steve
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Tom Grey's Bird Pictures
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MIS AVES - AVES DE ARGENTINA
Lortie René
http://rlortie.ca/
Merigan Tom
Tom Merigan’s Photo Galleries
Moul Bob
Nature Photography
Philippe et Aline Wolfer
GALERIE
Sources:
NEW WORLD BLACKBIRDS – THE ICTERIDS by Alvaro Jaramillo and Peter Burke – Helm - ISBN : 0713643331
A GUIDE TO THE BIRDS OF MEXICO AND NORTHERN CENTRAL AMERICA by Steve N. G. Howell, Sophie Webb - Oxford University Press - ISBN: 0198540124
BIRDS OF THE GREAT BASIN – by Fred A. Ryser - Univ of Nevada Pr -ISBN: 0874170796
L’ENCYCLOPEDIE MONDIALE DES OISEAUX - Dr Christopher M. Perrins - BORDAS - ISBN: 2040185607
CREAGUS@Monterey Bay (Don Roberson)
Wikipedia (Wikipedia, The Free Encyclopedia)