ORDRE DES COLUMBIFORMES
FAMILLE DES COLUMBIDES
Pigeons et tourterelles
Il est difficile de commencer une telle étude sans parler des trois espèces disparues, si différentes de nos pigeons et de nos tourterelles, mais appartenant au même ordre, le Dronte de Maurice (Raphus cucullatus), le Dronte de Rodrigues (Pezophaps solitaria) et le Dronte de la Réunion (Ornithaptera solitaria), endémiques des Mascareignes dans le sud-ouest de l’Océan Indien.
Ces oiseaux, espèces forestières terrestres, devaient leur apparence particulière au résultat de leur adaptation à la vie insulaire sur de petites îles où aucun prédateur n’existait. L’arrivée de l’homme sur ces îles a entrainé l’extinction de ces trois espèces.
Ces oiseaux de la famille des Raphidés étaient des « géants » comparés à nos Columbidés. Les femelles pesaient jusqu’à 17 kg, alors que les mâles Dronte de Maurice et de Rodrigues pesaient respectivement 21 et 28 kg. De nos jours, le plus lourd pigeon vivant fait à peine 2 kg…
En réalité, il y a très peu de ressemblance avec nos pigeons, mais si nous regardons attentivement le Diduncule strigirostre (Didunculus strigirostris) des Samoa, nous constatons que le bec, bien que plus petit, est très semblable à celui des drontes. De plus, les caractéristiques de ces trois « anciennes » espèces telles que le plumage lâche, les ailes réduites, la peau nue de la face et le bec large sont également visibles chez les pigeonneaux.
Texte de Nicole Bouglouan
Photographes :
Buysse Didier
Vision d’Oiseaux
Alfredo Colón
Puerto Rico Wildlife
Chrétien Marc
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Fenerole Jean Michel
Photos d’Oiseaux
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Photos d’Oiseaux
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MIS AVES - AVES DE ARGENTINA
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Nature Photography
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Des Ailes et des Plumes
Callie de Wet
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Philippe et Aline Wolfer
GALERIE
Bouglouan Nicole
PHOTOGRAPHIC RAMBLE
Sources :
HANDBOOK OF THE BIRDS OF THE WORLD vol 4 by Josep del Hoyo-Andrew Elliott-Jordi Sargatal - Lynx Edicions - ISBN: 8487334229
PIGEONS AND DOVES by David Gibbs, Eustace Barnes and John Cox - Pica Press Sussex - ISBN: 1873403607
THE HANDBOOK OF BIRD IDENTIFICATION FOR EUROPE AND THE WESTERN PALEARCTIC by Mark Beaman, Steve Madge - C.Helm - ISBN: 0713639601
L’ENCYCLOPEDIE MONDIALE DES OISEAUX - Dr Christopher M. Perrins - BORDAS - ISBN: 2040185607
Wikipedia (Wikipedia, The Free Encyclopedia)
La taille des Columbidés est très variable. La petite Colombe à queue noire (Columbina passerina) pèse environ 30 grammes, alors que le Goura couronné de Nouvelle Guinée (Goura cristata) pèse jusqu’à deux kilos.
Les espèces les plus petites sont appelées « tourterelles » et les plus grandes sont des « pigeons ».
Principalement arboricoles, ils vivent souvent dans le feuillage des arbres. La plupart d’entre eux trouvent leur nourriture au sol, bien que quelques espèces se nourrissent dans les arbres.
Les caractéristiques morphologiques typiques des membres de cette famille comprennent un bec court, une petite tête, des pattes courtes et un corps compact. Les yeux sont souvent entourés de peau nue dont la couleur varie avec l’espèce.
Ces oiseaux ont des muscles robustes témoignant de leur excellente aptitude au vol. La forme des ailes nous dit si l’espèce est migratrice ou pas.
Les pattes courtes sont typiques du genre arboricole Columba et des genres Ptilinopus, Ducula et Macropygia qui se nourrissent de fruits. Ils sont capables de s’agripper fortement aux branches et de se suspendre la tête en bas pour atteindre la nourriture.
D’un autre côté, les espèces plus terrestres ont des pattes plus longues leur permettant de vivre surtout sur le sol.
Les Columbidés comprennent deux groupes, les granivores et les frugivores.
Les Columbinés ou granivores ont en général un plumage cryptique chamois, gris ou brun. On note cependant deux exceptions, les colombines du genre Chalcophaps avec leurs ailes aux intenses reflets verts.
Quelques espèces présentent des reflets violets ou vert-bronze sur le cou, la poitrine et le dos, ou sur les ailes.
Les frugivores du genre Ptilinopus peuvent être très colorés, avec un plumage vert, et des ornements rouges, violets, roses, jaunes, noirs ou blancs sur la calotte, la poitrine, le croupion ou les couvertures sous-caudales.
Les pigeons du genre Alectroenas de l’Océan Indien sont azurés, alors que les pigeons du genre Treron présentent un plumage vert doux avec des taches de couleur pastel.
Habituellement, mâle et femelle sont presque semblables ou même identiques, avec la femelle plus terne.
En plus de leur beau plumage, de nombreux pigeons ont une crête ou des cercles oculaires remarquables qui jouent un rôle important au cours des parades nuptiales.
La Colombine plumifère (Geophaps plumifera) est un bel exemple de longue crête, et la Colombine de Smith (Geophaps smithii) ou la Géopélie diamant (Geopelia cuneata) présentent un cercle oculaire très évident.
Les nouveau-nés sont couverts de duvet épars de couleur claire, blanc, jaune, brun ou gris. Le plumage juvénile remplace ce duvet très vite, mais il est encore souvent en train de pousser lorsque les jeunes quittent le nid.
Toutes les espèces muent après la saison de reproduction. Les oiseaux migrateurs ont une mue plus rapide que les sédentaires.
Les Columbidés possèdent des mécanismes anatomiques et comportementaux spéciaux leur permettant de vivre dans des habitats extrêmes très chauds ou très froids.
Dans les endroits les plus chauds, des oiseaux tels que la Colombine plumifère se nourrissent à l’ombre tôt le matin, et se reposent durant les heures les plus chaudes de la journée. Cette espèce évacue la chaleur principalement par la peau.
Mais à l’autre extrême, dans les zones où la température est très basse, l’oiseau dresse ses plumes en veillant à ce que les extrémités se touchent afin de piéger l’air réchauffé par le corps.
D’un autre côté, dans des conditions opposées, l’oiseau dresse aussi ses plumes mais les extrémités sont bien séparées afin que l’air passe entre elles et favorise l’évaporation de l’eau.
Pigeons et tourterelles vivent dans le monde entier, à l’exception des pôles. Ils fréquentent des habitats allant de toutes sortes de forêts aux campagnes ouvertes comme les savanes, les déserts, les zones en altitude au-dessus de la ligne des arbres, les bords des falaises et les atolls coralliens.
Dans ces habitats, les frugivores des genres Columba, Ptilinopus, Ducula et Treron se nourrissent en prenant les fruits directement sur l’arbre.
Les espèces terrestres comme la Tourtelette tambourette (Turtur tympanistria) et les membres du genre Chalcophaps nidifient et dorment dans les arbres mais vivent surtout sur le sol.
Les pigeons couronnés de Nouvelle Guinée ressemblent à des Galliformes et ont des comportements alimentaires terrestres.
Les phasianelles du genre Macropygia d’Asie et d’Australie sont également des oiseaux terrestres et forestiers. Ils se nourrissent dans les sous-bois mais aussi dans les arbres où ils se montrent très agiles, autant que les frugivores.
Les oiseaux vivant dans les zones découvertes occupent les savanes avec des arbres clairsemés. La Colombine longup (Ocyphaps lophotes), la Géopélie à nuque rousse (Geopelia humeralis) et la Géopélie placide (Geopelia placida) vivent dans ce type d’habitat.
La Tourterelle pleureuse (Streptopelia decipiens) et la Tourterelle masquée (Oena capensis) occupent les savanes africaines.
D’autres espèces habitent les forêts humides, les broussailles découvertes et les forêts côtières, et certaines d’entre elles se reproduisent en vastes colonies dans les mangroves comme le Carcophage argenté (Ducula spilorrhoa) d’Australie.
Les pigeons occupant les zones rocheuses vivent surtout dans l’Ancien Monde. Le Pigeon biset (Columba livia) est largement distribué et vit sur les façades des falaises, principalement sur les côtes mais aussi loin à l’intérieur des terres dans plusieurs parties de l’Eurasie.
Certaines espèces Australiennes sont complètement terrestres, comme la Colombine rufipenne (Petrophassa rufipennis), la Colombine des rochers (Petrophassa albipennis), la Colombine arlequin (Phaps histrionica) et la Colombine plumifère. Ces oiseaux ont des comportements similaires à ceux des Galliformes qui sont plutôt absents de ce pays.
Les Columbidés occupent une grande variété d’habitats, témoignant de leurs grandes facultés d’adaptation !
Ils peuvent être grégaires ou pas. Quelques espèces telles que la Colombine arlequin (Phaps histrionica) vivent en grands groupes toute l’année, et encore plus après la reproduction. D’autres comme la Colombe rouviolette (Geotrygon montana) sont vues seules ou en couples, et ne forment jamais de rassemblements.
De la même façon, les Columbidés nidifient en colonies ou bien les couples sont espacés.
Ils forment des grands vols lors des migrations. La Tourterelle oreillarde (Zenaida auriculata) est spectaculaire lorsqu’elle migre, avec des milliers d’oiseaux s’arrêtant là où se trouvent les sources de nourriture.
Les vocalises des Columbidés comprennent des cris simples et courts utilisés en guise d’alarme, de contact ou de menace. Les chants sont plus élaborés et servent à établir la territorialité et à avertir les autres mâles, ainsi que pour attirer une femelle.
Le son le plus commun est « coo » ou « croo » émis en séries variables.
Mais le Colombar giouanne (Treron vernans) lance des “waak” très différents. Quelques tourterelles émettent des sifflements ou des sortes d’aboiements.
Les chants sont habituellement associés aux mâles, mais beaucoup de femelles chantent aussi. Les Tourterelles rieuses (Streptopelia roseogrisea) mâle et femelle émettent des « coos » au nid de façon réciproque.
Les femelles du genre Ptilinopus crient autant que leurs mâles. Leurs chants sont souvent plus haut-perchés.
Les cris d’alarme sont produits avec le corps tendu vers le haut. Les sons agressifs sont émis quand les oiseaux se battent. Le roucoulement doux est utilisé pour maintenir les liens entre adultes et jeunes, ainsi qu’entre les deux partenaires.
Les Columbidés comprennent les frugivores et les granivores. Les granivores se nourrissent sur le sol et avalent les graines entières. Ils cherchent souvent leur nourriture en balayant latéralement les feuilles et les brindilles pour exposer les graines et les invertébrés cachés en dessous.
Les frugivores cueillent les fruits ou toute autre nourriture directement sur l’arbre. Ils séparent le fruit de la tige par une torsion de la tête.
Quelques espèces ajoutent des feuilles, des bourgeons et des fleurs à leur régime, ainsi que des invertébrés selon la saison.
Les pigeons et les tourterelles boivent en pompant l’eau et non à petits coups comme les autres oiseaux. Cette eau les aide à digérer, mais surtout à préparer le « lait de pigeon » nécessaire pour nourrir leur progéniture.
La saison de reproduction est le moment des parades nuptiales. Plusieurs espèces du genre Columba, Streptopelia, Turtur et Columbina effectuent des parades autour ou sur le site potentiel du nid. On peut alors voir des postures et des mouvements tels qu’accroupissements, ailes vibrantes, pattes qui grattent… Ces parades sont associées à la formation du couple, à la construction du nid, à l’agressivité et à la défense.
Beaucoup de tourterelles effectuent aussi des parades aériennes. La plus commune montre le mâle s’envolant depuis un perchoir haut avec des battements lents et profonds suivis de claquements audibles avant de descendre en glissant avec la queue déployée et les ailes tendues en V. Le glissé est suivi d’autres claquements, le tout répété plusieurs fois.
Ce type de vol est absent des parades des Columbidés terrestres, et surtout des espèces Australiennes comme les Colombines plumifère, marquetée, de Smith et Wonga, et les espèces forestières du genre Chalcophaps.
Comme prélude à la formation du couple et à l’accouplement, de nombreux Columbidés effectuent la parade des « courbettes ». Le mâle gonfle son jabot, tend son corps, et avec le bec pointé vers le bas, il se penche en faisant une révérence tout en émettant des séries de « coo » près de la femelle. Il peut aussi pratiquer des vols courts au-dessus d’elle, et ensuite, il parade et danse à nouveau.
Le mâle expose les ornements et/ou les couleurs vives de son plumage au cours de ces parades, comme la crête, la peau nue faciale et les reflets métalliques des ailes ou du cou.
Les couples sont monogames au moins pour la saison.
Habituellement, le mâle apporte des matériaux à la femelle qui les arrange et construit le nid. Celui-ci est une plate-forme lâche ou une coupe peu profonde faite de brindilles ou de tiges sèches provenant de plusieurs plantes. Un tel nid est une structure fragile et lâche mais qui peut sécher très vite après la pluie.
Cependant, quelques nids sont plus « travaillés » comme chez le Ptilope superbe (Ptilinopus superbus) dont le nid est fait de brindilles fourchues entrelacées, ce qui donne un résultat solide.
De la même façon, le nid de la Colombe de Verreaux (Leptotila verreauxi) peut être très volumineux.
Les nids des espèces terrestres du genre Columbina sont plus robustes que chez les autres espèces.
Selon l’espèce et la distribution, le nid peut être placé dans une crevasse dans une falaise, (Pigeon biset et Pigeon des neiges), tandis que d’autres nidifient dans les arbres ou sur le sol (Colombine plumifère et Colombine arlequin), dans la végétation, au milieu des éboulis ou dans des trous.
Beaucoup d’espèces nidifient en solitaire mais certains d’entre eux sont coloniaux. Le Nicobar à camail (Caloenas nicobarica) peut former des colonies comprenant des milliers de nids.
La couvée se compose d’un ou deux œufs. Les frugivores dépendent des fruits pour leur nourriture, et en général, ces espèces ne produisent qu’un seul œuf. Les granivores en pondent souvent deux. Mâle et femelle incubent et protègent la couvée. L’incubation dure environ 11 à 16 jours chez les petites espèces, et entre 17 et 30 jours chez les plus grandes.
Les nouveau-nés sont nourris par le lait de pigeon régurgité par les parents directement dans le bec. La mandibule inférieure des jeunes est en forme de bateau et plus large que la supérieure. Elle est utilisée comme réceptacle. Les poussins dépendent des parents pendant 40 jours après la naissance, et les adultes continuent de produire cette nourriture particulière.
Les jeunes quittent le nid 10 à 17 jours plus tard pour les petites espèces, et à l’âge de 20 à 36 jours chez les plus grandes. S’ils sont dérangés par un prédateur, ils partent plus tôt.
Les Columbidés se reproduisent à l’âge de un an, mais parfois même dans l’année de leur naissance.
La majorité des Columbidés est sédentaire. Quelques uns effectuent des déplacements locaux et forment des groupes après la saison de reproduction. D’autres font du nomadisme et visitent plusieurs zones de nourrissage selon la production.
Les espèces de haute altitude de l’Himalaya et des Andes pratiquent des déplacements altitudinaux en hiver, et gagnent les régions plus basses à la fin de la nidification. Le Pigeon plombé (Patagioenas plumbea) du Brésil et le Pigeon vineux (Patagioenas subvinacea) du Costa Rica effectuent aussi des mouvements altitudinaux.
La Tourterelle des bois (Streptopelia turtur) nidifie au centre de l’Asie, en Europe et en Afrique du Nord. Les populations du nord migrent vers le sud en automne et traversent la Méditerranée pour gagner le Sahara et l’Afrique équatoriale.
Quelques populations Nord Américaines sont migratrices et en général, les femelles et les jeunes hivernent plus loin au sud que les mâles.
Les Columbidés ont un vol rapide et puissant qui leur permet de parcourir de longues distances. Ils sont capables d’atteindre des vitesses de 50 à 65 km/heure en vol. De nombreux pigeons sont utilisés dans des courses et peuvent effectuer 800 à 1000 km par jour.
Les pigeons et les tourterelles ont plusieurs prédateurs tels que les rapaces, les serpents et les mammifères introduits, en particulier sur les îles.
Cependant, ils s’adaptent très bien et ont su bénéficier des développements humains. Les changements dans leur habitat menacent certaines espèces mais en favorisent d’autres. La chasse tue des millions d’oiseaux chaque année parce que leur chair est riche en protéines et les humains l’apprécient beaucoup, mais les populations restent stables et augmentent même dans plusieurs parties de la distribution.
Certaines espèces sont éteintes sur des îles, mais persistent sur d’autres, selon la qualité de l’habitat et la pression due à la chasse.
La menace principale reste toujours la perte de l’habitat, mais pas seulement à cause des humains, mais aussi par les ouragans, les incendies et le grand nombre d’animaux, domestiques ou non, qui paissent et transforment les zones de nourrissage en terrain rasés.
De nombreux programmes de réintroduction sont en cours actuellement, comme la reproduction du Pigeon simple de Porto Rico, du Pigeon rose de Maurice ou de la Tourterelle de Socorro du Mexique ainsi que de beaucoup d’autres espèces.
Les Pigeons et les Tourterelles sont souvent mentionnés dans le folklore, la religion, les légendes des diverses cultures depuis bien longtemps.
Une jolie légende Portugaise nous raconte que tandis que tous les oiseaux apprenaient à construire les nids avec Dieu, les pigeons et les tourterelles s’amusaient, ce qui explique pourquoi ils fabriquent des nids si fragiles !
Ils sont le symbole de la longévité, de la fidélité, de la fertilité et de l’amour.
Les pigeons domestiques ont joué un rôle important pendant les guerres, en portant des informations vitales au cours de vols spécifiques.
Ils sont étroitement associés aux humains, et nous sommes toujours fascinés par leurs doux roucoulements et leur élégance. Environ 320 espèces sont classées dans l’Ordre des Columbiformes, un vaste groupe d’oiseaux capables de s’adapter facilement, et de plus, intelligents et beaux.
Colombe à queue noire - L'éclosion et la vie
(Photo prise depuis une fenêtre sans déranger les oiseaux)